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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.2.djvu/339

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    1. UNITE DE L’ÉGLISE##


UNITE DE L’ÉGLISE. THÉOLOGIE CATHOLIQUE

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les éléments juridiques et institutionnels qui fonl de l’Église une société parfaite, extérieure et visible, il ne faudrait cependant pas croire qu’il ait fait une concession excessive au protestantisme, pour qui toute l’unité de l’Église se résume dans la vie intérieure de l’Esprit. La Symbolique met toutes choses au point sur ce sujet et la deuxième partie de l’Unité dans l’Église montre que la force du Saint-Esprit agissant dans la communauté n’est pas exclusive de l’institution positive du Christ et de la hiérarchie divinement instituée : Mœhler, en effet, y insiste sur » l’unité dans l’évêque », « l’unité dans le métropolite », « l’unité dans l’épiscopat tout entier » et même « l’unité dans la primauté ». Son éditeur français, le P. Chaillet, fait simplement remarquer que Mœhler, fidèle à sa méthode historique, a su « respecter les silences et les lenteurs de l’histoire, sans s’être soustrait aux exigences du dogme ». Introduction, p. xxxi. Cf. L’Église est une, hommage à Mœhler, Paris, 1939, principalement : Le principe mystique de l’unité, par le R. P. Chaillet, p. 194 sq. ; L’organisation visible de l’unité, par le prof. Lôsch, p. 221 sq. ; La liberté et la diversité dans l’unité, par le R. P. de Montcheuil, p. 234 sq.

h) Hettingér et Dechamps. — La relation essentielle entre l’élément intérieur et l’élément extérieur de l’Église dans l’unité organique qui la caractérise, est mieux précisée par Fr. Hettingér, Apologie du christianisme, tr. fr., t. iv, c. xvii, Le christianisme et l’Église, p. 484-563. Le christianisme « s’est présenté comme une vie nouvelle dans laquelle l’homme doit entrer tout entier, comme un corps constitué qu’anime l’esprit du Christ, comme un royaume fermé dans lequel exclusivement abondent la lumière et la vie, hors duquel on est sous l’empire du mensonge et de la mort. Dans ce royaume le Seigneur a lui-même établi les pasteurs et les docteurs pour la sanctification des fidèles et l’édification de son corps mystique, et à ces pasteurs et docteurs les fidèles doivent respect et obéissance ». P. 495.

On consultera aussi avec profit le card. Dechamps, Entreliens sur la démonstration catholique, 3e et 4e entretiens, Malines, 1861.

L’évolution de la pensée protestante vers une sorte d’œcuménisme chrétien a provoqué chez les controversistes catholiques une attitude nouvelle. On en parlera dans la conclusion générale.

3. Les traités De Eccksia. -- L’unité de l’Église trouve une place naturelle dans les traités ou manuels De Ecclesia. Ces traités sont extrêmement nombreux et, dans une thèse récente, Les notes de l’Église dans l’apologétique catholique depuis la Réforme, Gembloux, 1937, M. G. Thils eu a fait une énumération presque exhaustive. Renvoyant à cette bibliographie, on se contentera ici de quelques indications d’ordre général avec références aux traités les plus connus.

La méthode généralement employée dans le De Ecclesia consiste à montrer que l’unité est une propriété conférée par Jésus à son Église. Voir Église, t. iv, col. 2128 sq. Sans doute, les apologistes recourent assez généralement à l’argument de raison pour prouver que l’unité doit appartenir à une société parfaite telle que l’Église ; néanmoins le fondement principal de leur démonstration est qu’il faut considérer l’Église telle que Jésus a voulu qu’elle fût. C’est là d’ailleurs la position préconisée par les théologiens du concile du Vatican dans le schéma qu’ils ont préparé suri’Église, c. il- v, voir plus loin col. 2225sq. Or l’Église doit être, de par l’institution du Christ, une et unique. Sans doute, le concept de cette unité n’est pas toujours déterminé avec précision (et l’on verra plus loin que le magistère lui-même est demeuré dans cette imprécision) ; néanmoins il gravite autour

de trois ou quatre idées qu’il est facile de retrouver dans l’Évangile : unité de gouvernement, unité de foi, unité de communion, unité de culte. L’unité de foi et de gouvernement est soulignée par tous sans exception ; l’unité de culte est ramenée par beaucoup à l’unité de foi, puisque le culte en est l’expression ; quant à l’unité de communion, un certain nombre de théologiens la sous-entendent en parlant de l’unité de gouvernement ; d’autres au contraire en parlent expressément et lui font une place à part. En réalité ces aspects divers de l’unité se compénètrent et se commandent mutuellement.

