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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.2.djvu/948

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VOLTAIRE. PRINCIPALES ŒUVRES


mais tout le contraire. » P. 530. Ni ses prodiges, ni ses paroles ne sont d’un Dieu, ni son origine. « Est-ce là Platon ? Socrate ? Confucius ? P. 531. On n’a cru en ces livres que par ignorance. P. 533. Enfin, le christianisme « de la bulle Unigenitus du jésuite Le Tellier », p. 535, n’est plus celui d’autrefois et Dieu ne change pas. Ibid. La morale de Jésus ? Combien les chrétiens l’ont corrompue ! De ce précepte de Jésus, aussi ancien que le monde et universel comme l’humanité : « Aime ton prochain », ils ont fait : « Déteste ton prochain », d’où des guerres, des brigandages sans fin. P. 535. On invoque les miracles. Mais comment croire au témoignage de livres qui se contredisent, qui sont postérieurs aux événements et qui, faits pour prouver la divinité de Jésus, aboutissent à le faire mourir en croix ? P. 536-537. Il faut une religion aux hommes, mais la vraie ; non une religion qui a besoin du bourreau, mais une religion « pure, raisonnable, universelle ». P. 537. L'établissement du christianisme enfin n’est nullement divin. Il s’est établi comme toutes les religions. P. 540. La seule vraie religion est la religion naturelle, faite pour tous les hommes. Ibid. Mais comme l'état des esprits exige que l’on choisisse une forme de christianisme, p. 538, c’est le protestantisme qui aurait les faveurs de l’honnête homme, car c’est de toutes les formes religieuses celle qui se rapproche le plus de l' Évangile, « tandis que les Romains ont chargé le culte de cérémonies et de dogmes nouveaux ».P. 539. Cf Volney, La loi naturelle ou catéchisme du citoyen français (1793), édition complète et critique (de Gaston Martin), in-8°, Paris, 1934. Réfutation : Abbé L. François, Examen du catéchisme de l' honnête homme, in- 12, Paris, 1764.

18° Saiil, tragédie tirée de l'Écriture sainte par M. de V***, in-8°, s. 1., 1755 (1763), drame traduit de l’anglais de M. Huel, dira une édition de 1768 (v, 575). D’Holbach donnera ce drame à la suite de sa traduction de l’ouvrage du free-lhinker anglais Peler Annett : David ou l’homme selon le coeur de Dieu, et ce titre dit bien le sens de la tragédie voltairienne. A Genève, Saiil fit scandale et, naturellement, Voltaire se défendit d’en être l’auteur. Lettres à Tronchin, 19 juillet 1763 (xliii, 520), du 21 à Damilaville (ibid., 521). Dans une Lettre à ce dernier du 14 août 1763, il l’attribuait à Fréron.

19° Traité sur la tolérance, à l’occasion de la mort de Jean Calas, in-8°, s. 1. (Genève), 1763 (xxv, 13). — « Ou les juges ont condamné un innocent, ou un père de famille et sa femme ont étranglé leur fils. Dans l’un et l’autre cas, l’abus de la religion la plus sainte a commis un grand crime. Il est donc de l’intérêt du genre humain d’examiner si la religion doit être charitable ou barbare. »

Suivant un procédé qui lui est cher, Voltaire juge d’abord de l’intolérance et de la tolérance d’après leurs conséquences sociales. En France, la Réforme qui avait fait œuvre d’assainissement mais qui niait certains dogmes « très-respectés » ou « très-profitables » se heurta à l’intolérance. Qu’en résulta-t-il ? le carnage, l' : issassinat, neuf années de guerres civiles. La tolérance, elle, est-elle dangereuse ? À priori, ne peut 'm dire La douceur ne saurait produire les

mêmes révoltes quc la cruauté? Et en examinant les

Liais de l’Europe "h ségne la tolérance, la Chine et

le Japon ou elle a toujours existé, l’on voit que la tolérance n’a jamais été source de carnage et de guerre. Aujourd’hui, où l’on en a assez des controverses théo logiques, OÛ commande la raison, malgré la lie des insensés.le S ; iint Médard « et les | roubles que provoqua la bulle Vnigenituê des jésuites Le Tellier et Dou citi, l’intérêt de l'État, l’humanité, la raison, la politique appellent la France > la tolérance. '.. i ci v.

