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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.2.djvu/534

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VAUDOIS. EVOLUTION


est faite en public dans les églises, en vertu du texte connu de l’Évangile : « Quand tu pries, entre dans ta chambre et prie Dieu dans le secret… » Matth., vi, 6 ;

— la seconde, c’est l’usage presque exclusif du Pater comme prière en toute circonstance, selon la recommandation du Christ. Ibid., 9-13.


IV. Évolution jusqu’à nos jours.

L’histoire de la « vauderie » peut se diviser en trois périodes :
1° Des origines à la Révolution protestante ; —
2° De la Révolution protestante à l’édit de tolérance de 1848 ; —
3° De 1848 à nos jours.
Il va sans dire qu’il faut, en outre, pour chaque période, tenir compte de la variété des branches de la secte et des régions où elles étaient établies.

Des origines à la Révolution protestante. —

1. Branche lombarde.

Dans cette branche, il faut distinguer les pays italiens et les pays allemands.

En Italie, en dépit des poursuites énergiques contre les hérétiques, l’organisation vaudoise réussit à fonctionner régulièrement jusqu’au cœur du xive siècle, avec sa hiérarchie complète et les réunions fréquentes du commune ou assemblée générale. Au cours du xive siècle, des signes de découragement apparaissent dans les rares écrits vaudois que nous possédons, et des gémissements sont proférés sur la rigueur de la persécution. Cependant, on a dit que le souverain pontife vaudois fut maintenu dans cette branche, jusqu’à la fin du xve siècle. Le fait dominant de cette période fut l’installation solide de la secte dans les vallées alpines, appelées depuis les vallées vaudoises. Cette installation ne se fit pas, comme le soutenait la tradition vaudoise, d’ouest en est, c’est-à-dire en partant de la vallée de la Durance pour passer dans les vallées piémontaises, mais en sens inverse, comme le prouve, à lui seul, le fait que la vauderie de ces régions fut toujours marquée des nuances lombardes et non des caractères de la branche française.

L’établissement de la vauderie, dans les vallées des Alpes Cottiennes, remonte au xine siècle. Les vallées occupées furent le Val Freissinière, le Val Argentière, le Val Louise, du côté français ; puis, au de la du mont Genèvre et des autres cols des Alpes Cottiennes, la vallée de la Dora Riparia, le Val Luserna, le Val Angrogna, le Val Perosa, le Val San Martino, le Val Pragelato, au centre desquels se trouve la forteresse célèbre de Pignerol. En dehors de ces vallées, la vauderie ne se maintint que dans la Pouille et la Calabre. Partout ailleurs, elle disparut progressivement. Ce fut autour de 1380 que le summus pontijex de la secte commença à résider dans la Pouille et c’était à lui qu’étaient versées les sommes résultant des quêtes en Piémont et dans toute l’Italie, encore au milieu du xve siècle. Un des traits de la vauderie lombarde, c’est que les maîtres de la secte, c’est-à-dire les profès proprement dits, portaient ici le nom de barbes, d’où le surnom donné aux vaudois de barbets. Le mot barbe vient du provençal oriental, barba qui veut dire oncle. En faisant profession, le barbe changeait de nom comme font les religieux dans beaucoup d’ordres.

En Allemagne, Bohême, Pologne, Hongrie, la vauderie resta en rapports étroits avec celle d’Italie d’où elle tenait son origine. Les aumônes fuient abondantes, au début. Mais la persécution lit. là aussi, son œuvre. Dès 1211, on signale des exécutions massives de Vaudois, en pays allemand (Strasbourg). La première persécution générale se déroula de 1231 a 1233. Cela n’empêcha pas du reste la secte de S’étendre ; au contraire, il semble que la nécessité d’échapper au bourreau ait forcé les frères à essaimer en beaucoup de pays allemands, bohèmes, hongrois et polonais. Mais les relations avec la vauderie Italienne s’espacèrent de plus en plus. La hiérarchie disparut pour ne laisser place qu’aux maîtres que ne distinguait plus que leur ancienneté. Par voie de conséquence, l’eucharistie, jadis célébrée le jeudi saint par un évêque, fut abandonnée vers la fin du xive siècle, tandis que la confession était conservée une fois l’an. C’est également au cours du xive siècle que la séparation entre la vauderie allemande et l’italienne s’acheva.

