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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.1.djvu/422

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THOMISME. SOURCES : LES COMMENTATEURS


Gontenson († 1674), Vincent Baron († 1674), Jean-Baptiste Gonet († 1681), A. Gouciin († 1695), Antonin Massoulié († 1706), Hyacinthe Serry († 1738), en France ; de Charles-René Billuart († 1751), en Belgique.

Parmi les carmes, les Complulenses, Cursus philosophicus, 1640-1642 ; et les Salmanticenses, Cursus theologicus, 1631, 1637, 1641, nouv. éd., Paris, 1871.

Il convient de noter ici la manière des plus grands de ces commentateurs : Capréolus dans ses Defensiones (dem. éd., Tours, 1900-1908) éclaire constamment le Commentaire de saint Thomas sur les Sentences par les passages corrélatifs de la Somme théologique et des Questions disputées ; il montre ainsi la continuité de la pensée de saint Thomas, en répondant aux objections des nominalistes et des scotistes. — Silvestre de Ferrare, par son Commentaire sur le Contra Génies, fait voir l’harmonie de l’enseignement contenu dans cet ouvrage avec la simplicité supérieure des articles de la Somme théologique. Silvestre doit être consulté sur certaines grandes questions comme le désir naturel de voir Dieu, t. III, c. li ; l’infaillibilité des décrets de la Providence, t. III, c. xciv ; l’immutabilité de l’âme dans le bien ou dans le mal sitôt après la mort, dès le premier instant de l’état de séparation du corps, t. IV, c. xcv, où se notent quelques différences entre lui et Cajétan. Le commentaire du Ferrariensis vient d’ôtre réimprimé avec le texte du Contra Gcntes dans l’édition léonine, Rome.

Cajétan commente la Somme théologique article par article, montre leur lien, souligne le nerf de chaque preuve, excelle à dégager le médium demonslralivum ; puis il examine longuement les objections soulevées par les adversaires, surtout par Durand et par Scot. C’est un virtuose de la logique, mais celle-ci est chez lui au service de l’intuition. Il convient de consulter son Commentaire sur le De ente et essentia, son traité De analogia nominum, ses opuscules sur le sacrifice de la messe. Le commentaire de Cajétan sur la Somme théologique a été réimprimé il y a quelques années avec le texte de la Somme dans l’édition léonine, 1888-1906.

Dominique Bafiez est un commentateur sûr, profond, sobre, doué d’une grande puissance logique et métaphysique. Bien qu’on ait voulu faire de lui, sur les questions de la grâce, un chef d’école, sa doctrine ne diffère pas de celle de saint Thomas ; il se sert seulement de termes plus précis pour écarter de fausses interprétations. Ses formules ne dépassent pas la doctrine de saint Thomas, qui a du reste employé lui-même les termes « prédéfinition » et « prédétermination » à propos des décrets divins, dans son commentaire du De diuinis nominibus, c. v, lect. 3° ; au Quodl., xii, a. 3 et 4 ; et dans le commentaire de l’évangile de saint Jean, ii, 1 : vii, 30 ; xiii, 1 : xvii, 1. Un thomiste peut préférer à la terminologie de Banez les termes plus simples et plus sobres de saint Thomas, à condition de les bien entendre et d’exclure les interprétations fautives que Baftez a dû écarter.

