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THIERRY DE NIEM — THOMAS D’AQUIN (SAINT)

buch de la Goerresgesellschaft, t. xiv, 1893, p. 562-582, attribue délibérément le De modis à André de Randulf ; W.-J.-M. Mulder, S. J., Dietrich von Niehm, zijne opuatting van het concilie en zijne Kronjck, Amsterdam, 1907 (donne quelques fragments nouveaux de la Chronique perdue de Thierry ; est d’avis que le De necessitate reformationis est bien de Thierry). Voir aussi l’art. Dietrich von Nieheim dans la Prot. Realencyclopädie, t. iv, p. 651-653 ; Noël Valois, La France et le grand schisme d’Occident, t. iv, passim.

É. Amann.

THIERS Jean-Baptiste, ecclésiastique et érudit français (xviie siècle.). — Né à Chartres, le Il novembre 1636, d’une très modeste famille, il put faire ses études d’abord au collège de sa ville natale, puis à Paris, au Collège du Plessis, où dès 1658 il régente en humanités. Élève de Sorbonne, il prend les grades de maître es arts, puis de bachelier en théologie, plus tard celui de docteur. Ayant reçu la cure de Champrond en Gastine (diocèse de Chartres) en 1666, des démêlés curieux le forcent en 1691 à renoncer à ce bénéfice ; il reçut en janvier 1692 la cure de Vibraye (diocèse du Mans), où il mourut le 28 février 1703. Sa vie s’est passée tout entière dans ces modestes fonctions de curé, où il a trouvé les loisirs nécessaires à la composition de très nombreux ouvrages. Chercheur infatigable, esprit curieux, critique aiguisé, peut-être trop caustique, il a accumulé sur nombre de points de détail qui touchent aux questions ecclésiastiques des observations dont beaucoup gardent leur prix. Nous ne citerons ici que les plus importants de ses écrits.

1. Exercitatio adversus J. Launoii dissertationem de auctoritate negantis argumenti, Paris, 1662 ; il s’agit de l’argumentum a silentio, dont Launoy fait un si fréquent usage, et dont il avait défendu la valeur dans une dissertation spéciale, Œuvres, t. ii, p. 1 ; cette attaque d’un jeune homme fut très sensible à Launoy, qui répondit par un factum assez âpre (1662), auquel Thiers riposta dans une deuxième édition de son travail (1664). — 2. De festorum dierum imminutione pro defensione constitutionum Urbani VIII et gallicanæ Ecclesisæ pontificum, Lyon, 1668 ; bien qu’il abritât ses observations derrière l’autorité d’Urbain VIII, l’ouvrage déplut en Italie et fut mis à l’Index, donec corrigatur (22 mars 1672). De même inspiration est une Consultation faite par un avocat du diocèse de Saintes à son curé, La Rochelle, 1670, et Paris, 1670. qui traite également de la réduction du nombre des fêtes. — 3. Sur l’inscription du grand portail du couvent des cordeliers de Reims : Deo homini et beato Francisco utrique crucifixo, par le sieur de Saint-Sauveur, Bruxelles, 1670 ; Thiers y montre l’indécence de cette mise sur le même plan du Christ et de saint François. Le résultat fut que l’inscription fut changée en celle-ci : Crucifixo Deo homini et sancto Francisco, que critiqua derechef notre auteur dans une 2e édition, Paris, 1673, reproduite dans la Guerre séraphique, La Haye, 1740 ; une 3e édition est donnée dans le Recueil de pièces pour servir de supplément à l’histoire des pratiques superstitieuses du P. Le Brun. — 4. Traité de l’exposition du Saint-Sacrement de l’autel, Paris. 1673, 1677, 1679, Avignon, 1677 ; le meilleur, paraît —il, des ouvrages de Thiers qui y critique l’abus que l’on faisait au xviie siècle de l’exposition eucharistique. — 5. Traité des superstitions selon l’Écriture sainte, les conciles, les Pères et les théologiens, Paris, 1679, 1697, 1712, complété en 1697 par le Traité des superstitions qui regardent tous les sacrements, 3 vol. in-12 ; les deux traités ont été réédités ensemble en 4 vol. in-12, Paris, 1741, Avignon, 1777 ; ouvrage classique, qui fonda la réputation de Thiers et est encore consulté aujourd’hui ; sous la rubrique des superstitions concernant les sacrements, Thiers étudie une foule de questions relatives à la pratique sacramentaire ; la hardiesse de certaines critiques l’a fait condamner, décret fin 13 février 1702 et du 10 mai 1757. — 6. Traité de la clôture des religieuses, Paris, 1681. — 7. Traité des jeux et divertissements qui peuvent être permis ou qui doivent être défendus aux chrétiens, Paris, 1686. — 8. Apologie de l’abbé de la Trappe (il s’agit de Rancé) contre les calomnies de P. de Sainte-Marthe, Grenoble, 1694. — 9. Traité de l’absolution de l’hérésie, où l’on fait voir, par la tradition de l’Église, que le pouvoir d’absoudre de l’hérésie est réservé au pape et aux évêques à l’exclusion des chantres et des réguliers exempts, Lyon, 1695. — 10. Sur la sainte larme de Vendôme, Paris, 1669, où est attaquée l’authenticité de ladite relique. Cette question est reprise sommairement dans le Traité des superstitions relatives aux sacrements, édit. de 1741, t. ii, p. 452 sq. Mabillon ayant répondu à ces critiques, voir ici, t. ix, col. 1429, Thiers répliqua dan* une 2e édition, Cologne, 1700. — 11. Loi plus solide, la plus nécessaire et la plus négligée de toutes les dévolions qui est la pratique des commandements de Dieu et de l’Église, 2 vol., Paris, 1702 ; c’est ici que se montre le mieux le vrai caractère de Thiers et son esprit sincèrement religieux ; nombre des remarques laites par lui seraient encore de saison. — 12. Critique de PHistoire des flagellans de l’abbé Boilcau et justification de l’usage des disciplines volontaires, Paris, 1703 ; cf. ici, t. ii, col. 941. — 13. Traité des cloches et de la sainteté de l’offrande du pain et du vin aux messes des morts, Paris, 1721 ; seul le premier traité est de Thiers ; le second, qui ne manque pas d’intérêt, est de D. de la Croix. Thiers a laissé en mourant un nombre considérable de papiers et d’études, qui avaient été rassemblés au séminaire du Mans. Il n’a pas été publié d’Œuvres complètes de l’auteur.

