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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.2.djvu/78

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    1. TRINITÉ##


TRINITÉ. LE DE TRINITATE D’AUGUSTIN

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préparations morales qui, seules, permettent à l’homme d’approcher de son Créateur. Ce sont les cœurs purs qui sont appelés à jouir de la vision de Dieu : encore faut-il qu’ils soient remplis de la grâce ! car par elle seule l’intelligence humaine se trouve impuissante. Mais, lorsque ces deux conditions préliminaires sont remplies, il faut ouvrir tout grands les yeux de son âme et découvrir dans le monde entier les vestiges de Dieu. Le Créateur a laissé partout la trace de son passage : malheur à ceux qui ne les reconnaissent pas et qui ne comprennent pas le sens profond et symbolique des choses. Comme d’ailleurs, l’homme a été créé à l’image de Dieu et que, malgré la chute originelle, il conserve cette image, pourquoi ne trouverions-nous pas en lui des traces plus manifestes encore du passage du Seigneur ? pourquoi notre esprit ne serait-il pas une ombre, une esquisse du mystère ? Le reproche que nous adressions tout à l’heure à Victoria, de s’exprimer en philosophe et de transposer dans l’étude du dogme révélé les procédés dialectiques du néoplatonisme, saint Augustin ne le mérite pas, parce que son raisonnement n’est que le point de départ d’une contemplation. L’ouvrage sur la Trinité s’achève par une admirable prière : « Seigneur, notre Dieu, nous croyons en toi, Père, Fils et Saint-Esprit. La vérité n’aurait pas dit : « Allez, baptisez « toutes les nations au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit », si tu n’étais pas Trinité. Tu ne nous ordonnerais pas d’être baptisés au nom de celui qui ne serait pas Dieu. La parole divine n’aurait pas dit : « Écoute, Israël, le Seigneur ton Dieu estun Dieu unique », si tu étais Trinité sans que tu fusses un seul Seigneur Dieu. Si tu n’étais tout à la fois Dieu le Père, et le Fils, ton Verbe, Jésus-Christ, et votre don à tous deux, l’Esprit Saint, nous ne lirions pas dans les Ecritures véridiques : « Dieu a envoyé son Fils » ; tu n’aurais pas dit, Fils unique, à propos de l’Esprit Saint : « Celui qu’enverra le Père en mon nom », ou encore : « Celui que je vous enverrai, venant du Père ». En dirigeant mon intention sur cette règle de foi, autant que je l’ai pu, autant que tu m’as donne de le pouvoir, je t’ai cherché ; j’ai désiré voir intellectuellement ce que je crois ; J’ai beaucoup discuté ; j’ai beaucoup travaillé. Seigneur, mon Dieu, mon unique espérance, exauce-moi. Fais que la fatigue ne m’empêche jamais de te chercher ; mais donne-moi de te chercher toujours avec ardeur. Donne-moi la force de te chercher, toi <nii m’as permis de te trouver et qui m’as donné l’espoir de te trouver encore de plus en plus. Devant toi sont ma force et ma faiblesse : garde l’une et guéris l’autre. Devant toi, ma science et mon ignorance : si tu m’as ouvert, accueille mon entrée ; si tu m’as fermé, ouvre à mes coups. Que je me souvienne de toi, que je te comprenne, que je t’aime ! Accrois en moi mes facultés jusqu’à ce que tu me renouvelles en entier. Je sais qu’il est écrit : t La multitude des « paroles fait tomber dans le péché. » Plaise au ciel que je ne parle jamais que pour prêcher ta parole et pour te louer ! Non seulement j’éviterais ainsi le péché, mais j’acquerrais des mérites, CD parlant de loi. De Trin., XV, xxviii, 51, P. L., t. zi.ii, col. 1097-1098.

Tout saint Augustin est dans ces quelques lignes ardentes : on y trouve aussi la meilleure expression possible de la méthode suivie par le grand docteur pow essayer de pénétrer le dogme de la Trinité.

Exposé du dogme. —

Ce n’est pas seulement dans le De Trinitate que saint Augustin a exprimé sa pensée sur la Trinité. On peut dire qu’il n’a jamais ceSféde revenir sur ce mystère fondamental : les tractatus sur l’Évangile de saint Jean, les lettres xi et clxx, les livres écrits contre les ariens, en particulier Contra serwonem arianorum, Collatio cum Maximino, Contra Maximinum hiereticum, doivent être lus avec attention, si l’on veut connaître toute la croyance de l’évêque d’Hippone a ce sujet.

