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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.2.djvu/685

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VICTOHINUS Al-EIt. LES SOURCES DE LA FOI


le texte de cette préface, loc. cit., p. 370, avec les prologues de Victorin, col. 1145 D, 1255 AH, 1256 A.

Après, c’est le silence ou le dédain. Cassiodore avait ses traités de grammaire, mais ignore ses livres chrétiens. Bède semble l’avoir en vue quand il se prononce dans une formule familière à notre auteur : Ncque audiendi sunt, cf. col. 1208 D, contre les opinions eutychiennes de ceux qui lisent comme Victorin : Natum ex muliere. Bède, In Lucam, t. IV, c. xi, P. L., t. xcii, col. 479. Alcuin cependant cite en son De Trinitate, t. II, c. 3 et 12, un « certain dialecticien » qui n’est autre que notre auteur.


IV. Les sources de la foi.

L’enseignement chrétien.

Il contient des « présupposés » rationnels, col. 1063 D, données élémentaires de la religion naturelle, pietas, loc. cit., ou même principes métaphysiques que la raison nous demande de « professer », col. 1096 D, 1027 A, 1035 A, 1074 A, 1115 A. Mais l’essentiel de la confessio porte sur des vérités révélées par Dieu, col. 1063 D, 1089 B, qui laissent leur objet mystérieux : fidem habemus, omnigenam lamen de te ignorationem habentes, col. 1036 B. Là-dessus encore, il y a des vérités admises de tous et des points controversés, col. 1088 D, 1089 D, 1020 C ; il y a surtout les simples données de la foi et puis la doctrine ; c’est un enseignement à deux degrés.

1. La simple foi.

Elle a pour objet le « mystère » ; la grande nouveauté de l’initiation chrétienne, c’est le Fils incarné et sauveur. Ainsi le mot mysterium chez Victorin désigne à la fois l’acte du salut opéré par le Christ, aclum, col. 1089 A, 1169 A, et l’expression de cette mission, revelatum, mis en lumière surtout par saint Paul. Col. 1239 A. Chez ce penseur avide de spéculation, mais récemment converti du déisme pur, la quintessence du christianisme se résume « en la chair du Christ, sa croix, sa mort, sa résurrection ; c’est là ce qu’il faut croire ». Col. 1240 C. On a fait remarquer l’archaïsme de ces articles et on l’a rapproché de la terminologie d’Augustin à Cassiciacum. R. Cadiou, dans Recherches de science relig., 1937, p. 611. Disons que voilà deux baptisés, riches de la courte professio ftdei du baptême romain, qui la voient s’épanouir en une révélation « sur Dieu et sur eux-mêmes ». Col. 1239 B. Car « le mystère engage d’une part la toute-puissance de Dieu, col. 1263 A, et sa volonté » : « le mystère nous enseigne donc ce qu’est le Père, ce qu’est l’Esprit, ce qu’est la vie spirituelle, etc. ». Col. 1240 B. De plus. « il a été accompli pour notre libération et résurrection à nous », col. 1169 A ; ainsi ce mystère central est tout le christianisme, nihilque præterea : c’est toute notre espérance de salut, tout le secret de la grâce de Dieu : notre foi se centre autour du Christ, et elle consiste à croire qu’il est le Fils de Dieu, qu’il a souffert pour nous, qu’il est ressuscité, et qu’en conséquence nous ressuscitons, nous aussi, avec la rémission des péchés : voilà le véritable évangile ». Col. 1149 A. Or, « l’acte de foi établit entre nous et le Christ une parenté d’intelligence, et par le Christ avec Dieu », col. 1240 C ; de là « tout un effort pour comprendre notre foi ». Col. 1240 D.

