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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.1.djvu/544

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TIMOTHÉE ET TITE. VOCABULAIRE ET STYLE


apporter à leur choix non moins qu’à celui des piètres, il n’aborde d’aucune façon ce sujet dans ses instructions à Tite. Il y avait des diacres dans les communautés importantes ou anciennes, comme celles d’Éphèse et de Philippes. Le besoin s’en faisait moins sentir dans les chrétientés nouvellement fondées, comme celles de Crète. Au contraire, en Asie Mineure, au temps de saint Ignace, chaque Église a ses diacres, comme elle a ses prêtres et son évêque. L’auteur des Pastorales ne construit donc pas la hiérarchie ecclésiastique sur le modèle si fermement tracé dans les lettres d’Ignace. Son langage n’a pas non plus leur précision technique : chez lui, les termes de « presbytre

  • et d’ « épiscope » sont encore synonymes,

alors que, sous la plume d’Ignace, le titre d’épiscope est réservé au chef unique de chaque église.

C’est donc seulement de loin que nos deux évoques missionnaires, chargés pour un temps du gouvernement d’une Église ou d’un groupe d’Églises (en Crète), annoncent les évoques proprement dits, que nous verrons bientôt à demeure, dans toutes les cités d’Orient, à la tête de leur clergé régulièrement composé de prêtres et de diacres. Cette parfaite convenance historique confirme l’authenticité paulinienne îles Pastorales.

Charismes.

Selon Jûlicher, il n’y a plus aucune

trace, dans les Pastorales, des charismes qui jouaient un rôle important dans les communautés primitives, cf. I Cor., xii-xiv, et qui subvenaient à tant de besoins religieux et matériels. Einleilung in das N. T., p. 166. Mais il faut observer que, si saint Paul règle avec une précision minutieuse l’usage des charismes dans les assemblées des fidèles, c’est à cause des troubles et des idées fausses auxquels avaient donné lieu ces manifestations gratuites du Saint-Esprit. Beaucoup de ces charismes d’un caractère extraordinaire n’avaient rien d’essentiel pour l’avantage spirituel ou temporel de la communauté, et ils n’ont pas existé partout, du moins en permanence : tels le don des langues, le don d’interprétation, le don de lire dans les cœurs, le don des miracles, le don des guérisons. D’autres, comme le don de sagesse, le don de science, le don de prophétie en tant qu’il consiste à édifier, exhorter et consoler, I Cor., xii, 8-10 ; xiv, 3 ; le don d’enseigner, SiSoccxaXla, Rom., xii, 7 ; Eph., iv, 11, se rapportent à la prédication. Sur ce point, Paul est préoccupé surtout des périls que font courir les mauvais prédicateurs et les règles qu’il trace tendent à éliminer ce danger tout en encourageant les didasc. ales, quels qu’ils soient, dont la parole est « saine » et édifiante. En outre, il n’y a aucune opposition, aux yeux de Paul, entre dons charismatiques et fonctions hiérarchiques. Tout presbytre reçoit, par l’imposition des mains, un charisme qui le dispose aux fonctions d’enseignement et de gouvernement qu’il aura à remplir. I Tim., v, 17-22 ; Act., xx, 28, et Paul invite Timothée à réveiller en lui ce charisme toujours présent et toujours efficace. I Tim., iv, 14 ; II Tim., i, 6. De même, on peut penser que les diacres et les pieuses veuves consacrées par une sorte de vœu au service (le l’Église, I Tim., v, 9-10, ont large part aux dons charismatiques de ministère, de miséricorde et d’assisté n’est pis à dire que les fonctions hiérarchiques oïl techniqui, instituées par la communauté, aient remplacé complètement dans les Pastorales les ions charismatiques, nées du libre souffle de l’Esprit ; mais, dans ses instructions louchant le gouvernement de l’Église, c’est sur les institutions régulières, nécessaire ! et permanentes que Paul doit porter son attention. On ne petit conclure du silence

<] : s Pastorales sur les charismes libres à la disparu ion

ux-ei ou à leur absorption par le ministère offlobserve Mlchælis, Prislomlhncle mit !

