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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.2.djvu/434

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2397 UTRECHT (EGLISE D'). PREMIERS DEMELES AVEC ROME 2398

l'état et le progrès du jansénisme en Hollande, in-8°, La Haye, 1697. C'était l'œuvre du P. Doucin, S. J., qui était venu à La Haye, à l’occasion de la signature du traité de Ryswjck. Codde dénonça cet écrit comme un libelle infâme, « rempli de mensonges et de calomnies », et ses amis répondirent au jésuite par un écrit intitulé Refutatio prodroma libelli jamosi cui titulus Brève Memoriale… adornata a Vincentio Paleophilo, 1698. Mais on faisait remarquer que les auteurs de la Refutatio ne niaient aucun des faits reprochés aux jansénistes et avouaient indirectement les dogmes dénoncés.

Le pape nomma une commission de huit cardinaux pour les affaires de Hollande. Du Vaucel s’agita pour faire ajourner les réunions de cette commission. De Louvain, on envoya Hennebel, connu sous le nom de M. du Tel, pour combattre le Mémorial abrégé, mais du Vaucel, se plaint plusieurs fois de l’inaction d’Hennebel. Du Vaucel tenait l’archevêque de Sébaste (M. Gotefroi) au courant des nouvelles, tandis que le P. Quesnel, sous le pseudonyme de Dubois, publiait l'écrit intitulé La foi et l’innocence du clergé de Hollande défendues contre un libelle diffamatoire intitulé « Mémoire louchant le progrès du jansénisme en Hollande", in-8°, Delft, 1700. Cependant, la commission nommée par le pape décida, le 25 septembre 1699, de mander Codde à Rome et de lui substituer Théodore de Cock pour gouverner le diocèse. L’archevêque de Sébaste était invité à venir se justifier des attaques lancées contre lui. Après de longues hésitations, Codde partit à la fin de septembre 1700, au moment où Innocent XII mourait (27 septembre). Il arriva à Rome le Il décembre. Le cardinal Albani. rapporteur de la cause de l’archevêque de Sébaste et que du Vaucel regardait comme favorable à Codde, fut élu et prit le nom de Clément XI et il lui accorda une première audience le 20 décembre 1700. La congrégation des cardinaux se réunit le 17 mars 1701 ; les trois cardinaux désignés par Clément XI tinrent des réunions les 18 et 28 mars, 17 avril, 6 et 17 mai. Fabroni, le secrétaire, posa des questions précises qui embarrassèrent fort l’archevêque de Sébaste ; celui-ci, pour prévenir le mauvais elîel de ses réponses, fil imprimer une Déclaration au sujet de plusieurs questions qui intéressent soit lui-même, soit la mission de Hollande, 1701. l.e 2 juin, Fabroni remit à Codde les chefs d’accusation portes contre lui : Depuis de nombreuses années, il laissait enseigner publiquement les thèses suivantes : aucune ignorance, même invincible, n’excuse du péché ; Dieu n’avait pas la volonté réelle et sincère de sauver tous les hommes ; Jésus n’avait pas prié pour le salut de tous, mais seulement pour les prédestinés ; on ne pouvait pas résister à la grâce intérieure ; les pécheurs manquaient de la grâce suffisante pour se convertir ; les justes eux-mêmes n’avaient pas toujours la grâce nécessaire pour observer les préceptes. On proposait la lecture de l'Écriture sainte comme une pratique obligatoire pour tous ; on parlait avec dérision du culte de la sainte Vierge et îles saints ; on introduisait, dans l’administration des sacrements, des usages nouveaux contraires à la tradition, avec une rigueur excessive, qui provoquait les plaintes des fidèles. On imprimait et on vendait les Livres saints en langue vulgaire, des catéchismes et des livres de piété et de controverse, remplis de doctrines condamnées par l'Église. Et tout cela était connu du vicaire apostolique, qui, loin de s’y opposer et d’y porter remède, tolérait et encourageait même ceux qui répandaient ces doctrines. On demandait

à Codde d’expliquer sa coupable indulgence pour

l’erreur et la prédilection qu’il manifestait pour les chefs de la nouvelle secte et notamment pour Arnauld, dont il avait osé, dans sa Réponse au Mémorial abrégé,

faire un éloge, aussi outré que peu mérité. Avec l’aide de du Vaucel et les conseils du P. Quesnel, Codde travailla aussitôt à rédiger sa réponse qui fut imprimée en novembre 1701, sous le titre Responsiones archiep. Sebasl. in Jielgio fœderato vicarii apostolici ad scriptum varia accusationum capita conlinens jussu eminenlissimorum deputatorum ei tradilum, Rome 1701, et il remit son écrit au pape le 14 novembre 1701.

