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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.2.djvu/605

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VERSIONS DE LA BIBLE

VERT1

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Quint et revenait aux dispositions de Pie IV, mais en ajoutant à la règle 4e une observation qui détruisait le peu de liberté que celle-ci laissait aux Ordinaires ; on rappelait à tous que les règles de l’Inquisition leur retiraient, en fait, le droit de permettre l’usage des Bibles vulgaires, soit complètes, soit partielles et même les sommaires et abrégés, simplement historiques, rédigés en quelque idiome vulgaire que ce fût. C’était revenir en somme à la règle de Paul IV : la lecture de la Bible, et l’on voit que le mot prenait une singulière extension, n’était possible que moyennant une permission expresse de Rome. Dans l’Index publié en 1664 par Alexandre VII sont prohibées toutes les Bibles en langue vulgaire ; toutefois la 4e règle de Pie IV et son « explication » par Clément VIII étaient maintenues. Benoît XIV devait modifier profondément tout cela par la courte addition suivante : « Ces versions de la Bible en langue vulgaire sont néanmoins permises si elles ont été approuvées par le Saint-Siège ou publiées avec des notes empruntées aux saints Pères ou aux docteurs catholiques. » Décret du Saint-Ollice du 13 juin 1757. Il n’était donc plus nécessaire d’une permission spéciale pour user des Bibles ainsi publiées. D’ailleurs Grégoire XVI, par un Monitum de la Congrégation de l’Index du 4 janvier 1836, prévenait que la 4e règle de Pie IV, expliquée par Clément VIII, restait toujours en vigueur. Il semblait donc que, même pour user des Bibles visées par Benoît XIV, il fallait toujours se munir de la permission prévue jadis. Aussi bien ce renforcement des règles coïncidait-il avec les sévérités que montrait la cour romaine à l’endroit de la diffusion des Bibles en langue vulgaire. Voir la série des documents dans F. Cavallera, Thésaurus, n. 44-48. Les nouvelles règles générales de l’Index publiées par Léon XIII en 1897 reviennent en somme à celles de Benoît XIV. Après avoir concédé à ceux qui s’occupent d’études théologiques et bibliques, l’usage des éditions du texte original et des vieilles versions catholiques publiées par des non-catholiques, elles précisent que les versions en langue vulgaire restent absolument prohibées, à moins qu’elles n’aient une approbation spéciale du Siège apostolique ou qu’elles n’aient été publiées sous la surveillance des évêques (sub viijilantia episcoporum) avec des notes empruntées aux saints Pères et aux docteurs catholiques. Les versions en provenance des Sociétés bibliques publiées, en quelque langue vulgaire que ce soit, par des non-catholiques sont interdites ; elles ne sont permises qu’à ceux qui s’occupent d’études théologiques ou bibliques. Ce sont les prescriptions qui ont été retenues par le Code, can. 1391, 1399, 1400.

En fait, ces règles sévères ne furent pas appliquées partout au cours des xvir 3 et xviiie siècles. Observées plus ou moins strictement en Espagne, en Portugal, surtout en Italie, elles ne le furent que très peu en France, en Allemagne, en Hollande, comme le constatent à la fin du xviiie siècle Billuart et Ferraris. Le xixe siècle devait amener une observation plus générale des règles, mais qui étaient dès lors bien adoucies. Plusieurs sociétés catholiques pour encourager la diffusion et la lecture de l’Écriture sainte (du Nouveau Testament en particulier) ont d’ailleurs été expressément approuvées par l’autorité pontificale.

É. Amann.


VERTU. —
I. Notions positives.
II. Habitus et vertu, col. 2753.
III. Vertus naturelles, col. 2757.
IV. Vertus surnaturelles, col. 2759.
V. Vertus intellectuelles, col. 2774.
VI. Vertus morales, col. 2776.
VII. Vertus théologales, col. 2782.
VIII. Connexion des vertus, col. 2784.
IX. Juste milieu des vertus, col. 2791.
X. Durée des vertus, col. 2794 —
Conclusion. Les vertus et la vie chrétienne col. 2796.

I. Notions positives.

I. ENSEIGNEMENT DE L’ÉCRITURE.

Le mot.

D’après l’étymologie, la vertu désigne la supériorité propre à l’homme (vir), qui lui fait mépriser la douleur et la mort. Cf. Cicéron, Tusculanes, II, xviii. Elle implique donc force, vigueur, puissance. En un sens plus général, vertu signifie perfection, valeur, prospérité, bonheur, gloire. Saint Thomas rapproche parfois virtus de vis. Cf. In III™ Sent., dist. XXIII, q. i, a. 1.

Dans la Bible, la Vulgate a rendu par virtus trois expressions des Septante, dunamis, iskus et arete. Il faut mettre à part l’expression Dominus ou Deus virtutum (Kurios ton dunamenon ; hebr. ; Yahveh ou Elohê Sabaoth, Dieu des armées).

