Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.2.djvu/152

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
1833
1834
TRINITÉ. MISSIONS INVISIBLES

(Union), t. vii, col. 512 sq. Il était convenable que cette mission fût substantielle, en raison du but poursuivi dans la rédemption, la réparation surabondante et infinie pour les péchés des hommes. Il était convenable aussi qu’elle fût visible, afin que le Fils pût mieux révéler le Père et apparaître aux hommes comme l’auteur de leur sanctification. Voir Incarnation, t. vi, col. 1464 sq.

Les missions du Saint-Esprit sont, disent les théologiens, au moins au nombre de quatre : deux à l’égard du Christ lui-même, à son baptême sous la forme d’une colombe, Matth., iii, 16 ; Luc, iii, 22 ; à la transfiguration, sous la forme d’une nuée lumineuse, Matth., xvii, 5 ; Marc, ix, 6 ; Luc, ix, 34-35 ; II Petr., i, 17 ; deux à l’égard des apôtres, après la résurrection du Sauveur, quand le Saint-Esprit leur fut donné par le Christ d’une manière sensible, en soufflant sur eux, Joa., xx, 22 ; à la Pentecôte, sous la forme de langues de feu. Act., ii, 3-4. Certains auteurs rattachent aussi à une mission visible du Saint-Esprit la prédication extraordinaire des apôtres, Act., n (en entier), les manifestations charismatiques de la primitive Église. Act., viii, 6-13, 17-18 ; x, 44-46 ; xi, 15 ; xix, 6, etc, Cf. A. d’Alès, De Deo trino, p. 262 ; Galtier, n. 467. Mais, sous ces manifestations diverses, la mission du Saint-Esprit est purement représentative. Galtier, n. 466.

2. Relation aux personnes divines.

La doctrine sur ce point a été nettement formulée par A. d’Alès, th.xii, p. 257. Considérée dans son terme, terminative, la mission visible se réfère à la seule personne envoyée ; considérée en elle-même, elle est l’œuvre commune des trois personnes. Autre chose, en effet, est la formation du signe, ordonné à la manifestation d’une chose ; autre chose, la manifestation même de la chose par ce signe. Le premier aspect relève de l’opération ad extra et par conséquent de la volonté et de la puissance communes aux trois personnes ; le second se termine à la personne signifiée, qui peut être unique. Ainsi, dans l’incarnation, l’œuvre même de l’incarnation a été réalisée par la volonté et la puissance des trois personnes ; si on la rapporte plus spécialement au Saint-Esprit, cf. Luc, i, 35, c’est par appropriation. Ainsi, à la Pentecôte, la formation des langues de feu fut l’œuvre commune des trois personnes ; mais la manifestation humaine du Verbe par l’humanité du Christ s’est terminée au seul Verbe et la manifestation de l’Esprit par les langues, au seul Esprit. Seulement, tandis que la manifestation de l’Esprit saint est purement représentative et n’implique qu’une mission représentative, sans autre union avec la personne représentée qu’une simple relation de raison, la manifestation du Verbe dans l’incarnation est réelle ; elle implique une mission substantielle, possible et réalisée par 1’ « assomption de l’humanité à l’hypostase du Fils de Dieu. Voir Hypostatique (Union), t. vii, col. 518-510 ; Galtier, n. 465.

La mission visible du Fils et du Saint-Esprit sera donc la manifestation temporelle de l’une de ces deux personnes, grâce à un signe sensible réalisé par les trois personnes en vue de cette manifestation strictement personnelle. Le Père ne peut être « envoyé » visiblement, mais il peut sensiblement manifester sa présence, c’est-à-dire « venir » visiblement, lui aussi. Au baptême du Christ, ne s’est-il pas manifesté en disant : Celui-ci est mon Fils hien-aimé » ? Matth., m, 17 ; Luc, iii, 22.

Mais, si la mission visible doit être manifestée par un signe sensible qui permette de discerner la personne envoyée, on ne pourra considérer comme signes de mission les visions imaginatives des anciens prophètes, connues d’eux seuls ; les apparitions angéliques sous formes humaines, manifestation d’anges et non de personnes divines ; ni même la collation du Saint-Esprit par le signe sensible du sacrement, car le signe sacramentel produit en la signifiant la grâce œuvre du Saint-Esprit, mais ne la manifeste pas. Il est tout au plus le signe sensible d’une mission invisible.

Missions invisibles.

