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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.2.djvu/739

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VIGILE DE THAPSE — VIGILE DE TRENTE


titre de Contra Palladium arianum et sous le nom de Vigile ne saurait appartenir à notre auteur. Il contient, en effet, deux livres, dont le premier est consacré aux Actes du concile d’Aquilée de 381, dont le second n’est autre que le Liber de fide de Grégoire d’Elvire. Personne aujourd’hui ne l’attribue à l’évêque de Thapse.

5° De unilate substantiæ ( ?). - - Dans le Dialogue, II, 2, Vigile déclare : Licel jamdudum crebro æ swpius de unitale substanliæ cilra acta disputaverim measque disputaliones scriplo mandaverim, quibus a me in hac dispulatione aliquid addi amplius non possit, lamen quia hœc extrinsecus, nullo eminus ( ?) adversante, diclarant, necesse habeo hœc eadem repetere. Ces expressions peuvent viser le Contra Palladium et le Contra Maribadum ; elles peuvent également s’appliquer à d’autres ouvrages, inconnus d’ailleurs, de Vigile, dirigés contre les ariens et consacrés à- la défense du consubstantiel.

6° Contra Felicianum arianum de unilate Trinitatis, P. L., t. lxii, col. 333-352 ; t. xui, col. 11571172. — Cet apocryphe pseudo-augustinien porte, dans un ms. du xe siècle, le nom de Vigile. On l’a donc attribué parfois à Vigile de Thapse et cette attribution est des plus vraisemblables. Il n’est pas étonnant d’y retrouver saint Augustin comme l’un des interlocuteurs du dialogue, puisque nous avons déjà vu saint Athanase chargé de réfuter Arius.

7° Solutiones objectionum arianorum, P. L., t. lxii, col. 469-472. — Ce petit recueil insignifiant, qui, dans la tradition manuscrite est comme le complément des dialogues, n’a aucune chance d’appartenir à Vigile.

8° De Trinitate dialogi XII, P. L., t. lxii, col. 237334. — Conservés sous le nom d’Athanase ; ils n’ont été réunis qu’assez tard et ils proviennent de différents auteurs, parmi lesquels on n’a aucune raison sérieuse pour ranger Vigile. Les huit premiers pourraient être l’œuvre d’un luciférien espagnol de la fin du ive siècle ; les quatre derniers appartiendraient à un autre écrivain. Ces dialogues mériteraient d’ailleurs une étude plus approfondie et plus détaillée que celle dont ils ont été l’objet jusqu’à présent. G. Morin, Les sept livres De Trinitate du pseudo-Athanase et les sept livres dont parle Gennade dans sa notice sur Syagrius, dans Rev. bénéd., t. xix, 1902, p. 237-242, pense à un évêque espagnol des environs de 400, Syagrius, comme à l’auteur des sept (ou huit) premiers livres. P. Scheppens, Pour l’histoire du symbole Quicumque, dans Rev. d’hist. ecclés., 1936, p. 561 sq., attribue ces livres à Eusèbe de Verceil, d’autres ont pensé à Grégoire d’Elvire. Le problème attend encore une solution.

9° On a attribué, avec plus ou moins de vraisemblance, à Vigile des œuvres qui ne lui appartiennent certainement pas : la Collatio beati Augustini cum Pascentio ariano, P. L., t. xxxiii, col. 1156-1162 ; le Conflictus Arnobii cum Serapione œgyplo, qui est l’œuvre d’Arnobe le Jeune, P. L., t. lui, col. 239322 ; l’Altercatio Ecclesiæ et synagogee, P. L., t. xlii, col. 1131 ; le Liber contra Fulgentium donatistam, P. L., t. xliii, col. 763. Rappelons enfin la mention que fait Cassiodore, Instit. divin, litt., 9, P. L., t. lxx, col. 1122, d’un écrit développé sur les mille ans de l’Apocalypse, dû à un évêque africain du nom de Vigile. On pourrait penser à Vigile de Thapse comme à l’auteur possible de ce traité, mais le nom de Vigile était trop fréquent, en Afrique et à cette fin du ve siècle, pour qu’on puisse tirer une conclusion assurée.

