Aller au contenu

Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.2.djvu/454

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
2437
2
UT REÇUT (ÉGLISE D'). SITUATION ACTUELLE
438

des villes de Juda et pourtant de toi sortira le salut. »

Après l’hommage rendu à la petite Église d’Utrecht, à la réunion de Munich en 1871, les liens se resserrèrent à Cologne en 1872 et aux trois conférences de Bonn en 1873, 1874 et 1875, où se trouvèrent réunis des membres de l'Église anglicane et des délégués des orthodoxes de Grèce, de Russie, des principautés des Balkans et de Constantinople, avec des anciens-catholiques d’Allemagne, de Suisse et de Hollande ; enfin des relations encore plus étroites s'établirent par les Congrès internationaux.

Dôllinger avait déjà tracé le programme de ces assemblées dans la lettre qu’il écrivit le 18 octobre 1871 au curé Wiedmann : « La communauté des vieuxcatholiques a une triple mission : 1° en présence des doctrines nouvelles et erronées de l’omnipotence et de l’infaillibilité du pape, elle doit protester constamment contre l’arbitraire employé par Fie IX pour la fabrication d’un nouvel article de foi ; 2° elle doit préparer peu à peu une Église purifiée des illusions et des superstitions et plus conforme à l’ancienne doctrine catholique ; 3° sa mission essentielle est de servir d’intermédiaire à une réconciliation des chrétiens et des Églises actuellement séparées. » Dans cette œuvre de restauration et de réunion, il ne faut pas compter sur Rome, car « cette grande communauté papiste a une seule force motrice restée debout, en face de laquelle tout le reste : épiscopat, cardinaux, ordres religieux, écoles, etc., demeure passif ; c’est l’ordre des jésuites, qui domine tout, et les jésuites, c’est la superstition faite chair et le despotisme » ; d’autre pari, voilà saint Liguori placé parmi les docteurs de l'Église, et cet homme « a enseigné une fausse morale, une mariolâtrie perverse, et il fait usage des fables et des falsifications les plus grossières », Dôllinger, Lettres et déclarations au sujet des décrets du Vatican, traduction, Paris, 1893, in-12, p. 205-208.

L'Église d’Utrecht était favorable à ce programme, et pour gagner des adeptes, elle allait faire des démarches et des concessions, mais il paraît bien qu’elle n’avait pas la sève qui eût été nécessaire pour donner et faire croître la vie. Les congrès internationaux n’eurent aucun résultat appréciable pour l’union des Églises, sous la direction de l'Église d’Utrecht ; nous allons le voir pour les différentes Églises.

1° L'Église gallicane. — L’ex-Père Hyacinthe Loyson avait fondé, en 1873, la paroisse gallicane à Genève ; mais son éloquence enflammée n’avait pas suffi pour la faire vivre ; il en laissa la direction a ses amis et entreprit des voyages pour lui gagner des adeptes ; il se rendit en Hollande, puis il vint a Paris où il créa une paroisse et, à plusieurs reprises, il essaya de rattacher celle paroisse à l'Église d’Utrecht. Au congrès de Lucerne, il eut une entrevue avec l’archevêque Gui et, le 3 mars 1893, il lui écrivit pour lui demander de prendre ! < gouvernement de cette paroisse, en vertu du droit de dévolu ! ion, dont les archevêques d’I 'trecht avaient souvent use. (, e droit permet à un évêque de l’occuper d’un troupeau dont l'évêque ordinaire se désintéresse. Dans un écrit anonyme, intitulé : Justification de l’appel des anciens-catholiques contre les hérésies ultramontaines, Paris, 1894, in-8°, l’auteur

appuie Ce droit de dévolution sur les principes posés par les canonistes chers aux anciens catholiques : Van Bspen, Hedderich, Febronius : potest episcopus, urgente necessttale, aliénas Ecclesia curam usurpare, imo débet. L’archevêque Heykamp, dans mie réunion des anciens-catholiques, en 1890, promit de donner les secours spirituels aux catholiques de France ; son

sseui. d’accord avec toute l'Église de Hollande.

réalisa celle promesse. C’est pourquoi Gui, en réponse a la demande de l.nvson. envoya ses délégués a Paris.

