pour son neveu le sort des premiers maris. Rassuré par l’ange, il consent au mariage, priant le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob de répandre sur les jeunes époux sa pleine bénédiction, vil, 9-20.
Introduit auprès de Sara, Tobie, pour chasser le démon meurtrier, met en œuvre le moyen indiqué par Raphaël, qui relègue l’esprit malfaisant dans le désert de la Haute-Egypte. Tobie exhorte Sara à passer en prières les trois premières nuits de leur mariage, viii, 1-10. Cependant Ragucl, inquiet sur le sort du jeune Tobie, avait fait préparer une fosse, mais à la nouvelle qu’il était sain et sauf, sa joie fut grande et aussitôt s’organisèrent les préparatifs du festin des noces, viii, 11-24.
Entre temps, Raphaël se rend à Rages à la place de Tobie et, ayant recouvré l’argent que devait Gabélus, il ramène ce dernier chez Raguel pour l’associer à la joie de tous dans le festin des noces, ix, 1-12.
Les parents de Tobie, surtout sa mère, s’inquiétaient de l’absence prolongée de leur fils, x, 1-7. Celui-ci, de son côté, avait hâte de rentrer malgré les instances de Raguel. Abondamment pourvus de toutes sortes de biens et d’excellents conseils, les jeunes époux prirent la route de Ninive. x, 8-13.
A mi-chemin, l’ange conseille à Tobie de prendre les devants, sans oublier le fiel qui doit servir à guérir la cécité du vieux Tobie. xi, 1-8. Ainsi fut fait. Dès leur arrivée, salutations et actions de grâces terminées, le remède est appliqué et les yeux de Tobie s’ouvrent de nouveau à la lumière. L’arrivée de Sara avec l’abondance de richesses en argent et en troupeaux met le comble à la joie de tous, fêtée durant sept jours en de grandes réjouissances, xi, 9-21.
L’instrument de tels bienfaits, le compagnon de voyage de Tobie, méritait bien un témoignage extraordinaire de reconnaissance. Aux instances de ceux qu’il avait si merveilleusement assistés, l’ange Raphaël répond en dévoilant sa véritable nature et en les invitant à rendre grâces à Dieu qui a entendu la prière de son serviteur et récompensé ses œuvres de piété et de charité. Après quoi il disparaît soudain à leurs regards, xii, 1-22.
La conclusion de cette belle histoire est formulée dans un cantique du vieux Tobie à la louange du Seigneur, à laquelle est convié le peuple choisi en reconnaissance des bienfaits qu’un avenir glorieux lui réserve. XIII, 1-xiv, 1.
Le livre se termine, par les derniers conseils de Tobie parvenu à un âge avancé dans la joie et la crainte de Dieu. Son fils quitte Ninive menacée de ruine, pour finir ses jours au pays de ses beaux-parents, xiv, 2-17.
II. But du livre.
L’histoire de Tobie apparaît, d’après cette analyse, une histoire édifiante, écrite par son auteur non pas tant pour nous faire connaître les différentes péripéties de la vie de. son personnage que pour nous inculquer un certain nombre de leçons qui se dégagent tout naturellement des événements rapportés. Tobie se révèle, en effet, comme l’exemple vivant de la fidélité la plus scrupuleuse aux prescriptions de la Loi jusque dans les moindres détails, tandis que la succession de sa mauvaise et de sa bonne fortune est la démonstration de la providence et de la justice, divine qui ne laissent pas sans rétribution la piété et surtout la charité envers le prochain ; elle est l’illustration vivante de la parole du psalmiste : « Heureux celui qui prend souci du pauvre I Au jour du malheur Jahvé le délivrera. Jahvé le gardera et le fera vivre : et il sera heureux sur la terre, et tu ne le livreras pas au désir de ses ennemis. » Ps., xli, 2-3. « Toutes choses, dira dans le même sens saint Paul, concourent au bien de ceux qui aiment Dieu. » Rom., viii, 28. Quelle leçon pour le juste au sein de l’épreuve même la plus douloureuse et en apparence la moins justifiée, leçon
non seulement de confiance et d’abandon en la providence, mais aussi de fidélité généreuse dans l’accomplissement du devoir soit envers Dieu, soit envers le prochain 1
A cette leçon capitale du livre de Tobie s’en ajoutent d’autres secondaires qui contribuent d’ailleurs à en dégager les divers éléments, telles que la valeur des observances légales et plus encore de l’aumône et de la piété envers les morts, la reconnaissance pour les bienfaits divins, les devoirs des parents envers leurs enfants et réciproquement, sans parler de l’enseignement de vérités religieuses, comme celles de l’existence et du ministère des anges auprès des hommes, de l’influence néfaste des mauvais esprits, etc.
