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TOUSSAINT (GEORGES) — TRADITEURS

TOUSSAINT Georges, moine bénédictin de la congrégation de Saint-Vanne, né à Saint-Dié au début du xviiie siècle, profès à Munster en 1734, décédé dans ce monastère le 25 avril 1766. Lecteur de théologie à Ebersmunster, dom Toussaint a laissé plusieurs écrits dont les plus intéressants sont : Traité dogmatique et moral sur le sacrement de mariage, Saint-Dié, 1739, 2 vol. in-8° ; — Abrégé de la doctrine et de la discipline de l’Église touchant le sacrement de mariage, Saint-Dié, in-12.

J. Godefroy, Bibliothèque des bénédictins de la congrégation de Saint-Vanne, 1925, p. 194-195.

J. Mercier.

TOUSTAIN Charles-François, bénédictin français (1700-1754) — Il naquit à Repas, au diocèse de Séez, le 13 octobre 1700, commença ses études de latin dans la maison paternelle, puis les poursuivit au collège de Saint-Germer et entra au noviciat des bénédictins de Jumièges, où il fit profession le 20 juillet 1718. Il fut envoyé au monastère de Bonne-Nouvelle, au diocèse de Rouen, où il s’adonna à l’étude des langues. Esprit très cultivé, il rédigea un grand nombre d’écrits de philosophie, de théologie et de morale. Il fut associé à dom Tassin pour éditer les Œuvres de saint Théodore Studite et fit des Dissertations et des Notes pour éclairer les points restés obscurs de la vie et de la doctrine de ce saint. En 1730, il vint à l’abbaye de Saint-Ouen, puis en 1747, à Paris, d’abord à Saint-Germain-des-Prés et ensuite aux Blancs-Manteaux ; enfin, tombé gravement malade, il se rendit à Saint-Denis, où il mourut le 1er juillet 1754.

Dom Toustain a publié des Remontrances adressées aux RR. PP. supérieurs de la congrégation de Saint-Maur assemblés pour la tenue du chapitre général de 1733, in-4°, Paris, 1733. — La vérité persécutée par l’erreur ou Recueil de divers ouvrages des saints Pères sur les grandes persécutions des huit premiers siècles de l’Église, pour prémunir les fidèles contre la séduction et la violence des novateurs, 2 vol. in-12, La Haye, 1733. La préface de ce livre est très favorable au jansénisme : la vérité est toujours persécutée par l’erreur ; or, le jansénisme est persécuté, il est donc la vérité (Mémoires de Trévoux, septembre 1733, p. 1684-1685). Le t. ii cite de nombreuses lettres de saint Théodore Studite. — De l’autorité des miracles dans l’Église, in-4°, Paris, 1734. — Dissertatio historica de simoniacis apud Græcos, sæculo octavo, et de turbis quæ eorum occasione concitatæ sunt. — Dissertatio qua demonstratur viginti duo canones qui vulgo tribuuntur septimæ synodo generali non fuisse ab eo conditos neque editos. — Disquisitio de Paulicianorum origine, nomine, historia, progressu usque ad S. Theodori Studitæ tempora, deque variorum hærcticorum discrimine. Ces trois écrits n’ont pas été publiés ; ils devaient être utilisés dans l’édition des œuvres de saint Théodore (Bibl. nat., fonds Saint-Germain, 12 531). — Recherches sur la manière de prononcer les paroles de la liturgie chez les Grecs et les Orientaux, où l’on réfute la dissertation du P. Le Brun, sur le même sujet, et l’on éclaircit la signification de l’ancienne rubrique μυστικῶς, ou Secreto, et des autres termes, qui semblent annoncer le silence et le secret des Saints Mystères. Cet ouvrage est resté manuscrit. — Il en est de même de l’Histoire de l’abbaye de Saint-Wandrille depuis l’introduction de la réforme de Saint-Maur, composée en collaboration avec dom Tassin : elle se trouve à la bibliothèque de Rouen, ms. 1223. — Dom Toustain travailla très activement pendant plus de vingt ans, avec dom Tassin, à l’édition des œuvres de Théodore Studite, qui n’a pas paru. — Les Éclaircissements sur la diplomatique, restés inédits, sont une critique de l’ouvrage de Terrisse intitulé : Justification du Mémoire sur l’origine de l’abbaye de Saint-Victor en Caux, contre la Défense des titres et des droits de l’abbaye de Saint-Ouen. — Enfin et surtout l’ouvrage composé en collaboration avec Tassin sous le titre : Nouveau traité de diplomatique, où l’on examine les fondements de cet art, on établit des règles sur le discernement des titres, et l’on expose historiquement les caractères des bulles pontificales et des diplômes donnés en chaque siècle. Avec des éclaircissements sur un nombre considérable de points d’histoire, de chronologie, de littérature, de critique et de discipline, et la réfutation de diverses accusations intentées contre beaucoup d’archives célèbres et surtout contre celles des anciennes églises, par deux religieux bénédictins de la congrégation de Saint-Maur, 6 vol. in-4°, Paris, 1750-1765. Le t. ii était à moitié imprimé, lorsque Toustain mourut ; le volume parut en 1755, avec un Éloge historique de dom Toustain.