Ceux <i arrivèrent le i avril 1893 et ils rédigèrent un

rapport favorable, concluant à l’acceptation de la paroisse, après entente avec Volet, vicaire de Loyson. L’archevêque désigna van Thiel, alors président du séminaire d’Amersfoort, comme vicaire épiscopal. Celui-ci vint à Paris le 18 mai et constata que le nombre des fidèles variait de 60 à 80 ; une vingtaine d’enfants assistaient au catéchisme et la paroisse comprenait environ 100 familles et à peu près 300 personnes ; en même temps, il prit quelques décisions ; il maintint le culte en langue vulgaire et la communion sous les deux espèces et il souhaita que le célibat des prêtres fût vraiment volontaire. Dans le compte rendu qu’il fit de sa visite, Thiel ajouta : « Pour le présent et dans les conditions actuelles de la France, nous sommes convaincus que ce serait détruire notre œuvre que de permettre le mariage des prêtres. » Rev. intern., t. i, 1893, p. 453-4IU.

En 1903, l'Église d’Utrecht tenta un accord avec la Petite-Église de France, qui avait alors à sa tête un vénérable vieillard, M. Thermoz, ardent partisan de la réunion des anticoncordat aires avec l'Église gallicane, laquelle était placée sous la juridiction de l’archevêque d’Utrecht. Le 24 juin 1903, il prit la parole à l’issue de l’office de la paroisse gallicane de Paris, devant l’archevêque Gui et le docteur van Thiel, pour présenter un rapport sur l'étal de la Petite-Église : il ressort d’un récent voyage fait par lui à Lyon et en Vendée que 200 anticoncordataires à Lyon et plus de 3 009 en Vendée sont enclins à se rallier aux anciens-catholiques. De son côté, le curé de la paroisse, M. Volet, travailla à réaliser cette union après le voyage de van Thiel dans l’Isère, Rev. intern. t.xii, 1904, p. 94-103 ; mais il semble que les démarches n’eurent pas de suite.

Bientôt, la crise provoquée par le modernisme, au sein de l'Église de France, fit naître de nouveaux espoirs parmi les anciens-catholiques de Hollande. En de nombreux articles de la Revue internationale de théologie en 1903-190 1. le professeur Michaud étudie avec une grande sympathie les ouvrages de Loisy et de Tunnel ; il estime que les doctrines nouvelles évoluent dans un sens favorable à l’ancien-catholicisme : le modernisme doit aboutir à la doctrine ancienne-catholique. Rev. intern.. t. XII, 1904, p. 69171 (1. Le succès ne vint pas couronner ces espoirs et Michaud explique cet insuccès momentané : « 11 faudrait des ell’orts de bonne volonté et de conscience, une conviction éclairée, une loi militante ; actuellement, dit-il, on dort, on rêve, on se complaît dans cette torpeur et cette divagation. Arrière la logique, la raison, place à la frivolité séduisante, à l’engourdissement de l'âme, à l’absence d’effort. » Ibid.. t. xviii, 1910, p. 50-68. La publication de l’encyclique Pascendi (7 septembre 1901) ouvril les yeux, et Michaud écrit : - Pour nous qui travaillons à la destruction de la papauté actuelle, nous ne pouvons qu’applaudir a de tels actes, qui frappent en plein cour ceux qui le commet lent. Fuisse le bon Pie X vivre longtemps encore et nous gralihcr de nombreuses encycliques de ce calibre…

2° Église orthodoxe russe. Les relations de l'Église

russe avec les anciens catholiques remontent à 1871. au lendemain du concile du Vatican. Leur accord est complet contre le concile, parce que le témoignage des évêques qui y furent présents n’a pas les caractères requis : les évêques sont les témoins de la foi

des fidèles ; or. la plupart des évêques de la majorité au concile n'étalent pas a la tête d’un diocèse : des lors, leur témoignage est sans valeur et c’est à tort que les évêques de la minorité ont cédé. Par ailleurs.

le théologiens russes reconnaissent la hiérarchie des

anciens cal lioliqucs comme parfaitement régulière. Le général Alexandre Kirielï, durant de nombreuses