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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.2.djvu/1092

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    1. ZOSIME##


ZOSIME. QUESTION PÉLAGIENNE

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Cité par Prosper, Cont. Collai., v, 3, P. L., t. li, col. 227.

Antérieurement, d’ailleurs, l’Afrique avait cherché un appui à la cour impériale de Ravenne. Le 30 avril paraissait un rescrit d’Honorius condamnant, du point de vue de la loi civile, les erreurs de Pelage et de Célestius et faisant un devoir de dénoncer les hérétiques et leurs adhérents.

La Tractoria de Zosime.

Toutes ces nouvelles,

portées à Rome, amenèrent un revirement de Zosime. Célestius fut sommé de comparaître devant un nouveau synode ; il n’en attendit pas les décisions et, menacé par la loi civile, prit la fuite. Cf. Marius Mercator, Commonilorium super nomine Cœlestii, édit. Schwartz dans A. C. O., t. i, vol. 5, p. 66 ; Prosper, loc. cit. Une volumineuse encyclique fut adressée par Zosime aux évêques tant de l’Occident que de l’Orient. Cette lettre que Mercator, op. cit., p. 68, appelle Tractoria (réquisition, sommation), ne s’est malheureusement pas conservée ; les quelques renseignements fournis par Mercator, Augustin, Prosper, les quelques maigres citations données par les mêmes auteurs ne suffisent pas à juger de l’économie générale d’un document qui serait de nature à éclairer sur l’attitude du Saint-Siège dans la question pélagienne.

La Tractoria, au dire de Mercator, contenait certainement un exposé de l’ensemble des faits qui s’étaient déroulés depuis le début de la controverse, au concile de Carthage de 411, c’est-à-dire depuis l’accusation portée contre Célestius par Paulin de Milan : in quibus (scriptis) et ipsa capitula de quibus accusalus fuerat (Cselestius) et omnis causa tam de Cmlestio suprascripto quam de Pelagio magislro videtur esse narrata. Outre ces capitula rapportés à Célestius, figuraient aussi des propositions de Pelage empruntées au commentaire sur saint Paul et à un discours assez sommairement rapporté. Saint Augustin signale, parmi ces thèses damnables de Pelage, une argumentation de celui-ci tendant à lier la doctrine du péché originel avec le traducianisme ou le génératianisme et montrant l’incompatibilité de la thèse catholique avec le créatianisme : Si anima ex traduce non est, sed sola caro tantum habet traducem peccati, sola ergo (caro se.) pœnam meretur. Injustum est enim ut hodie nata anima non ex massa Adm tam antiquum peccatum portet alienum ; quia nulla ratione conceditur ut Deus qui propria peccala dimitlit imputet alienum. Epist., exc, ad Optatum, n. 22, P. L., t. xxxiii, col. 865 ; cf. De baptismo parvulorum, t. III, iii, 5, 6, t. xliv, col. 188.

A la doctrine hérétique représentée par ces diverses propositions, le pape devait opposer l’enseignement catholique. Certainement, d’abord, celui qui, partant de la pratique du baptême des petits enfants, concluait à l’existence chez tous les nommes d’une faute à remettre. Voici en quels termes il le faisait :

Fidelis Domlnus in verbts suis ejusque baptismus se ac verbis, id est opère, confessione et remlsslone vera peccatorum in omni sexii, aetatc, conditione generls humani eandem plenltudincm tenct. Nullus enim nisl qui peccati servus est liber efllcitur, nec redemptus dlci potest, nisi qui vere per peccatum fuerit ante captivus, slcut scriptum est : SI vos Filins liberaverit vere llberi cstls. » Per Ipsum enim rennscimur spiritualiter, per Ipsum crucifigimur mundo. Ipslus morte, mortLs ab Adam omnibus nobis introflii <.-i : i-ntquc transmisse universæ anima-illud propagine contractmn chirographum rumpitur. In quo nullus omnino n.itoniiii antequam per baptismum llbcretur non tenetur obnoxlus. Cité p : ir Augustin, Epist., c.xc, n. 23, t. xxxiii, col. 86."..