1. Point de départ, —

Au contraire des Crées, saint Augustin prend pour point de départ le dogme de l’unité divine ; et, Ce faisant, il se montre fidèle à la tradition latine. Il n’y a qu’un seul Dieu : telle est la première vérité que nous devons croire. Cela étant, il s’agit d’expliquer, sans tomber dans le modalisme, la Trinité des personnes ; mais il ne saurait être question d’éviter le trithéisme, car c’est un danger qui ne menace pas le moins du monde l’esprit de saint Augustin. Le subordinatianisme ne le menace pas davantage : l’Écriture enseigne que le Dieu unique est Père, Fils et Saint-Esprit ; la raison se demande comment cela est possible ; mais la foi assure que le Fils et l’Esprit Saint sont Dieu au même titre et de la même manière que le Père.

Le De doctrina christiana résume ainsi la foi de l’Église : « Quelles sont donc ces choses dans lesquelles il faut mettre notre bonheur ? c’est le Père, le Fils, le Saint-Esprit, autrement dit la Trinité : c’est cette chose unique et souveraine que possèdent en commun et sans partage tous ceux qui en jouissent ; si toutefois nous pouvons l’appeler chose, et non plutôt la cause de toutes choses et encore ce terme suffît-il pour le désigner ? Car comment trouver un nom qui convienne à un être si élevé ? et ne serait-ce pas mieux de dire que cette Trinité est le Dieu unique, de qui tout est, par qui tout est, en qui tout est ? Le Père, le Fils et le Saint-Esprit, chacun d’eux possède la plénitude de la substance divine, et tous les trois ne sont qu’une seule et même substance. Le Père n’est ni le Fils ni le Saint-Esprit ; le Fils n’est ni le Père ni le Saint-Esprit ; le Saint-Esprit n’est ni le Père ni le Fils ; mais le Père est uniquement le Père, le Fils uniquement le Fils, le Saint-Esprit uniquement le Saint-Esprit. Aux trois appartiennent la même éternité, la même immutabilité, la même majesté et la même puissance. Dans le Père est l’unité ; dans le Fils l’égalité ; dans l’Esprit Saint, le lien de l’unité et de l’égalité ; et les trois sont en toutes choses un dans le Père, égaux dans le Fils, et unis dans le Saint-Esprit. » De doclr. christ., i, 5, P. L., t. xxxiv, col. 21.

Dans la lettre clxx, saint Augustin après avoir rappelé qu’il n’y a qu’un seul Dieu et que cependant le culte d’adoration est dû pareillement aux trois personnes divines, ajoute : « Non pas que le Père soit le même que le Fils ou que le Saint-Esprit soit Père ou Fils, puisque dans la Trinité le Père n’est le Père que du Fils et le Fils n’est le Fils que du Père, le Saint-Esprit étant l’Esprit de l’un et de l’autre ; mais en raison de l’unité et de l’identité de leur nature et de l’indissoluble union de leur vie, l’homme, éclairé par le (lambeau de la foi, comprend comme il peut que la Trinité même est le Seigneur notre Dieu…

Le Père n’est pas le principe du Fils unique de la même manière qu’il l’est de toutes les créatures qu’il a tirées du néant. Il l’a engendré de sa propre substance ; il ne l’a pas fait de rien. Il n’a pas engendré dans le temps celui par qui il a fait les temps ; mais, comme la flamme et la splendeur qu’elle engendre sont simultanées, de même le Père n’a jamais été sans le Fils, car le Fils est lui-même la Sagesse do Dieu le Père, dont rÉcriture a dit : Elle est la splendeur « de lntumièreéternelle. » CetteSagesscestdonccoéternelleà la lumière dont elle est l’éclat, c’est-à-dire à Dieu le Père. C’est pourquoi Dieu n’a pas fait le Verbe au commencement, comme il a fait le ciel et la terre, mais le Verbe était au commencement. Le Saint-Esprit n’a pas été non plus fait de rien comme la créature, mais il procède du Père cl du Fils, sans avoir été fait ni par le Fils ni par le Père. « Cette Trinité est d’une seule et même nature et substance. Elle n’est ni plus petite dans chacune des trois personnes que dans toutes, ni plus grande en toutes qu’en chacune ; mais elle est aussi grande dans le l’ère seul ou dans le Fils seul que dans le Fils et le Père ensemble, et aussi grande dans le Saint-Esprit seul que dans le Père, le Fils et le Saint-Ksprit. Le Père, pour engendrer sou Fili de m dhine substance, n’a rien diminue de sa substance, mais il a engendré Un autre lui-même, en restant tout ce qu’il était et il se trouve encore aussi grand dans son Fils qu’il l’est en lui seul. Il an est de niinic du Saint-Esprit qui. en recevant Intégralement l’essence divine du principe dont il procède, le laisse dans son Intégrité. Son itr luraloute pus oelui dont il procède : considéré comme uni a son principe OU comme distinct di lui. il est l"iil BUSSl grand. Il en procède « ans le diminuer ; il y adhère sans l’mig-