III. Nature du livre.
Livre d’édification l’ouvrage l’est certainement par le récit des épreuves et de la récompense de Tobie ; mais est-il en même temps un livre d’histoire, et la constante préoccupation de dégager la leçon des événements n’a-t-elle pas suggéré ces derniers ou du moins ne les a-t-elle pas sensiblement modifiés pour les mieux adapter à leur fin édifiante ? Telle est la question que soulève le but poursuivi par l’auteur du livre de Tobie et qui a reçu des réponses assez divergentes.
1° Le livre est-il un récit historique ? — En premier lieu il y a celle des tenants de l’historicité entendue au sens strict. Ils sont nombreux parmi les catholiques ; peut-on toutefois qualifier l’opinion de traditionnelle ? Il ne le semble pas, si l’on observe que la tradition juive, non plus que la plus ancienne tradition chrétienne, ne s’est guère prononcée en la matière. Dans l’antiquité chrétienne, en effet, notre livre, en dehors d’une explication morale et allégorisante de saint Ambroise, a été à peine commenté et, des quelques allusions rencontrées chez d’autres Pères, il est difficile de conclure à une opinion traditionnelle en faveur de l’historicité du livre de Tobie. Sans doute figure-t-il dans la version des LXX et dans les versions qui en dérivent parmi les livres historiques, à la suite d’Esdras et de Néhémie ; il en est de même dans les listes des écrits canoniques et de ce fait on a volontiers tiré la conclusion qu’un tel livre était historique.
C’est du reste ce que vient confirmer le récit lui-même qui, par son caractère nettement objectif, laisse entendre que son auteur, tout en poursuivant un but didactique, voulait en même temps rapporter un événement réel, du moins dans son ensemble. N’est-ce pas ce qu’insinue déjà l’inscription de la traduction grecque ptêXoç Xoywv, correspondant à l’hébreu sêphêr debârtm et annonçant la relation de faits historiques. Dans le même sens on observe l’emploi de la première personne dans les trois premiers chapitres d’après les meilleurs textes ; Tobie y ferait lui-même le récit des événements rapportés. L’ordre donné, xii, 20, de. raconter toutes les merveilles survenues et, d’après le grec, de les écrire dans un livre, suggère également la réalité des faits.
D’autre part les précisions topographiques, chronologiques, généalogiques, nombreuses au cours du récit, composent un cadre historique qui s’adapte naturellement à la relation d’événements eux-mêmes historiques. Particulièrement significatifs à cet égard sont les renseignements détaillés sur la famille et la tribu de Tobie, ainsi que sur leurs relations. La présence d’éléments de caractère assyro-babyloniens comme la rédaction de l’acte de mariage, vii, 17, les conditions du prêt d’argent, v, 3, témoigne en faveur du caractère historique plutôt que poétique du récit.
Il n’est pas jusqu’au but d’instruction et d’édification, si souvent mis en avant pour contester le caractère d’historicité du récit, qui ne puisse être invoqué en sa faveur. La leçon, en effet, qu’entend donner l’auteur, n’aura-t-elle pas plus d’autorité et partant d’effi-