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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.2.djvu/1050

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YVES DE CHARTRES


Chartres, en concédant, par bulle du 18 décembre 1570, la célébration de sa fête, à la date du 20 mai, aux chanoines réguliers du Latran.

La biographie d’Yves de Chartres, objet d’une notice dans le Gallia christiana, t. viii, col. 1126-1134 (P. L., t. clxi, col. ix-xviii) a été esquissée par F.-J. Fronteau, chanoine régulier de Sainte-Geneviève, en tête de son édition des lettres d’Yves, eu 1647 (P. L., t. clxi, col. 11-22) et reproduite avec notes de G. Henschen, par les Acta sanctorum maii, t. V, éd. 1866, p. 79-83. Elle a été reprise avec plus de détails par Rivet, Histoire littéraire de la France, t. x, p. 102-147 (P. L., t. clxi, col. xvii-xxviii).

II. Écrits.

L’évêque de Chartres n’a pas seulement exercé de son vivant une profonde influence. Sa production littéraire, qui est considérable, a prolongé son action bienfaisante. Bien qu’elle ressortisse plus spécialement au droit canonique, il y a lieu de lui consacrer ici une brève mention. Comme l’a dit, J. de Ghellinck à l’art. Gratien, t. vi, col. 1731 sq., les contacts sont intimes, au début du xiie siècle, entre la théologie et le droit canonique, et les œuvres qui rentrent dans cette dernière discipline ont fourni, à l’âge suivant, de thèmes et û’auctoritates les premiers théologiens scolastiques.

1° Œuvres canoniques. — Sous le nom d’Yves de Chartres ont circulé plusieurs collections canoniques, assez volumineuses, dont les rapports mutuels sont évidents, encore que l’unanimité de la critique ait été longue à les préciser. Les travaux récents de Paul Fournier, bien qu’ils n’aient pas encore rallié toutes les adhésions, semblent néanmoins orienter les chercheurs dans une même voie. Or, cet érudit n’hésite pas à attribuer à Yves ou du moins aux disciples qui travaillaient sous son inspiration la Collection tripartile, encore inédite, et les deux recueils publiés déjà depuis longtemps, le Decretum et la Panormia, tous deux dans P. L., t. clxi, qui reproduit des éditions anciennes, lesquelles n’offrent pas toute garantie. Autant qu’il est permis d’être afïirmatif en des questions aussi complexes, la Tripartite, en ses deux premières parties, aurait précédé le Décret, dont la Panormie serait un abrégé et une mise au point. Tout cet ensemble avait été compilé assez rapidement entre les années 1092 et 1095. Sollicité par Urbain II de mettre au service de la réforme ecclésiastique ses connaissances canoniques dont le pape appréciait et la solidité et l’étendue, Yves aurait entrepris ses recherches peu après son retour d’Italie, tout au début de son épiscopat, et les aurait menées avec beaucoup de célérité. Cf. Epist., ii. P. L., t. clxii, col. 13.

