Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.1.djvu/376

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finesse. Son exactitude est ici assez souvent en défaut, parce qu’il lui a manqué comme à ses contemporains, le secours des sciences annexes, et avant tout d’une philologie éprouvée et de connaissances historiques élendues. Mais il a eu le sens de tout cela et il est aisé de discerner dans son œuvre scripturaire le bon grain de l’ivraie. C’est par l’esprit de son exégèse, alliant le respect du document à une curiosité théologique inspirée par la foi, que saint Thomas dépasse notablement ses contemporains. La preuve en est que Nicolas de Lyre, mieux outillé par son érudition hébraïque pour la pénétration du sens littéral, le suivra fidèlement sans avoir à le contredire. À la fin de cette enquête à travers les ouvrages bibliques du Docteur angélique, nous ne pouvons que souscrire au jugement du P. Denifle : « Si l’on compare un commentaire de saint Thomas avec ceux qui le précèdent immédiatement, on y rencontre d’une façon générale les mêmes questions, fréquemment les mêmes solutions, les mêmes textes.cripturaires, quoique en plus grand nombre ; seulement chez saint Thomas, ici comme dans la Somme, tout est de beaucoup plus pénétrant, parce que plein de raison, plus sûr et plus concret. » Die abendlàndischen Schri/lausleger bis Luther iïber Justitia Dei (Rom., i, 17) undJustificatio, Mayence, 1905, p. 136.

Alors que l’œuvre exégétique d’Albert le Grand a fait l’objet de nombreux travaux de valeur, celle de saint Thomas n’a fait l’objet d’aucune étude d’ensemble depuis l’excellent article du P. A. Gardeil, Les procédés exégétiques de saint Thomevi d’Aquin, dans Revue thomiste, 1903, p. 428-457, et en dehors des études de détail ou des questions d’introduction et de textes.

I. Texte et introduction.

M. Grabmann, Die echten Schriften des ht. Thomas von Aquin, Munster, 1920 ; U. I lolzrneister, Die exegetischen Schriften des hl. Thomas, dans Zeitschr. I. kath. Théologie, 1923, p. 327-328 ; P. Mandonnet, Des écrits authentiques de saint Thomas d’Aquin, Fribourg, 1910 ; le même, Chronologie sommaire de la vie et des écrits <le saint Thomas, dans Revue des sciences philos, et théol., 1920, p. 142-152 ; le même, Chronologie des écrits scripturaires de saint Thomas d’Aquin, extrait de la Revue thomi-. tr, 1028-1929 ; P. Mandonnet-J. Destrez, Bibliographie thomiste. Le Saulchoir, 1921 ; A. Masnovo, La « Catena auren de suint Thomas d’Aquin et un nouveau Codex de 1263, dans Rrvuc néo-scolaslique, 1906, p. 200-209 ; Fr. Pelster, Echtheitsfragen bei den exegetischen Schriften des hl. Thomas onn Aquin. I. Hat Thomas eine Expositio ad litteram : // den nier Euangelien verfassl ? II. Die Lectura in Evangrlium Matthœi. III. Die Erklàrung der paulinischen Briefe, dans Biblica, 1922, p. 330-338 ; 1923, p. 300-311 ; M. Schump, Hat der hl. Thomas eincn Kommentar zum Hohenliede geschrieben ? dans Divus Thomas (Vienne-Berlin), 1911, p. 47-55 ; 1’. Synave, Les commentaires scripturaires de saint Thomas d’Aquin, dans Vie spirituelle, juillet 192 ; }, p. 455-469 ; le môme, Le canon scripturaire de saint Thomm, dans Revue biblique, 1924, p. 522-533 ; le même, Le commentaire sur les quatre évangiles d’après le catalogue officiel. dans Mélanges thomistes) Le Saulchoir, 1923, p. 109-122 ; le même, Le catalogue officiel des œuvres de saint Thomas d’Agnin, dans Archives d’histoire doctrinale et littéraire du M..1.1. m. 1928, p. 25-104 ; P.-A. Uccclli.S. Thomre Aquinatis doctoris angelici, ord. Preed., in Isaiam prophetam, intns psalmos David, Home, 1880 ; le même,.V. Thomn-SjqulnatU doetorii angelici super Isaiam prophetam quæ ex

autographes supersunt. Milan, 1847 ( ?) ; W, Vrode, Die beidt demhl. Thomas von Aquin zugeschriebenen Knmmentare zum Hohen Liede, Berlin, 1903.