Le pélaglanisme ne niait pas seulement le péché originel ; il ne reconnaissait pas l’absolue nécessité d’un secours intérieur divin pour rendre possible l’accomplissement d’actions bonnes et méritoires. A

! cette hésitation, la Tractoria opposait un enseigne ! ment très ferme sur la nécessité de la grâce :

Quod ergo tempus intervenit quo ejus non egeamus , auxilio ? In omnibus igitur actibus, causis, cogitationibus, motibus, adjutor et protector orandus est. Superbum est

enim ut quidquara sibi humana natura præsumat, clamante

Apostolo : Non est nobis colluctatio adversus carnem et , sanguinem, sed contra principes et potestates aeris hujus,

contra spiritualia nequitiæ in cœlestibus. Et sicut ipse

iterum dicit : « Infelix ego homo, quis me liberabit de | corpore mortis hujus ? Gratia Dei per.Tesum Christum Dominum nostrum. » Et iterum : « Gratia Dei sum id quod

sum et gratia ejus in me vacua non fuit sed plus illis omnibus

laboravi, non ego autem, sed gratia Dei mecum. Cité par Prosper, dans le document Preelerilorum Sedis aposlolïcæ auctoritates, ix, 10. P. L., t. l, col. 533. Sur cette pièce et son attribution à Prosper, voir art. Semi-Pélagiens, t. xiv, col. 1818.

Le même Prosper nous transmet un autre fragment, où Zosime faisait une application particulière de cette nécessité générale du secours divin : sa démarche auprès des évêques d’Afrique résultait elle-même d’une inspiration d’en haut :

Nos tamen instinctu Dei — omnia enim bona ad auctorem suum referenda sunt unde nascuntur — ad fratrum et coepiscoporum nostrorum conscientiam universa retulimus. Ibid., viii, 9, col. 533 ; cf. Lib. cont. Collai., v, 3 ; t. iii, col. 228.

Dans la série des canons du grand concile de Carthage de 418, s’intercale une condamnation de ceux qui promettent aux enfants morts sans baptême un séjour intermédiaire entre ciel et enfer. Cf. art. Milève (Conciles de). Il est vraisemblable que, s’inspirant de ce 3° canon, la Tractoria de Zosime faisait allusion, pour la réprouver, à cette doctrine pélagienne. En tout cas Augustin écrit : Les modernes hérétiques pélagiens ont été très justement condamnés par l’autorité des conciles catholiques et celle du Siège apostolique, parce qu’ils ont osé attribuer aux enfants morts sans baptême un lieu de repos et de salut en dehors du royaume des cieux. Ce qu’ils n’auraient point osé, s’ils n’avaient nié l’existence chez ces enfants d’un péché d’origine qui devait absolument être remis par le sacrement de baptême. » De anima et ejus origine, t. II, xii, 17, t. xliv, col. 505. On ne voit pas, antérieurement à l’ouvrage d’Augustin, en dehors de la Tractoria de Zosime, de document pontifical ayant touché à la question du sort des enfants morts sans baptême.

D’après ces trop rares indications et ces trop rares fragments, on voit que la Tractoria de Zosime s’inspirait, au point de vue doctrinal, des décisions exprimées par le grand concile de Carthage. Les questions de personnes étaient également résolues dans le même sens, puisque Célestius et Pelage étaient condamnés tant qu’ils ne reviendraient pas à résipis cence.

C’était un beau succès pour l’Église d’Afrique. Dès réception de la Tractoria, elle s’empressa de répondre à Zosime ; faisant état du passage cité plus haut : Nos tamen instinctu Dei, elle lui donnait un sens des plus précis, qui n’était peut-être p ; is tout a fait dans la pensée du pape : Ces paroles nous les entendons de l’exécution que vous faites de tous ceux qui exaltent le libre arbitre humain à rencontre du secours divin : ut illos qui contra Dei adjutoriuni extollunt humani arbilrii liberlatem, dislriclo gladio veritatis, velut cursim trantteru amputares. Cité par Prosper, Cont. Collai., v, 3, col. 228. Kl le se réjoui-. sait également d’apprendre que la lettre pontificale avait été envoyée à toutes les provinces. Dirait le pape demandait à tous les évêques. Ml moins à ceux de son ressort métropolitain d’Italie, d’adhéiii aux condamnations prononcées par la Traclorin < i