Aller au contenu

Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.1.djvu/86

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
157
158
TERTULLIEN. DOCTRINE, L’EUCHARISTIE


en invoquant la sainte Trinité, de le transformer en un homme nouveau : Omnes aquæ de prislina origine prœrogativa sacramentum sanctificationis consequuntur, invocato Deo. Supervenii enim stalim Spiritus de cœlis et aquis superest sanctificans eas de semetipso et ita sanctipcatie vim sanctificandi combibunt… Igitur medicatis quodammodo aquis per angeli inlerventum, et Spiritus in aquis corporaliter diluitur et caro in eisdem spiritalitcr mundatur. De bapt., iv. Ces formules demeurent imparfaites ; elles s’expliquent en particulier chez Tertullien parla doctrine de la corporéité de l’âme.

2. Baptême et confirmation.

Le sacrement par lequel on entre dans l’Église est le baptême : à l’exemple de Jésus-Christ, ViyQiç divin, nous naissons dans l’eau et nous ne pouvons pas être sauvés autrement qu’en demeurant dans l’eau. De bapt., I. Le baptême est nécessaire pour être sauvé ; il ne peut être suppléé que par le baptême de sang qui, de plus, peut rendre l’innocence première aux baptisés qui l’ont perdue. De bapt., xvi. L’Église admet au baptême les tout petits enfants. Tertullien connaît cette pratique, qui témoigne de la croyance à la faute originelle et à la nécessité de sa purification ; mais il est loin de l’approuver. Il n’est pas, à propos, dit-il, de précipiter 1 ? baptême pour les enfants et d’engager témérairement des parrains qui peuvent mourir ou se trouver impuissants devant le vice. Mieux vaut attendre que les enfants aient grandi et qu’ils sachent apprécier l’i m portante de leurs engagements, voire qu’ils aient passé l’âge difficile des passions et qu’ils soient ou mariés ou sérieusement engagés dans la pratique de la continence. De bapt., xviii.

Le baptême ne peut être donné qu’une seule fois ; de là son importance. Toutefois, le baptême des hérétiques n’est pas le véritable baptême, puisque, étrangers à la communion de l’Église, les hérétiques sont sans Dieu et sans Christ dans le monde. Aussi faut-il réitérer le baptême reçu dans l’hérésie. De pudic., xix. Le ministre ordinaire du baptême est l’évêque. À son défaut, les prêtres et les diacres délégués par lui, et en cas de nécessité, les laïques peuvent et doivent baptiser, lis femmes pal contre se garderont bien d’usurper un ministère qui ne leur appartient pas. De bapt., xvii. Le jour le plus convenable pour baptiser est celui de la solennité pascale, De bapt, xix ; les jours suivants jusqu’à la Pentecôte sont également indiqués pour cela. D’ailleurs, n’importe quel jour, n’importe quelle heure peut convenir : la solennité diffère, non la grâce.

[I faut se préparer au baptême par une sérieuse pénitence, par la prière, par le jeûne, les agenouillements, les veilles, la confession de tous ses péchés. De bapt., xx. I.a pénitence paraît même si indispensable a lertullien qu’il semble dire. De ptrnit., VI, que, sans elle, le baptême serait vain : l.nnacrum illlld obsignatio

est fldel, quæ (ides a psenitenliæ fide incipitw et commendatur. Son ideo abluimur ut delinquere desinamus, serf quia desiimus, quoniam fam corde loti sumus. Hirr rium prima audientis intinctio est, metus integer, A prendre ces formules à la lettre la pénitence serait la Véritabli eau < de la rémission des péchés, tandis qu’elle n’ene I que la condition pour l’adulte et qu’elle

manifestement pas nécessaire pour l’enfant. D’ailleur. Tertullien lui-même reconnaît que la prépa ration sans générosité ne compromet pas la validité du

einent et la purification de l’âme, ibid., mais il redoute qu’elle n’offre aucune garantie pour l’avenir, ti i. comme souvent ailleurs, il est victime de la rhétorique qu’il déploie pour convaincre ses lecteurs et les formule qu’il emploie manquent de précision, voire p.irfoi. Mi cohérence.

I.a liturgie baptismale comporte une renonciation telle au diable, a s ; i pompe et à ses Mimes, une

profession de foi à la sainte Trinité et une triple immersion. Ces cérémonies sont suivies de la présentation et de la dégustation d’un mélange de lait et de miel. De cor., ni.

