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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.2.djvu/318

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UNITARIENS — DOCTRINE

Jlili

2 vol., 1782 ; L’histoire des opinions primitives concernant Jésus-Christ (History of early opinions concerning Jesus-Christ), 2 vol., 1786. Il dédia à Jefferson, son protecteur en Amérique, son Histoire générale de l’Église chrétienne, de la chute de l’Empire d’Occident jusqu’à nos jours ( General history of the Christian Church, from the fall of the western Empire

10 the présent time), 4 vol., 1792-1803.

Ne quittons pas l’Angleterre sans signaler qu’un riche négociant nommé William Christie fonda, en 1781, une congrégation unitarienne, en Ecosse. Les lois contre l’hérésie antitrinitaire furent abolies en Angleterre, en 1813. Depuis ce temps les unitariens anglais gagnèrent du terrain. Ils fondèrent en 1822 l’Association unitarienne britannique et étrangère, mais ils n’atteignirent jamais une véritable importance numérique. Quelques-uns de leurs écrivains n’en exercèrent pas moins une influence appréciable sur l’opinion anglaise. Le plus connu d’entre eux est James Martineau, frère d’une femme de lettres illustre, miss Harriet Martineau. Né à Norwich, en 1808, et mort à Londres, en 1900, James Martineau consacra presque toute sa longue existence à la propagation de l’unitarianisme à Liverpool, à Dublin, à Londres.

Il dirigea, durant dix-sept ans (1868-1885) le grandcollège des unitariens, à Manchester. Il a contribué pour une très large part à donner à l’unitarianisme anglais sa physionomie actuelle.

L’Église unitarienne d’Amérique.

Quand le chimiste Priestley arriva en Amérique, en 1794, il y trouva des groupes déjà établis d’unitariens. Ces groupes toutefois n’étaient pas encore désignés sous ce nom. On les appelait simplement les « chrétiens libéraux », Libéral Christians. Voici en quelles circonstances curieuses ils avaient pris naissance. Les États d’Amérique britannique, ou comme l’on disait alors « de la Nouvelle-Angleterre », ne comprenaient pas seulement des puritains ou dissidents de l’Église épiscopalienne anglicane, mais aussi des membres de cette Église. Toutefois, il n’y avait encore jamais eu d’évêque anglican dans ces régions. Quand les colonies britanniques confédérées eurent conquis leur indépendance, à la suite de la guerre de 1775 à 1783, les épiscopaliens américains voulurent avoir leurs évoques. Ils envoyèrent donc en Angleterre des candidats à l’épiscopat, pour s’y faire ordonner. Les deux premiers consacrés furent le docteur Seabury et le docteur Provoost. Dans l’intervalle, justement parce que le contrôle épiscopal faisait défaut, il s’était produit à Boston, à la Chapelle royale, la plus ancienne église d’Amérique, une controverse concernant le symbole de la foi. Le recteur de cette église était retourné en Angleterre avec les familles tories de la ville. Les laïques prirent la direction du service religieux. Mais celui qui fut chargé de remplacer le pasteur déclara qu’il avait des scrupules au sujet des mentions de la Sainte-Trinité dans le Frayer-Book. La congrégation lui concéda donc la suppression de toutes ces mentions, en 1785. Et ce fut ainsi que « la première Église épiscopalienne de la Nouvelle-Angleterre devint la première Église unitarienne d’Angleterre ». Cela n’empêcha pas du reste le pasteur improvisé de demander à l’évêque Seabury l’ordination pastorale. Naturellement, sa demande fut repoussée. Pareil refus lui fut opposé par l’évêque Provoost. La congrégation locale lui conféra donc le titre définitif de pasteur sans ordination. Ce fut ainsi que les unitariens prirent une existence distincte.

