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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.2.djvu/438

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UTRECHT (ÉGLISE D'). LE SCHISME CONSOMMÉ


n’avait reçu aucune réponse. Il suppliait qu’on eût pitié de l'Église de Hollande, privée d'évêque depuis vingt-cinq ans. Le même jour, il écrivait au pape et le suppliait de le rendre à son diocèse.

De son côté, Steenoven écrivit à Benoît XIII et un Manifeste ou Déclaration publique fut adressé à toute l'Église pour lui faire part des principes qui avaient inspiré sa conduite ; en même temps, l’archevêque, de concert avec son clergé, publiait un Acte d’appel confirmatif de l’appel du 9 mai 1719. Cet acte, daté du 23 novembre 1724, fut confirmé le 20 mars 1725. A la même époque, l’archevêque reçut les félicitations des évêques de Montpellier, Auxerre, Bayeux, Màcon, Pamiers, Bodez et de quelques autres.

Mais par le bref Qui solliciludini (23 février 1725), Benoît XIII déclarait « nulle et de nul effet l'élection de Steenoven, son sacre illégitime et sacrilège ». L’archevêque était déclaré suspens de toutes les fonctions de l’ordre qu’il avait usurpé et il lui était expressément défendu de conférer aucune charge d'âmes et d’administrer les sacrements, sous peine d’excommunication encourue ipso facto ; défense était faite aux fidèles de le reconnaître comme leur archevêque et de recevoir de lui les sacrements. À partir de cette date, jusqu’en 1853, il n’y eut plus à Utrecht d’archevêque en communion avec Borne.

Le bref du 23 février 1725, qui était adressé aux catholiques des Provinces-Unies, fut vivement attaqué en particulier par Van Espen ; dans sa Réponse à la Dissertation d’Hennann Dasmen, il s’efforce de montrer que le sacre de Steenoven était non seulement valide, mais licite et légitime. Pierre-Laurent Verhulst, professeur de théologie au séminaire d’Amersfoort, attaqua également le bref dans un écrit intitulé De consecratione archiepiscopi l’Itrajectensis, 1726. Les thèses de Paul Hoynck van Papendrecht, chanoine de la cathédrale de Malincs, exposées dans Hisloria ecclesiæ V Itrajeetensis a tem/iore mutatse reliqionis, in-fol. 1725, furent attaquées par van Erckel et surtout par Broedersen dans son Tractatus historiens, in-4', 1729, dans lequel ce chanoine d’Utrecht entreprit de prouver l’existence et les droits du chapitre dont il faisait partie.

Dès le mois de février, Steenoven commença d’exercer ses fonctions épiscopales ; le 1f> février, il écrivit une lettre circulaire aux évêques de la catholicité pour justifier sa conduite et protester de sa soumission au pape ; cependant, le 30 mars, il publiait un appel du bref du pape ; il mourut quelques jours après, le 3 avril 1725.

Les jansénistes disent que les nonces du pape et le pape lui-même firent pression sur les puissances catholiques pour qu’elles engageassent les États de Hollande à empêcher le chapitre d’Utrecht d'élire un nouvel archevêque ; ainsi la République de Venise aurait écrit, le 31 mars 1725 ; le chapitre d’Utrecht répondit au doge pour justifier ses droits. D’ailleurs, des le lendemain de la mort de Steenoven, le chapitre avait nommé deux vicaires généraux Gilbetl van Dyck et Corneille Jean Barchman el, le 15 mai 1725, il élut ce dernier comme archevêque, malgré l’opposition du clergé de Haarlem. Barchman avail fait ses éludes (liez les oi’atoricns de Saint-Magloire el avail reçu les ordres des mains de Soanen, en 1718. L'élu écrivit au pape et lui envoya sa profession de foi. en lui demandant de confirmer son élection et de lui accorder la dispense du canon de Nicée, afin qu’il

pûl 'Ire sacré par un seul évèquc.