Le baptême est suivi d’une onction, De bapt., vii, qui rappelle les onctions de l’ancienne Loi et le nom même du Christ. Cette onction est une cérémonie complémentaire du baptême ; elle signifie que le néophyte est devenu comme un autre Christ.

C’est seulement après l’onction qu’est administré le sacrement de confirmation : celle-ci comporte essentiellement le rite de l’imposition des mains qui fait descendre le Saint-Esprit dans l’âme du nouveau baptisé : Deinde manus imponitur, per benedirtionem advocans et invitans Spiritum Sanctum. De bapt., vin. L’imposition des mains est accompagnée d’un signe de croix fait sur le front du néophyte. De resur. carn., vin. Tertullien explique que, comme le jeu des doigts fait circuler l’air dans les orgues hydrauliques, ainsi Dieu, par la main de l’évêque, remplit de son Esprit cet orgue vivant qu’est l’homme. De bapt., vin.

3. L’eucharistie.

L’initiation chrétienne s’achève par la réception de l’eucharistie. Quelle est la pensée de Tertullien sur ce sujet ? On rencontre parfois dans ses écrits des expressions obscures. Il écrit, par exemple, que, par le pain, le Christ représente son corps : panem quo ipsum corpus suum représentât. Arfv. Marc, i, 14. Le mot reprsesentare signifie ici rendre présent, comme l’a bien montré A. d’Alès, op. cit., p. 350-360, et non pas figurer ou symboliser. Il écrit encore, en expliquant Jérémie. xi. lïi : Venite, mittamus lignum in panem ejus, utique in corpus, ces paroles qui. au premier abord rendent un son étrange : Sic enim liens in evangelio quoque vestro reoelavU panem corpus suum appetlans, ut et hinc juin eum intetlegas corporissui figurant pani dédisse, rujus rétro corpus in panem prophètes figuravit, ipso Domino hoc sacramentum poslea interpretaturo. Adv. Marc., iii, 19. II ne faudrait pas, en traduisant ce texte, entendre le terme figura comme s’il excluait la réalité : argumentant contre Marcion, qui abusait du passage classique de saint Paul, Phil., h, fi, 7, pour nier la réalité du corps du Christ, Tertullien affirme que saint Paul entend bien enseigner que le Sauveur était un homme véritable, car, dit-il, il ne serait pas permis de parler de similitudo, d’effigies, de figura, -’il n’y avait pas une réalité correspondante à la ressemblance, au portrait, à la figure. Ado. Marc, v, 2(i. À propos de l’eucharistie, on a le droit, semblet-il, d’emplov er le même raisonnement.

Cependant, on peut bien reconnaître que le mot figura reste équivoque, En un autre passage. Aitv. Marc, iv, 40, Tertullien écrit :

Acception panem et distribution discipulis corpus suum

illum toc.it, hoc est corpus meum dicendo, id est figura

corpoiis inei. Figura autem non fuisset, nisi veritatis esset

corpus. Ceterum vacua res, quod est phantasma, Bguram

capere non posset. ul si propterea panem corpus situ

linxit, qui a corporls carebat veiitate, ergo panem debuil traders pro nobls. Faciebal ad vanltatem Marclonis, ut panis cruclflgeretur. Cur autem panem corpus suum appel lat, et non nia^is peponem, quam Marcion COrdis loCO lia liii i i ? Non Intellegens veteiem laisse islam fig.ram corpoi is Christl, dicentia per Hleremlam : Vdversum me cogltave nui t oogltatum, iiicentes : venite, conjiciamui lignum in

panem ejus. si-il ire I ci lier ni in corpus ejus. Harpie Illumina

toi antlquitatum quld i mu voluerit signifleasse panem - : ii is déclara vit, corpus suum vocani panem. sic et In calicia mentions testamentum constituons suo sanguine obsignatinii, iubttantiam corporls confirma vit, Nullius enim me

polis sanmiis potest esse nisi earnis. Niiin etsi ipi.i (

cpi.ililas non rainea opponitur noliis, ce lie sangUlnem 111-1

i non habebit. [ta consistât probatio oorporti de tes timonlo cainis, probatio (irnis de testimonio NUIgUinis.

Ici encore, Tertullien veut prouver contre Marcion la réalité du COrpi du Chrllt et il emploie le même