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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.2.djvu/250

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UBERTIN DE CASALE


L’analogie de cette doctrine avec celle de saint Bonaventure est évidente. Toutefois Ubertin préconise, surtout sur le chapitre de la pauvreté, une ascèse plus rigide. En outre, sa conception de l’obéissance intérieure, que ne contrôle pas suffisamment l’obéissance extérieure, t. III, c. iii, fol. 75 r° ; t. V, c. viii, fol. 225 r° peut favoriser l’illuminisme.

h) Influence de l’Arbor vitæ. — L’ouvrage circula d’abord sous le manteau parmi les spirituels. Les mitigés l’ignorèrent, tout au moins sous sa forme complète ; autrement ils s’en seraient servis contre Ubertin au concile de Vienne. On en fit de bonne heure des copies expurgées. Dante, tertiaire franciscain, a dû le connaître pourtant dans son intégrité, car dans la Divine Comédie, il a adopté les vues d’Ubertin sur Célestin V, Boniface VIII, Benoît XI. Le Decalogus evangelicæ paupertatis (1340-1342), cf. Arch. franc, hisl., 1939, t. xxii, p. 307, d’auteur inconnu, s’est inspiré également de l’Arbor sur la pauvreté évangélique et sur les luttes à soutenir contre l’Antéchrist mystique. Saint Bernardin de Sienne a puisé à pleines mains dans l’Arbor les thèmes de nombreux sermons, ainsi que les éléments de la dévotion au Saint Nom et au Sacré-Cœur de Jésus. Saint Pierre d’Alcantara s’est intéressé aux considérations d’Ubertin sur saint Joseph. Le P. Matthias Bellintani, second commissaire en France des capucins, adapta dans son Historia capuccina aux événements du xvie siècle les vues joachimites d’Ubertin. Saint Léonard de Port-Maurice s’est peut-être inspiré de l’Arbor pour rédiger sa méthode d’assistance à la messe. En dehors de l’ordre séraphique le livre du spirituel, sans doute en raison de ses extravagances joachimites et apocalyptiques, n’a pas exercé une influence ascétique et mystique appréciable, sauf en Espagne et aux Pays-Bas.

En plus de YArbor vitæ, Ubertin aurait composé un autre ouvrage mystique intitulé : Traclatus de nomine Jésus et resté jusqu’ici inédit. J.-H. Sbaralea, Supplementum, Rome, 1806, p. 684.

2. Œuvres polémiques. — a) Responsio sanctissimo patri domino noslro démenti, divina providenlia papæ V°, tradenda ; incipit : sanctilas vestra. A. L. K. G. t. iii, p. 51-89. Cette réponse aux quatre questions de Clément V parut au début de 1310 ; cf. ici t. xiv, col. 2536. Passant rapidement sur tout autre point, Ubertin énumère longuement les qualités que doit posséder la pauvreté franciscaine, puis, il stigmatise les manquements de la communauté sur ce chapitre. Sur la doctrine d’Olieu, il évite de s’attarder : sans embrasser toutes les opinions de son maître, dit-il, il ne croit pas cependant qu’il y en ait d’essentiellement erronées, au reste si la communauté les attaque, c’est avant tout parce qu’Olieu défendit Yusus pauper.

b) Rolulus. — Ce document, publié fin 1310 ou début 1311, dénonce vingt-cinq violations de la règle commises par la communauté. Ubertin soutient que l’observance de la règle franciscaine entraîne celle des conseils évangéliques dans leur ensemble. S’en prenant ensuite à la décrétale Exiil qui seminat, le polémiste s’efforce de prouver, en dix articles, qu’elle est violée, comme la règle, par la communauté ; cf. ici t. xi, col. 2536 ; A. L. K. G., t. iii, p. 93-137.

c) Super tribus sceleribus Damasci. Arch. franc, htst., t. x, 1917, p. 123-174. Ce factum, composé en juillet et produit en août 1311, est une réponse au traité : Circa malcriam de usa pauperr, exposant le point de vue des mitigés sur l’usage pauvre. Ubertin cherche à établir que tout frère mineur est essentiellement tenu à l’usage pauvre en raison de son vœu de pauvreté ; c’est-à-dire à n’avoir, à l’exemple du Christ, de Marie, des apôtres, de saint François, qu’un simple usage de fait et étroit dos choses nécessaires à la subsistance et à l’entretien.