2. La science de la foi.

Par-delà le mystère qu’on assimile par la fides, il y a la cognitio, Vagnitio Christi, « effort intellectuel », col. 1248 A, « qui nous fait saisir à plein », col. 1248 A, « le mystère de sa vie et tout ce qui se trouve dans l’Évangile ». Col. 1173 A.

a) Objet. — Il est double : d’abord l’intelligence profonde de tel mystère chrétien, comme la résurrection, col. 1250 B, et de tous les mystères en un inventaire complet et une vision d’ensemble, col. 1248 C ; puis, pour une part au moins, la démonstration raisonnée des dogmes : « il avait la confiance d’avoir lui-même défini 1’ôfi.ooLiat.ot ;, d’avoir montré que la foi est ainsi », col. 1076 B ; mais il rêvait « d’un traité plus approfondi, scicntite labor », non pas pour supprimer le mystère, col. 1019 C, mais pour « en écarter les limites et embrassant tout le mystère du Christ : voilà le programme immense assigné à la chétive intelligence corporelle de l’homme intérieur ». Col. 1270 A.

b) Rôle. — Il est de défendre la foi vis-à-vis des incroyants, col. 1125 B ; et chez le croyant lui-même, col. 1276 B-1277, de fortifier la foi et aussi la charité : ce sera le salut, col. 1 125 B. Car la connaissance théorique doit s’achever en science spirituelle, la gnose de Clément d’Alexandrie, col. 1270 B. On passe de ce « sens chrétien », qui n’est pas encore une science achevée, à la connaissance parfaite et à la perfection de la vie. Col. 1205 C.

c) Part de Dieu. — « La foi a été semée par le Christ, par ses miracles et ses enseignements, mais c’est par le Saint-Esprit que la foi pousse en connaissance », col. 1270 B : « la vérité, c’est le Christ, la science c’est le Saint-Esprit », col. 1104-1105 ; « c’est lui qui donne la clef des faits et gestes du Christ, » col. 11Il B ; c’est un Christ intérieur, col. 1125 D, un. Jésus caché, col. 1137 B ; cf. col. 1109 C, où il faut lire : Spiritus sanctus occultus Jésus.

d) Part de l’homme. — Devant la révélation extrinsèque, nobis quasi extra nos, l’homme ne doit pas rester passif, mais y communier par la sagesse : « Ce sera ainsi par notre génie propre, en nous et avec nous, que la théorie s’élabore : c’est l’Esprit qui est là ! » Col. 1248 AB. « Le Fils est sufficiens doctor de Pâtre ; mais c’est l’Esprit qui enseignera le Christ et toutes choses, et, par la foi, le sanctus vir possède en lui l’Esprit comme docteur. » Col. 1041 B.

La profession de foi ainsi comprise, divina intelligentia, col. 1035 D, dans l’esprit chrétien, col. 1036 B, qui exclut l’esprit sacrilège des athées, col. 1021 A, est donc le premier lieu théologique de Victorin. col. 1020.

L’Écriture.

1. Autorité divine.

Mieux qu’un écrit magistral qui fait autorité dans une école, l’Écriture est, pour Victorin, un livre divin proposé comme tel par l’Église : autant qu’on peut le voir, c’est sur la foi en l’Église, qu’il fonde, tout comme Augustin, la foi en l’Évangile ; ces Écritures, ce sont « celles que nous lisons » dans les synaxes « non comme de vains » documents à discuter, mais comme une doctrine « que toi, Candidus, tu dois recevoir », quel que soit ton savoir, col. 1019, parce que « sic se habel, ou mieux sic lectum est ». Col. 1097 C. L’Évangile est une. lectio, plutôt qu’une scriplura, et une leclio sacra, divina, deifica, parce que l’Église, société des hommes qui croient aux Écritures, propose celles-ci comme la parole de Dieu, et que « quiconque se dit chrétien de nom et de conviction, doit de toute nécessité vénérer les Écritures, …accepter et croire ce qu’elles disent, et de la manière dont elles le disent ». Col. 1019 D. Il lui sera loisible ensuite de voir que « le fondement de l’Église a été posé sur Pierre, comme il est dit dans l’Évangile », col. 1155 A, et de considérer que l’Église a eu raison d’y voir la vraie parole de Dieu parce que il y eut des « saints qui passi sunt Deum aut viderunt aliquo modo : ou bien ils dirent des choses divines par l’Esprit qui habitait en eux, ou bien ils le virent présent » en Jésus-Christ, « vel per spiritum, comme saint Paul, vel per carnem et per spiritum, comme les autres apôtres ». Col. 1260 D.

Ces deux modes de révélation expliquent le progrès et l’harmonie foncière des Écritures : dans l’Ancien Testament, « le prophète qui disait le mystère, ne le connut pas lui-même, parce qu’il lui fut révélé dans l’Esprit », au contraire, « il y a concordance complète entre la révélation faite à saint Paul et ce