1. Dans l’Ancien Testament, l’idée de force, de puissance, qui prédomine, est rendue chez les Septante soit par dunamis soit par iskus. Dunamis(virtus) se lit spécialement dans les ps. xvii (Vulg. et ainsi de suite), 33 ; xx, 2, 14 ; xxxii, 6, 16 (avec, dans le même verset, î.fTPjç), 17 ; xlvii, 14 ; lui, 12 ; lxii, 2 (avec le sens de « majesté » ) ; lxv, 3, 7 ; lxvii, 12, 29, 34, 35, 36 ; lxxvi, 15 ; lxxxviii, 18 ; cix, 2, 3 ; cxxxvii, 3 ; cxliv, 6 ; cl, 1 ; cf. Sap., i, 3 ; vii, 23, 25 (gloire divine) ; xii, 17 ; xiii, 4 ; xvi, 19, 23 ; xix, 19 ; Judith, iv, 13 ; v, 19, 27. On lit aussi parfois dunasteia, ps. xx, 14 ; lxiv, 7 ; lxxvii, 26 ; cl, 2 et to kratos dans Sap., xv, 3. E iskus se lit dans les ps. xxi, 16 (traduction peut-être défectueuse) ; xxviii, 4, 11 ; xxxii, 16 ; lxx, 9 ; dans Sap., x, 2 ; xii, 18. Les deux termes sont unis, dunamatoi iskui, ps. en, 20.

Le terme arete, marque ce qui plaît et peut signifier n’importe quelle supériorité ou excellence : santé du corps, force, gloire, honneur. Mais plus spécialement déjà, il marque une excellence d’ordre moral. C’est sous ce dernier aspect que l’emploie la Sagesse, v, 13 (arete est ici opposé kakia') ; viii, 7 (on remarquera en ce dernier texte l’énumération des quatre vertus cardinales, la force, andria, étant comprise avec la sobriété, la prudence et la justice parmi les « grandes vertus », aretai. Le ps. xvii, 33, 40, emploie dunamis dans le sens d’arete.

2. Le Nouveau Testament met en relief le caractère moral ou surnaturel de la vertu. Les prodiges, effets de la puissance divine émanant du Christ, sont fréquemment appelés dunameis, virtutes. Cf. Matth., vii, 22 ; xi, 21, 23 ; xiii, 58 ; Marc, vi, 5 ; Luc, v, 17 ; vi, 19. Voir ici Miracle, t. x, col. 1800 ; Jésus-Christ, t. vii, col. 1189. L’aspect moral est plus manifeste dans la parabole des talents : dedit… unicuique secundum propriam virtutem. Matth., xxv, 15. Le Christ lui-même est désigné par l’Apôtre comme « puissance et sagesse de Dieu ». I Cor., i, 24.

Le terme arete se lit quatre fois dans le N. T. : Phil., iv, 8, si qua virtus, si qua laus disciplinae, hæc cogitate (vertu est ici synonyme de digne de louanges) ; I Pet., ii, 9, annuntiate virtutes (les perfections ) Dei ; II Pet., i, 3, vocavit nos propria gloria et virtute (gloire et honneur pour Dieu dans notre vocation) ; ibid., i, 5, ministrate in fide vestra virtutem, in virtute autem scientiam (vertu équivaut ici à probité, volonté de faire le bien).

La chose.

La notion abstraite de « vertu » n’existe pas en hébreu. Les hommes vertueux sont dits « justes ». Voir Dict. de la Bible, art. Justice, t. ii, col. 1875. Les expressions varient pour rendre cette idée générale. Les hommes justes, dunamatoi, sont industrii (Gen., xlvii, 6), potentes et timentes Deum (Ex., xviii, 21), strenui (ibid., 25). La femme vertueuse, gune dunameos ou andreia, est dite mulier virtutis, Ruth, iii, 11 ; diligens, Prov., xii, 4, ou fortis, ibid., xxxi, 10.

Les différentes vertus sont explicitement ou équivalemment indiquées dans les Livres saints. On trouvera les références dans les articles du Dictionnaire de la Bible (en italique) ou du présent Dict. de théologie (petites capitales) :
Charité, t. ii, col. 591 ;
Charité, t. ii, col. 2252 ;
Chasteté (inexistante dans l’A. T.), ibid., col. 624 ;
Chasteté, t. ii, col. 2321 ;
Crainte de Dieu, ibid., col. 1099 ;
Dons du Saint-Esprit, t. iv, col. 1749-1752 ;
Espérance (confiance, refuge, etc., dans l’A. T.), ibid., col. 1965 ;
Espérance, t. v, col. 605-606 ; 630 ;
Foi, ibid. col. 2296 (spécialement dans l’A. T.) ;
Foi, t. vi, col. 57-78 (différentes acceptions de izlrj-i ;) ; cf. Judith (Livre de), t. viii, col. 1717-1718 ;
Humilité (Bassesse de condition ou vertu chrétienne), t. iii, col. 777 ;
Humilité, t. vii, col. 326 ; cf. Orgueil,