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TRADITION — TRADUCIANISME

4° Tradition : immutabilité et progrès. — Thèse viii. — La doctrine de l’immutabilité de la foi a été promulguée au concile du Vatican en ces termes : Sacrorum dogmatum is sensus perpetuo est retinendus, quem semel declaravit sancta mater Ecclesia, nec unquam ab eo sensu allioris intelligentiæ specie et nomine recedendum. Sess. iii, c. iv, Denz.-Bannw., n. 1800. Ou encore, au can. 3 : Si quis dixeril fieri posse, ut dogmatibus ab Ecclesia proposais, aliquando secundum progressum scientiee sensus tribuendus sil alius ab eo, quem intellexil et intelligit Ecclesia, A. S. Ibid., n. 1818. La tradition ne doit donc jamais admettre un progrès qui modifie le sens même de la vérité qu’elle propose à la foi des fidèles.

Thèse ix. — Mais un progrès réel est compatible avec l’immutabilité de la tradition : c’est celui qui se réalise au cours des siècles, principalement pour réfuter les hérésies, dans l’intelligence du dogme et, par voie de conséquence, dans sa formulation. Voir la fin du c. iv déjà cité de la sess. m du concile du Vatican. Ce progrès revêt deux formes, selon qu’il s’agit de vérités implicitement révélées, ou de vérités explicitement révélées. Pour les premières, il y a passage de l’implicite à l’explicite. Pour les secondes, il y a progrès simplement dans la manière de les exprimer.

Nous ne pouvons mieux conclure cette esquisse qu’en rappelant une phrase de Joseph de Maistre : « L’Église n’est point argumentatrice de sa nature ; elle croit sans disputer… Mais, si l’on vient à contester quelque dogme, elle sort de son état naturel ; étrangère à toute idée contentieuse, elle cherche les fondements du dogme mis en problème ; elle interroge la tradition ; elle crée des mots surtout, dont sa bonne foi n’avait nul besoin, mais qui sont devenus nécessaires pour caractériser le dogme et mettre entre les novateurs et nous une barrière éternelle. » J. de Maistre, Du pape, t. I, c. i.

I. Ouvrages généraux.

En plus des traités de théologie fondamentale, on devra consulter : Melchior Cano, De locis theologicis, Venise, 1759 ; Bellarmin, Controvcrsiæ, De verbo Dei, I. IV, De verbo Dei non scripto, Ingolstadt, 1599 ; Bllluart, De /ide et regulis fidei, Wurtzbourg, 1758 ; Wlrceburgences (Kilber), Traclatus de prineipiis theologicis. .., Paris, 1852 ; Franzelin, De divina traditione et Srriplura, Rome, 1875 ; G. Schrader, De tlteotoyico testium fonte deque edito fldei lestimonio seu traditione commentarius, Paris, 1878 ; l’erroné, Tractatus de locis theologicis, dans les ! ’nrlecliones, . iv, Paris, 1886 ; le même, Il protestantismoela regola di fede, tr. fr., Paris, 1854 ; De San, De divina traditione et Scriplura, Bruges, 1903 ; J.-V. Bain vel, Oc maf/isferio uivo et traditione, Paris, 1905 ; Billot, De immutabilitate traditinnis contra novam hæresim evolutionismi. Borne, 1904 (PJ22) ;.1. Muneunill, Tractatus de locis theologicis, Barcelone, 1918 ; A. Vacant, Études théologiqnes sur les Constitutions <ln concile du Vatican, Paris, 1895, t. I, a. 68 et surtout a. 89, p. 360-879 ; le même, l.r magistère ordinaire de l’Église et ses organes, Paris, 1887 ; B. Bernard, (). P. (dans Somme théol., éd. de la Revue des jeunes), La foi, t. i, Paris. 1939, appeiul. II, § iv, La tradition îles choses de la foi, p. 3.57385 ; § v. L’explication des choses de la foi, p. 385-428.

II. Ouvragks si’i <i u x. — Plusieurs ouvragée sur la trailition dans les promiers siècles avaient été publiés au cours des cinquante dernières années : Mgr Brunhes, L’idée de tradition dan » les trois premiers siècles, dans la Krvue pratique d’apologétique, 1906, t. ii, p. 54, 114 ; l’. de Labriolle,

L’argument de prescription dans la Hernie d’histoire et de littérature religieuse, 1906, t. SI, p. ton iq. ; dont Beyndcrs, Paradosts. Le progrès de l’Idée de tradition jusqu’à saint Irénée, dam les Kecherrhes de Ihéologlt ancienne et médienalr,