1. Le fait des missions invisibles affirmé par l’Écriture,

L’Écriture semble attribuer à une mission du Fils (de la Sagesse divine) l’œuvre de la création. Prov., viii, 38 ; Sap., viii, 1, etc. ; cf. Joa., i, 3 ; v, 17. Mais il y a aussi une mission invisible du Fils dans l’âme des fidèles. Car, si Dieu vient dans l’âme des justes, le Père y habitera avec le Fils, Joa, xiv, 23 ; Jésus est dans le Père, ses disciples sontenlui et lui en eux, Joa., xiv, 27 ; cf. Eph., iii, 17 ; IJoa., ii, 24 ; iv, 12-13, 15, 16.AinsileChrist vit dans le juste, Gal., ii, 20 ; cf. Rom., viii, 10, parce que le juste vit dans la foi du Christ, Gal., ii, 21 ; cf. Eph., m, 17. Ceux qui ont été baptisés ont revêtu le Christ, Gal., iii, 27 ; cf. Rom., vi, 3-5. Ils en sont devenus les membres. I Cor., xii, 27 ; Eph., iv, 15-16.

La présence du Fils entraîne celle du Saint-Esprit. Rom., viii, 10-11 ; Gal., iv, 4-6. La mission invisible du Saint-Esprit en vue de la sanctification des âmes est déjà peut-être entrevue dans l’Ancien Testament. Is., xi, 1-3 ; xli, 1 ; Ez., xxxvi, 27 ; Zach., xii, 10. Elle est fréquemment mentionnée dans le Nouveau. Tout d’abord le Saint-Esprit y est représenté comme la cause immédiate de la collation des grâces, surtout par les sacrements : l’accès du royaume de Dieu n’est promis qu’à ceux qui renaissent de l’eau et de l’Esprit ; Joa., iii, 5 ; cf. Tit., iii, 5 ; Act., ii, 38 ; II Cor., i, 22 ; Eph., i, 13, 14 ; iv, 30. C’est au nom du Saint-Esprit, uni au Père et au Fils, qu’est conféré le baptême, Matth., xxviii, 19, comme c’est par la vertu du Saint-Esprit qu’est communiqué le pouvoir de remettre les péchés. Joa., xx, 22. De plus, le Saint-Esprit apparaît comme la cause exemplaire à laquelle se rapporte l’effet de sanctification produit dans les âmes, quel que soit l’aspect que revête cet effet. Aux persécutés, l’Esprit-Saint suggérera ce qu’ils doivent répondre à leurs persécuteurs. Matth., x, 19-20 ; cf. Luc, xii, 1112. Le Christ enverra ainsi sur les apôtres qui doivent être ses témoins dans le monde l’Esprit promis par le Père, Luc, xxiv, 49 ; ainsi, par l’Esprit et grâce à leur foi, ils deviendront des « sources d’eau vive ». Joa., vu, 38. Le Christ a donc prié son Père et celui-ci donne aux apôtres le Paraclet, Esprit de vérité, qui demeurera avec eux pour l’éternité ; il demeurera près d’eux, en eux, Joa., xiv, 16-17 ; demeurant en eux, il leur enseignera toutes choses, Joa., xiv, 25-26 ; et, par eux, portera témoignage en faveur du Christ. Joa., xv, 26 ; cf. xvi, 13-15 ; Act., i, 8. Par l’Esprit-Saint qui nous a été donné, la charité de Dieu est répandue en nos cœurs ; aussi notre espérance ne saurait-elle être déçue. Rom., v, 5 ; cf. Gal., iv, 6. C’est l’Esprit-Saint qui aide notre faiblesse et, pour nous, demande en « gémissements inénarrables » ce qui nous convient. Rom., viii, 26. Le sang du Christ, offert par lui à Dieu, purifie notre conscience de ses œuvres mortes. Hebr., ix, 14. L’Esprit laisse dans l’âme une onction permanente. I Joa., ii, 20, 27. Habitant en nous, il sera le principe de notre résurrection, comme il fut celui de la résurrection du Christ. Rom., viii, 11. Cette venue du Saint-Esprit, promise par le Christ, est pour nous le principe d’une déification, IPetr., i, 3-4, d’une filiation et d’une adoption divines, Rom., viii, 14-16 ; elle fait de nous le temple de Dieu, le temple de l’Esprit-Saint. I Cor., vi, 19 ; cf. iii, 16 ; II Cor., vi, 16. Sur toute et exposé, voir A. d’Alès, De Deo trino, p. 262-263.

Dans ces textes. l’Esprit Saint apparaît comme l’artisan propre et immédiat du salut des hommes. On remarquera cependant qu’aucun de ces textes ne l’indique expressément comme l’unique artisan du salut,​T. — XV. — 58. DICT. DR THÉOL. CATIIOL.