Gefang., p. 42, que la grande place qu’occupent dans la Didaché les détails relatifs aux fonctions charismatiques des didascales et des prophètes itinérants, etc., par rapport aux fonctions professionnelles, ne permet pas de conclure que les premières avaient en ce tempslà la prééminence. Il est cependant un des anciens charismes extraordinaires dont les Pastorales ont occasion de parler, à savoir le don de prophétie : c’est par le moyen des prophètes que le Saint-Esprit a désigné Timothée pour le sacerdoce et l’apostolat, I Tim., i, 18 ; iv, 14, et c’est par eux aussi qu’il annonce les erreurs dangereuses des derniers temps, I Tim., iv, 1 ; cf. II Tim., iii, 1.

En somme dans les Pastorales, l’estime de saint Paul pour les charismes et pour les dons du Saint-Esprit se manifeste surtout, comme il fallait s’y attendre, par l’assurance sans cesse répétée que les ministres de l’Église doivent compter sur les grâces attachées à leur ordination et à leurs fonctions : en ce sens, les avis de Paul à Timothée ne sont autre chose qu’une exhortation au bon usage des charismes. Timothée et Tite doivent choisir des hommes dont on puisse espérer qu’ils seront les dignes instruments du Saint-Esprit’: une fois élus, ceux-ci n’auront plus qu’à rester fidèles à la grâce ; et les deux pasteurs donneront les premiers l’exemple en se montrant en tout dociles à l’impulsion du Saint-Esprit.

VIII. Vocabulaire et style.

Les adversaires insistent sur la différence de vocabulaire et de style entre les Pastorales et les autres épîtres pauliniennes. En particulier P.-N. Harrison dresse des statistiques impressionnantes, où le caractère non-paulinien ressort soit des mots eux-mêmes, soit plus visiblement encore de la courbe des diagrammes.

Cependant, il est difficile par ce seul moyen d’arriver à un résultat concluant. Plusieurs considérations suggèrent une grande défiance à l’égard de ces calculs dont l’apparente rigueur mathématique n’est souvent qu’un trompe-l’œil. 1. Les mots sont commandés par le sujet traité ; des situations nouvelles réclament naturellement un langage approprié et donc nouveau. La différence pourra être d’autant plus sensible que l’écrivain est plus cultivé et possède mieux les ressources de sa langue. — 2. Il ne suffit pas de comparer en bloc les Pastorales avec les autres épltres. Il ne faut pas oublier que celles-ci forment trois groupes, appartenant à trois époques différentes et présentant chacun ses particularités linguistiques : d’abord, les deux lettres aux Thessaloniciens, les premières en date, écrites vers 51-52 ; puis les quatre grandes épîtres, Rom., I et II Cor., et Gal., aux environs de 57-58 ; enfin les quatre épîtres de la première captivité, composées à Rome vers 62-63. Un intervalle de quatre à cinq ans sépare ainsi ces trois groupes les uns des autres. En ces dernières années, un certain nombre d’exégètes reportent les quatre dernières lettres à l’époque d’une prétendue captivité à Éphèse, ce qui les rend contemporaines des grandes épîtres. Michælis, champion décidé de cette hypothèse, retarde en outre de plusieurs années les lettres aux Thessaloniciens. en sorte que presque toutes les lettres de Paul auraient été écrites dans l’intervalle d’un ou de u ans. Pasloralbrieje und Gcj<mqensclmllabrirfe, i 10-11, 74-76 ; Die QefangttlêChaft des Paulus in Bph68U8, p. 51 sq., 60 sq. Il ne méconnaît pas pour autant la différence littéraire entre ces trois groupes, il l’explique seulement par les circonstances, t i, . but, remplaçant ainsi la théorie du progrès et du dévi loppement par celle de l’adaptation. Pour nous, qui maintenons les dates généralement reçues, nous garderons aussi sa part d’influence au (acteur chronologique : t ofité de » différend s, il y a aussi d, s n ssi mblances Indénia* Mes ( t frappantes dont il faut t< nir compte.