Michaud, Biographie universelle, t. xlii, p. 72 ; Hoefer, Nouvelle biographie générale, t. xlv, col. 557 ; Richard et Giraud, Bibliothèque sacrée, t. xxv, p. 204-206 ; Glaire, Dictionnaire des sciences ecclésiastiques, t. ii, col. 2309 ; Tassin, Histoire littéraire de la Congrégation de Saint-Maur, p. 704-715 ; François, Bibliothèque générale des écrivains de l’ordre de Saint-Benoît, t. iii, p. 145-154 ; Le Breton, Biographie normande, 3 vol. in-8°, Paris, 1856-1861, t. iii, p. 501 ; Frère, Manuel du bibliographe normand, 2 vol. in-8°, Rouen, 1860, t. ii, p. 570 ; Oursel, Nouvelle biographie normande, 2 vol. in-8°, Paris, 1888, t. ii, p. 525 ; Sauvage, L’école de Bonne-Nouvelle, in-12, Rouen, 1872, p. 17-18 ; De Lama, Bibliographie des écrivains de la congrégation de Saint-Maur, avec le concours des bénédictins de l’abbaye de Solesmes, in-12, Paris, 1882, p. 523-528 ; Gigas, Lettre des bénédictins de la congrégation de Saint-Maur, 2 vol. in-8°, Copenhague, 1892-1893, t. ii, p. 236-237, 307-320 ; Nouveau supplément à l’histoire littéraire de la congrégation de Saint-Maur, Notes de Henry Wilhelm, 3 vol. in-8°, Paris, 1908-1932, t. ii, p. 245-246 ; Hurter, Nomenclator, 3e éd., t. iv, col. 1592-1594 ; Kirchenlexicon, t. xi, col. 1918-1919.

J. Carreyre.

TRADITEURS. — C’est le nom dont furent flétris, durant la grande persécution, les chrétiens qui livrèrent au gouvernement romain soit les Livres saints, soit les objets du culte. En février 303, Galère avait obtenu de Dioclétien le premier édit de persécution générale : les assemblées chrétiennes seraient interdites, les églises démolies et les magistrats devraient rechercher, pour les détruire, les livres saints des chrétiens et les objets servant à leur culte. Sauf dans la région des Gaules et en Espagne, domaine de Constance Chlore, ces mesures furent exécutées dans tout l’empire avec beaucoup de rigueur et les dignitaires ecclésiastiques, évêques ou diacres, mis en demeure de livrer les livres et les autres objets dont ils avaient la garde.

L’attitude de ceux qui étaient sommés d’agir ainsi fut assez variable. Il ne semble pas qu’une ligne générale de conduite eût été prescrite. Les enquêtes faites postérieurement à la grande persécution, quand le donatisme eut mis à l’ordre du jour cette question des traditeurs, montrent les réactions fort diverses qui suivirent les réquisitions des magistrats. Les uns refusèrent de rien livrer, s’exposant aux peines graves prévues par l’édit ; quelques-uns allèrent même jusqu’à se dénoncer comme détenteurs des objets recherchés, déclarant que, sous aucun prétexte, ils ne les livreraient, recherchant ainsi une occasion d’être confesseurs de la foi. D’autres se crurent habiles en donnant le change aux inquisiteur et en leur remettant des papiers sans valeur ou même des livres hérétiques, bien dignes d’être brûlés. Ainsi fit par exemple l’évêque de Carthage, qui en témoigne lui-même dans sa lettre à Secundus de Tigisi. D’autres enfin, par manque de courage et d’esprit chrétien, remirent aux autorités, pour être détruits, tout ou partie des livres et des objets sacrés dont ils avaient le dépôt. C’est à