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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.2.djvu/331

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    1. UNITÉ DE L’ÉGLISE##


UNITÉ DE L’ÉGLISE. PÈRES GRECS

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ratus, Épiphane insiste sur la nécessité de garder l’unité de l’Église dans l’unité du baptême et de la foi, image de l’unité des trois personnes dans une même divinité, n. IIS, col. 232 ; cf. n. 119, col. 232 D233 A. L’hérésie rompt cette unité : tout Y Adv. hsereses eu est un éloquent témoignage.

11. Saint Jean Chrysostomc. — S’il parle souvent de l’Église, son tempérament de moraliste et d’orateur le détourne habituellement des considérations dogmatiques. Dans l’Église, il considère surtout l’unité de communion qui doit établir entre les fidèles les liens d’une mutuelle charité sous la direction d’un chef unique, Jésus-Christ. L’union dans la charité est le signe de l’unité de foi ; c’est par la pratique de cette charité que le corps de l’Église se nourrit dans les bons oflices des membres entre eux. In Gen., hom. ix, P. G., t. liv, col. 623. L’Église n’a que faire des différences de situation, de fortune, de dignité ; à tous elle offre la communauté de la doctrine. In ps.XLVin, 2, P. G., t. lv, col. 223. Dans son universalité et au milieu des persécutions, elle reste ferme et unie, bâtie qu’elle est sur le roc, selon la promesse faite à Pierre, et cette fermeté se manifeste, après la résurrection du Sauveur, dans la fermeté de Pierre, le > coryphée » de tous. In Matth., hom. liv, n. 2, 3, t. lviii, col. 533-53fi.

L’unité est essentielle à l’Église, nonobstant la dispersion de ses membres dans le monde ; car la foi ne leur vient pas d’eux, mais elle leur a été donnée au nom de Jésus-Christ. Partout où ils se trouvent, les chrétiens du monde entier — et pas seulement les fidèles d’une même Église, comme celle de Corinthe — n’ont qu’un maître et doivent s’unir en ce seul maître. In I Cor., hom. i, n. 1, t. lxi, col. 13-14. Interprétant I Cor., xii, 12 sq., Chrysostome fait un magnifique commentaire de l’unité du corps mystique, symbolisée dans l’unité du corps humain :

Il en est de même du corps de Jésus-Christ qui n’est autre que l’Église. De même que la tête et le corps constituent un seul homme, de même le Christ et l’Église forment un seul tout… Comme notre corps est un, bien qu’il se compose de plusieurs parties diverses, ainsi nous sommes tous un dans l’Église. Elle se compose d’un grand nombre de membres, elle aussi, mais tous ses membres forment un seul corps… C’est le même Esprit qui nous a faits un seul corps et qui nous a régénérés ; celui-ci n’a pas été baptisé dans un Esprit et celui-là dans un autre. Ce n’est pas seulement l’auteur du baptême qui est un ; un encore est le but pour lequel nous fumes baptisés. Nous l’avons été, non pour former des corps différents, mais pour que nous gardions tous avec fidélité l’union qui fait de nous un seul corps. In 1 Cor., hom. xxx, n. I, t. lxi, col. 250-251. Voir également, sur ce thème général, la suite dans le texte et, de plus, hom. xxxi, n. 1, 4, col. 257-258, 262-264 ; In Eph., hom. x, n. 1, t.. lxii, col. 75-76.

L’unité de ce corps lui vient primordialement de son chef unique le Christ, principe d’unité sous six aspects différents : 1. Conformité de nature : « L’Église lui a paru plus digne d’amour que les cieux eux-mêmes, car, dans l’incarnation, il a pris, non un corps céleste, mais la chair de l’Église (le corps humain) ». Serm. untequam iret in exilium, 2, t. lii, col. 429 ; cf. In PhiL, hom. vii, 2, t. lxii, col. 231 ; In Col., hom.xii, 6, col. 389. Et, par là, le Christ a élevé l’Église jusqu’à lui : « Le Christ a pris mon corps pour que je reçoive en moi son Verbe ; s’unissant à ma chair, il me confère son Esprit. » In nativ. Christi, 2, t. lvi, col. 389. Cf. De Pentecoste, hom. i, 5, t. l, col. 461. L’Église devient ainsi conforme au Christ et, s’attachant à lui comme le corps à la tête, est remplie de sa divinité. In Col., hom. vi, 2, t. lxii, col. 339. — 2. Prééminence du Christ en raison de sa divinité, In I Cor., hom. xxvi, 2, t. lxi, col. 214, et de son humanité, qui l’a fait le nouvel Adam, chef de

tout le genre humain. In Col., hom. iii, 2 et 3^t. lxii, col. 320. Aussi le Christ Sauveur dirige toute son Église. In Eph., hom. iii, 2 et 3, t. lxii, col. 26 ; cf. In I Cor., hom. xxvi, 3, t. lxi, col. 215. — 3. Influx vital surnaturel : le Christ est la racine ; nous sommes les rameaux qui fleurissent sur lui. Ad illum. cal., il, 2, t. xlix, col. 233 ; In S. Rom. mart.. i, 3, t. L. col. (il 6 ; De ferendis reprehens. et de mutât, nominum. m, 4, t. li, col. 139 ; De cupt. Eulr., 8, ibid., col. 403,