La doctrine de Vigile de Thapse n’appelle pas de remarques spéciales. Il est naturel de le voir lutter surtout contre les ariens, qui, de son temps, sont les

maîtres de l’Afrique et s’efforcent de détourner les catholiques de la vraie foi. Il exprime la doctrine orthodoxe en formules claires, aux contours arrêtés, qui ont contribué à placer son nom parmi ceux des candidats possibles à la composition du symbole Quicumque : qui natura iinus est Deus, idem in personis 1res sunt, Pater et l’itius… et Spiritus sanctus. Si ilaque horum trium nomen commune requiras, Deus est… quoniam nutune nomen, quod Deus est, non privatum unicuique et peculiare, scd commune est. Et quod commune alque unum est, plura esse non potest. lit ideo Trinitas non pluraliter dii, sed unus dicitur Deus. Cont. arian, etc., III, 9, P. L., t. lxii, col. 239.

La défense du tome de saint Léon et du concile de Chaleédoine ne l’occupe pas moins que celle de l’orthodoxie trinitaire. On sait que les Africains ont toujours compté parmi les défenseurs les plus acharnés de ces documents qui leur paraissent indispensables pour exprimer la foi de l’Église. Vigile sait d’ailleurs toute l’importance de saint Cyrille d’Alexandrie et il se garde bien de suspecter ou de diminuer son autorité. Après avoir cité un certain nombre de témoins qui doivent apporter leur appui à la doctrine de saint Léon : Hilaire, Ambroise, Grégoire de Nazianze, Jean Chrysostome, Augustin, Basile, il revient avec joie et confiance à Cyrille et il montre à quel point sa pensée et ses expressions rejoignent la doctrine exposée à Chaleédoine. Bien que rédigé en latin, l’ouvrage contre Eutychès vise surtout les Orientaux, dont la foi est menacée par VHénotique de Zenon. C’est à leur usage qu’il importe de mettre en relief le parfait accord du concile et du patriarche d’Alexandrie. Vigile lui-même traduit ainsi la foi de l’Église : Nos unum Deum eundemque Filium Dei et hominis Filium non duos profltemur ; et ila Verbum inlra virginis uteri sécréta, carnis sibi initia consevisse, id est incarnalum fuisse, ut tamen Verbi natura non mularctur in carnem. Itemque carnis naturam ita per suscipientis commixtionem in Verbi transisse personam, ut non tamen fuerit in Verbo consumpta. Manet enim utraque, id est Verbi carnisque natura, et ex duabus hodieque manentibus unus est Christus unaque persona. Contra Eutych., i, 4, P. L., t. lxii, col. 97. Et plus loin : Unus est Christus, idem Deus idemque homo habens in verbis et gestis, unum quod humanilalis, aliud quod proprie divinitatis ejus naturse conveniat… Verbum Dei credimus descendisse de cselo sine carne, sine hominis appellatione, sic tamen ut non desereret cœlos : hoc Verbum virginali utero incarnalum, non in carne mutatum, hominis Filium faclum et appellatum. Ibid., II, 6-7, col. 107-108. Ces formules s’inspirent manifestement du tome de Léon : elles expriment au mieux la théologie de l’incarnation telle qu’on la traduisait en Occident.

Les œuvres de Vigile de Thapse et celles qu’il a cru pouvoir lui attribuer ont été réunies par P. Fr. Chifllet, Dijon, 1664 ; celui-ci s’est d’ailleurs contenté de reproduire des éditions antérieures, sauf pour les Solutiones objectionum arianorum. Une reproduction de l’édition de Chifïïet a été donnée dans la P. L., t. lxii, col. 93-044. L’étude fondamentale sur Vigile reste celle de B. Ficker, Sludien : u Vigilius non Thapsus, Leipzig, 1897.

G. Bardv.


VIGILE DE TRENTE, évêque de cette ville, de 385 à 405. — La vie de Vigile de Trente nous est à peu près inconnue. Nous savons seulement qu’il succéda, sur le siège épiscopal de Trente, à Abundantius, qui avait assisté, en 381, au concile d’Aquilée. Il reçut, sans doute peu après son élévation à l’épiscopat, une lettre de saint Ambroise, Epist., xix, où l’évêque de Milan lui donne quelques règles de conduite pour son ministère pastoral et lui recom-