originaux ; Mélanchthon donne les Proverbes, en 1524 ; Luther, le Deutéronome, en 1525 ; Zwingle, Isaïe, Jérémie, le Psautier, les Proverbes, l’Ecclésiaste, le Cantique ; Œcolampade, les grands Prophètes en 1526 ; Calvin, le Psautier, en 1557 ; et bien d’autres. Mais les catholiques ne restent pas en arrière : le dominicain Sanctes Pagninus (| 1547) avait commencé, dès 1493, une traduction complète de toute la Bible sur les textes originaux ; son travail parut en 1528, dédié au pape Clément VIII. Assez médiocre, car l’auteur ne savait très bien ni l’hébreu, ni le grec, sa traduction était d’une excessive littéralité. À cause de cela peut-être, elle connut un très grand succès. C’est d’elle que partit Michel Servet (1542) ; c’est elle qu’utilisa Robert Estienne pour ce qui est de l’Ancien Testament, empruntant à Théodore de Bèze la traduction du Nouveau. Contemporaine ou presque était l’entreprise de Cajétan († 1534), qui, ne sachant lui-même ni l’hébreu, ni le grec, faisait établir et imprimer pour ses commentaires, en parallèle avec la Vulgate, une traduction latine des textes originaux, littérale jusqu’à la barbarie. Les premiers essais parurent en 1530 ; le tout fut plus tard réuni en cinq volumes, Lyon, 1639. La tradition ne se perdit pas complètement dans l’ordre dominicain. En 1650 paraissait la version de Théodore Malvenda († 1628), elle aussi d’une excessive littéralité. Pour en finir avec les travaux des catholiques, signalons enfin la Biblia hebraica cum nolis crilicis et vcrsione latina, que publia à Paris, de 1743 à 1754, l’oratorien Ch.-F. Houbiganl, et qui a des caractères assez spéciaux. Il faut reconnaître néanmoins que c’est surtout par le soin des érudits protestants que se multiplièrent aux xvi c et xvir 3 siècles les traductions latines des textes bibliques originaux. Il faut signaler au moins celle du grand hébraïsant que fut Sébastien Munster de Pâle, qui l’ajouta à son édition du texte de l’Ancien Testament (1534-1535) ; celle de Léon Jude († 1542), un collaborateur de Zwingle, dont le travail parut à Zurich l’année qui suivit sa mort ; cette Biblia Tigurensis a donné lieu à de violentes attaques de la part des catholiques ; travail soigné, pourtant, et qui vise moins à rendre le mot à mot que le sens général, elle a eu de nombreuses réimpressions ; cille de Sébastien Castellion, auteur également d’une traduction française de la Bible ; commencée en 1542, l’œuvre était terminée en 1551 ; on lui reprocha beaucoup, même dans le monde calviniste, son souci de rendre en latin classique lis expressions que l’on trouvait dans la Vulgate en langage ecclésiastique. Au xvir 3 siècle, Sébastien Srlimid de Strasbourg travaille pendant quarante ans à fournir une traduction fidèle à la fois et lisible qui parut en 1696 et qui est une vraie réussite. Après s’être multipliées au cours des xvi, xvir et xvin p siècles, surtout grâce aux Polyglottes, les’traductions latines de la Bible, s’arrêtent brusquement au début du xix-siècle ; aussi bien elles ne sont plus dès lors nécessaires, le latin n’étant plus la langue commune de tous les éniditS.
A côté de ces traductions qui comprennent d’ordinaire les deux Testaments, il faut mentionner celles qui ne donnent que le Nouveau. Beaucoup sont dans la dépendance plus ou moins directe fin N. T. latin d’Erasme, paru pour la première fois en 1516 el dédié au pape Léon X : cette dédicace ne mil pas pour autant le traducteur a l’abri de vives attaques. On remarquera que c’est seulement dans l’édition de 1527 qu’était donnée, d’après un ms. grec récent, la traduction du verset des trois témoins célestes >, t Joa., v. 7. nr cul ait unsii calumntandl, ajoutait prudemment le traducteur. Non moins célèbre que celle d’Érasme devait être celle de Théodore « le i
uni. lil ilil’ol, . i ; i uni.
en 1556, qui s’efforçait de rester fidèle à la terminologie de la Vulgate.