d) Sanclitati apostoliese notum fiai quod. — Ce traité, produit au début de l'été de 1311, est connu sous le nom d’Apologie d’Olieu, ici t. xi, col. 2536. Après ses habituelles violences contre le relâchement des mitigés, Ubertin réfute les dix chefs d’accusation dressés par la communauté contre la doctrine d’Olieu. Il démontre qu’Olieu est orthodoxe sur la question du baptême et du mariage, A. L. K. G., t. ii, p. 389396 ; à propos de l’union de l'âme et du corps, il se borne à représenter cette théorie comme une simple opinion philosophique ne tirant pas à conséquence pour quiconque est, par ailleurs, attaché aux enseignements de l'Église, ibid., p. 391 ; il rétablit la doctrine d’Olieu sur les bénéfices et la sépulture des ecclésiastiques, p. 391, 398, 399. Quant à l’enseignement du Docteur spéculatif sur l’essence divine, ibid., p. 260, Ubertin s’efforce de le montrer conforme à celui des Pères ; au surplus, ajoute-t-il, Olieu s’en est toujours remis au pape, mais si on le condamne il faudra anathématiser également le ministre général, Gonzalve de Valbos qui, lecteur à Paris, enseignait les mêmes doctrines. Ibid., p. 383, 392, 393. D’après le polémiste, les adversaires d’Olieu et des spirituels sont tombés dans l’hérésie pour avoir nié au pape et aux cardinaux le pouvoir d’exempter les avocats des rigoristes de la juridiction de la communauté et pour en avoir appelé du pape au pape. Ibid., t. iii, p. 383. Puis Ubertin établit qu’Olieu n’avait jamais avancé qu’il fallait équiparer le caractère conféré à l'âme par les sacrements à l’effet produit par la dédicace sur un édifice cultuel. Enfin, affirme-t-il, la vraie raison de l’animosité déployée par la communauté contre les doctrines d’Olieu provient de ce que le maître a enseigné que Yusus pauper est obligatoire pour tout frère mineur et fait partie essentielle du vœu de pauvreté. Sur ce terrain Ubertin prend l’offensive et démontre la légitimité de son point de vue. Le défenseur d’Olieu nie que son maître ait affirmé que le Christ a reçu, vivant, le coup de lance ; il a seulement avancé que le fait était possible. Jamais Olieu n’a dit que l'Église romaine est la grande prostituée de Babylone. Ubertin établit que son maître a soumis tous ses enseignements à l'Église romaine et s’en est remis sur son lit de mort au pape Boniface VIII. Une pareille conduite peut bien faire excuser quelques opinions moins sûres ; quant aux disciples d’Olieu, ils ont toujours reconnu que l’exercice et les effets de la puissance sacerdotale ne dépendent pas de l'état d'âme bon ou mauvais du ministre du Christ. De plus, jamais ils n’ont tenu certains papes pour des intrus. P. 397-414. Il eût suffi à la communauté pour anéantir cette partie de l’Apologie de produire le livre V » de YArbor vitæ. Elle ne le fit pas, preuve évidente qu’en 13Il le texte intégral d’Ubertin n'était connu que des initiés. Pour finir, Ubertin en appelle au pape pour sa protection personnelle et pour la réforme de l’ordre. P. 414-416.

e) Declaralio fr. Ubertini de Casali et sociorum eius contra falsitales datas per fr. Raymundum, procuratorem, et Bonagratiam de Pergamo et sociorum. A. L. K. G., t. iii, p. 162-195. Ce factum est une réponse au procureur et à l’avocat de la communauté qui, en juin 1311, avaient accusé Ubertin de calomnies contre les institutions et les personnes. Le polémiste les accuse, à son tour, d'être des faussaires et des menteurs. Il se pose, sur la question de l’hérésie de la liberté de l’esprit, comme le champion, persécuté, de l’orthodoxie ; il aggrave ses accusations relatives à l’observance, puis il en arrive aux doctrines d’Olieu. II est probable que Y Apologie qu’il avait rédigée entre mars et juillet 1311, cf. A. L. K. G., t. ii, p. 375, n'était pas encore entre les mains de ses adversaires car alors qu’il fait allusion pour défendre Yusus pauper à