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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.1.djvu/524

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TILLEMONT — TILMANN (GODEFROY)


prétendant l’édifier. » T. i, p. xin. Évidemment, il n’a pas à sa disposition les ressources critiques que nous pouvons utiliser. Il n’a guère que son jugement et, comme il est timide, comme il est profondément soucieux de rester fidèle à ce qu’enseigne l’Église, il ne veut pas porter une main sacrilège dans les fourrés de l’hagiographie. Ici, comme ailleurs, ses jugements sont pondérés et frappés au coin du bon sens. Il a été souvent taxé de scepticisme là même où nous serions tentés de l’accuser de crédulité.

Ses sentiments jansénistes transparaissent ici ou là dans son œuvre, surtout lorsqu’il parle de saint Augustin et qu’il doit raconter les controverses relatives à la grâce. Encore fait-il toujours preuve d’une véritable modération. Il n’aime pas les pélagiens et il le dit ; mais il se garde bien d’entrer dans le plein des querelles et de trancher d’estoc et de taille : « Il n’a pas cru devoir s’arrêter à combattre les dogmes des hérétiques, étant persuadé qu’il lui suffisait de les rapporter selon qu’il les trouvait marqués dans les Pères, comme condamnés par l’Église et portant ainsi leur réfutation avec eux. Que s’il y a joint quelquefois la doctrine de l’Église, c’a été comme par surcroît. » T. i, p. x.

Enfin, il écrit mal et les Mémoires ne sont pas un livre de lecture. Son style est correct sans doute, mais il est uniforme et sans grâce. Rarement il s’élève à l’éloquence et, lorsque cela arrive, on peut assurer que c’est par hasard, car, par dessein bien arrêté, Tillemont ne veut pas s’émouvoir ni émouvoir son lecteur : « Il n’a pas cru, dit-il, qu’il fût nécessaire d’employer beaucoup de temps et de peine pour orner des choses dont la simplicité même est souvent le meilleur ornement au goût des personnes les plus éclairées. » T. i, p. m.

Tels qu’ils sont, les Mémoires restent indispensables à l’historien d’aujourd’hui, et il est bien peu d’ouvrages du xvii° siècle dont on puisse faire le même éloge. Leurs lacunes sont évidentes, pour la période postapostolique, pour la gnose du 11e siècle, pour les controverses christologiques du ve en particulier. Sans qu’on songe à les dissimuler, elles ne sauraient être reprochées à leur auteur. Mais Tillemont s’impose par son honnêteté, par son exactitude, par sa probité, par sa conscience. Lorsqu’on parle de lui, on a toujours à l’esprit ou sur les lèvres une épithète qui traduit l’une ou l’autre de ses qualités. Gela n’est rien à première vue. Gela est beaucoup en fait, car bien peu d’historiens méritent de tels éloges à un tel degré. Sans doute est-ce à sa haute vertu que Tillemont doit d’avoir fait passer jusque dans ses œuvres les soucis de sa conduite quotidienne.

Sur la vie de Tillemont, il faut lire le récit public par son secrétaire, M. Troucliai, La vie et l’esprit de M. de Tillemont, Cologne, 1711. La seconde partie de l’ouvrage est occupée par des Réflexions morales de M. Le Nain de Tillemont sur divers sujets de morale. Ce livre est à la base des éludes de Saintc-lJeuve, Port-Royal, t. iv, p. 1-tl ; et de H. Bremond, Histoire littéraire du sentiment religieux en France, t. iv, Paris, 1918, p. Z58-280. Sur le séjour à Heauvais, cf. J. Vinot-Préfontaine, La fondation du Séminaire de Beauvais et le jansénisme dans le diocèse au XVIIe siècle, dans Uevuede rhistoire de l’Église de France, t. xix, 1933, p. 347-376.

G. Bahdy.

    1. TILLY (Thomas de)##


TILLY (Thomas de), chanoine régulier prémontré de l’abbaye de Valscry, au diocèse de Soissnns, puis (1761) abbé d’Aubccour au diocèse de Ghartres (aujourd’hui de Versailles). On a de lui : Lexicon Iheologicum dogmalicum et morale, Liège, 1741 ; Défense des principaux articles de la foi catholique contre M. hlms, ministre de l’Église anglicane, Soissons, 1748, in-12.

Ilurter, Nomenclator, 3° édlt., t. iv, col. 1372 ; Quérard, I. « I ronce littéraire, t. ix, 1838, p. 476.