2° Versions allemandes. —
C’est dans les pays de langue germanique que se fit le plus tôt sentir le besoin d’une traduction de l’Écriture dans la langue populaire. Dès le viiie s., il y eut des mss. bilingues, latins et allemands, dont il subsiste quelques vestiges. Chose curieuse, l’harmonie évangélique de Tatien eut, dès le ixe s., une traduction germanique. Parmi les grands noms de la renaissance carolingienne, Strabon et Raban Maur sont signalés comme des traducteurs de l’Écriture ; de Notker Labeo, cf. ici t. xi, col. 806 sq., il nous reste encore un Psautier. On connaît aussi des traductions interlinéaires du Psautier faites au xiie s. ; enfin une traduction, qui vaut d’être signalée, du « Psautier hébraïque » de saint Jérôme.
Avec le xve siècle et l’invention de l’imprimerie, les Bibles allemandes allaient se multiplier. Entre 1466 et 1521, W. Walther, l’historien des versions allemandes de la Bible, énumère 202 mss. et 18 éditions imprimées de la Bible au complet, sans compter 22 éditions du Psautier. La première Bible allemande imprimée le fut à Strasbourg, par J. Mentel en 1466 ; peut-être à Mayence dès 1462. Son texte traduisait directement la Vulgate, sans recourir à l’hébreu ni au grec ; cette édition et celles qui suivirent rapidement reproduisaient en somme des traductions plus anciennes au moins d’un siècle et qui, peut-être, — mais la chose est contestée — supposaient l’antique traduction des vaudois, chez lesquels la lecture de l’Écriture sainte était spécialement en honneur. En tout état de cause, le nombre des Bibles allemandes, manuscrites et imprimées, en circulation avant Luther, montre que les plaintes des réformateurs sur l’ignorance de la parole de Dieu où l’Église laissait les non-savants sont au moins exagérées. Avant la diffusion de la Bible de Luther, on lisait depuis longtemps la sainte Écriture dans les pays de langue allemande.
Il n’empêche que la Bible allemande de Luther fut un coup de maître et une parfaite réussite, cf. ici art. Luther, t. ix, col. 1299. Après avoir commencé par des traductions de passages assez brefs, Luther, dès 1521, conçoit l’idée de mettre à la portée de tous, traduit sur les textes originaux, l’ensemble de l’Écriture. Le N. T. paraît dès 1522, le Pentateuque en 1523, les hagiographies en 1524, les prophètes en 1532 seulement, et les « apocryphes » (c.-à-d. nos deutérocanoniques) en 1529. Les éditions se multiplièrent très vite, il y en eut dix du vivant même de Luther et la diffusion fut vraiment extraordinaire. Ce succès était dû aux qualités incontestables du travail : fidélité au texte original, mais sans servilité — Luther ne s’interdisait pas de consulter la Vulgate et les Septante langue ferme à la fois et populaire. On a souvent dit que la Bible de Luther avait en, pour l’unification de la langue écrite, en Allemagne, une importance que l’on ne saurait minimiser. Que Luther ait ou non utilisé les vieilles traductions, peu importe. L’essentiel est qu’il créa vraiment une Bible allemande qui, bien que très vieillie aujourd’hui, est encore à la base du protestantisme germanique. Bien dis fois au cours des siècles suivants on a essayé de la reviser ; bien des traductions Indépendantes ont vu le jour, la Bible de Luther, légèrement modernisée, garde encore une grande partie de son prestige.
I ms son apparition, elle avait été violemment critiquée par les catholiques ; ceux-ci se devaient de lui opposer quelque chose. En 1527, Jérôme Emser donnait à Dresde un N. T., qui. au fond, conservait la traduction de Luther avec quelques corrections