est dominus simpliciter in terris…, imperator vero est ejus subditus et servus, p. 27. Conception qu’il faut sans doute, par analogie, étendre aux autres souverains.
Ainsi Guillaume de Villana mérite de s’ajouter à la liste de ces docteurs du xive siècle naissant, tels que Conrad de Megenberg, Lambert Guerric, Opicino de Canistris, André de Pérouse, Hermann de Schildiz, Gilles Spiritalis, Augustin Trionfo d’Ancône, François Toti, chez lesquels la protestation contre les empiétements de l’État laïque a provoqué l’exagération inverse et fait entrer dans les attributions du pape la domination directe du temporel comme un prolongement normal de la juridiction qu’il tient de Dieu.
Notice historique et littéraire dans R. Scholz, Unbekannte kirchenpolitische Streitschriften ans der Zeit Ludwigs des Bayern, t. i, Rome, 1911, p. 13-22 (sous le nom probablement erroné de Gulielmus de Amidanis). La Reprobatio errorum est publiée par le même auteur, non sans de fortes coupures, au t. ii, Rome, 1914, p. 16-28, d’après le ms. 1028 de la Bibliothèque angélique à Rome, fol. 1-29. Quelques corrections et renseignements complémentaires sont fournis par l’étude antérieure, mais que R. Scholz n’a pas connue, de Virg.-Tom. Cogliani, Giacomo Capocci e Guglielmo de Villana scrittori politici del secolo XIV, dans Rivista d’Italia, xiie année, 1909, t. ii, p. 430-159.
VILLEFORE (Joseph-François BOURGOIN de), écrivain janséniste (1652-1737). — Né et mort
à Paris, il mena, quoique laïque, une vie de renoncement
et de solitude, d’où il ne sortit guère. Élu à
l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres en 1706,
il donna sa démission quelques années plus tard.
L’œuvre littéraire qu’il a laissée est considérable :
tout d’abord des productions hagiographiques : Vie de saint Bernard, 1704 ; Vies des saints Pères des déserts d’Orient, 1708 ; Vies des saints Pères des déserts d’Occident, 1708 ; Vie de sainte Thérèse, 1712,
et Vie d’Anne-Geneviève de Bourbon, duchesse de Longueville (la grande protectrice de Port-Royal),
1738. Puis des traductions : en dehors des œuvres de
Cicéron, Villefore a traduit de saint Augustin le De doctrina christiana, 1701 ; le De ordine et les livres De libero arbitrio, 1701 ; le Contra academicos et le De gratin et libero arbitrio, 1703 ; le De vita beata, 1715 ;
de saint Bernard, les Lettres et des Sermons. Tout
cela n’a, somme toute, qu’une assez médiocre valeur ;
l’œuvre principale de Villefore ce sont les Anecdotes ou mémoires secrets sur la constitution Unigenitus,
6 vol. en 2 tomes in-12, s. I. 1730-1733, et 3 vol. in-12,
Utrecht, 1734. Ces mémoires sont dressés sur le Journal
de Dorsanne, secrétaire du cardinal de Noailles,
l’esprit de parti s’y donne libre carrière. L’ouvrage fut
supprimé par arrêt du Conseil. Il fut l’objet d’une
réfutation de la part de Lafitau, évoque de Sisteron,
jadis ambassadeur de France à Rome, voir ici t. viii,
col. 2445, réfutation qui fut à son tour condamnée
par un arrêt du Conseil. Villefore avait également
entrepris et fort avancé une traduction de la Defentio declarationis cleri gallicani de Bossuet, l’on avait
commencé à imprimer cette traduction ; l’apparition
de celle de Buffard engagea Villefore à renoncer à
son projet.
Moréri, Le grand dictionnaire, éd. de 1759, t. viii, p. <120 ; abrégé dans Michaud, Biographie universelle, t. xliii, p. 444.
