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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.1.djvu/547

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TIMOTHÉE ET TITE. DOCTRINE


sédcr (un jour) la vie éternelle. » — a) L’image du bain, Xoi>Tp6v, pour désigner le baptême, est empruntée à Eph., v, 20 ; et ce terme ne se trouve pas ailleurs dans le Nouveau Testament. — b) De part et d’autre, l’efficacité sacramentelle du baptême est fortement marquée : datif de moyen dans Eph., v, 26 (xaOaploaç Toi Xouxpw), 81à de cause instrumentale, dans Tit., iii, 5 : ëccxrev y)(a5ç Sià XouTpoù. — c) C’est un bain de régénération, TOxXiyYsveoÊaç. Au sens spirituel, ce vocable appartient exclusivement à notre épître (dans Matth., ix, 28 rénovation cosmique) ; mais il exprime une idée que saint Paul met puissamment en relief, la qualité d’enfants de Dieu qui fait de nous un être nouveau, une nouvelle créature. Le terme de renouvellement, àvaxaîvwat.ç, qui renforce l’idée de renaissance par celle d’une transformation totale, est également paulinien dans ce même sens de « renouvellement spirituel » : (xeTa|i.opçoÛCT6e tt) àvaxaivwoet toû vo6ç, Rom., xii, 2. — d) La sainte Trinité apparaît ici comme dans saint Paul. Le Père est la cause première : à lui appartient l’initiative dans le plan et dans la réalisation du salut, ëacocssv fjjji.âç. Le titre de acoTYjp, réservé au Fils dans les autres épîtres, est donné au Père probablement par réaction contre la coutume païenne de prodiguer ce titre aux dieux, aux rois, à l’empereur. C’est le Père qui envoie et répand dans nos cœurs le Saint-Esprit : ou è^é/eev ècp’Tjfxâç. Tel est aussi l’enseignement de Rom., v, 5, 7) à.yàivr] èxxé/OTai ; I Cor., vi, 19, ou ë/exe àrcè 6eoû ; II Cor., i, 22 ; v, 5 ; Gal., iii, 5 ; iv, 6 ; I Thess., iv, 8. Le verbe èx^éco emprunté à la prophétie de Joël, iii, 1-2, est aussi connu de Paul (Rom., iii, 15 ; citation d’Isaïe lix, 7 : « répandre le sang » ). La mission du Saint-Esprit par le Fils est indiquée au moins indirectement par les mots èÇs^Eev Stà’Itjcoù XptaTOÛ, de même que par la formule paulinienne s£aTté(jTE !.X£v to 71veG(xa toû uloû aùroû, Gal., iv, 6 ; cf. II Cor., iii, 17-18 ; Phil., i, 19 ; mais c’est Jésus-Christ qui nous a mérité toutes les grâces de justification et de salut en vue de la vie éternelle. Tit., iii, 7 ; Rom., v, 15-21. — e) Le rôle de la grâce est aussi présenté à la manière de Paul. La justice que nous recevons au baptême, Sixaiw6évTeç, seule capable de nous rendre justes et saints devant Dieu, n’est pas notre justice à nous, fruit de nos bonnes œuvres et de nos efforts personnels, oùx iE, ëpywv Ttov sv Sixaiooûvjr) a ènovi]aa.is^ r)tJ.eïç, mais un don tout gratuit de la miséricorde divine, àXXà xarà t6 aÙToû ëXsoç, une manifestation éclatante de la bonté et de l’amour de Dieu, vj ^P^otôt/jç xal 7) quXav6pe » >7Ûa sTtscpâvT). Pécheurs que nous étions tous, sans qu’aucun mérite de notre part la sollicitât et sans qu’aucun démérite l’arrêtât, Dieu nous a sauvés, justifiés, gratifiés de la vie éternelle. Ces expressions résument la thèse fondamentale de l’Apôtre sur la nécessité, la gratuité, l’universalité du salut par l’Évangile, thèse développée à plusieurs reprises, en particulier dans Rom., iii, 21-31. Les mots Stxaiooûvy), Stxaioûv, Xdeptç, ont ici la même acception théologique que dans saint Paul : SixoucùGsvteç -rf] èxswou yjx.pixi es ^ identique à Sixaioôjxevot Swpeàv t^ aùroû yâpm, Rom., iii, 24. —~f)La foi, condition de la justice accordée à l’homme, n’est pas ici expressément mentionnée, mais elle joue dans les Pastorales un rôle essentiel. et elle est implicitement indiquée par l’opposition entre les œuvres de l’homme et la grâce de Dieu, qui ne nous laisse d’autre part personnelle que d’adhérer par la foi et l’amour à l’action sanctifiante de Dieu en nous. — g) La manifestation de la bonté divine (èTtecpâvir), Tit., iii, 3) correspond à celle de la justice sanctifiante (SixoaocûvT) 7te<pavépa>Tai, Rom., iii, 21), avec la même portée apologétique qui ne laisse au pécheur ainsi devenu juste que la confusion, l’admiration et la reconnaissance. — h) Comme àvaxalvcoaiç et

uaXiyyeveata au ꝟ. 6, le ꝟ. 4 rapproche deux termes, XpTr)CTonr)ç et quXav6pa>7Ûa, dont le premier est exclusivement paulinien (9 fois, dont 5 en parlant de Dieu : Rom., ii, 4 ; xi, 22 a, b, c ; Eph., ii, 7), tandis que le second rend avec bonheur une pensée qui est chère à l’Apôtre. Cf. Rom., v, 8-9 ; viii, 37-39 ; Eph., ii, 7.

