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VERSIONS AHAMEENNES DE L’A T.

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sorti de la plume de saint Jérôme. Mais le travail est plus complexe puisqu’il faut remonter à un texte qui a six ou sept siècles de plus. Il est à l’heure présente entrepris de deux côtés à la fois ; en Allemagne par l’Académie de Gœttingue (Gôttinger Gesellschaft der Wissenschaften) dont le programme est donné dans le Bericht iiber dus Sepluagintaunlcrnehmen, dans les Nachrichten de la dite société, 1909, p. 129138 ; en Angleterre, par les syndics de l’University Press de Cambridge. Mais il avance lentement.

En attendant que l’on puisse lire toute la Bible grecque dans un texte vraiment critique, il faut se contenter des approximations fournies par les éditions actuelles. Celles-ci se répartissent en quatre classes, d’après les premières éditions du xvie siècle auxquelles elles se rattachent.

La première en date est celle qui figure dans la Polyglotte d’Alcala, publiée par les soins du cardinal Ximénès, 1514-1517. Elle repose sur des mss. qui ne sont pas de tout premier ordre et fournissent la recension lucianique. Son texte est passé, plus ou moins retouché, dans les Polyglottes de Plantin (Anvers, 1569-1572), de Vatable (Heidelberg, 1587), de Michel Le Jay (Paris, 1645).

La seconde est l’édition de la Bible grecque, publiée par les Aide, à Venise, 1518 ; d’où le nom d’édition Aldine ; elle donnerait la recension d’Hésychius ; d’elle sont dérivées plusieurs éditions de la première moitié du xvie siècle (Strasbourg, 1526 ; Bâle, 1545 ; Bàle, 1550). Elle a été reproduite à plusieurs reprises au xvi c et au xviie siècle.

Beaucoup plus importante est l’édition sixtine, publiée à Borne en 1586, par les soins du pape Sixte-Quint, qui prit une part considérable à l’entreprise. Cf. Sixte-Quint, t. xiv, col. 2233. L’édition représente l’édition Aldine, mais améliorée par l’excellent ms. qu’est le Vaticanus ; à la fin de chaque chapitre, choix de variantes tirées des mss. des Pères et des anciennes versions. L’année suivante, Flaminius Nobilius donnait du grec une traduction latine avec un nouveau choix de variantes. C’est l’édition sixtine qui est reproduite dans la Polyglotte de Walton (Londres, 1657), texte grec et traduction latine, avec de nouvelles variantes empruntées à des mss. ignorés de la sixtine et spécialement à Y Alexandrinus ; elle l’est également par les nombreuses éditions du xviie au xixe siècle. Même la grande édition de Holmes et Pearson (Oxford, 1798-1827), qui renferme des trésors d’érudition et a utilisé près de 300 mss., peut être considérée comme en dépendance de la sixtine.

Si le Vaticanus sert de base à la sixtine et à toutes ses dérivées, l’attention avait été néanmoins attirée sur la valeur de V Alexandrinus venu en Angleterre au début du xviie siècle. Ce magnifique ms. a servi de point de départ à la grande édition de Grabe-Lee-Wigan, qui parut à Oxford de 1707-1720 et fut plusieurs fois reproduite dans des éditions plus manuelles.

La plus commode et aussi la plus courante des éditions contemporaines est celle, toute provisoire, de H.-B. Sweete : The Old Testament in greek, according to the Septuagint, Cambridge, 3 vol., 18871894 ; 2e éd., 1895-1899 ; 3e éd., 1901 sq. Sans chercher à reconstruire un texte critique, elle donne purement et simplement le texte d’un ms. essentiel, en principe le Vaticanus, relayé, là où il est lacuneux, par V Alexandrinus, le Sinaiticus ou d’autres. Au bas des pages sont données les variantes des manuscrits importants autres que celui utilisé dans le texte ; d’autres leçons sont rejetées dans des appendices à la fin de chaque volume. L’édition est destinée à servir de base à la grande édition critique de Cambridge (entreprise par A.-E. Brook et N. Mac Lean),

