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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.2.djvu/656

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VIATEUR DE COCCAGLIO — VIATIQUE


5. Œuvres manuscrites douteuses. — Difjicolla proposte a N. N. sopre le sue riflessioni crilico-dommatiche (Crema, arch. Cap.)- Ce ms. de 156 p. est composé de deux lettres défendant l’augustinisme rigide. Le ms. porte cette inscript. : P. Viatore C. M. L’incipit de la l re lettre est celui-ci : Italia 177<). Bien que ces deux mentions poussent à faire croire que Viateur est vraiment l’auteur de ce jactum jansénisant, V. Bonari pense qu’il faut l’attribuer plutôt à Bonaventure, pourtant mort en 1778. (Cf. V. Bonari, op. cit., p. 357, 436.)

III. Doctrine.

Elle ressort déjà en partie de la biographie et de l’exposé des œuvres. Précisons que Viateur dans le monument théologico-moral qu’il a élevé pendant son lectorat (Tentamina) se montre très éclectique. Il n’est pas bonaventuriste comme ses prédécesseurs capucins italiens, ni thomiste, ni scotiste, pas même augustinien exagéré. Rien à dire, en effet, sous le rapport de l’orthodoxie, du t. v De i gratia, Bergame, 1770 (cf. p. 20, 22. 23, 42, 45) où l’auteur condamne nettement jansénisme et quesnellisme ; p. 45-48, où il déclare que Jansénius prête gratuitement ses erreurs à saint Augustin et où il se ! rallie dans la question de la grâce au système augustinien modéré et prend parti (p. 202-203) contre le molinisme.

Comme moraliste, il prend son bien où il le trouve cl s’avère nettement probabilioriste. Assez tôt cependant, il évoluera et deviendra augustinien rigide comme le prouvent ses études sur le Carmen de ingratis et sur les 106 epigrammata ex Sententiis S. de saint Prosper d’Aquitaine et aussi son ouvrage sur les deux délectations (voir Stor.e difesa delta due cens.), où il expose la pure doctrine de saint Augustin (ici, t. i, col. 2488-2489). Bien que ces ouvrages revêtent un ton désagréable et contentieux, ils restent orthodoxes. L’orthodoxie de Viateur se manifestera avec éclat lorsque, sous le pseudonyme d’Ilalus, il réfutera J.-C. Nie. de Hontheim, caché sous celui tic Fébronius (voir ici, t. viii, col. 1061), et en vingt admirables Epistolæ (part. I, p. 328 dans liai., Lucques, 1768), réduira à néant les thèses gallicanes du De statu Ecclesix (Bouillon, Francfort, 1763). Aussi, bien qu’il y ait là une exagération manifeste, comprend-on qu’après le bref de Clément IY (1772) louant les travaux théologiques de notre capucin. celui-ci ait été salué par ses admirateurs du titre d’il primo teologo d’Italia. Mais à partir de 1780, le jansénisme latent qui sommeillait dans le P. Viateur et qui s’était à peine laissé deviner pour la première fois dans ses Tentamina lorsqu’il regrettait les excessus Commis contre les jansénistes par des Politiques qui

se servaient des bulles comme d’armes contre leurs adversaires (lent., édit. cit.. i. v. col. 22 h in fine), se

manifesta soudain. Son ant imolinisme de toujours le drcss ; i contre les jésuites et le porta au cours de la polémique que nous avons signalée dans la biographie, à attaquer avec frénésie ce même pouvoir pontifical qu’il avait défendu contre lébrnnius. Clément I devlnl sa bête noire et il mil lout en œuvre pour ruiner

l’autorité de la bulle Unigenitus et déconsidérer les pontifes qui l’avaient promulguée ou invoquée « outre les jansénistes. Dans ses différents écrits janséui sauts, il reprend sans cesse, sous une forme ou sous .mire, ces trois mauvais arguments :

I" Clément l en publiant la bulle I nigeniliis n’a pas eu l’intention d’en faire une règle de foi cl. a l’appui de cette assertion. Viateur montre « pic les articles de la bulle ne remplissent pas les conditions n la Règle </<’/<// catholique « le François Véron c ; 1694). C’est là une singulière référence.

2° Le concile tenu a Borne en avril 1725 ; i S.iinl

.le. m « i « - Latran et qui, bien que n’ayant rien d’œcumé

nique, imposa dans son deuxième décret « la constitution. .. Unigenitus… comme règle de foi » aurait donc erré sur ce point si l’on ne savait de science certaine que cette incidente règle de foi fut ajoutée après coup aux actes conciliaires.

