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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.1.djvu/486

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THOMISME. L'ÉGLISE


mexitelle. Telle est la haute idée que les meilleurs thomistes se sont faite de Fattrition, en considérant que le péché est essentiellement, non pas seulement un mal de l'âme, mais surtout une offense à Dieu, et qu’on ne peut détester cette offense sans un amour initial de Dieu, source de toute justice, sans un amour initial de bienveillance, qui dispose au conviclus que suppose la charité.

d) La reviviscence des mérites par l’absolution sacramentelle. III », q. lxxxix, a. 2 et 5. — Nous noterons à ce sujet la principale différence qui existe entre la doctrine de saint Thomas et celle de plusieurs théologiens modernes qui ici s’inspirent moins de lui que de Su are z.

Tous les théologiens, surtout depuis le concile de Trente, admettent la reviviscence des mérites par l’absolution, car les définitions du concile, sess. vi, c. xvi, can. 32 et 26, Denz.-Bannw., n. 809, 842, 836 impliquent cette vérité. Mais tous les théologiens ne l’admettent pas de la même façon.

Suarcz, Opusc. v, De meritis mortiflcatis, disp. II, et beaucoup de modernes après lui tiennent que tous les mérites passés revivent à un égal degré dès que le pécheur pénitent est justifié par l’absolution, même avec une attriiion juste suffisante pour que le sacrement ait son effet. Si par exemple quelqu’un avait cinq talents de charité, qu’il les ait perdus par un péché mortel, même avec une attrition juste suffisante, il recouvre par l’absolution non seulement l'état de grâce, mais le. degré de grâce perdu, les cinq talents de charité. La raison en est, selon Suarez, que ces mérites restent acceptés par Dieu et leur effet, même quant à la gloire essentielle, n'étant empêché que par le péché mortel, ils revivent au même degré dès que le péché mortel esi remis.

Saint Thomas comme bien des théologiens anciens s’exprime d’une façon notablement différente. Il se de mande, III », q. lxxxix, a. 2 : Utrum post pœnitentiam resurgat homo in sequali virtute ? Il répond d’après un principe souvent invoqué dans le traité de la grâce, I [iliqué I » -II", q. lii, a. 1 et 2 ; q. lxvi, a. 1 : une perfection, comme la grâce, est reçue dans un sujet d’une façon plus ou moins parfaite, selon la disposition présente de ce sujet. C’est pourquoi, selon que l’attrition ou la contrition est plus ou moins intense, le pénitent reçoit une grâce plus ou moins grande ; suivant sa disposition actuelle plus ou moins parfaite, il revit spirituellement quelquefois avec un degré de grâce plus élevé, comme probablement l’apôtre Pierre après son reniement, quelquefois avec un degré de grâce égal, el quelquefois avec un degré moindre.

I.a question est importante, et il faut chercher ici, non pas ce 'l’ii peut paraître consolant sans être fonde, niais ce qui est vrai. C’est particulièrement Important en spiritualité ; si une âme avancée fait une faute grave, elle ne peut reprendre son ascension à l’endroit où elle a trébuché, que si elle a une contrition vraiment fervente qui lui fasse recouvrer non seulement l'état de grâce, mais le degré de grâce perdue ; autrement elle recommence l’ascension à un degré notablement inférieur. C’est du moins la pensée de beaucoup d’anciens théologiens, et notamment de salut Thomas, III*, q. i.xxxix, a. 2, dont il convient de rappeler en lat in le I exte un peu oublié :

M.inifrstiim est quod forme, qtus possunt recipere nia^is « I minus, intendant ur et remittuntur secundum divervim dispoaitloneni lubjoctl, ut supra haliitum est MI », q. LU, i. I '-I 2 ; i|. LXVI, a. 1. Kt inde est, quod secundum <|ii « » l moi us llbert nrliiirii in pœnitentla est Intensiaf rai nmis*inr, secundum hoc paanltens consequitur majorent val mlnoram gratiam. Conttngil autem, Intenstonem motus pænltentli quandoque proportionat.ini esse majori gmtlas, ruerit llla, a qua ceclderat per peccatum, quandoque a : i’iniii, quandoque raro minori. Et Idao pmnHens

quandoque resurgit in majori gratia, quandoque autem in « quali, quandoque etiam in minori ; et eadem ratio est de virtutibus quæ ex gratia consequuntur.