1. La Tripartite, contenue dans une vingtaine de inss., tire son nom de son aspect extérieur. C’est un rassemblement des auctoritales sur lesquelles doit s’édifier le droit et qui sont réparties en trois catégories : les premières empruntées aux décrétales pontificales (vraies ou fausses), les secondes aux conciles, les dernières aux écrits des Pères et des auteurs ecclésiastiques. C’est en somme, pour ce qui est des deux premières parties, le procédé des collections anciennes, depuis celle de Denys le Petit jusqu’à VHadriana et à celle de Pseudo-Isidore ; l’ordre chronologique des documents prime tout. Cet ordre a même imposé une modification importante au plan du recueil pseudo-Isidoricn. Celui-ci débutait par les lettres des anciens papes, les interrompait avant Silvestre et donnait les canons conciliaires pour revenir ensuite aux décrétales pontificales postérieures à Nicée. Ici pas d’interruption ; aux décrétales de Miltiade se joignent immédiatement les Exceptiones Silvestri. Naturellement la liste des papes est prolongée jusqu’à Urbain II. Chose curieuse, un pape est mentionné, Chrysogone, entre Caius et.Mnrcellin, inconnu par ailleurs. Visiblement la collection pseudo-lsldo rienne est la source de cette première partie. Il en est de même pour la deuxième, qui retient les titres ou les sommaires que Pseudo-Isidore avait donnés aux textes des canons et l’ordre où il les avait rapportés. Aux canons de Chalcédoine s’ajoutent plusieurs textes en provenance du concile Quini-Sexte. Le IIe concile de Nicée est mentionné, comme aussi le concile de Constantinople de 869-870 (VIIIe concile), après quoi viennent les conciles particuliers. La troisième partie est considérée par P. Fournier, à la différence des deux précédentes, comme postérieure au Décret, dont elle paraît avoir été extraite ; elle a donc pu exister séparément, bien que dans les manuscrits les trois parties soient juxtaposées comme ne formant qu’une collection ; cette troisième partie se distingue nettement des deux premières ; elle compile des extraits patristiques, mais aussi des textes législatifs en provenance soit du Code de Justinien, soit des Capitulaires. Cette fois, les textes ne sont plus ordonnés chronologiquement, mais groupés sous 29 titres, par exemple : De fide et sacramento fidei ; de sacramentis ecclesiasticis ; de primalu Romanes Ecclesiæ ; de seplem gradibus consanguinitatis, etc. Voir l’analyse détaillée dans une dissertation de A. Theiner, reproduite dans P. L., t. clxi, col. li sq.

2. Le Décret (P. L., t. clxi, col. 59-1022), connu par quelques mss. seulement, se présente comme une mise en œuvre méthodique des matériaux rassemblés dans les deux premières parties de la Tripartite, auxquels s’ajoutent d’autres textes, sans doute découverts ultérieurement. L’auteur a fait très largement usage du Décret de Burchard de Worms, dont des séries entières de canons se retrouvent identiques dans le Décret d’Yves.

Mais, comme l’évêque rhénan, celui-ci semble avoir eu quelque peine à sérier logiquement les pièces dont il disposait. Il y a bien des redites, des récurrences ; une question qui semblait épuisée reparaît soudain dans un autre contexte. L’auteur ne veut rien perdre des richesses qu’il a accumulées, mais il ne les met pas en ordre avec tout le soin désirable. Somme toute, on a l’impression d’un travail exécuté un peu rapidement, parfois d’une rédaction abandonnée puis reprise après quelque temps. Sous le bénéfice de ces observations générales, voici les titres des 17 parties du Décret ; on verra que certaines questions théologiques y sont traitées avec quelque ampleur. — I. De fide et sacramento fidei, il s’agit essentiellement du baptême et de la confirmation. C’est l’occasion pour l’auteur d’exposer les vérités relatives à la Trinité, à l’incarnation, à la rédemption (remarquer cette formule bien frappée : Dei Verbum caro factum se pro nobis obtulil sacrificium, c. xix), au péché originel, à la prédestination (qui est très fortement exprimée, c. xxxv). — II. De sacramento corporis et sanguinis Domini, écho de la controverse bérengarienne qui vient de se terminer. À côté de textes augustiniens d’une interprétation parfois laborieuse, l’auteur insère un long passage, soigneusement revu par lui, du De corpore et sanguine Domini de Laufranc et finalement la profession de foi que Bérengcr a été obligé de souscrire, c. ix et x. Cf. M. Lepin, L’idée du sacrifice de la messe…, p. 26 et 786 sq. La doctrine du sacrifice est traitée avec moins d’ampleur et lea développements sont surtout relatifs à la pratique. Contrairement I certaines défenses des réformateurs grégoriens, il est prescrit de ne pas éviter les messes célébrées par des prêtres mariés, c. lxxxii, lxxxiii. — III. Dr l’.cclesia et de rébus ecclesiasticis, titre un peu décevant ; il s’agit beaucoup moins de la société spirituelle que des édifices matériels où se célèbre le culte et de ce que l’on pourrait appeler le bénéfice PTotuNll ; le contenu est très mêlé et l’ordre peu apparent. IV. De festivi-