— 4. Union aux membres et prolongement du Christ dans l’Église, In Eph., hom. iii, 2. t. lxii. col. 26 : In I Cor., hom. viii, 4, t. lxi, col. 72-73. Et cette union a son principe dans la divinité qui se communique par l’Esprit-Saint à tous les membres. In Eph., hom. xi, 3 et 4, t. lxii, col. 84-85 ; mais aussi dans l’humanité qui « récapitule » tout dans le Christ, hom., i, 4, t. lxii, col. 16. — 5. Communion mutuelle : la plénitude de la tête est le corps ; celle du corps est la tête. In Eph., hom. iii, 2, t. lxii, col. 26 ; l’une et l’autre se complétant pour former comme un nouveau Christ, Christ et Église unis. In Eph., hom. iii, 2 ; x, 3 ; In Col., hom. vi, 2 ; In I Cor., hom. xxx. 2, t. lxii. col. 26, 139, 339 ; t. lxi, col. 250. — 6. Mariage spirituel : la doctrine de Chrysostome présente ici des aspects successifs dont la synthèse ne manque pas d’une réelle beauté ; avant le Christ, l’Église est le genre humain pécheur ; de cette mère qui a forniqué avec le péché, Jésus n’a pas eu horreur de recevoir la nature humaine. Quales ducendæ sinl uxores, iii, 2, t. li, col. 227-228 ; In Matth., hom. iii, 4. t. lvii. col. 35. Mais, nouveau Booz, il aura pitié de cette très misérable Ruth et la prendra pour épouse en lui rendant, par son sacrifice sur la croix, une virginité immaculée. In Matth., hom. iii, 4 ; lxv, 2, t. lvii, col. 35-36, t. lviii, col. 619 ; In Col., hom. iii, 3, t. lxii, col. 320 ; In illud : Pater, si possibile est, 2, t. li, col. 34-35 ; In Eph., hom. xx, 1, 2, t. lxii, col. 136137. Spirituellement (en esprit), le Christ et l’Église ne font qu’un. Ibid., 4, col. 140. Les fruits de cette union sont admirables : de même qu’Eve est sortie du côté d’Adam, ainsi les chrétiens sont sortis du côté du Christ par l’eau (du baptême) et le sang (de l’eucharistie). Quales ducendæ sinl uxores, iii, 3, t. li, col. 229 ; In Joa., hom. lxxxv, 3, t. lix, col. 463 : TtàvTsç sv èa[izv inb tTjç TrXsupaç toû Xpicrroû : In Col., hom. vi, 4, t. lxii, col. 342-343.

De ce corps du Christ les membres sont, à proprement parler, les seuls chrétiens. In Eph., hom. x, 1, t. lxii, col. 75 ; In Rom., hom. iii, 4, t. lx, col. 416 ; In Col., hom. i, 1. t. lxii, col. 301 ; In I Cor., hom. xxvi, 2, t. lxi, col. 214, etc. Cf. S. Tromp, De corpore mystico et actione catholica ad mentem S. Joannis Chrysostomi. I. De Ecclesia Christi corpore, dans Gregorianum, t. xiii, 1932, p. 178 sq.

12. Saint Cyrille d’Alexandrie. — Ajoutons quelques notes brèves aux indications fournies sur l’ecclésiologie de Cyrille d’Alexandrie, t. iii, col. 2517-2518.

L’unité de l’Église est fréquemment affirmée : le temple unique de Jérusalem, l’unique tabernacle figurent l’unité de l’Église. In Lev., ii, P. G., t. lxix. col. 552 C. L’Église a pour chef le Christ. De adoratione in spiritu et veritate, xiii, t. lxviii. col. 815 A : le Christ en est le fondement et la base, lui, la pierre angulaire, In Is., t. IV, or. ii, t. lxx. col. 968 D ; cꝟ. 1. V (c. liv, ꝟ. 13). col. 1212 CD ; Ado. Xcslnriiim, t. V, v, t. lxxvi, col. 237 13. Elle est donc le bercail du Christ (un seul troupeau, un seul pasteur). In Gen., 1. VI. n. 4, t. lxix, col. 296 A ; cꝟ. t. IV, n. 11, col. 224 A ; In Is., 1. III (c. xxxiii, ꝟ. 15-17), t. lxx, col. 729 C. Elle est établie sur le roc de Pierre, à qui Dieu a promis d’être le fondement de son Église. Id., t. III, n. 3. col. 729 D ; cf. De Trinitate. dial. îv. t. lxxv. col. 865 BC ; In Matth., (c. xviii. v. 18),