A cette époque arriva à Rome une nouvelle qui hâta la condamnation de Codde. Une vingtaine d’ecclésiastiques, émus de ce qui se passait en Hollande, avaient demandé qu’on exigeât, comme dans les pays catholiques, la signature du Formulaire d’Alexandre VII. Plus de trois cents ecclésiastiques protestèrent contre cette demande et firent, en même temps, un éloge pompeux de l’administration de l’archevêque de Sébaste. Celui-ci, d’ailleurs, protesta également et déclara que la signature du Formulaire en Hollande était inutile, dangereuse et même impossible. Ces faits mettaient en relief la mentalité du clergé. Rome décida d’exiger la signature du Formulaire. L’archevêque de Sébaste, sur les conseils de Quesnel, refusa de signer ; ce refus montra les sentiments de l’archevêque. Clément XI le déclara « suspens de tout exercice et administration du vicariat apostolique et de tous les privilèges, facultés et induits qui lui avaient été accordés en cette qualité ». En même temps, le 13 mai 1702, il nommait Théodore de Cock provicaire apostolique.

A la même date, le pape abolit les derniers vestiges des chapitres de Haarlem et d’Utrecht. Le premier se soumit et, en fait, ne parut plus dans les élections. Mais le chapitre d’Utrecht refusa de se séparer et c’est lui qui désormais va sans cesse intervenir pour élire des vicaires généraux et des archevêques, (/est une organisation toute démocratique, mais dépourvue de toute vitalité ; elle n’a pas d'évêque pour ordonner les prêtres, et les prêtres, pour administrer les sacrements, sont de moins en moins nombreux. Dès 1716. le chapitre fait appel à fies évêques étrangers pour ordonner des prêtres, jusqu’au moment où un évêque missionnaire, Varlet, résidant en Hollande, se chargea de sacrer les évêques élus et d’ordonner les prêtres désignés par le chapitre.

En partant pour Rome, Codde avait désigné quatre provicaires, parmi lesquels son ami, van Heussen. C’est à lui que se présenta Théodore de Cock, nommé par Rome. Aussitôt le clergé d’Utrecht se réunit pour aviser aux moyens de défendre la cause de l’archevêque de Sébaste. Malgré les démarches de l’internonce de Bruxelles, Bussi, les chefs principaux du clergé refusèrent de reconnaître le provicaire désigné par Home ; ils agirent auprès des magistrats et des États de Hollande, qui, par un décret du 17 août 1702. interdirent à de Cock tout exercice de juridiction, annulèrent tous les actes déjà poses par lui et défendirent de le reconnaître comme provicaire apostolique ; l’entrée des Provinces était interdite à tous les réguliers sans distinction. Aussitôt, les correspondants jansénistes exultent de joie et expriment l’espoir que Home effrayée reviendra sur ses déciSfens. Mais la lettre du cardinal Pauluccl a Martin de Swacn et à ses confrères, 2 décembre 1702, les détrompa au sujet des intentions bien arrêtées de Clément XI.

Quesnel, l’oracle du parti, fut consulté sur les difficultés du moment, 8 janvier 1703. Il rédigea alors un écrit qui ne parut qu’après sa mort, pour montrer les droits du chapitre d’Utrecht : Justification du droit des chapitre » dis Provinces Unies dans le gouvernement de celle Eglise, arec une addition sur l' injustice de la déposition de feu M. l’ardu péi/iie de Si’basle, s. I., 1720. Le pape. disait il. n’est point l'évêque universel et il ne sain. ni exercer, (huis les autres diocèses.