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UNITÉ DE L’EGLISl

PE Kl. S APOLOGISTES

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comment aussi l’épiscopat monarchique était en

vigueur dans chaque Église ; comment les évêques étaient heureux de se soutenir et de se conseiller mutuellement, avec le constant souci d’animer partout l’attachement à l’unité, à la droite foi, au canon de la vérité, à la détestation de l’hérésie. » Batilïol, op. cit., p. 220. Dans la lettre aux Romains, cf. Eusèbe, ibid., 10, col. 388 B, l’Église de Rome est exaltée pour sa charité qui s’étend à toutes les autres Églises. Le pape Soter y apparaît comme exerçant la bienveillance d’un père à l’égard de ses enfants.’Soter avait envoyé à Corinthe une lettre aujourd’hui perdue. Mais l’Église de Corinthe « la lisait toujours ; comme une admonition, ainsi que la première, celle qui avait été écrite par Clément ». Ibid., 1 1, col. 388 C339. Indice de la primauté romaine. Voir Bardy, op. cit., p. 104-106.

2° Les Pères apologistes. - - Les apologistes n’ont pas tous envisagé la question de l’Église et de son unité.

1, Saint Justin. — S’il parle rarement de l’Église, il a du moins le sentiment d’une double unité dans l’Église. Tout d’abord, unité dans la foi, résultant de la continuité doctrinale issue des apôtres, / a Apol., xiii, 1 ; xiv, 4 ; xxiii, 1 ; xli, 9 ; lxvi, 3, P. G., t. vi, col. 345 B ; 349 A ; 421A ; 430 A. Cette unité dans la foi engendre une union de sentiments et d’affections se traduisant entre chrétiens par l’appellation de « frères », par la prière pour les nouveaux baptisés et pour tous les autres afin que Dieu les maintienne dans l’observance fidèle des prescriptions, enfin, par la communion à la même eucharistie, ibid., lxv, col. 428 AB. Dans le Dialogue, il résume sa pensée sur l’unité en une phrase suggestive : « C’est à ceux qui croient en lui, qui lui sont unis dans une même âme, une même Synagogue et une même Église (les deux termes sont ici synonymes) que le Verbe de Dieu parle comme à sa fille l’Église qui est constituée de par son nom et participe à son nom, car tous nous nous appelons chrétiens. » DiaL, lxiii, 5, col. 621 B. Cf. Justin (Saint), t. viii, col. 2251-2252. D’une autre manière Justin affirme l’unité dans l’Église : pour lui, cette unité se manifeste dans le seul qualificatif de catholique, qui appartient aux seuls membres de la communauté chrétienne, tandis que tous les dissidents portent, par leur nom même, l’indication de leur particularisme et de leur défection de l’unité. DiaL, xxxv, col. 552 B. Voir Bardy, op. cit., p. 58-60.

2. Saint Irénée.

À l’unité d’une foi reçue des prophètes et des apôtres, Irénée oppose les errements des hérétiques, incapables de professer le même sentiment sur un point de la foi : c’est qu’ils ne sont pas fondés sur la pierre unique. Cont. hær., III, xxiv, 1-2, P. G., t. vii, col. 966-967. Au contraire, l’Église professe partout et toujours la même foi, comme si, dispersée dans le monde, elle habitait une maison unique. Elle n’a qu’un cœur, qu’une âme, qu’une bouche. Elle illumine de la même clarté les peuples les plus divers ; mais, comme le soleil est partout le même, ainsi la prédication de la vérité apporte partout la même lumière. Parce que la foi est partout la même, ni celui qui peut en parler plus abondamment ne peut y ajouter, ni celui qui est moins instruit, ne peut en retrancher. I, x, 2, col. 552 A-553 B.