Au nombre des premiers pasteurs de cette nouvelle Église, l’un des plus remarquables fut le révérend William Lmerson, le père du célèbre écrivain Ralph-Waldo Emerson. La secte unitarienne ne réussit pas à mordre profondément sur les milieux épiscopaliens, mais elle se répandit promptement parmi les congrégationalistes. Au bout de peu de temps on ne comptait pas moins de 126 églises qui rejetaient la doctrine trinitaire. L’université Harvard, fondée en 1638, la première université d’Amérique, fut conquise en majeure partie par les unitariens, vers 1805. Les progrès de la secte ne dépassèrent guère toutefois Boston et le Massachussets, où elle était née. Les personnages les plus remarquables de cette Église furent William Ellery Channing (1780-1842) qui exerça soit par ses sermons, soit par ses écrits une influence énorme, non seulement au sein de l’unitarianisme, mais dans les milieux les plus étendus, Théodore Parker (1810-1860) qui lui succéda comme prédicateur de grand renom et comme publiciste de talent reconnu dans toute l’Amérique, enfin Ralph-Waldo Emerson, dont la célébrité fut encore beaucoup plus vaste et dont le nom se situe auprès de ceux de Carlyle, Ruskin, Nietszche, mais qui fut beaucoup plus un poète et un essayste qu’un théologien. Emerson (1803-1882) avait été, comme son père, pasteur d’une église unitarienne de Boston, de 1829 à 1832, mais il se sépara de sa congrégation, à cette dernière date, parce qu’il n’admettait pas que l’on continuât de célébrer la Cène dans une Église où la divinité de Jésus-Christ n’était plus admise. Il n’en resta pas moins unitarien dans l’âme et ce fut au nom de ses convictions unitariennes qu’il poursuivit jusqu’à sa mort une sorte d’apostolat purement laïque et individualiste. Nous le regarderons donc ci-après comme vraiment représentatif de la pensée unitarienne au xixe siècle.

En 1925, on comptait, aux États-Unis, 440 églises unitariennes, avec 476 ministres et 58 024 communiants. Mais il y avait sûrement un bien plus grand nombre de sympathisants. En Angleterre, l’expansion unitarienne fut toujours moins grande qu’en Amérique.


II. Doctrines unitariennes. —

Après ce qui vient d’être dit, on comprend qu’il soit malaisé de définir les doctrines unitariennes. Non seulement elles ont beaucoup évolué, mais elles ont toujours plus ou moins renié toute précision systématique. La marque la plus générale de ces Églises, dont chacune revendique son indépendance complète, comme il est de règle chez les congrégationalistes, c’est de rejeter le dogme de la Trinité. Les unitariens n’admettent donc qu’une seule personne en Dieu. Mais, par suite du rejet de la divinité de Jésus-Christ, les dogmes de l’incarnation et de la rédemption, ainsi que le dogme sacramentaire ont revêtu chez eux des formes de plus en plus symboliques. Actuellement on peut ramener à quatre les caractéristiques de leurs croyances : 1. tolérance très large pour toutes les opinions et insistance sur l’absolue liberté de la foi ; 2. appel constant à la raison et à la conscience naturelles comme règles suprêmes en matière de religion ; 3. large développement des préoccupations sociales et philanthropiques ; 4. grand souci de la formation des caractères comme fondement de la vie religieuse.

Tolérance très large et liberté absolue de la foi. —

Ce trait apparaît dès le principe chez les unitariens. Pourtant ils ont toujours combattu pour le maintien d’une foi et répudié toutes les formes de l’incrédulité et du scepticisme. Les premiers maîtres de l’unitarianisme, un Lindsey, un Priestley. même un Channing et un Parker, au début de sa carrière, admettaient une certaine inspiration de la Bible et la réalité des prophéties et des miracles qui y sont rapportés. Pour Channing, la prophétie et le miracle demeurent les deux (’(lionnes de la foi et l’argument décisif contre le Simple déisme. Aussi, lorsque Théodore Parker et Ralph-Waldo Emerson commencèrent à émettre des