1083, i.. p. 155 §q. ; M. Wlnkler, Der Tradtttonsbtgrtff du t rrhristentams bis Tertulllan, Munich, 1897, La matière tudei —i été depuii englobée dans l’ouvrage plu* considérable de Damien van den Eynde, Les normes île Venselgnement chrétien dans la littérature patrtstlqut des trois premiers itécles, Parti Gembloux, 1933. (Nous nom somme, bea u coup lervi de col ou s rage dans la première partie

8a < travail, mais un certain nombre île ses n-len-ie..

n’ont pu être identifiées dans la Patrologie de Migne.) Sur la valeur de l’argument du « sens des fidèles », c’est-à-dire de la croyance unanime de l’Église enseignée, à la thèse xii de Franzelin, on ajoutera : Van Laak, Thèses quædam de Patrum et theologorum magislerio neenon de fidelium sensu, Borne, 1906.

En dehors d’Auguste Deneffe, S. J., Der Traditionsbegriff, Munster-en-W., nous ne connaissons pas d’ouvrage spécial exposant la doctrine de la tradition du ive au xxe siècle. On se reportera encore aux ouvrages d’ensemble, dont on extraira ce cpii concerne la tradition, par exemple : M. Kleutgen, Die Théologie der Vorzeit, surtout la 2e édition, Munster-en-VV., 1874 ; Tixeront, Histoire des dogmes, 3 vol., Paris, 1921 ; Scheeben, La dogmatique, tr. fr., Paris, 1877, t. i, § 1-37 ; Schwane, Hist. des dogmes, tr. fr., Paris, 1886, 1903-1904 : t. i, § 75 ; t. ii, § 89-90 ; t. iii, § 111 ; t. iv, § 40-43.

Sur le concept de tradition dans les religions non chrétiennes, l’ouvrage de Ranft cité au cours de l’article, doit être consulté.

Sur l’immutabilité et le progrès dans la tradition, on se reportera à l’art. Dogme. Signalons ici : A. de la Barre, La vie du dogme catholique, Paris, 1898, et Prunier, Évolution régulière et immutabilité de la doctrine religieuse dans l’Église. Voir aussi les ouvrages cités au cours de l’article et les deux articles Tradition publiés dans le Dict. apol. de la foi catholique.

A. Michel.

TRADITIONALISME. — Le traditionalisme, tel qu’il a été condamné par le concile du Vatican, est l’erreur « qui admet dans l’homme une véritable impuissance physique à parvenir soit à la connaissance, soit à la certitude de l’existence de Dieu, indépendamment de la révélation ». Dieu, col. 806. Cette affirmation repose sur l’idée plus générale qu’une révélation primitive fut absolument nécessaire au genre humain pour acquérir les vérités fondamentales de l’ordre métaphysique, moral et religieux.

Le traditionalisme a été exposé dans ses grandes lignes à l’art. Dieu, t. iv, col. 806-810.

Mais on devra se reporter également, pour en comprendre la condamnation, à la mise au point du sens précis de la définition du concile du Vatican. Id., ibid., col. 824-871. Toutefois, le § 2 de la col. 846 devra être complété par l’explication authentique donnée par Pie X du certo cognosci, adeoque demonstrari, dans le Jusjurandum contra errores modernistarum, Denz.-Bannw., n. 2145, sans toutefois que cette explication fasse de la « démonstrabilité » de l’existence de Dieu un article de foi ; elle n’est qu’une certitude théologique.

Le traditionalisme est connexe au fidéisme qui en est l’aboutissement nécessaire. Sur le fidéisme, on se reportera à l’art. Foi, t. vi, col. 171 sq. ; et plus particulièrement col. 188-191.

Des monographies ont été consacrées ici aux principaux représentants de l’école traditionaliste. Voir Bonald, t. ii, col. 858 sq. ; Bautain, ibid., col. 481. On notera que le récit des incidents de Strasbourg, tel qu’on le trouve dans l’ouvrage l’abbé de Régny, L’abbé Bautain, sa vie et ses œuvres, Paris, 1884, n’est pas impartial. Les documents de l’affaire, tels qu’ils existent aux archives de l’évêché de Strasbourg, ont été publiés sommairement par l’Ami du Clergé, 1937, p. 622-624. Voir également Bonnetty, t. ii, col. 1019 sq. ; Lamennais, t. viii, principalement col. 2510-2515. Gratry ne saurait être incriminé, voir ce vocable, t. vi, col. 1757 sq., bien que son affirmation du pouvoir qu’a la raison de démontrer l’existence de Dieu soit singulièrement minimisée par les conditions qu’il met à cette connaissance.

A. Michel.

TRADUCIANISME. — L’erreur du tradu cianisnn i i ittache au problème général de l’origine de l’Ame, problème déjà envisagé B drversi repi

a Ami, t. I, « ni. « .♦77 sq.-— I. Aperçu général iu pmhlriin