II. Km’i.i si… Colunga, El commentario de Sum lu Tomàs sohrr Job, dans Clencta tomista, 1917, p. 45-50 ; le même, Los sentidos de loi Salmos.vf/r/n santo Tomâs, fWrf., 1917, p. 353-362 ; le même, El milode historien effet eitudtti île In Bseritura tegundo Tomàs, ibld, , 1927, p, 30-61 ; A. Par-Bandez, Sgstime exégéttqut île suint Thomas, dans / tpavu y Amerien, 1° avril, I « ’mal, l » juin, 1° sept. 1909 ; Dam. s. ml. Die Schriltgelehrsamkeit des lit. Thomas oon Aquin,

Théologie und (, l<mt>i, 1927, p. 258-261 ; (.. Siegfried, Thomas oon Aquino ali lusleger des A, L, dans Zeitschr. fur missenschajtlicht rhéologie, 1895, p. 608-020 ;. Tlm luck, Dr Thoma Aquinu et Abn’larito S. Scriplurir inlerpn DIC i. in. i m’.Di.. CATHOL.

tibus, Halle, 1842 ; H. Wiesmann, Der Kommentar des hl. Thomas von Aquin zu den Klageliedern des Jeremias, dans Scholastik, 1929, p. 78-91.

III. Sens scripturaib.es. — Parmi les plus récentes et les meilleures études : F.-A. Blanche, Le sens littéral des Écritures d’après saint Thomas d’Aquin, dans Revue thomiste, 1906, p. 192-212 ; P. Synave, La doctrine de saint Thomas d’Aquin sur le sens littéral des Écritures, dans Revue biblique, 1926, p. 40-65 ; S.-M. Zarb, Utrum S. Thomas

| unitatem an vero pluralitatem sensus litteralis in sacra Scriptura docuerit ? dans Divus Thomas, Plaisance, 1930, p. 337 I 359 ; le même, Unité ou multiplicité des sens littéraux dans in Bible, dans Revue thomiste, 1932, p. 251-300.

C. Spicq.

VII. Saint Thomas et les Pères.

L’étude des sources patristiques de saint Thomas d’Aquin est à peine commencée. On ne voudra donc chercher ici qu’un aperçu général sur les résultats déjà acquis et sur quelques problèmes qui se posent encore. Ces notes devront d’ailleurs être complétées et corrigées, à mesure que des lumières nouvelles seront projetées sui un domaine aussi vaste. Le travail des recherches sera bientôt facilité par la publication prochaine — espérons-le — des Indices patristiese sur les deux Sommes que les éditeurs de l’édition léonine ont promis depuis longtemps.

;. LA THÉORIE DES SOURCES ET LA VALEUR

DES auctoritates PATR/STiQVES. — Saint Thomas d’Aquin est, des écrivains médiévaux, celui qui a le plus clairement parlé de la valeur des sources de la doctrine théologique. Au temps même de saint Thomas, Guillaume d’Auxerre († 1231) venait de faire le rapprochement entie les articuli fidei et les principia de la science théologique. Summa aurea, éd. Pigouchet, t. III, tr. III, c. i, q. i, ꝟ. 131 d ; t. IV, tr. De baptismo, ꝟ. 254 c. Voir la formule même chez saint Thomas dans In Boetium de Trin., q. ii, a. 2, ad 5um, dont les deux premières questions constituent un petit traité sur la méthode de la théologie ; voir également In Dioni/sium de dit), nom., c. ii, lect. 1, et Sum. Iheol., IIMI*, q. i, a. 5 : ad 2um, où saint Thomas renvoie à Dcnys pour le même rapprochement des principia et des articuli.

Les principes de la théologie, c’est-à-dire les articuli fidei, sont donnés par la révélation divine, Sum. Iheol., I", q. i, a. G, et ils sont consignés dans les Écritures canoniques, dont les textes fournissent au théologien v auctoritates autour desquelles gravite la technique de la méthode scolastique médiévale. Saint Thomas ne rile évidemment pas la Tradition comme source des nrliciili fidei ; au contraire, c’est surtout à celle-ci qu’il fera appel dans sa doctrine særamentaire, mais la technique médiévale de la méthode tHéologique ne pouvait que difficilement présenter cette Tradition comme audoritas à l’égal d’un texte, étant donné qu’à l’époque la Tradition se traduisait avant tout dans les pratiques de l’Église. Mais à côté des Écritures canoniques, le Moyen Age reconnut aussi les auctoritates, c’est-à-dire les textes des Pères, comme principes de la théologie à partir desquels on pouvait argumenter. Et, en fait, la théologie du Moyen Age faisait même appel à d’autres » autorités que Celles des Pères et des Écritures, notamment à celles dis philosophes. Mais elle le faisait avec la conscience bien nette de leur valeur respective…

Sacra doctrine hujusmodi (c. à d. phllosophorom) auctorit. -il ilius utltur quasi extraneis argunienlis et probahililms. Auelnnlatilius autein ennonica-Srriptunr ulitui proprie,’ni’i essitate argument.-indo. Auolnritntibus aliorum doctonnn Kcclesiie, quasi arguendo ex proprlis, soi probabillter. (nnitltur enim fuies naîtra révélation ! Ipostolls et Prophetls tacts, qui canonlcoa libroi scripsenint ; non autrui revolatinni, si qua fnil alils doctoribm factn. Sum. Iheol., I », <. i. a, 8, ad 2°™ : cf. />< <Hv. nom.,

B. I, lect. 1.