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    1. THESSALONICIENS (ÉPITRES AUX)##


THESSALONICIENS (ÉPITRES AUX). ESCHATOLOGIE

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rébellion, lui, l’invincible, pour donner libre passage à son ennemi des premiers temps ?

y ;) L’économie du salut (Tillmann). — Mais comment l’économie du salut serait-elle elle-même écartée ?

6) Récemment le P. Orchard, Biblica, 1938, p. 3942, proposait une nouvelle hypothèse. Il distingue ô xaxéxcov et to xoctÉxov : en identifiant ô xaré^wv avec saint Michel, l’ange protecteur de Jérusalem, il croit pouvoir retrouver tô xaré^ov dans la survivance provisoire de la cité sainte, dont la ruine est annoncée.

— Mais comment la parousie de l’adveisalre n’a-t-elle pas immédiatement suivi la disparition de l’obstacle ? Car le texte et tout le passage l’exigent. Or, le Temple n’e^t plus depuis l’an 70. Cf. notre note dans Recherches de se. rel., 1938, p. 477-478.

i) Plutôt que de proposer des hypothèses sans fondement, d’autres exégètes (Lagrange, Steinmann) finissent par s’abstenir en confessant leur ignorance, comme le faisaient noblement saint Augustin et saint Thomas. C’est également par un aveu d’ignorance que le P. Rigaux conclut sa minutieuse étude, au risque d’encourir le reproche « de décevoir ses lecteurs ».

Sans imiter cette prudente réserve, essayons de poser les jalons qui nous permettront de nous orienter. Puisque ce c. n de la II Thess., se rattache, nous l’avons dit, au genre apocalyptique, gardons-nous de le séparer des écrits similaires, spécialement de l’Apocalypse de saint Jean et de celle de Notre-Seigneur lui-même en l’évangile de saint Matthieu, xxiv. Nous obtenons ainsi un groupe de trois apocalypses qui peut-être s’éclaireront l’une l’autre.

De l’apocalypse paulinienne nous retenons que l’obstacle empêche la révélation de l’Adversaire, tant qu’il exerce sa fonction de « retenant » et que, dès qu’il est écarté ou mis de côté, l’Adversaire, ne trouvant plus rien pour lui barrer la route, se révèle aussilô : Les deux autres apocalypses nous renseignent-elles parallèlement sur les deux faits en question ?

Précisément, dans l’Apocalypse, les « deux témoins » jouent le rôle de « retenant » par rapport aux bêtes de la terre et de la mer, xi, symbole évident des adversaires. Ils sont doués d’une étonnante puissance de thaumaturges, analogue à celle de Moïse et d’Élie, dont ils se servent pour se protéger contre leurs ennexi, 5. Ce privilège de l’immunité leur est assuré tant qu’ils n’auront pas complété leur témoignage ». xi, 7. Aussi ne soyons pas surpris que, de leur vivant, s’il est bien parlé d’ennemis, il ne soit pas néanmoins question des « bêtes », ni de leur apparition. Elles sont retenues et empêchées de se produire. Dès que les deux témoins cessent de prêcher, la bête monte de l’abîme, leur déclare la guerre et les met a mort. Ainsi les témoins s’opposent à la bête exactement comme l’obstacle à l’Adversaire ; et la bête fait son apparition dès que les témoins sont écartés, exactement comme l’Adversaire, quand l’obstacle sera de côté. N’est-ce pas assez pour conclure à l’identification de eux témoins ?

Nous est-il possible de faire un pas de plus et de eonnattK la personnalité des deux témoins ? « Un courant d’interprétation, qui remonte au moins a Tyconius et qui a été suivi par l’école Alcazar-Bossuct, y % « ut des for., collectives de l’Église. Allô, o/i. cil., p. 131. Bos’m i y reconnaissait i les consolateur, de l’Église, pris dans le clergé ou dans le peuple, D’une manière plu i à cause du contexte, dit

Allô, non. pouvons dire qu’il s’a ;  : I de I"

augilc, qui combattent l’in Ouence de l’Antéchrist. >Op. cit., p. 132. L’obstacle ne

donc autre que les prédicateurs de l’Évangile

à tra. ir cettee deux témoins,

f. iio, L’Apocalypse, p. cxxx (Hev. bibl., 1915,

p. 442), cxxix-cxxx (Rev. bibl., 1915, p. 442-443) et notre article des Recherches…, p. 421 sq.