Le 23 août, Benoit XIII répondit par un nouveau

bref qui condamnait encore une fois l'élection de SleeROVen et celle de liarchman, auquel il interdisait toute Fonction épiscopale. Cependant le parti s’agilaii de plus m plus. Van Espen publiait une Réponse

épistolaire qui avançait des doctrines subversives et attaquait violemment le bref du 23 février 1725 et d’autres écrits émanés du Saint-Siège. Les jansénistes cependant préparent le sacre ; on s’adresse aux évêques d’Anvers, de Buremonde, de Saint-Omer, qui se récusent. Ce fut encore l'évêque de Babylone qui fit le sacre de Barchman, le 30 septembre, à La Haye, avec les mêmes chanoines qui l’avaient assisté pour le sacre de Steenoven. Le 5 octobre, Barchman fit part de son sacre à Benoît XIII et lui demanda de rendre la paix à son Église. Le pape répondit, le 6 décembre, par un bref qui déclarait excommuniés et schismatiques le nouvel archevêque, son chapitre, et tous ceux qui avaient pris part à son sacre. Barchman reçut par contre les félicitations des évêques de Senez, Auxerre, Montpellier et Bayeux et d’autres encore qui, dit Dupac, n’osèrent pas lui écrire : un ami envoya, au mois d’octobre, une liste de plus de trente évêques de France et des lettres de nombreux ecclésiastiques venant de plusieurs diocèses, en particulier de Paris et de Nantes.

Barchman publia plusieurs mandements qui le rendirent célèbre parmi les appelants ; l’un, en date du 30 décembre 1725, adressé à tous les archiprêtres, curés, prêtres et catholiques, tant de l’archevêché d’Utrecht que des évêchés suffragants, exhorte à éviter le schisme et à conserver la paix. Pour se mettre à couvert des censures, Barchman fit appel au concile général, le 5 mars 1726 ; le chapitre adhéra à cet appel que l’archevêque communiqua aux fidèles par un mandement du 21 mars 1726.

Le 1 er août 1726, l'évêque de Babylone publia une Seconde plainte à l'Église catholique au sujet de trois écrits répandus sous le titre de brefs de N. S. P. le pape Benoit XIII, l’un du 23 février, le second du 23 août et le dernier du fi décembre 1725. Il voulait défendre la cause de l'Église, en défendant la cause des évêques. Les écrits qu’on avait fait paraître contre lui ne mériteraient pas de réponse ; mais, comme on avait voulu employer l’autorité du Saint-Siège, en publiant des brefs qui paraissaient supposés, il devait se justifier encore une fois, en rééditant ses écrits des 23 janvier et 23 mars 1723 et sa protestation du 15 mars 1725. D’ailleurs les trois brefs en question n’avaient aucune valeur, car ils n’avaient été ni signifiés, ni publiés régulièrement. Celui qui avait rédigé le bref du 23 février ignorait l'étal de l'Église de Hollande. et le bref en lui-même renfermait de nombreux chefs d’abus. Dans un long Mémoire, Yarlet s’efforçait encore de montrer la régularité de l'élection. D’ailleurs, finissait-il par dire, la nécessité est au-dessus de la loi. Comme l'élection était régulière, le défaut de confirmation par Rome ne saurait faire obstacle à la cérémonie du sacre, laquelle a été conforme aux canons. Le bref du (i décembre 1725 était particulièrement abusif, car il traitait injustement de schismatiques ceux qui avaient pris part au sacre ou étaient restés attachés à l’archevêque d’Utrecht. À vrai dire, la plainte de Varlet n’avait plus alors qu’une valeur rétrospective, puisque l’archevêque était mort le 3 avril 1725. mais le plaidoyer visait à justifier le sacre de celui que le chapitre avail élu pour remplacer Steenoven.

liarchman fui liés actif. Hors de son diocèse, il travailla à l’union des Églises de Russie avec l'Église catholique. Quelques docteurs de Sorbonne, en par ticulier Boursier, avaient pris l’initiative de cette réunion en 1717 ; le lLar Pierre le Grand s’y intéressa cl Barchman reçut la profession de loi de la princesse Galitzin. Le Il juin 1727, Jubé, le fameux curé d’As nières, qui, dans sa paroisse, avait apporté des Inno vations liturgiques et avait dû, pour ce fait, se réfu gier en Hollande, voulait se consacrer à l'œuvre de