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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.2.djvu/356

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UNIVERSITES L’EGLISE ET L’ETAT


c) À la /acuité de droit, ou de décret, le temps des études varia de sept à dix ans. A Paris, on exigeait pour les candidats au baccalauréat 60 mois d’assiduité aux cours (30 pour le Décret de Gratien et 30 pour les Décrétâtes. Le bachelier qui aspirait à la licence devait enseigner durant un temps variant de 36 à 40 mois. Le doctorat était rare, à Paris du moins, car le collège des décrétantes était une corporation d’accès difficile.

d) Médecine. — Les candidats au baccalauréat en médecine devaient justifier, à Paris, de la maîtrise èsarts et suivre 38 mois complets d’études répartis sur quatre ou cinq ans.

Quelles qu’aient pu être, dans les différentes universités, les déterminations apportées par les règlements particuliers et aussi par le concordat de 1516, le temps des études fut, dans la période qui suivit, notablement abrégé. Chaque université en prenait à son aise avec ses statuts. Et puis, il y avait des dispenses ; il y avait aussi des… abus. De sorte que, dès le début du xviie siècle, on pouvait souligner « ce dérèglement d’esprit qui est devenu presqu’universel, qui fait que chacun veut être gradué, sans être assujetti aux temps d’étude ». Et pourtant, à cette époque, les grades jouissaient encore d’une certaine considération, puisque, en droit, ils ouvraient l’accès à certaines dignités ou à certains bénéfices. Mais à partir du xviiie siècle, une opinion devient courante selon laquelle les gradués ne sont pas toujours les plus méritants ni les plus capables. De plus, des doutes s’élevaient au sujet de l’extension ou de la non-extension du privilège de la collation des grades dans les provinces nouvellement annexées. En fait, on inclinait vers la négative. Aussi les grades perdirent de plus en plus non seulement leur majesté, mais encore leur utilité. À la veille de la Révolution, on leur préférait le régime du concours pour les cures.

4° Les universités et l’Iù/lisc. — Les historiens sont unanimes à reconnaître que les universités doivent infiniment à l’Église et que la plupart des universités anciennes sont des fondations ecclésiastiques. « L’Université, note un historien protestant, est une confrérie composée presque exclusivement de clercs : maîtres et étudiants portent la tonsure ; ils constituent, dans leur ensemble, un organe de l’Église. Dire que la fondation des universités a été l’un des signes de l’émancipation de l’espril dans le domaine religieux et que le mouvement universitaire eut pour objet principal de remplacer, par des corporations pénétrées de l’esprit laïque, les écoles chrétiennes des chapitres et des abbayes, c’est commettre la plus lourde erreur. I es universités sont des associations ecclésiastiques organisées régulièrement. » A. Luchaire, L’/ société française au temps de Philippe-Auguste, 2e éd., Paris. 1908, p. 68. Cf. Langlois, dans Hist. gén., de Lavisse et l tambaud, t. ii, p. 550.

Mais, dans l’Église, c’est vers le Saint-Siège que, de bonne heure, se tournèrent les universités, pour se rattacher à lui aussi directement que possible et se soustraire de plus en plus à l’autorité épiscopale « ni royale. Il serait trop long d’énumérer ici les interventions pontificales dont bénéficia l’université de Paris, soit dans sa lutte contre les deux chanceliers. soit pour tirer profil des nombreux privilèges qui lui furent octroyés. C’est le pape qui règne sur l’uni versité >. a pu écrire l’historien protestant déjà cité. Le mot se vérifie au moins au berceau et dans les premières années de l’illustre corporation. Mais à partir du milieu du w siècle, un changement se des Sine dans le sens de la laïcisation. Ainsi le roi Chai les ll adjoint au cardinal légat. chargé de surveiller

l’enseignement et la discipline, un certain nombre de commissaires royaux. De plus, l’université passe pro gressivement sous l’influence du Parlement, qui est devenu une autre puissance. Autant d’indices d’une sécularisation qui s’achèvera sous Henri IV (1600).

