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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.2.djvu/1066

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ZACHARIE. DOCTRINE, DIEU


au passé. Le personnage du serviteur de Jahvé : « Voici que je fais venir mon serviteur Germe », Zach., iii, 8, se précise à la lumière de deux textes de Jérémie, xxiii, 5 ; xxxiii, 15, dont la portée messianique ne saurait être méconnue ; ce Germe, se’ma/i, c’est le Messie qui exercera le droit et la justice, qui enlèvera l’iniquité de ce pays en un seul jour, Zach., iii, 9, et assurera la paix : « Vous vous inviterez les uns les autres sous la vigne et le figuier », Zach., iii, 10, paroles qui font écho à celles de Michée, iv, 4. L’idée de la dynastie messianique de Zach., vi, 12-13 est déjà exprimée dans Jer., xxxiii, 17-21.

C’est surtout dans la deuxième partie du livre, ix-xiv, qu’abondent les rapprochements avec les écrits des anciens prophètes ; la vision du glorieux rétablissement qui était au premier plan dans le début du livre le cède, dans la seconde, à l’annonce du châtiment, motivé par les péchés du peuple : idolâtrie, faux prophètes, mauvais pasteurs, Zach., x, 2-3 ; xiii, 2-6, tout comme dans Isaïe ou Jérémie. La condamnation des mauvais pasteurs dans Zach., x, 3 : « …ma colère s’est enflammée contre les bergers et je châtierai les boucs », rappelle celle des oracles d' Isaïe, lvi, 11, et de Jérémie, ii, 8 ; xxii, 22 ; xxiii, 1-6, et plus encore, par l’association des bergers et des boucs, celle d'Ézéchiel, xxxiv. Dans l’apologue du prophète pasteur, Zach., xi, 4-17, le recours aux oracles d’Ezéchiel et plus encore à ceux de Jérémie est nécessaire pour élucider le sens de l’apologue, en particulier pour ce qui est de la disparition des trois pasteurs en un mois, Zach., xi, 8 ; ces personnages, identifiés tantôt avec des collectivités soit de chefs, rois, prêtres ou prophètes, soit d’oppresseurs, acheteurs, vendeurs, pasteurs, tantôt avec des individus, soit les trois rois de la dernière période du royaume de Samarie : Zacharie, Schallum et Manahem, soit les trois grands-prêtres : Jason, Ménélas, Lysimaque, de la période machabéenne, soit les trois rois séleucides : Antiochus Épiphane, Antlochus Eupator, Démétrius I er, ces personnages, grâce au rapprochement avec Jérémie, semblent bien se confondre avec les trois rois de Juda contre lesquels le prophète d’Anatoth lance l’anathème : Joachaz (Schallum), Jer., xxii, 10-12, Joakim, Jer., xxii, 13-19 et Joachin, xxii, 24-30. Si la durée d’un mois pour l’exécution du châtiment ne correspond pas à la réalité, c’est qu’elle a simplement pour but de souligner la rapidité avec laquelle le châtiment frappe les derniers rois de Juda ; dans Jérémie, cette rapidité est marquée par la juxtaposition des sentences qui condamnent les rois coupables. Cf. Van Hoonacker, op. cit., p. 673-675. De cette identification découle tout naturellement celle du c pasteur de néant » avec Sédécias, auquel l'épithète convient exactement, et par là encore Zacharie rejoint Jérémie, xxii, 2-9 ; xxiii, 1, 2 et Ézéchiel, xix, xxxiv, 7-10. Le deuil provoqué par la mort de celui qu’ils ont transpercé », Zach., xii, 10, évoque le passage d’Isalc, lii, 13-liii, 12, sur la passion du Serviteur de Jahvé.

Les éléments apocalyptiques abondent au c. xiv où, après la grandeur du désastre, apparaît la splendeur du triomphe « au jour de Jahvé ». Comme dans les anciens oracles, dont elle est un élément essentiel, se détache la perspective de la conversion des nations. Cf. Touzard, Rev. bibl., 1926, 174-205 ; 352-381.

Doctrine.