II faut remarquer que ceci n’est pas un obiter dictum, c’est la conclusion même de l’article. Saint Thomas dit un peu plus loin, III », q. lxxxix, a. 5, ad 3um :

Me qui per peenitentiam resurgit in minori caritate, consequetur quidem prsemium essentiale, secundum quantitatem caritatis in qua invenitur ; tiabebit tamen gaudium majus de operibus in prima caritate factis, quam de operibus, qua ? in secunda fecit, quod pertinet ad præmium accidentale.

Banez semble avoir entendu cette dernière réponse ad 3um dans un sens trop restrictif, qui empêcherait en bien des cas la reviviscence quoad prsemium essentiale. L. Billot, De sacramentis, t. ii, 5e éd., p. 120, semble exagérer en sens contraire. Cajétan, In III am, q. lxxxix, a. 1, n. 4, garde bien la pensée de saint Thomas en disant :

Cum mortificata reviviscunt, semper omnia opéra meritoria quæ mortificata erant reviviscunt… sed quantitas operis meritorii non semper reviviscit simpliciter, quoniam non semper récupérât propriam efficaciam, quæ est perducere hune ad tantum gradum beatitudinis aetern » ; ut patet in eo qui resurgit in minori gratia, ita quod in llla minore decedit. Et in promptu causa hujus non-reviviscentiæ est ipsa resurgentis indispositio.

Ce que Cajétan explique bien au même endroit, et ce à quoi ne répond pas Suarez. Voir aussi les Salmanticenses, De merito, disp. V, n. 5, 6, 8. Billuarl, De poenit., diss. III, a. 5, paraît bien conserver la pensée de saint Thomas en disant :

1° Mérita non semper reviviscunt in eodem gradu quem prius habebant sed secundum proportionem pra : sentis dispositionis. 2° Mérita reviviscunt secundum quantitatem prasentis dispositionis, non in hoc sensu quod (ut vult Bannez) eadem gloria essentialis conferatur pœnitenti duplici titulo (scil. titulo prresentis dispositionis et titulo meritorum mortificatorum), sed in hoc sensu, quod, ultra jus ad gloriam essentialem correspondentem præsenti dispositioni, conferatur aliquid de jure ad distiuctam gloriam essentialem correspondentem pnecedentibus meritis.

Ainsi les mérites revivent, même quant à la récompense essentielle distincte, à la gloire essentielle, non pas toujours également au degré où ils étaient autrefois, mais proportionnellement à la ferveur de la contrition actuelle hic et nunc. Ainsi celui qui avait cinq talents et les a perdus peut revivre par l’absolution à un degré moindre et mourir dans cet état ; il aura alors un degré de gloire proportionné non pas à cinq talents, mais à une moindre charité, dont Dieu connaît la proportion, comme lui seul peut mesurer la ferveur du repentir. Cf. ici, t. xiii, col. 2636 sq.

2° L'Église. — On trouve dans la Somme Ihéologique les premiers linéaments du traité de l'Église qui se constituera plus tard â l’occasion des erreurs protestantes.

Tout d’abord, saint Thomas a écrit. III a, q. viii, De gratia Christi secundum quod es ! caput Ecclesite (8 articles), où il dil que l'Église est le corps mystique du Christ et qu’elle comprend tous les hommes dans la mesure <>ù ils participent à la grâce qui vient du San veur. A. 3.

De plus au traité de la foi, I1° -II », q. i, a. 10 ; q. ii, a. C), ad 3 uln, il reconnaît à l'Église une autorité' doctrinale plelru et infaillible, qui s'étend Jusqu’aux laits dogmatiques comme il le montre en traitant de la canonisation des saints. Quodl. ix. a. 16. i.e pape a plein pouvoir ei il peut même Axer les [ennuies <i symbole dans la mesun néi easaire pour condamner les hérésies.

i.-s relations de l'Église ri de l'État sont compai celles de l’Ame et do coi pi ; Le pouvoù sé< ulli i i si