Le fait dominant ici est la fusion plus ou moins totale qui s’opéra entre les vaudois et les hussites ou frères moraves, au cours du xve siècle, Il est certain qu’il existait des analogies frappantes entre certaines idées de Wyclif et de son fidèle plagiaire Jean Hus (voir ces deux mots), et les doctrines de Valdès. Une haine commune contre Rome et le culte exclusif des Écritures d’une part, la prétention de revenir à la pauvreté apostolique d’autre part étaient des causes suffisantes de rapprochement. Il est toutefois totalement exclu que Wyclif ait été influencé par l’hérésie vaudoise, qui était une hérésie d’ignorants, alors qu’il se glorifiait d’être un savant théologien universitaire. Mais ses poor priests ou pauvres prédicateurs avaient une ressemblance certaine avec les imitateurs de Valdès. Un grand nombre de vaudois passèrent donc aux doctrines hussites. Le reste dut servir de levain au baptisme ou anabaptisme ultérieur.

2. Branche française.

Le champ d’activité de cette branche était la France, la Lorraine, la Catalogne et l’Aragon. Dans ces deux derniers pays, ils furent englobés dans la persécution impitoyable qui visait également les cathares. Au cours du xiii c siècle, ils disparurent entièrement. Parmi les canonistes appelés à établir les règles de procédure contre eux, on cite saint Raymond de Penafort. En France, la propagande vaudoise fut arrêtée net par la persécution. En Lorraine et en Flandre, toute trace de vauderie disparaît aussi au cours du xiiie siècle. On en trouve des vestiges plus longtemps en Languedoc, en Provence et Valentinois. Toutefois, le mot vaudois semble avoir pris, en beaucoup de pays de langue française, un sens nouveau. Il correspond à peu près à celui de « sorcier ». Jeanne d’Arc, elle-même, sera accusée de vauderie, valdesia, c’est-à-dire de sorcellerie. Une certaine Catherine Sauve, exécutée à Montpellier, en 1417, pour doctrines vaudoises, ne fut peut-être qu’une sorcière, sans aucun rapport avec la secte vaudoise. En tout cas, elle est le dernier vestige fourni par l’histoire de la vauderie en terre française, si on fait exception des vallées alpestres.

En somme, à l’avènement du protestantisme, au xvi 8 siècle, il ne reste plus de groupes perceptibles de vaudois que dans ces vallées des Alpes, l’art mit ailleurs, ils ont été supprimés par la persécution ou par la fusion avec des hérésies nouvelles.

De la Révolution protestante à 1848. —

Ce que le hussitisme avait fait, à l’égard de la vauderie, en Bohême, le protestantisme le tenta dans les vallées vaudoises. Il s’opéra une vaste absorption, qui faillit bien être totale. L’initiateur fut ici un Savoisien réformiste, d’abord membre /clé du groupe de Mcaux, sous Lefèvrc d’ÉtapleS et Briçonnct. puis passé à l’extrémisme luthérien. Guillaume Farci.

Ce personnage, au caractère ardent et aventureux, était né aux Farcis, près de Gap, en Dauphiné. en 1480. Il avait étudié à Paris et y était devenu pin fesseUT au collège du cardinal Lemoine. Attaché a Lefèvre d’ÉtapleS, il travailla avec lui. dans le groupe de Mcaux », de 1 521 à 1523. A « clic date, le groupe, devenu suspect de luthéranisme, dut se disperser une première fois. Farci passa au protestan