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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.2.djvu/750

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VINCENT DE BEAU VAIS


logiens du Moyen Age. Les récits édifiants de la vie des martyrs et des saints sont rapportés avec complaisance et semblent parfois assez puérils, surtout si l’on y ajoute les emprunts faits aux apocryphes pour la vie de Notre-Seigneur, celle de la sainte Vierge et les Actes des Apôtres. « Immense anecdotier divisé en 32 livres », a-t-on dit de ce Miroir historial. J. Th. Welter, L’exemplum dans la littérature religieuse et didactique du Moyen Age, Paris 1927, p. 152. L’expression est un peu sévère, car ces 32 livres où l’on trouve de tout sont une mine de renseignements qui a été indéfiniment exploitée. Le Spéculum historiale comprend lui aussi de vastes développements théologiques, qui restent dans la logique du système, c’est-à-dire suivent l’ordre chronologique : la naissance de Notre-Seigneur par exemple au temps de l’empereur Auguste amène l’obligation de parler du mystère de l’incarnation ; plus loin à propos de la substitution de la loi nouvelle à la loi ancienne, il faudra décrire les sept sacrements, leur principe théologique, leurs règles d’application et ainsi de suite. Ce Spéculum historiale connut un succès particulier à cause sans doute de l’intérêt humain que présentaient les faits historiques, surtout narrés de façon anecdotique et volontiers édifiante. Les laïcs y trouvaient des sujets de lectures assez faciles et les prédicateurs des exemples ; sa masse latine restait cependant un morceau indigeste. En 1333, Jeanne de Bourgogne, épouse de Philippe VI de Valois, le fit traduire en français par frère Jean du Vignai, hospitalier de Saint-Jacques du Haut-Pas. Le « Miroir historial » se lit encore aujourd’hui en de somptueux manuscrits du xive siècle et d’autres plus récents, Bibl. nat., fonds fr. n. 316, 312 et n. 50, Arsenal 5080, et il en existe plusieurs éditions imprimées. Un recueil d’extraits sous le titre de Flores historiarum fut composé par Adam de Clermont. Parmi les nombreuses chroniques qui utilisèrent le Spéculum citons seulement la fameuse chronique de Nurenberg, composée par Hartman Schedel et imprimée à Nurenberg en 1193 sous le titre : Liber cronicarum ab initia mundi.

Le Spéculum fut d’abord imprimé par parties séparées à des dates fort rapprochées ; les quatre parties rassemblées forment l’édition de Jean Mentelin, Strasbourg, 1473-1476. Brunet, Manuel du libraire, suppl., t. ii, p. 901. D’autres impressions suivirent m Nurenberg, à Venise. Mais l’édition la meilleure, la plus répandue et la plus facile à consulter est celle des bénédictins de Douai, de 1624 : Vincenlii Burgundi ex ordine prwdicalorum, venerabilis episcopi bellovacensis, spéculum quadruplex, Xuturulc, Doctrinale, Morale, Historiale, Douai, 1624. Comme on le voit, les bénédictins ont adopté le titre : spéculum quadruplex. Leur édition comporte quatre volumes in-folio, un volume par partie, le troisième étant rempli par le Spéculum morale. Des tables analytique et alphabétique facilitent les recherches.

Écrits pédagogiques.

L’œuvre capitale de

Vincent, le Spéculum, a laissé dans l’ombre ses autres écrits. Il faut pourtant faire une place spéciale à ses traités pédagogiques. Ses relations avec la famille royale lui fournirent l’occasion d’exprimer son avis sur l’éducation des enfants royaux et. avec ce qu’il pul (’(lire, il y aurait de quoi composer un traité complet de l’institution d’un prince.. Le premier en date de ces traités est le Dr eruditione filiorum regalium, ou D< puerorum nobilium trudilione, dédié m ii reine Marguerite ; il fut composé entre 1250 et 1252. Dans la pensée de Vincent, ce traité est une partie détachée par avance d’un ouvrage d’ensemble