VILLIERS (Cosms de Saint-Étienne de), carme
(1683-1758), auteur de la célèbre Bibliotheca carmelitana notis critiris et dissertationibus illustrata, cura et labore unius e carmelitis provinciæ Turoniæ, Orléans, 1752. 2 vol. in-fol.
Etudes carmélitaines, passim ; Hurter, Nomenclator, 3e éd., t. iv, col. 1585 ; Michaud, Biographie universelle, nouvelle éd., t. xliii, p. 521-522 ; Hœfer, Nouvelle biographie générale, t. xlvi, col. 223.
VIN DE MESSE.
I. Généralités.
II. Nature et composition du vin.
III. Procédés scientifiques de vinification.
IV. Conditions de validité.
V. Conditions de licéité.
I. Généralités.
Des deux matières nécessaires au sacrifice eucharistique, le vin est celle qui présente le plus de difficultés dans la confection, nécessite le plus de soins pour la conservation et offre le plus de facilités à la falsification, en raison surtout des progrès réalisés par la chimie moderne. C’est pourquoi le vin destiné à la messe a toujours été, de la part de l’Église et de ses ministres, l’objet d’une attention vigilante. Il s’agit en effet d’assurer au saint sacrifice une matière conforme à l’institution divine. Or, le Christ, à la dernière cène, s’est servi du vin de vigne pour la première consécration. C’était la boisson habituelle en Palestine, et trois des évangélistes nous rapportent les paroles du Maître dans lesquelles il est expressément question du « fruit de la vigne », de hoc genimine vitis, Matth., xxvi, 29 ; Marc, xiv, 25 ; de hac generatione vitis, Luc, xxii, 18.
Alors que l’Évangile était répandu principalement dans les régions baignées par la Méditerranée, les ministres du culte chrétien ne durent éprouver aucune difficulté à se procurer du vin naturel, qui était la boisson commune. Ils mettaient leurs soins et même une certaine dévotion, aidés en cela par les fidèles, à n’employer que des raisins de choix, issus de plants réservés ou de crus renommés, afin d’obtenir une matière moins indigne de son auguste destination. Cf. Corblet, Histoire du sacrement de l’eucharistie, t. i, p. 199.
Lorsque les limites de l’Église furent portées dans les pays nordiques, au-delà de l’Atlantique et dans les contrées de l’Extrême-Orient, l’absence de vigne ou des habitudes de vie différentes posèrent aux missionnaires des problèmes souvent délicats. Le concile de Florence, dans son décret Ad Armenos (1439), rappela que la matière eucharistique était, outre le pain de froment, le vinum de vite. Cf. Denz.-Bannw., n. 698.
Mais c’est surtout à partir de la deuxième moitié du xixe siècle que les progrès de la chimie motivèrent des interventions répétées de l’Église pour sauvegarder la licéité ou même la validité de la matière eucharistique. Le Code, canon 815, § 2, se contente de rappeler que le vin du sacrifice doit être « naturel, issu du raisin et non corrompu ».
II. Nature et composition nu vin.
1° Nature.
Le vin « naturel » est la liqueur alcoolique obtenue par la fermentation du jus de raisin. Cette définition ne saurait s’appliquer à d’autres liqueurs auxquelles vulgairement et abusivement on donne le nom de vin (vin de palme, vin de pommes, etc…). En revanche. les « vins de liqueur » extraits de moûts très sucrés ou de raisins très murs, les » vins de paille », fournis par des raisins pressés plusieurs mois après la cueillette et qui ont été exposés au soleil ou sur de la paille, etc., sont des vins authentiques et naturels.
La fermentation est aussi dans la nature du vin : elle se développe spontanément dès que les conditions sont favorables à moins qu’on ne l’arrête artificiellement ; elle consiste dans la décomposition des molécules de sucre contenues dans le moût (ou jus de raisin), grâce à l’action de microorganismes, spécialement des levures. Ces levures ou ferments se trouvent principalement dans la pellicule qui recouvre le raisin. Des que la grappe est sous le pressoir, elles entrent en action ; la fermentation commence, à moins qu’on ne l’entrave par des procédés chimiques.