Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.2.djvu/521

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

257d

    1. VATICAN (CONC##


VATICAN (CONC. DU). DERNIERS DÉBATS

< :.7->

soulevée par les Orientaux et résolue en des sens divers. Tandis que certains déclaraient que le projet rallierait d’enthousiasme les uniates et même les schismatiques, ainsLMgr Behnam Benni, de Mossoul (67e s., 9 juin), d’autres, tel le patriarche melchite d’Antioche, Mgr lussef, demandaient instamment que l’on confirmât la constitution patriarcale des Églises d’Orient (71e s., 14 juin). La définition de l’autorité pontificale comme ordinaire, immédiate, épiscopale, lui semblait inutile et contraire à la réunion des dissidents ; il fut appuyé par deux Roumains unis. La 71e séance (14 juin) épuisa le débat, où le dernier mot fut dit par Mgr Freppel. On allait pouvoir passer à la discussion du c. iv.

Mais il restait à la commission à délibérer sur les nombreux amendements qui avaient été proposés au c. m. Texte de ces amendements dans M.-P., t. LU, col. 1080-1099. Après cinq réunions de ladite commission, l’évêque de Trévise, Mgr Zinelli, vint présenter le rapport à la 83e séance générale (5 juillet). Ibid., col. 1100-1117. Ce lui fut l’occasion de discuter le sens des qualificatifs « épiscopale, ordinaire, immédiate ». Le qualificatif « épiscopale » veut dire que, dans n’importe quel diocèse, le pape a tous les pouvoirs que possède l’évêque ; ce pouvoir est « ordinaire », c’est-à-dire qu’il n’est pas délégué ; « immédiat » enfin, c’est-à-dire qu’il ne réclame l’entremise d’aucun intermédiaire. Le rapporteur, d’ailleurs, n’expliquait pas comment tout ceci pouvait se concilier avec l’exercice normal de la juridiction épiscopale. Par contre, il ne laissait pas d’aborder le problème, si àprement discuté à Trente, de l’origine du pouvoir des évêques ; mais c’était pour déclarer que le concile ne tranchait pas la question de savoir si les évêques tiennent leur pouvoir immédiatement de Dieu ou par l’intermédiaire du pape. Le concile ne statuait que sur l’exercice du pouvoir et déclarait simplement que le pape pouvait exercer sa puissance sur chacun des diocèses d’une façon immédiate. Le rapporteur s’exprima également sur l’amendement relatif au canon, qui dans le projet primitif terminait le c. m. Mais au lieu d’accepter purement et simplement le texte proposé — il était de Mgr Regnault (Chartres)

— qui avait le mérite de la simplicité, la commission avait élaboré un texte (c’est l’actuel) dont il était difficile de saisir, à la simple audition, toute la teneur. Aussi quand on en vint aux votes sur chacun des amendements, l’assemblée accepta-t-elle dans l’ensemble les indications de sa commission, à l’exception de celle relative au canon. La nouvelle rédaction donna lieu, dans les jours suivants, à d’assez graves incidents, auxquels fut mêlé de très près Mgr Darboy. Il fallut remettre le vote au Il juillet (84e s.), où Mgr Zinelli discuta en détail l’addition faite et donna des explications fort embarrassées, ce qui ne l’empêcha pas d’ailleurs d’emporter les suffrages de la majorité. Le canon fut adopté tel qu’il figure dans le Denzinger. Le c. m réformé par la commission ne sera d’ailleurs soumis au vote définitif du concile que le 13 juillet (85e s.) en même temps que le c. iv et les canons se rapportant aux c. i et n.

c) Le chapitre n. — La discussion de ce chapitre, qui traitait de l’infaillibilité du pape, serait plus chaude encore. Elle commença à la 72e séance (15 juin) et ne se termina qu’à la 84e (Il juillet). Théoriquement elle aurait dû encore se prolonger. Mais la fatigue de l’assemblée croissait ; quelques évêques prirent l’initiative de solliciter de leurs collègues, à quelque parti qu’ils appartinssent, de renoncer à leur tour de parole. Ce désistement annoncé à la 82e séance (4 juillet) fut salué par d’unanimes applaudissements. Aussi bien nombre des arguments pour ou contre la définition avaient déjà été apportés lors

de la discussion générale. Il n’y a pas lieu d’insister sur plusieurs des discours qui furent alors prononcés ; ils touchaient soit aux problèmes historiques soulevés