qu’il a l’intention de composer de statu prinetpis

m de tottus rei/alis (unir, sive fatntllSB, neenon et de

rei publies admtnistratione, ac tottus regni guberna

tione. Ce petit traité dont les mss. sont nombreux, (ainsi. : Bibl. nat., ras. lat. 7605, 16 606, 16 390), fut édité à Bàle parmi d’autres œuvres de Vincent en 1481 et réédité en 1938 par Arpad Steiner, à Cambridge (Massachussetls), dans la collection : The Médiéval Academy of America, sous le titre : Vincent of Beauvais, De eruditione filiorum nobilium. Une traduction française fut faite au xve siècle pour la bibliothèque du roi Charles V par le carme Jean Goulain. L’ouvrage s’apparente de près avec le 1. VII du Spéculum doctrinale qui traite des mêmes questions.

Vincent de Beauvais a-t-il réellement composé le grand travail d’ensemble qu’il annonce dans le précédent, on a pu en douter et l’abbé Bourgeat, Études sur Vincent de Beauvais, Paris 1856, p. 20, pense que cet ouvrage plus étendu n’est autre que l’ensemble du Spéculum doctrinale. Pourtant Quétif et Echard dans leurs Scriptores O. P., t. i, p. 239, indiquent un second traité, distinct du Spéculum doctrinale, et le datent d’environ 1260 ; un correspondant leur en a signalé un exemplaire ras. dans une bibliothèque d’Angleterre sous le titre : De morali principis inslitutione, et il leur a transcrit la préface qu’ils reproduisent ; de fait cette préface est fort probante. D’autre part Brunet, Manuel du libraire, Paris, 1864, t. v, col. 1257, connaît un in-folio, sans lieu ni date, mais imprimé aux environs de 1476, qui se présente sous le titre suivant : Libri III de morali principis inslitutione, de nobilium puerorum inslitutione et de consolationibus specialibus de morte filii ; cet incunable présenterait donc groupés les deux ouvrages avec un troisième dont nous parlerons bientôt.

Entre ces deux traités, le P. Mandonnet place un : De eruditione principum publié à tort parmi les opuscules de saint Thomas et qu’il restitue à Vincent de Beauvais. Cf. ici art. Frères prêcheurs, t. vi, col. 905. Malheureusement le savant dominicain ne donne pas de raisons ; dans son étude sur les Écrits authentiques de S. Thomas d’Aquin, Revue thomiste, mai-juin 1910, p. 298, il écrit : « Je crois pour des raisons hors de propos de faire valoir ici, que l’ouvrage est de Vincent de Beauvais ». Ce que nous pouvons dire, c’est qu’il est tout à fait dans la manière de Vincent.

La méthode de ces ouvrages de pédagogie, et nous pouvons en dire autant par avance des autres œuvres de Vincent, est toujours la même : ce sont des florilèges. Ses conseils et indications sont tirés non solum ex divinis Scripluris, verum etiam ex doctorum catholicorum sententiis, insuper etiam philosophicis et poeticis. Il n’y a pas lieu de reprocher à Vincent l’abus des citations. Telle est l’essence même de son travail. Quant a l’esprit de cette pédagogie, peut-être se monlrc-t-il par trop théologique et monastique ; tous les dangers que peut courir la vie morale d’un prince el d’une princesse y sont minutieusement analysés, tous les excès y sont flétris avec éloquence, mais on voudrait un idéal chrétien « laïc » un peu mieux dégagé.

3° Autres écrits. I.’énorme Spéculum fui soumis bientôt à toute sorte de découpages et abréviations, ce qui explique le nombre considérable d’u’uvres qui sont attribuées à Vincent et (fui ne sont quc des morceaux plus ou moins modifiés de son grand ouvrage. Il est donc assez difficile d’établir un catalogue exact des écrits qui constituent des ouvrages réellement distincts du Spéculum. Il faudrait pour cela une étude minutieuse de Ions les mss. existants, t’ne autre difficulté liait de ce que, dans les divers mss., un même ouvrage se présente sous des titres

différents. Nous nous en tiendrons ; ni œuvres qui,

depuis le Scriptores ordmis pruilicaloriim des IT. ( lui