— i) L’adverbe 7tXouoitoç, qui marque, vers la fin de notre texte, l’abondance du don que faisait entrevoir dès le début l’entrée en scène de la yp^a-rô-r/jç divine, est tout à fait dans le style de Paul, qui aime célébrer « la richesse » de la bonté de Dieu (t6 ttXoûtoç ty)< ; XP"rço-r6T7)-roç aÙToû, Rom, , ii, 4). Dans Eph., ii, 1-7 comme ici, opposant la justification nouvelle à l’ancien état de péché, il joint ensemble la richesse, la miséricorde, la bonté et la grâce. — j) Notons encore la manière paulinienne dont le salut est présenté comme chose déjà faite et entièrement accomplie de la part de Dieu (ëcwæv, Rom., viii, 30 ; Eph., ii, 5-6), tandis qu’il n’est encore que commencé pour l’homme par la justification et ne sera définitif que par la vie éternelle. On voit que cette courte instruction sur le baptême est un extrait de catéchèse paulinienne, avec quelques expressions nouvelles et saillantes, dignes de l’Apôtre.

2. Vocation (II Tim., i, 9-11). — Ce passage n’est pas paulinien seulement par sa structure grammaticale, mais aussi par tout le détail des concepts et des termes.

— a) Dieu nous a sauvés en nous appelant à la foi : ocôoavToç >)[xâç xal xaXéaavTOÇ xXtjcei àyîa. Le terme xXtjoiç (10 fois dans le reste du Nouveau Testament dont 8 dans saint Paul) désigne toujours chez l’apôtre un appel de Dieu, presque toujours l’appel à la foi ; vocation efficace, déjà réalisée ; vocation sainte, car elle appelle les chrétiens à la sainteté, si bien que les chrétiens s’appellent « les saints » — b) Nos œuvres ne sont pour rien dans cet appel efficace ; tout vient du bon plaisir de Dieu et de sa grâce. L’exclusion des œuvres personnelles est affirmée avec une insistance, cf. Tit., ii, 5, où l’on retrouve l’énergie de Paul. Le mot 7rp60eoiç, « propos, projet, dessein, résolution », au sens de bon plaisir divin, n’est employé en dehors des Pastorales que par Paul : Rom., viii, 28 ; ix, 11 ; Eph., i, 11 ; iii, 11. L’appel xaxà tSîav 7rp66eaiv reproduit la formule de Rom., viii, 28. Au propos divin est jointe la grâce, yjxpiç, ou bienveillance, qui seule pouvait provoquer le vouloir divin, et de laquelle procèdent tous les bienfaits : aussi est-elle mentionnée 90 fois dans les écrits de Paul et 13 fois dans les Pastorales. — c) La grâce de la foi nous a été « donnée dans le Christ-Jésus de toute éternité », 7rpô Xp6vwv atcovfow. Cette prédestination éternelle fait souvent l’admiration de Paul, et il emploie aussi à cette occasion l’expression paradoxale de « temps éternels », unique dans le Nouveau Testament. Rom., xvi, 25. — d) Le dessein éternel de Dieu s’est enfin manifesté maintenant par l’apparition du Sauveur, cpavepwŒîoav 8è vûv Stà tïjç èTtupaveiaç toû ocùt ? ; poç 7)[i.c5v. Ainsi s’exprime saint Paul chaque fois qu’il aborde le mystère de la rédemption : la venue du Christ sur la terre révèle au grand jour les plans de la Providence qui, même annoncés par les prophètes, demeuraient voilés. Cf. Rom., iii, 21, 26 ; xvi, 26 ; Col., i, 16. Le terme « épiphanie », appliqué ici au premier avènement se retrouve dans II Thess., ii, 8, où il est dit que le Christ, par l’éclat de sa parousie, anéantira l’Adversaire, xaTapyrjæi rf) èmçavela TÎjç TOxpoualaç au-roû. — e) Le rapprochement avec II Thess., ii, 8 ne ressort pas seulement du mot S7u<p<xveia mais aussi du verbe xaTapyeïv. La seconde apparition du Sauveur anéantira l’Antéchrist, comme la première a eu pour effet de détruire la mort sous toutes ses formes, xaTapY/joavroç tov 6àvaTOv, mort spirituelle, mort éternelle, mort corporelle elle-même