La sollicitude pontificale que nous avons constatée à l’égard de l’université parisienne n’est pas exclusive, elle s’étend à l’ensemble des universités du Moyen Age, tant en France qu’à l’étranger. Au berceau de la plupart d’entre elles on trouve une bulle pour autoriser ou confirmer la fondation, pour organiser l’enseignement et régler la discipline. Ainsi, à Orléans, quatre bulles successives dotent d’un statut définitif la nouvelle université qui vient de s’y fonder ; elles sont signées de Clément V (1306), ancien élève du studium. C’est Urbain V (1323) qui accorde des privilèges à l’université d’Angers, tandis qu’à Cæn, Eugène IV crée deux universités, l’une pour les Français (1431), l’autre pour les Anglais (1437). C’est le cardinal Conrad, légat du Saint-Siège, qui, en 1220, donne les statuts à la faculté de médecine de Montpellier, tandis que Nicolas V lui donne sa constitution définitive en 1289. C’est le légat d’Honorius III, qui organise l’université de Toulouse, laquelle sera confirmée en 1245 par Innocent IV. A Avignon, l’université doit son institution à une bulle de Boniface VIII (1303), tandis qu’Alexandre V érigea celle d’Aix-en-Provence (1449). Dans les États du duc de Bourgogne, c’est une bulle de Martin V (1122) qui établit une université à Dole, etc. Et le même phénomène se répète, quoiqu’avec moins de richesse, dans les autres pays d’Europe. Il est peu d’universités dans l’acte de naissance desquelles on ne retrouve un document pontifical, ou du moins l’intervention d’un délégué du Saint-Siège.

Oscra-t-on maintenant faire grief à l’Église de cette protection accordée aux universités, comme on lui a reproché le patronage ou la mainmise sur les écoles inférieures ? On lui a reproché aussi d’avoir canalisé à son profil et accaparé pour les sciences religieuses l’activité intellectuelle du temps, llonorius III n’est-il pas allé jusqu’à interdire l’enseignement du droit civil à l’université de Paris (1219) ? Pour être juste, on notera que c’est à la demande du roi de France que fut portée cette interdiction. Philippe-Auguste en effet se trouvait en lutte avec l’empereur Othon de Brunswick, dont les prétentions à l’hégémonie ne différaient guère de celles de ses prédécesseurs. Le roi de France craignait que l’élude du droit romain à Paris n’apportât de nouveaux arguments a ses prétentions ; car le droit romain était considéré comme le droit du Saint-Empire et il y avait danger qu’Othon ne vint revendiquer des provinces ou territoires dans lesquels ce droit était appliqué. En dehors de Paris, par exemple à Orléans, à Toulouse, les papes encouragèrent et même organisèrent L’enseignement du droit civil. L’Église ne repousse ni ne méprise aucune activité de l’esprit, aucune branche du savoir, pourvu que le bien commun et les droits de Dieu soient sau vegardés. D’autres puissances n’eurent pas toujours la même discrétion ni le même respect.

5° Les universités >i l’État. Si. à l’origine, les universités font figure d’institutions ecclésiastiques, cl sont l’objet des sollicitudes de l’Église, il n’en est pas moins vrai que les rois et les princes rivalisèrent d’émulation avec les papes pour munir ces institution de droits et de faveurs. Nous disons émulation et non pas rivalité entre les deux pouvoirs, au moins an début. C’est ainsi que Philippe Auguste, tout en accordant a l’université de Paris ses premiers privilèges (12011) plaçait la corporation tout entière sous la

juridiction ecclésiastique. Cf. Chart. l’aris., c i. Et en 122 ! ». saint Louis ne fit que renouveler les privilèges Juridictionnels accordés en 1200. Cependant, a mesure qu’elle croissait en Importance