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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.2.djvu/466

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VACANT (ALFRED) — VAGUS

néanmoins, la rédaction des premiers articles de théologie sur lesquels le grand public jugerait de ce que serait le Dictionnaire. La correspondance avec les éditeurs donna à l’abbé Vacant l’occasion de préciser au moins mal les principes suivant lesquels se développerait le Dictionnaire. C’est à elle que nous avons emprunté les développements ci-dessus relatifs aux diverses matières à faire entrer dans la publication. Cette énumération ne laissait pas d’effrayer un peu la prudence des éditeurs. Ils se demandaient si les dimensions du répertoire projeté ne dépasseraient pas, et de beaucoup, les limites qu’ils essayaient de se fixer et que, dans les prospectus destinés au grand public, on avait indiquées comme un maximum à ne pas dépasser. Le Dictionnaire de la Bible semblait devoir requérir cinq gros volumes de 2500 à 3000 colonnes ; ils auraient bien voulu ne pas dépasser très sensiblement ce chiffre pour la nouvelle publication, mais le plan même que l’abbé Vacant mettait sur pied ne contraindrait-il pas à donner à l’œuvre une ampleur beaucoup plus considérable ? Les éditeurs se sont bien rendu compte, dès le début, que la réalisation des idées du directeur les entraînerait à donner au Dictionnaire de théologie catholique des dimensions qui risquaient d’en rendre l’acquisition difficile à l’ensemble des ecclésiastiques. De sérieuses discussions s’engagèrent entre eux et A. Vacant, qui n’entendait sacrifier ni des parties importantes de son plan, ni la manière abondante avec laquelle seraient traitées les questions de théologie historique. L’apparition des tout premiers fascicules où se trouvaient développés avec quelque ampleur d’importants problèmes d’histoire augmenta leurs appréhensions. A. Vacant ne voulut rien céder ; il avait raison sans doute, mais c’étaient les éditeurs qui, somme toute, voyaient juste quand ils redoutaient les dimensions qu’atteindrait finalement l’œuvre. Elle serait triple de ce que l’on avait envisage précédemment ! Était-ce un mal d’ailleurs ? Telle qu’elle achève de se réaliser en ce moment la grande encyclopédie théologique ne dépasse pas très sensiblement les limites où s’est enfermée la Realencyclopädie protestante.

Nous insisterons moins sur le recrutement des collaborateurs de la première heure qui fut aussi une des grosses préoccupations d’A. Vacant. Il suffit de se reporter à la table des collaborateurs du t. ier pour se rendre compte du choix des ouvriers de la première heure. Ils viennent de tous les points de l’horizon théologique ; les divers ordres religieux y sont représentés tout comme le clergé séculier, les diverses facultés théologiques de France tout comme les bons séminaires et quelques grands scolasticats établis à l’étranger. Au début les éditeurs insistaient pour que fût demandée la collaboration de quelques théologiens romains. Les quelques-uns qui furent sollicités se récusèrent, entre autres le P. Billot, qui était alors la grande lumière du Collège romain. Les bollandistes eux aussi déclinèrent l’offre, mais en exprimant toute leur sympathie ; aussi bien les matières proprement dites du Dictionnaire n’entraient pas dans le domaine de leur compétence. Le cardinal Mercier, après avoir donné une adhésion de principe, se récusa pour des motifs analogues : philosophe avant tout, il craignait de s’égarer dans les questions strictement théologiques. L’ensemble de cette correspondance avec les divers collaborateurs est du plus vif intérêt. Elle montre d’abord l’accord à peu près unanime avec lequel les milieux ecclésiastiques français saluèrent l’apparition d’un instrument de travail qui fût vraiment de chez nous, la docilité avec laquelle fut acceptée la direction de l’abbé Vacant, la minutie avec laquelle celui-ci s’intéressait à la composition des articles demandés. la sagesse des directives qu’il imprimait, la fermeté avec laquelle il s’efforçait de maintenir chacun des travailleurs dans le sens exact qui lui avait été d’abord tracé.

C’est en ces travaux préparatoires que se passèrent l’année 1898 et la première moitié de 1899. Le premier fascicule parut enfin aux derniers jours de juin de cette même année. Plusieurs articles de théologie scripturaire, Aaron, Abel, Abraham, étaient signés de E. Mangenot ; P. Batiffol avait rédigé l’art. Abercius ; les divers aspects de l’Absolution des péchés étaient étudiés par E. Vacandard et par A. Vacant lui-même, qui avait essayé, sans d’ailleurs y parvenir complètement, de débrouiller la question si complexe des effets de l’absolution chez les scolastiques. Cette série d’articles sur l’absolution donnait la note propre du dictionnaire. Elle fut très remarquée et l’accueil fait à la nouvelle publication soit en France, soit à l’étranger, s’en ressentit. Il fut chaleureux en beaucoup de milieux, dans l’ensemble au moins sympathique. Cette bonne impression se confirma à l’apparition du fascicule 2, aux premiers jours de 1900. Celui-ci contenait entre autres un long article sur l’Adultère et le lien du mariage dont la plus grande partie était due à A. Vacant et qui tirait au clair la question, si débattue entre l’Église romaine et l’Église grecque (suivie par les protestants), de l’effet de l’adultère sur le mariage. La question, A. Vacant le reconnaissait, aurait pu être traitée sous un autre vocable, par exemple au mot Divorce ou à Indissolubilité du mariage. Il avait tenu à la traiter dès le début du Dictionnaire pour donner un spécimen de ce que l’on entendait réaliser, au point de vue de l’histoire des doctrines dans la nouvelle publication. En fait la partie rédigée par A. Vacant est un modèle de travail consciencieux, où rien n’est sacrifié au désir de faire triompher une thèse aux dépens de l’autre. Cet article, l’un des derniers rédigés par lui, donne la mesure de la compréhension exacte à laquelle il était arrivé des devoirs et des droits de la théologie historique. Moins fortement documenté et surtout trop en l’air l’art. Agnoètes qui parut au fasc. 3 (septembre 1900) ; l’art. Alexandre de Halès, au même fascicule, exigeait une compétence très spéciale que l’auteur ne pouvait improviser. Rien de particulier à signaler au point de vue qui nous occupe dans les fascicules 4 (novembre 1900) et 5 (mars 1901), sauf en ce dernier une série d’articles sur L’histoire de l’angélologie qui sont d’une belle facture.

Ce devait être la dernière contribution d’A. Vacant au Dictionnaire. Quelques jours après l’apparition de ce fascicule 5, qui se terminait sur le vocable Animation, Dieu l’appelait à recevoir la récompense du travail acharné qu’il avait fourni toute sa vie au service de la vérité catholique. Passé sous la direction d’E. Mangenot (voir son article), un des premiers élèves et des premiers collaborateurs d’A. Vacant, le Dictionnaire a persévéré depuis, et aussi après la mort de son second directeur, dans les principes qu’avait posés son fondateur. Si les circonstances surtout politiques — deux longues guerres en particulier ! — ne lui ont pas permis d’atteindre encore la fin, la publication espère, toujours fidèle à l’esprit du fondateur, mettre enfin le point final à l’œuvre que A. Vacant élaborait voici bien près de cinquante ans.

É. Amann.

VAGABOND (Vagus). — I. Le noms. — Le droit actuel de l’Église fait usage de ce terme et lui donne deux significations différentes selon qu’il s’applique aux simples baptisés, can. 91. ou aux clercs, can. III.

1° Au sens du canon 91, est considéré comme vagus celui qui n’a ni domicile ni quasi domicile soit dans