Or, ces mêmes conclusions, sont suggérées par l’analogie de l’apocalypse synoptique : « Cet évangile du royaume sera prêché sur toute la terre, comme un témoignage [proposé] à toutes les nations. C’est alors que la fin arrivera. » Matth., xxiv, 14. Les points de contact sont nombreux entre ce passage du discours eschatologiquc et l’apocalypse de Paul, encore que l’analogie soit, comme il convient, plus discrète et moins développée. Premier élément de comparaison : la prédication qui précède la fin et qui doit être universelle ; le témoignage qui doit être proposé à tous les peuples, entendons par là la série des prédicateurs qui propagent l’Évangile et lui rendent témoignage. Deuxième élément : dès que la prédication a atteint son objectif, la fin arrive, la fin du monde évidemment, mais qui sera marquée par le déchaînement et la puissance prodigieuse des faux messies et des faux prophètes, vrai débordement de l’iniquité pour la perte des âmes.

Le rapprochement des ennemis renforce singulièrement l’analogie des obstacles. L’obstacle qui, dans l’apocalypse du Sauveur et celle de Jean, est la prédication de l’Évangile, non pas une qualité abstraite, une quantité philosophique, mais la parole prêchée par les prédicateurs ou les apôtres, Matth., x, 5-7 ; 16-28 ; xxvin, 18-19, ne sera pas différent selon l’apocalypse de saint Paul. Les témoins de l’Apocalypse et les prédicateurs de l’Évangile jouent le rôle d’obstacle et de retenant. Ils s’identi fient à « l’obstacle » et au « retenant » de II Thess. L’Apôtre a raison de les désigner tour à toui par un neutre, tô xocTÉyov, puisqu’ils sont une force et une collectivité, et par un masculin, ô xotTéxwv, puisque ce sont des hommes. N’est-il pas étonnant d’observer dans les trois apocalypses qu’un silence se fait sur les prédicateurs au moment où il seiait plus nécessaire de contrecarrer les émissaires de Satan ? Pas un prédicateur, pas un apôtre, pas un témoin. Ils ont tous disparu, Matth., xxiv, 24 ; II Thess., ii, 8 ; Apoc, xi, 7, et, dès ce moment, la terre est livrée aux puissances de l’enfer. N’est-ce pas la contre-épreuve de notre explication ? Tant que les ouvriers évangéliques sont là, le mal ne peut se déchaîner, il est retenu. Lorsqu’ils ont disparu, les satellites de Satan s’en donnent à cœur joie, sans que rien s’oppose à leur action destructrice. C’est bien la meilleure confirmation que les ouvriers évangéliques jouaient le rôle de « retenant » et » d’obstacle ».

Un point cependant reste dans l’obscurité, mais celui-ci en tout état de cause et quelle que soit la solution proposée : on objecte la promesse du Chiist : « Les portes « le l’enfer ne prévaudront point contre elle. » Matth., xvi, 18. Mais le P. Allô répond très justement que l’Adversaire triomphera un jour, sans prévaloir définitivement contre l’Église ; celle-ci « de bien des manières peut être enfermée aux catacombes, et son épanouissement en œuvres extérieures arrêté ». Op. cit., p. cxxx.

Depuis que cette explication de l’obstacle a été proposée, non, constatons qu’elle est admise notamment par M. Amiot, le I’. Renié… Elle se retrouve dans un article du critique protestant Cullmann, Renie d’his loire et de philosophie religieuses, Strasbourg, 1936, p. 210-245. Malheureusement l’auteur « aoit pouvoir distinguer t6 xaré/ov, la prédication de l’Évangile. et ô xaTS/tov, le prédicateur, Paul lui-même.

Ain i opposons nous série à série, collectivité à col ut ennemi de Dieu est un suppôt de

Satan, un adversaire, un antéchrist, tout apôtre, tout missionnaire, tout prédicateur appartient à la collectivité de i obstacle aux progrès et aux r.iva i mal, obstacle à la haine de Satan, obstacle à la