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TERILL (ANTOINE ; — TERTULLIEN


versée, la question de la science divine. Et nous ne nous étonnerons pas que le Fundamentum ait rencontré, dès son apparition, de nombreuses attaques. Tant que se poursuivirent les discussions sur le probabilisme, c’est-à-dire jusqu’à la fin du xviiie siècle, il resta un des livres le plus souvent discutés par les adversaires du système.

L’un des premiers adversaires du P. Terill fut un de ses confrères, le jésuite Michel d’Elizalde. Dans un ouvrage intitulé : De recta doctrina morum quattuor libris distincta, quibus accessit : de natura opinionis, il s’en prenait vivement au Fundamentum et appelait son auteur le plus laxiste de ceux qui avaient écrit sur la matière. Elizalde ne put obtenir de son Ordre la permission de publier son écrit ; cf. dans Dôllinger-Reusch, op. cit., t. ii, p. 47-48, les appréciations des réviseurs ; il le fit cependant paraître en 1670 sous le pseudonyme d’Antonio Celladei, anagramme de son nom. Le P. Terill avait composé une réponse que la mort l’empêcha de publier lui-même. Le collège de Liège la fit imprimer et paraître en 1677 (Hurter ; la date est fautive dans Sommervogel). Elle est intitulée : Régula morum, sive tractatus biparlitus de sufficienti ad conscientiam rite formandam régula, in quo usus cujusvis opinionis practice probabilis convincitur esse licitus. Au dessous de ce titre général, il y avait aussi une réclame et un sommaire des matières traitées : Opus poslhumum, omnibus, qui curam animarum gerunt, <i[>prime utile et pro proprise conscientiæ securitate singulis propemodum necessarium. In hoc opère, poslregulam morum solide stabilitam, argumenta contra licitum opinionis probabilis usum diligenler excutiuntur, plurimæ quapstiones, ad conscientiam speclantes resolvuntur. Nominaiim autem ex projesso omnia Celladei molimina, quee in suos de Recta Doctrina morum tractatus congessit, algue contre communem Theologorum sententiam objecit, ab ipsis jundamentis diruuntur et nulla esse demonstrantur. Dans la préface, le P. Terill donnait la sententia probabilior comme une fille du jansénisme : avant l’apparition de ce dernier, affirmait-il, elle n’avait eu pour défenseur que le peu célèbre jésuite Comitolus et depuis, elle ne fut soutenue que par un nombre in lime de non-jansénistes, alors que le probabilisme étail enseigné par plus de cent théologiens. (.elle statistique sera dans la suite fortement discutée notamment par les adversaires du probabilisme, qui reprocheront au I’. Terill de s’annexer, surtout parmi 1rs moralistes qui précédèrent Médina, bon nombre de probabilioristes notoires. Voir dans G. Schmitt, S..1., y.ur Geschichte des Probabilismus, Inspruck, 1904, p. 5 st[.. ce qu’il faut penser de ces appréciations opposées el comment les expliquer. Quoi qu’il en soit, sans entrer davantage dans les polémiques auxquelles donna lieu ce deuxième ouvrage du I’. Terill et dont les principaux meneurs furent Concina et Baron. O. P., sans lien ajouter sur sa doctrine qui reste sensiblement la même que celle du premier traité, nous conclurons que, pal’ces deux (euvres, leur auteur reste un des théoriciens les pins considérables du probabilisme dans l’ancienne casuist [que : a la fin du xvin c siècle Anioil, cité dans Hurler, ne l’appelait pas sans raison le plus érudil et le porl e-élendard des probabilistes

Sommervogel, Mhi. de lu Comp. de Jésus, t. vii, col. 19301931. Hurler, Nomenclator, ’' éd., i. iv, col. 2HI ; DOlllngeri h, Grscli. (ter Xlorahlrcitigkciten, 1889, l. i el ii, voir l’index bu mol Terilhm ; Henry Koley, S.)., Records of the Bngltsh I rouince « / Ihe S..)., I. iii, 1878, ». 120-121 et l. vi (Suppl.), 1884°, |>. 352-353.

n. Muni ii i.MU).