Nos théologiens établissent ensuite la mineure de leur argument : « Or, l’Église romaine possède seule l’unité », ou bien, ce qui revient au même « les autres confessions chrétiennes ne possèdent pas l’unité ». On dira plus loin pourquoi cette attitude trop absolue nuit à la bonne apologétique. Nous constatons simplement ici que tel fut ordinairement le procédé des apologistes.

Aux xviie et xviiie siècles, l’argument de l’unité est dirigé surtout contre les protestants. Contre de tels adversaires, la formule absolue a plus de raison d’être. Ce n’est qu’à partir de la fin du xviiie siècle que l’apologétique catholique commence à s’occuper des Églises orientales.

Tournély († 1716) qui chevauche sur la fin du xviie et le commencement du xviiie siècle, a donné une solide démonstration de la véritable Église par la note de l’unité dans son De Ecclesia Cliristi, q. ii, a. 2, dans Preeleclioncs theologicæ, Paris, 1726, t. i. La question est posée uniquement contre les novateurs luthériens et calvinistes, et surtout à propos de l’unité de foi.

Le traité de Régnier († 1790) inséré dans le Cursus de Migne, t. v, développe davantage l’argument de l’unité. C’est encore aux protestants seuls qu’il s’attaque. La doctrine des articles fondamentaux y est vigoureusement réfutée et, comme Tournély, Régnier s’attache à résoudre les objections formulées contre la primauté romaine.

Les théologiens de Wurtzbourg font appel aux notes pour démontrer la vérité de l’Église catholique ; mais, très particulièrement pour la note de l’unité, ils constatent la difficulté de l’argument envisagé sous certains aspects moins clairs. Theol. dogm., Paris, 1880, t. i, n. 101.

Signalons aussi un bon traité, sans nom d’auteur, De Ecclesia, Rome, 1782. Au c. ii, q. iii, après avoir visé les protestants (concl. 1), l’auteur attaque les confessions orientales séparées (concl. 2) et, tandis que l’argument de l’unité de foi est surtout invoqué contre les premiers, c’est à l’unité de communion et de gouvernement qu’il fait appel contre les seconds. Voir aussi Gotti, Vera Ecclesia Christi, c. i, Venise, 1750, et les Controversiæ de Libère de.Jésus, Venise, 1757.

Au xix 6 siècle, les traités De Ecclesia, à peu près dans le même cadre et avec les mêmes hésitations, reprennent l’argument de l’unité. Voir Perrone, Prælectiones, t. i, Rome, 1833 ; Albert a Bulsano (Knoll), lnst. theol. generalis, 2e édit., Turin, 1863 ; Murray (avec plus d’érudition et de critique), De Ecclesia, Dublin, 1860 ; Passaglia, De Ecclesia, Rome, 1853 ; Schrader, De imilate romana (1862). Quoique bien superficiel, Martinet présente, pour son époque, un certain intérêt dans sa controverse avec les protestants et les Orientaux, Institutiones theol., Paris, 1859, t. ii, t. VII, c. 11-14.

Depuis le concile du Vatican les traités De Ecclesia, tout en suivant le même sillage, se sont cependant perfectionnés, et l’argument des notes s’est généralement complété par celui de la transcendance de l’Église, proposé explicitement par le concile. Voir Propagation du chhistianisme, t. XIII, col. 693. Après Brugère, qui fut un initiateur, De Ecclesia Christi, Paris, 1873, où l’argument de l’unité tient compte plus complètement de la position luthérienne, calviniste et anglicane, mais assez peu des Églises orthodoxes, il faut citer Franzelin, De Ecclesia, œuvre posthume, incomplète, où l’argument de l’unité n’est qu’indirectement envisagé aux thèses xii-xiii, xviii, et surtout xxii. Dans sa Summa apologetica de Ecclesia, Ratisbonne, 1892, q. v, a. 2 et q. vi, De Oroot s’est montré trop didactique et peu conscient des nuances nécessaires. Zigliara, dans Propœdeutiea ad sacram theologiam, Rome, 1885 (t. IV, c. vii, § 2), n’a fait que rappeler la doctrine