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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.2.djvu/382

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URBAIN IV


n. 18 399 (date incertaine, seconde moitié de 1262). Le départ de cette mission fut retardée. La Curie s’était alarmée des attaques dirigées par les forces impériales contre Guillaume de Villehardouin, prince d’Achaïe. À plusieurs reprises il fut question de prêcher la croisade contre les Grecs schismatiques. Ibid., n. 18 332 sq. Une lettre à saint Louis, dans le même sens, est du 5 juin 1262. Ibid., n. 18 350. À une nouvelle démarche de Paléologue, où sans doute il était demandé du secours à l’Occident, Urbain répondait le 28 juin 1263 : La mission pontificale, composée de trois frères mineurs, allait incessamment partir ; si le souverain revenait à l’Église romaine, ce ne serait pas seulement le concours des Génois que le pape lui procurerait, mais l’appui de tous les princes orthodoxes. Ibid., n. 18 605 : cf. n. 18 609 et 18 615 à Guillaume de Villehardouin. En fait l’ambassade d’Urbain IV ne partirait qu’en juin 1264. Ibid., n. 18 951 (22 juin 1264) ; le pape n’aurait pas la satisfaction d’en voir l’aboutissement. Contrariée par les intrigues de Charles d’Anjou, la politique d’union avec les Grecs n’aboutirait — et de quelle façon éphémère ! — que sous Grégoire X, au IIe concile de Lyon. Du moins Urbain IV en avait-il posé les principes.

La question d’Orient se compliquait de celle de la Terre sainte, où peu à peu s’effritaient les derniers restes des États chrétiens. Urbain IV, jadis patriarche de Jérusalem, où d’ailleurs il n’avait pu mettre le pied, ne pouvait se désintéresser du sort des dernières possessions latines. Nombre de ses bulles sont adressées aux collecteurs des décimes qui devaient financer une nouvelle expédition en Terre sainte ; cf. n. 18 351, 18 789. Il n’est pas jusqu’aux lointains évêques du nord de l’Europe qu’Urbain ne stimule ; il met sur le même pied le péril dont l’invasion mongole menace la Terre sainte et celui qui s’est abattu du fait de ces mêmes Mongols sur la chrétienté occidentale. La présence de ceux-ci dans l’Est de l’Europe le préoccupe singulièrement. Il voudrait empêcher toute collusion du roi de Hongrie, Bila, avec les conquérants. Potthast, n. 18 791 sq. ; n. 18 356 (9 juin 1262). Mais l’attention du pape était trop dispersée pour que rien d’efficace pût se produire. Outre la croisade d’outre-mer, bien d’autres expéditions étaient prévues au même moment. Les régions demeurées païennes dans le Nord de l’Europe préoccupaient la Curie. II est fréquemment question, comme au temps d’Innocent IV. de la croisade plus ou moins continue qui se menait en Prusse, en Livonie, en Courlande. Ibid., n. 18 537 et bien d’autres. Cette complète était a la charge des ordres militaires. De son côlé, le loi de Bohême, Oltokar, recevait mission de combattre Lithuaniens et Russes schismatiques <u nord. Ibid., n. 18 217 : 18 937. D’avance l’autorité pontificale lui concédait les territoires qu’il pourrait conquérir sur ses voisins ; il devrai ! néanmoins respecter les droits

que les chevaliers I eut (iniques s’étaient acquis en ces

régions. Les Coumanes qui occupaient une partie de la Hongrie étaient menacés eux aussi d’une croisade s’ils ne se convertissaient ou s’ils n’observaient pas Strictement les promesses de leur baptême.

N. ix 9711. Ces diverses entreprises, y compris l’expé

dition de Sicile, étaient expressément décorées du nom de croisade : des lors ceux qui y prenaient part étaient gratifiés des mêmes privilèges temporels et spirituels jadis réservés a ceux qui faisaient le grand pèlerinage (passagium) de Terre sainte. Ce n’était pas le meilleur moyen pour faire refluer sers le loin beau du Christ, les ressources financières et les lionnes

volontés.