Nicéron, Mémoires, t. iv, p. 341 sq., t.xviii, p. 263 et 384 ; Liron, Bibliothèque charlraine ; Michaud, Biographie universelle, t. XLi, p. 370 sq. ; Hoefer, Nouvelle biographie générale, t. xlv, 1866, col. 173-176 ; Hurtcr, Nomenclator, 3 « éd., t. iv, col. 925-928, cf. col. 225 et 744 ; Brunet, Manuel du libraire, t. v, 1864, p. 819-821.

É. Amann.

1. THOMAS D’AQUIN (Saint).
I. Vie.
II. Le docteur et le saint (col. 631).
III. Écrits (col. 635).
IV. Saint Thomas commentateur d’Aristote (col. 641).
V. Signification historique de la théologie de saint Thomas (col. 651).
VI. Saint Thomas exégète (col. 694).
VII. Saint Thomas et les Pères (col. 738).

I. Vie.

1° Naissance et premières années d’enfance. —

Descendant d’une noble famille d’origine lombarde, saint Thomas est né au château de Roccasecca, près d’Aquin, diocèse d’Aquin, situé dans le royaume de Sicile, non loin de la frontière de l’État pontifical. Son père Landulf était arrière-petit-flls de Landon IV, dernier comte d’Aquin et seigneur de Roccasecca. Il est désigné comme miles. Landulf, nommé justitiarius de la région en 1220 par Frédéric II, se dévouait à la dynastie et au régime des Hohenstaufen. Il vécut jusque vers 1245. Sa mère fut une noble dame de Naples, nommée Théodora, qui vivait probablement encore en 1260. Plusieurs enfants naquirent de ce mariage. Scandone, Mandonnct, Taurisano et Toso donnent la liste de douze (Aymon, Jacques, Landulf, Renaud, Philippe, Adenulf, Thomas, Marotta, Théodora, Marie, Adélaïse, et une autre dont on ignore le nom), tandis que Pelstcr se prononce pour huit ou neuf. L’homonymie de la famille des Aquin rend difficile la construction généalogique.

L’année de naissance de saint Thomas n’est pas indiquée directement. Puisqu’il est mort dans sa 49e année en 1274, on conclut qu’il est né en 1225.

Des jours de l’enfance deux épisodes sont conservés par les biographes : la visite à Naples où sa mère prenait les bains et l’anecdote relative à la manlèn dont le petit Thomas échappa à la mort pendant une tem-