3° Dans ces conditions, la bulle Unigenitus ne saurait obliger en conscience les catholiques à l’obéissance.

Ramenée à ses caractéristiques essentielles, cette apologétique janséniste paraît un peu brutale, mais in praxi, elle fut menée avec assez de souplesse, avec assez de protestations de soumission au saint père, pour faire entendre aux lecteurs que, en réalité, le jansénisme n’avait été pris au sérieux que par le seul Clément XI, que cette prétendue hérésie n’était qu’un fantôme, une chimère, une invention des molinistes. Si l’Église a applaudi à la condamnation du jansénisme, ce fut par simple politesse et pure déférence à l’égard de Clément XI et cette approbation ne saurait tirer à conséquence, ni engager les successeurs de ce pontife, ni les évêques, ni les fidèles, puisque, au fond, ce que l’on appelle le jansénisme, ce n’est que de l’augustinisme démarqué, et que tout bon catholique a le droit d’être augustinien. Ces équivoques ont peut-être réussi à tromper les confrères du P. Viateur qui, jusqu’à la fin du xix c siècle, se sont portés garants de sa parfaite orthodoxie (cf. V. Bonari, op. cit., p. 421-423), mais l’impartialité oblige à adopter le jugement de l’abbé Vincent d’Avino sur le P. Viateur : giansenista oslinalo… imbevuto di spiriti giansenistici… si fece lancia spezzata del giansenismo nell’alla Italia (Cf. V. d’Avino, Enciclop. dell ecclesiast., t. iv, p. 947, Turin, 1879). À ce sévère jugement fait écho le bibliographe capucin italien qui s’est occupé le plus récemment du P. Viateur : pencolo verso il giansenismo (cf. Ilarino da Milano, op. cit. n. xxxv).

Mémoires pour servir à l’hist. eccl. pendant le XVII I’s., t. iv, p. 3.32, Paris, 1816 ; F.-X. de Feller, Biogr. univ., t. xii, p. 559-560, Paris, 18(9 ; Bull. Cap., édit. P.-l). de Munster, t. ix, 47-18, Inspruck, 1881 ; Valdemiro Bonari de Bergame, Biograftae bibliografia del P. Viat. Bianchi da Coccaglio, dans Mise, franc., 1888, t. iii, p. 139-1 10 ; le même, / convenu cil i capp. Bresciani, p. 27, 361, : 161, 365, 367, 368, 418-438, 466, 167, 168, 607, 62 : î, 630 ; C. Sommervogel, Hibl. Comp. « /< Jésus, t. ii, col. 543 ; l. v, col. L371 ; I. viii, col. 1118-1 119, Bruxelles-Paris, 1891, 1894, 1898 ; il. Hurter, Nomencl., 3° éd., I. va, col. 258-259, 318319 ; 1 lilarin « le Milan, Biblioteca (Ici jniti ininori cupiiciini ili Lombardia (1836-1000), n. xxxiii, xxxv, p. 78, 79, 81, 291-29’. », Florence, 1937.

P. GODEFROY.


VIATIQUE.—
I. Le mol et la chose.
II. Aperçu historique, col. 28 13.
III. La communion des malades, col. 2817.
IV. La communion des mourants, col. 2853.

I. la mot et la chose.

Le mol viaticum a été emprunté au langage profane. Chez les Romains, c’était le repas offert aux amis partant en voyage, cœna Viatica, ou encore les provisions alimentaires « ni pécuniaires « pie l’on emporte avec soi pour la roule. Les Crées désignaient les mêmes réalités sous les mots é<|ioSloç et oSoiTtOpiov Au Moyen Age. le terme viatique était encore employé pour désigner la somme d’argent donnée par le monastère à un religieux qui entreprenait un long voyage.

transposée dans le langage liturgique, l’appella lion fut appliquée de lionne heure à tous les secours spirituels accordés aux fidèles sur le point « le quitter «  « monde : baptême, cou lirmation, extrême « mcl i « >n. cl surtoul l’eucharistie, aliment par excellence en vue du grand voyage vers l’éternité, (.f. Gasparri, l’rncin lus de SS, Ijiih.. n. 1066. Mais dans ce dernier cas, « m précisait souvent au moyen « les expressions com