Nous avons dit un mol des relations d’Urbain I avec saint Louis. Elles furent, dans l’ensemble, ext ré mement coidiales, encore que le roi de France ne fùl

pas toujours disposé à entrer dans toutes les vues de la Curie romaine. Avec Henri III d’Angleterre les rapports furent également bons. Sans doute relèvet-on de temps à autre quelques impatiences de la Curie. Elle proteste contre les exactions en Irlande de certains officiers royaux, contre des infractions au principe de l’immunité ecclésiastique, surtout contre les retards apportés au paiement des redevances dues au Saint-Siège. Ibid., n. 18 148, 18 149 (novembre 1261) ; n. 18 182 (décembre 1261). La politique d’Urbain en faveur de Charles d’Anjou, au détriment d’Edmond, fils du roi, à qui Alexandre IV avait fait des ouvertures, risquait bien de lui aliéner le souverain de l’Angleterre. On prit toutes les précautions pour faire accepter ce changement de front. Cf. ibid., n. 18 602 ; 18 603. D’ailleurs la « guerre des barons » allait obliger le roi à recourir aux bons offices du pape, comme il recourait à la médiation de saint Louis. Dès septembre 1263, Urbain avait encouragé le roi d’Angleterre à résister à la noblesse. Ibid., n. 18 662. En novembre de la même année des instructions très fermes étaient données au légat apostolique, Guy le Gros, cardinal-évêque de Sabine, le futur Clément IV ; si la rébellion des prélats et des barons contre le roi le rendait nécessaire, il ne devrait pas hésiter à prêcher contre eux la croisade. Ibid., n. 18 724. Peu après, le 23 janvier 1263, le roi de France rendait à Amiens la sentence arbitrale que les deux parties avaient sollicitée de lui. Cette sentence annulait les » provisions d’Oxford », comme ayant porté atteinte au droit et à l’honneur royal et causé beaucoup de trouble dans le royaume ; au reste, continuait saint Louis, le pape les avait déjà cassées (il s’agit d’Alexandre IV, cf. Potthast, n. 18 098). Cette « mise d’Amiens », le pape Urbain IV la prit entièrement à son compte, soit dans une lettre au roi Henri III, soit dans des missives adressées par l’intermédiaire de l’archevêque de Cantorbéry au clergé d’Angleterre et même à la chrétienté tout entière. Ibid., n. 18 831 (16 mars 1261). n. 18 832, 18 836, 18 838 sq. (même date). Ni la sentence arbitrale de saint Louis, ni la décision pontificale ne furent d’ailleurs acceptées par l’opposition anglaise. La guerre civile ne tarda pas à se déclencher ; Urbain IV n’en verrait pas la fin. Du moins avait-il joué, dans la circonstance, un rôle analogue à celui d’Innocent III lors des troubles qui valurent à l’Angleterre la Grande Charte. Voir l’art. Innocent III. I. vii, col. 1967.

En définitive, la Curie romaine continuait à s’inspirer des grandes traditions du début du siècle ; elle entendait bien ne pas s’occuper seulement des affaires strictement ecclésiastiques, mais dire son mol dans toutes les grandes questions politiques de l’époque. Il ne faudrait pas conclure que les premières fussent négligées au profit des secondes. Le registre d’Urbain IV témoigne assez de la multiplicité des affaires qui refluaient à la Curie et des initiatives que prit le pape en matière religieuse. Mentionnons au moins l’impulsion donnée à l’Inquisition, n. 18 253 sq., 18 122, etc., etc., les faveurs témoignées aux nouveaux ordres religieux, Carmel, n. 18 125 sq., ermites de Saint-Augustin, n. 18 181 ; l’approbation donnée aux chevaliers de Marie, qui venaient de se constituer à Bologne, 11. 18 195 (23 décembre 1261) : l’octroi de nombreuses indulgences, d’ailleurs seulement partielles. Signalons aussi la canonisation, le 19 février 1262, de saint Richard, évêque de Chichester, mais surtout, à la fio du pontificat, l’institution de la fête du Saint Sacrement. N. 18998 et 18999 (Il août 1261). De cette institution le pape prévenait, le 8 septembre suivant, une sainte recluse de Saint-Martin de Liège, qui avait

demandé la célébration d’une fête annuelle en l’hon neur du Corpus Christi, n. 19 016 ; le texte des deux