1. Dieu. — La transcendance divine,

dont les prophètes préexiliens avaient si souvent et si solennellement marqué les caractéristiques, s’nfflrme encore chez les prophètes de la restauration. Leur horizon, en effet, malgré le retour en Palestine et les préoccupations du rétablissement, n’est pas borné à Jérusalem ni à son temple où les nations viendront chercher et implorer Jahvé, Zach., ii, 15 ; vi, 15 ;

vin, 20-23 ; xiv, 16-19. Selon l’expression chère aux prophètes, le Dieu d’Israël est Jahvé des armées, formule dont le retour si fréquent dans les oracles de Zacharie souligne bien la majesté et la puissance divines, car ces armées dont Jahvé est le chef sont les armées célestes, aussi bien celles des astres aux mouvements ordonnés comme ceux d’une troupe sous les ordres d’un chef habile et puissant que celles des esprits dont le séjour est situé dans les régions supérieures. Maître dans les cieux comme sur la terre, Jahvé des armées est bien le Tout-Puissant, ainsi que l’ont compris les traducteurs grecs dans ces formules : xûptoç tùv S’jvâ(xetov, le Seigneur des forces, ou xûpioç TravToxpaTCdp, le Seigneur tout-puissant. C’est contre toutes les nations, symbolisées par les quatre cornes, ii, 1-2, c’est contre les peuples en général que Jahvé des armées entre en lutte et qu’il en triomphe, ix-xiv, xii, 3 ; xiv, 2, 12, 14, 16, 18.

Maître des nations, Jahvé l’est aussi de la nature et de ses forces, faisant prospérer la semence et donnant aux cieux leur rosée, viii, 12.

La présence d'êtres intermédiaires entre Jahvé et son prophète met encore en relief la transcendance de Jahvé tout comme dans Ézéchiel. Zach., i, 8-14 ; ii, 1-4, 5-9 ; iii, 1-5, etc. Dans les sept yeux de Jahvé, parcourant toute la terre, Zacharie voit la marque de l’omniscience et de la souveraineté de Dieu non moins que de sa providence, veillant sur le temple en construction afin d’en assurer le prochain achèvement, iv, 10.

Cette idée do la providence divine, présidant aux destinées humaines avec une autorité souveraine, est fortement inculquée par le prophète. Par ses oracles, il essaie de la faire passer dans l’esprit des rapatriés pour leur inspirer une confiance plus ferme dans les destinées d’Israël. SI, dans ses visions nocturnes, il « se transporte en esprit dans le passé pour envisager et annoncer de ce point de vue des faits dont ses contemporains étaient les témoins ou qui appartenaient à l’histoire, ce n’est point par caprice, mais précisément pour se ménager l’occasion d’insister sur les dispositions providentielles qui présidèrent à la préparation et à l’accomplissement de ces événements merveilleux. La destruction de l’empire de Babylone, la délivrance du peuple captif, la fondation et la reconstruction du temple sont d’ailleurs conçues par Zacharie comme un acheminement vers d’autres grandes choses encore futures, telles que le relèvement matériel et politique de la capitale juive, et en dernière analyse vers le triomphe final de la nation à l'époque messianique. Se trouvant placé en extase à un point de vue d’où il contemplait les débuts de la Restauration dans une perspective d’avenir, Zacharie était mis à même de rattacher à ces débuts, dans la même perspective, les autres éléments non encore réalisés du plan divin, et donnait à entendre que celui-ci serait mis à exécution dans ses visées les plus lointaines, aussi sûrement qu’il l'était déjà dans ses parties préliminaires ». Van Hoonacker, op. cit., p. 582.

2. Culte.

Pour rendre à ce Dieu l’honneur qui lui est dû, Zacharie, en sa qualité de prêtre, attache nécessairement une grande importance aux choses du culte ; c’est ainsi que dans sa quatrième vision, iii, 1-10, sont affirmés comme conditions essentielles de la manifestation des faveurs divines le rétablissement et l’exercice régulier du culte qui sera assuré et par le sacerdoce, relevé de son antique déchéance, et par l’achèvement du temple, couronné bientôt par la pierre de faîte.

M ; iis, pour Zacharie, comme pour les anciens pro phetrs, ce qui Importe dans le culte à rendre à Dieu M sont les dispositions mondes. Dès son premier