— la question du pape Vigile par exemple (72e s., par le cardinal Rauscher, en sens opposé à la 73e s., par le cardinal Cullen) — soit à la signification exacte des textes conciliaires ou pontificaux dont la commission avait rempli son projet, soit aux conditions dans lesquelles devait s’exercer la prérogative pontificale. A ce point de vue, Mgr Ketteler (Mayence) fit à la 77e séance (25 juin) un discours extrêmement remarquable. M.-P., t. lii, col. 890-899. La première chose à faire, disait-il, serait de délimiter l’infaillibilité. Quand le pape veut prononcer une définition ex cathedra, il doit, au dire de Melchior Cano, d’abord connaître à fond la vérité dont il s’agit et donc employer tous les moyens nécessaires à la recherche de cette vérité ; les définitions doivent être tirées de l’Écriture et de la Tradition ; l’objet doit être une vérité immédiatement révélée ou si intimement unie à une vérité révélée que, sans elle, la vérité révélée ne puisse être conservée dans sa pureté. Ces préliminaires permettaient à l’orateur de critiquer non point la doctrine générale de l’infaillibilité, mais la formule qu’en donnait le projet de la commission. Telle qu’elle la présentait, c’était une doctrine d’école à qui Bellarmin accordait seulement le qualificatif de probable et de non sûre, tandis qu’il appelait « commune » celle qu’il tenait lui-même et qui faisait une place, dans les délibérations préliminaires, aux conseillers naturels du pape.

Aussi bien on en était resté au texte sorti des délibérations de la commission des 5 et 7 mai. Ci-dessus, col. 2566 sq. Les commissaires avaient résolu d’attendre, pour modifier leur texte, les amendements qui ne manqueraient pas d’être proposés en séances plénières. Cette attitude expectante ne faisait pas le compte des intégristes, qui, groupés autour des évêques de Bourges (Mgr de la Tour d’Auvergne), de Carcassonne (Mgr de la Bouillerie), de Westminster (Mgr Manning), de Genève (Mgr Mermillod) et d’autres voulaient une formule moins limitative et donc plus imprécise de l’infaillibilité, ne renfermant rien qui en restreignît l’objet. N’était-il pas à craindre, disaient-ils, que le concile ne fît œuvre négative, en ramenant, somme toute, l’infaillibilité pontificale en deçà des limites où elle était jusque-là reconnue ? Cette agitation finissait par lasser le cardinal Bilio, qui, d’ailleurs, se montrait hésitant. Il fallut de nombreuses réunions de la commission pour mettre sur pied un texte dont la rédaction finale fut l’œuvre commune de Franzelin et de Kleutgen. Il fut enfin adopté par les commissaires après de longues tergiversations, dans la réunion du 9 juillet (55e réunion). Sur le point essentiel, il s’exprimait ainsi :

Definimus Romanum pontiflcem, cum ex cathedra loquitiir, id est cum omnium christianorum pastoris et doctoris munere fungens, pro suprema sua apostolica auctoritate doctrinam de fide et moribus ab universa Ecclesia tenendam définit, per assistentiam divinam, ipsi in bcato Petro promissam, ea infallibilitate pollere, qua divinus Redemptor Ecclesiam suam in definienda doctrina de fide vel de moribus instructam esse voluit, ideoque ejusmodi Romani pontiflcis definitiones esse ex sese irreformabiks. M.-P., t. lui, col. 274.

Cette rédaction ne sera d’ailleurs soumise aux Pères qu’après la séance du Il juillet, c’est-à-dire après que la discussion sur le c. iv était terminée. M.-P., t. lii, col. 1234. Comme nous l’indiquerons plus loin, elle évitait de prendre position sur l’infaillibilité pontificale en dehors des définitions touchant aux vérités révélées. Dans la hâte qu’elle avait d’en finir, la commission ne prit même pas la peine de libeller la doc-