Jean de Saint-Thomas a écrit un Cursus philosophicus thomislicus de grande valeur, 1037-1663, qui a été réédité à Parla en 1883 et récemment par dom B. Beiser, O. S. B., a Turin, 1930-1937. Les auteurs de manuels de philosophie thomiste qui ont éa il après lui y ont largement puisé, comme I.. I lugou, O. 1’. ;.1. Gredt, O. S. B. ; X. Maquart ; J. Maritain s’en est aussi beaucoup inspiré. Dans son Cursus théologiens, 1637, 1664, 1663, réédité a Paris, 18831886, et actuellement par les bénédld in. de Sole une.. il institue d « s dùpuialiones sur les grandes questions débattues de son temps et compare la doctrine de saint Thomas suri oui avec celle de Suarez, de Vu quez, de MolixuL C’est plutôt un Lntuitii > ; même un contemplatif qu’un dialecticien ; au risque d’être diffus, il revient souvent sur la même Idée pour L’appro fondir et en montrer tout le rayonnement. Il semble ainsi se répéter, mais ce recours constant aux mêmes principes, comme à des leitmotivs supérieurs, forme beaucoup l’esprit et fait pénétrer le sens élevé de la doctrine. Il insiste constamment sur l’analogie de l’être, la distinction réelle de l’essence et de l’existence dans les créatures, sur la puissance obédientielle, sur la liberté divine, l’efficacité intrinsèque des décrets divins et de la grâce, sur la spécification des facultés, des habitus et des actes par leur objet formel, sur la surnaturalité essentielle (quoad substanliam) des vertus infuses, à raison de leur objet formel, sur les dons du Saint-Esprit et la contemplation infuse. Il convient de le consulter au sujet de la personnalité du Christ, de la grâce d’union et de la grâce habituelle en Jésus, sur la causalité des sacrements, la transsubstantiation et le sacrifice de la messe.

Les Salmanticenses, ou carmes de Salamanque, procèdent de même dans leur grand Cursus theologicus. Ils donnent d’abord un résumé de la lettre des articles de la Somme théologique, puis ils instituent des disputationes et des dubia sur les questions les plus discutées, exposant le détail des opinions opposées entre elles. Si on les consulte superficiellement sur des questions secondaires, on peut trouver que plusieurs de ces dubia sont inutiles. Mais, lorsqu’on lit ce qu’ils ont écrit sur les questions fondamentales, on doit reconnaître que ce sont de grands théologiens, généralement très fidèles à la doctrine de saint Thomas. On peut s’en rendre compte par ce qu’ils ont écrit sur les attributs divins, sur le désir naturel de voir Dieu, la puissance obédientielle, la surnaturalité absolue de la vision béatifique, l’efficacité intrinsèque des décrets divins et de la grâce, la nature de la grâce sanctifiante, la surnaturalité essentielle des vertus infuses, surtout des vertus théologales, surnaturelles quoad substanliam à raison de leur objet.formel, sur la personnalité du Christ, sa liberté, la valeur intrinsèquement infinie de ses mérites et de sa satisfaction, sur la causalité des sacrements, la transsubstantiation et l’essence du sacrifice de la messe.

Gonet avec une grande clarté résume les meilleurs commentateurs qui l’ont précédé et fait œuvre personnelle sur bien des questions. Le cardinal V. Gotti procède de même dans sa Théologie, où il fait une plus grande part à la théologie positive. R. Billuart a laissé un résumé substantiel des grands commentateurs, plus bref que celui de Gonet ; il est généralement très fidèle à la doctrine de saint Thomas, dont il reproduit souvent le texte intégralement.

Sans parler des thomistes contemporains, le Père N. de ! Prado, dans ses ouvrages De veritate jundamentali philosophiæ christianæ Fribourg, 1911, De gratiu et libero arbitrio, 3 vol., 1907, suit volontiers Baiïcz ; le l’ère A. Gardeil dans La crédibilité et l’apologétique, L908 et 1912, Le donné révélé et la théologie, 1910, La structure de l’âme et l’expérience mystique, 2 vol., 1927, fail œuvre personnelle, en s’inspirani suri ont de Jean de Saint-Thomas.

Parmi les auteurs qui ont le plus travaillé au renouveau des éludes thomistes avant et après l’encyclique .1’.terni I’atris de Léon XIII, il faut citer Sanseverino, Kleulgen, S. J., Cornoldi, S. J., le cardinal Zigliara, O. P., Buonpensiere, O. P., L. Billol.S. J., G. Mattiussi, S. J., le cardinal Mercier.

Les revues qui font connaître le mouvement thomiste contemporain sont la Revue thomiste, le Bulletin thomiste, la Revue des sciences philosophiques et théologique », V Angelicum, le Diout Thomas de Plaisance, le Divus Thomas de Fribourg (Suisse), la Ciencia lomista, The Thomisl, Washington, les Acta Academise ronianir saneti Thonvr Aqumatts. De même parmi le —, publications qui fournissent d’utiles contributions