    1. TERRIEN (Jean-Baptiste)##


TERRIEN (Jean-Baptiste), j-suite fiançais

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le grand séminaire, d’où il passa au noviciat des jésuites, à Angers même, le 7 décembre 1854. Dix ans plus tard, après avoir refait à fond philosophie et théologie au scolasticat de Laval, il entrait à son tour dans la carrière du professorat. Il débuta par la philosophie, 1864 ; mais au bout de deux ans on lui confia un cours de théologie. Dès lors, sauf l’interruption du « troisième an », qui le conduit à Tronchierme en Belgique, la vie du P. Terrien s’absorbe jusqu’en 1889 dans l’étude et l’enseignement de la théologie scolastique, à Laval d’abord, puis, après les « décrets » de 1880, au scolasticat Saint-Louis de Jersey. Il revient à Laval en 1889, mais pour se consacrer pendant trois années au ministère de la prédication. La théologie le ressaisit toutefois de 1892 à 1895. Il est alors professeur à l’Institut catholique de Paris. Enfin en 1895 il descend définitivement de sa chaire et se met tout entier à la composition des deux ouvrages qui consacreront en fait son renom de théologien. Huit années encore de fécond labeur ; puis, en janvier 1903, une attaque d’apoplexie, qui amène la mort au mois de décembre suivant.

L’œuvre imprimée du P. J.-B. Terrien comprend en premier lieu un De Verbo incarnalo publié à Jersey en 1882, traité didactique auquel se rattache l’ouvrage de recherche paru beaucoup plus tard : S. Thomæ Aquinatis doctrina sincera de unione hi/postutica Vcrbi Dci cum humanilate amplissime declarala, Paris, [1894]. Entre temps l’auteur avait donné La dévotion au Sacré C.aur, Paris, 1893. Puis vinrent les deux volumes de La grâce et la gloire, Paris, 1897, et, pour couronner le tout, la belle Somme mariale intitulée La Mère de Dieu et la Mère des hommes, 4 vol., Paris, 1900-1902. Le petit livre, L’immaculée conception, qui parut sous son nom en 1904, par les soins du P. Bouvier, n’est qu’un extrait de Marie mère de Dieu.

L’œuvre du P. Terrien se recommande en général par le sérieux de la documentation et une union assez heureuse des deux méthodes de la théologie positive et de la théologie scolastique. De caractère plutôt suarézien dans le traité De Verbo incarnato (voir p. 140144), elle devient nettement thomiste à partir du S. Thomæ Aquinatis doctrina sincera.

.]. de Blic.

TERTULL1EN, apologiste et théologien (fin du IIe siècle et début du iiie siècle). I. Vie. IL Écrits (col. 133). III. Enseignement (col. 139). IV. Influence (col. 168).

I. Vie.

Tcrtullien (Quintus Septimius l’iorens Tertullianus) naquit à Carthage aux environs de 155160 d’une famille païenne ; son père était centurion dans l’armée proconsulaire. Il recul, dans son enfance et dans sa jeunesse, une éducation très poussée, car il ne se contenta pas d’étudier la langue et la rhétorique latine ; il apprit également le grec, qu’il posséda suffisamment pour être capable de le parler et même de l’écrire. Il s’adonna aussi à la philosophie, à la médecine et surtout au droit. Peut-être cxcrca-t-il pendant un temps la profession de jurisconsulte et d’avocat el il n’est pas impossible qu’il faille l’identifier au Tcrtullien dont le Digeste a conservé quelques fragments.

Ses études l’avaient amené à Rome OÙ il passa les meilleures années d’une jeunesse qui dut être follement agitée par la fougue des liassions. Drresnr. curn.. lix. Aux environs de 195, semble ! il. il abandonna définitivement la capitale pour revenir dans sa patrie africaine. Une transformation profonde s’était des lois

produite dans sa vie morale, car il était devenu (lire lien. Nous ignorons d’ailleurs les mol ifs précis de sa

conversion : peut être lorsqu’il signale la forte Impres

sion que produit le spc< I ai le de l’héroïsme des mail i s ou la puissance des exorcismes chrétiens, fait il alla

sion à ses propres expériences, i n tout cas, avec la

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