L’intolérance ne saurait se réclamer du droit naturel iii, par conséquent, du droit humain, celui-ci ne pouvant « être fondé en aucun cas que sur le droit de nature ». Or, « le grand principe de l’un et de l’autre est dans toute la terre : « Ne fais pas ce que tu ne vou- « drais pas qu’on te fît. » L’intolérance est donc absurde et barbare. » C. vi. Ni les Grecs, c. vii, ni les Romains, c. viii, n’ont pratiqué l’intolérance. Il y eut moins de martyrs qu’on ne le dit et ils ne souffrirent pas pour leur seule religion. C. ix-x.

Mais alors « il sera permis à chaque citoyen de ne croire que sa raison ? Il le faut : la foi ne dépend pas de lui », dit Voltaire, qui s’en réfère à YEpistola de tolerantia de Locke — à la condition cependant que « ce citoyen respecte les usages de sa patrie ». Pas d’exception en faveur de l'Église catholique. « Plus la religion chrétienne est divine, moins il appartient à l’homme de la commander » ; elle n’a que faire de son appui. Et se souvenant encore de Locke, Voltaire demande : « Voudriez-vous soutenir par des bourreaux la religion d’un Dieu que des bourreaux ont fait mourir ? »

L’intolérance ne s’autorise pas davantage du droit divin positif. Dans le judaïsme, « on sera étonné de trouver la plus grande tolérance au milieu des horreurs les plus barbares ». C. xii et xiii. Et après avoir réfuté l’interprétation d’intolérance donnée à certains textes évangéliques — le Compelle intrare, par exemple, si exploité par Bayle — à des paroles ou à des gestes du Sauveur, Voltaire conclut : « Si vous voulez lui ressembler, soyez martyrs et non pas bourreaux. » Enfin, il invoque une série de paroles de Pères, de conciles, d'évêques en faveur de la tolérance. Dès lors comment expliquer l’intolérance actuelle ? Par l’intérêt. Dans un Dialogue entre un malade et un homme qui se porte bien, il montre un prêtre tourmentant un malade pour lui extorquer un billet de confession qui lui vaudra un canonicat. C. xii.

La répression de l’erreur n’est-elle jamais permise ? Elle l’est, si l’erreur devient crime, c’est-à-dire menace la société en inspirant le fanatisme. « Si les jésuites, par exemple, ont débité des maximes coupables, si leur institut est contraire aux lois du royaume, on ne peut s’empêcher de dissoudre leur compagnie et d’abolir les jésuites pour en faire des citoyens ». C. xviii. En dehors de ce cas, étant donné « la faiblesse du genre humain », il vaut mieux « l’entretenir dans les superstitions, pourvu qu’elles ne soient point meurtrières », que de le laisser vivre sans religion.

20° Le Dictionnaire philosophique portatif, in-8°, Londres (Genève), 1764, 73 articles, qui, considérablement augmenté, sera appelé, en 1769. La raison par alphabet, 2 in-8°, s. 1. (Genève), et. en 1770, le Dictionnaire philosophique, simplement. Mais de 1770 à 1772, Voltaire publiera les Questions sur l’Encyclopédie par des umuieurs. 9 in-8°, s. I. (Genève). À partir

de ce moment les deux ouvrages furent mêlés sous le litre de Dictionnaire philosophique. L'édition de Kehl, 1784-1787, y ajouta encore des opuscules et même les Lettres philosophiques. Depuis, l'édition Beuchot et les suivantes ont ramené le Dictionnaire philosophique à ce qu’il était en 1772 (xviii). Cf. le Dictionnaire philosophique. Introduction, par.1. Benda, 2 ln-12, Paris, s. d. (1Q36), p. xxm-xxiv.

1. Idées essentielles. Cet ouvrage, dit.1. Benda, En marge d’un Dictionnaire, dans lievue de l’aris. 1° mars 1936. p. 18 sq.. constitue un monument capl lai pour l’histoire politique et morale de la France. J’y crois saisir a leur source les principales idées qui

composent la mystique démocratique. P. 18.

Du point de nue politique, — a) l.'égalil arisme d’abord. L'égalité lui paraît en même temps la chuse