qui a commencé de paraître En 1906. En Allemagne A. Balill’s a donné Die Genesis, Stuttgard, 1926, qui contient une introduction à l’histoire du texte des Septante ; puis ibid., 1935 : Septuaginta. Velus Testamentum græce juxta LXX interprètes. Courante aussi l’édition donnée par la Sainte Bible polyglotte de F. Vigoureux, Paris, 1898 et sq. Un excellent exemple du travail de comparaison qui s’impose est fourni par E. Nestlé und J. Danse, Dus Buch Jeremia griechisch und hebraïsch, Stuttgart, 1934.

On ne peut donner ici un aperçu, même sommaire, des très nombreux mss. du texte grec de la Bible. Le travail essentiel sur ce point est A. Bahlfs, Verzeichnis der griechischen Handschriften des Allen Testaments, Berlin, 1914 (dans les Milteilungen des Septuaginlaunlernehmens de l’Académie de Gœttingue = Nachrichten de ladite compagnie, phil.-hist. Klasse, 1914, Beiheft). Plusieurs des grands mss. ont été reproduits soit photographiquement soit en facsimilés. C’est le cas du Vaticanus (= B), qui l’a été deux fois, en 1890 et en 1905-1907 ; de V Alexandrinus (= A), publié à Londres, 1879-1883, et dont on a recommencé une édition en plus petit format en 1915 ; du Sinaiticus, dont la publication est commencée ; d’autres encore. Sur chacun de ces mss. on se renseignera dans le Dictionn. de la Bible qui consacre un article à chaque ms. important.

V. VERSIONS ARAMÉENNES DE L’ANCIEN TESTA-MENT. — Dès le ve siècle avant J.-C, l’hébreu classique, tout en demeurant la langue sacrée et celle des docteurs, cessa d’être parlé couramment, même en Palestine. Il fut supplanté par l’araméen ou langue chaldaïque, la langue des vainqueurs. Cette langue se diversifia d’ailleurs en différents dialectes ; l’araméen ne se parlait pas de la même manière en Judée, en Galilée et à Babylone. Quand la lecture des Livres saints devint la partie essentielle de l’office synagogal, on continua bien à lire publiquement le texte hébraïque, mais il fut nécessaire d’en donner à l’usage du peuple une explication en langue vulgaire, un peu comme, dans nos offices, nous lisons l’évangile en français après l’avoir chanté en latin. Ces traductions, d’abord improvisées, se fixèrent, assez tardivement, par l’écriture ; elles devinrent les Targums. Par ailleurs, dans une communauté juive schismatique devait prendre naissance une adaptation de la Torah, c’est le Pentateuque samaritain.

Les Targums.

Un certain nombre de ces targums

sont venus jusqu’à nous et ont été publiés, quelques-uns dès le xve siècle. Mais, en lisant les textes ainsi imprimés, il faut bien se rendre compte qu’ils sont loin de posséder la valeur d’une édition critique ; ce qu’on lit, c’est la reproduction telle quelle, et souvent fautive, d’un ms. pris au hasard. Aujourd’hui que de très nombreux mss. des Targums sont connus, un travail d’édition s’imposerait sur ces textes, travail qui est à peine commencé, pour ne pas dire à peine soupçonné. L T n tel travail ne serait pas inutile, les Targums ont, en effet, une réelle importance ; rédigés à une date où s’imposait déjà le texte massorétique, ils ont moins d’importance pour la fixation du texte primitif que pour son explication : ils nous renseignent sur l’état de l’exégèse rabbinique à l’époque de leur composition. Il est intéressant, par exemple, de savoir quels textes bibliques étaient ordinairement considérés comme messianiques et de quelle manière était compris ce messianisme.

1. Targums du Pentateuque.

Le plus ancien est désigné d’ordinaire sous le vocable de Targum d’Onkélos, encore que l’on soit bien en peine de mettre sous ce nom un personnage concret. Bédigé en dialecte judéen, il est assez difficile à dater ; on a parlé du