J. Mercieh.

    1. TILMANN Qodef roy##


TILMANN Qodef roy, t héologien et savant polyglotte, fit sa profession religieuse à la chartreuse de Paris le 8 mars 1523 et y décéda le 15 août 1561. Connaissant très bien l’hébreu, le grec et le latin, il employa son talent à traduire en latin les œuvres des Pères grecs et d’autres écrivains et à revoir les traductions faites avant lui. C’est le témoignage que lui a donné le P. Garnier, cf. P. G., t. xxix, p. clxxviii. Possevin l’a appelé vir docius atque catholicus. Cf. Apparatus sacer, Venise, 1606, t. i, p. 202. Outre les traductions marquées ci-après, dom Tilmann a publié quelques écrits théologiques, mais, malgré l’autorité de Possevin, op. cit., au mot « Moyses », qui l’a classé parmi les auteurs d’ouvrages sur l’un et l’autre Testament, il est vraisemblable que cet honneur ne doit lui être attribué qu’à cause de ses versions.

1. Georgii Pachymerse Hieromnemonis paraphrasis in decem epistolas B. Dionysii Areopagitæ nunc primum e græco Latio donata. Accessit præfatio interpretis, quæ esse possit vice apologiæ pro libris Dionysii adoersus calumnias Laurenlii Valise, Martini Lutheri et Desiderii Erasmi, Paris, 1538, in-4° ; 1561, in-8°, et dans les œuvres complètes de saint Denys d’après les Pères Lanssel et Cordier, Paris, 1644, t. ii, p. 249-300. —

2. Sancti Antiochi monachi (lauræ Sancti Sabse) homiliæ CXXX, seu Pandectes Scripturse divinitus inspiratœ… Accessit elenchus memorabilium sententiarum per interpretem collectus (l’édition contient aussi la traduction de VExomologesis du même auteur), Paris, 1543, in-4°. Cette version a été insérée dans différentes éditions de la Bibliotheca Patrum entre autres dans celles de Paris, 1579, au t. n ; de Cologne, 1617, au t. vii ; de Paris, 1624, 1644, de Lyon, 1677, au t. xii ; et dans P. G., t. lxxxix, col. 1415-1856. —

3. Michælis Syngeli presbyteri Hierosolymitani enconium in martyrem B. Dionysium Areopagitam, texte grec et latin, Paris, 1546, 1547, 1548, in-8° ; Cologne, 1556, dans l’édition des œuvres attribuées à saint Denys et commentées par Denys le Chartreux. —

4. S. Basilii Magni opérae grseco in latinum per G. Tilmannum, Paris, 1547, 2 vol. in-fol., 1566, in-fol., édition revue par G. Tilmann et louée par Possevin, op. cil., t. i, p. 633 ; Anvers, 1568 ; Paris, 1571 et 1603, in-fol. ; Anvers, 1616, in-fol., édition revue par le P. André Schotte, jésuite ; Cologne, 1618, in-fol. ; Paris, 1618 et 1638, 3 vol. in-fol. Godefroy Tilmann composa une apologie revendiquant pour saint Basile la paraphrase du c. xvi d’Isaïe, qu’Érasme, Luther et Laurent Valla voulaient attribuer à un autre Basile. Cette apologie se trouve dans les premières éditions des œuvres de saint Basile (1566, etc.). Cf. Possevin, op. cit., t. i, p. 202, et c. x de l’article « Basilius »… Il importe aussi de noter, que les éditeurs des œuvres de saint Basile ont profité de nouvelles traductions publiées après la mort de Tilmann pour les substituer aux parties qui ne leur convenaient pas. Ainsi, malgré l’autorité de Fabricius, nous avons constaté que l’édition de Paris, 1638, ne renferme qu’une partie des traductions faites par G. Tilmann et l’apologie contre Érasme. — Les bollandistes, au 30 juillet, ont publié l’éloge de sainte Julitte, martyre, traduit du grec de saint Basile en latin par G. Tilmann. — 5. Vita Flaoii Josephi a seipso scripta, Paris, 1548, in-8°. — 6. Allegoriæ simttl et Iropologiæ in locos utriusque Testamenti selectiores depromptee et in ordinem digestæe monimenlis unitis et Iriginta authorum. IJis accessit vice coronidis F.pitome venerabilis Bedæ presbyteri de schemalibus et tropis, ouvrage important publié d’abord vers 1520 (ou 1526) chez Badius à Paris. Dom Tilmann y ajouta les Allégories sur les l’saumes d’Otthmnr Luscinius, l’opuscule du vénérable Bède et une préface où il traita de vrro usu allrgoriarum et qui.au jugement de l’ossovin. est digne d’être lue. Son tra-