Ainsi l’unité et la continuité de la foi dans l’Église montre que celui qui délaisse ce flambeau (ztctuilu^oç) tombe nécessairement dans l’erreur. Les hérétiques « cherchant toujours la vérité, ne la trouvent jamais ». Il faut donc les fuir et se réfugier dans l’Église. V, xx, 1-2, col. 1177-1178. C’est là seulement qu’on trouvera la vérité reçue des apôtres. III, iv, 1, col. 855 AB. Les apôtres sont le duodecaslylum firmamentum Ecclesix, fondement posé par le Christ lui même, IV, xxi, 3, col. 1045 B. Pour savoir où se trouve la vérité, il sudit d’énumérer la liste des évêques de l’Église la plus grande, la plus ancienne, la plus connue, fondée par les deux apôtres Pierre < t Paul, l’Église de Home. III. iii, 2, col. 848 B. Sur la prééminence de Rome d’après Irénée, voir ici t. vii, col. 2430 sq. ; cf.L. Spikowski, La doctrine de V Église dans saint Irénée, Strasbourg, 1927. c. V. Irénée se montre sévère à l’égard de ceux qui, considérant leur propre utilité plutôt que l’unité de l’Église, déchirent et divisent le corps du Christ, s’efforçant, dans la mesure où ils le peuvent, de le tuer. IV, xxxiii, 7, col. 1076 AB. Puis, revenant à la vraie sagesse (yvo>aic, ) qui découle de la doctrine des apôtres, reçue par la succession légale des évêques, il déclare que cette succession est comme « le caractère du corps (mystique ) du Christ ». Ibid., 8, col. 1077 B. Car l’Église est un corps, dont le Verbe est la tête, comme le Père est la tête du Fils et le Saint-Esprit est en chacun des fidèles. V, xviii, 2, col. 1173 A. L’Église visible à laquelle nous appartenons est quelque chose d’organique, -h àpjçaïov TÏjç IxxXTjOtaç crûa-r^ua. Le schisme est donc une faute contre l’unité et doit être jugé avec une rigueur impitoyable : malheur à qui déchire le corps du Christ. IV, xxxiii, 7, col. 1076 B. Voir Bardy, op. cit., c. iv, p. 183-210.

3. Tertullien.

Pour Tertullien, l’Église, apostolique par son origine, se maintient une et identique à elle-même en se propageant. Les Églises, si nombreuses soient-elles, ne sont que cette première Église, fondée par les apôtres et dont elles dérivent toutes. Toutes sont la première Église, toutes sont apostoliques, puisque toutes démontrent pareillement leur unité, puisqu’entre toutes, il y a communication de paix, appellation de fraternité et mutuel témoignage d’hospitalité. Præscr., xx, P. L., t. n (1840), col. 32 B. Sans cette communauté d’origine et de tradition, l’unité dans la doctrine serait inexplicable. Ibid., xxviii, col. 40 B. En raison de leur commune origine apostolique, toutes les Églises chrétiennes doivent entre elles garder la communion. Ibid., xxxii, col. 44 C. Voir aussi, nonobstant la tendance montaniste, le De virginibus velandis, t. ii, col. 890 C-891 A.

De plus, les fidèles sont unis entre eux, comme les Églises, par les liens de la charité : « Nous formons un corps par l’unité de religion, de discipline d’espérance. » Apol., xxxix, t. i, col. 468 A. Cette communauté se traduit dans la prière, la lecture des mêmes Écritures, les exhortations et les corrections mutuelles, les aumônes librement apportées, col. 469-470, « de telle sorte qu’on est obligé de dire de nous : < Voyez « comme ils s’aiment. » Col. 471 A. Tertullien insiste également sur cette communion des saints qui fait des épreuves de chaque membre les épreuves du corps entier : chaque membre, c’est l’Église, et l’Église, c’est le Christ. De ptenit., c. x, col. 1245 B.

Enfin, il rappelle la prééminence des Églises apostoliques, notamment de celle de Rome, Præscr., xxxii, t. ii, col. 44 C. Habes Romain unde nobis quoque auctoritas est Église particulièrement heureuse, puisque les apôtres lui ont infusé leur doctrine avec leur sang, xxxvi, col. 49 AB : cf. Adv. Marcioncm, iv, 5, col. 366 C. C’est à Pierre que le Christ a laissé les clefs pour les donner, par lui, à l’Église. Scorpiace, x, col. 142 C. Dans chaque Église particulière, l’unité de gouvernement a pour conséquence la place unique réservée à l’évêque, sous l’autorité duquel se trouvent prêtres, diacres et simples fidèles. De baptismo, xvii, P. L., t. i, col. 1218 A. Sur l’ecclésiologie de Tertullien, voir K. Adam, Der KirchenbegrifJ Tertullians, Paderborn, 1907.

4. Saint Cyprien.

L’unité de l’Église est un des points fondamentaux de la théologie de saint Cyprien.