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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.2.djvu/954

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VOLTAIRE. PRINCIPALES ŒUVRES


et de l’Apocalypse, iv, 7, il ne doit y avoir que quatre évangiles. Le concile de Nicée dans une consultation bouffonne obtint de Dieu la désignation de ces quatre. Les canoniques n’ont donc ni plus d’authenticité, ni plus de véracité que les autres.

30° Les droits des hommes et les usurpations des autres (des papes). Traduit de l’italien, in-8°, Amsterdam (Genève), 1768 (xxvii, 193-212). Le cri des nations, in-8°, s. 1. (Genève), 1769 (xxvii, 565-574).

— Contre les prétentions des papes à disposer des royaumes, à exercer sur certains sinon sur tous un droit de suzeraineté, contre les armâtes, les dispenses, pour aboutir à ces conclusions : Ces prétentions « grandes et ruineuses », p. 568, de « la plus énorme puissance qui ait jamais opprimé la terre et en même temps la plus sacrée », p. 569, ne reposent pas sur le droit divin : Jésus-Christ ne l’a pas établie, p. 568 ; saint Pierre n’a « jamais eu aucune juridiction sur les apôtres ; il n’a jamais été à Rome » et, y fût-il venu, « Rome n’a pas été le berceau du christianisme, c’est Jérusalem ». P. 569. — Elles ne reposent que sur des contes, p. 569, et sur des fraudes, p. 570. « Il n’y a qu’une puissance, celle du souverain. » P. 574. Que l’on cesse donc d’employer « ce mot dangereux les deux puissances ». P. 573. « On a chassé les jésuites, parce qu’ils étaient les principaux organes des prétentions de la cour de Rome. » P. 565. Bien, mais que l’on finisse une bonne fois avec ces prétentions. Ibid.

Cf. Fragment des instructions pour le prince roy<d de ***, 1752 (1767) (xxvi, 439-448) ; L’É pitre aux Romains, traduite de l’italien par M. le comte de Corbera, in-8°, s. d. (1768), mise à l’Index le 1 er mars 1770 (xxvii, 83-106).

31° Les Lettres d’Amabed, traduites par l’abbé Tamponnei, 1769 (xxi, 435). — C’est la critique des institutions et des dogmes de l’Église romaine par un étranger non chrétien de sens droit, comme l’entend Voltaire. Ayant eu à se plaindre, dans Goa, de l’inquisiteur, le dominicain Fa-tutto, Amabed, indigène du Maduré, va se faire rendre justice à Rome. Instruit dans la religion romaine, il la juge dans une série de lettres. Il fait la critique de la Bible dont certains récits le choquent ; puis à propos de Fa-tutto qui ne croit pas un mot de ce qu’il enseigne, des moines qui sont ou des victimes ou des abrutis, p. 461 ; des papes, qui ont fait d’une contrée autrefois très fertile et très belle « le cloaque de la nature », p. 465, dont le genre de vie « est exactement le contraire de ce que veut leur Dieu », p. 469, qui obligent « les hommes à croire des choses dont il n’a pas dit un seul mot » et qui servent par là leur ambition et leur avance. La parole du Christ : « Rendez à Dieu… » est devenue « Tout au pape » puisqu’il est le vicaire de Dieu et qu’il règne sur la ville des Césars. P. 171.

32° Discours de l’empereur Julien contre les chrétiens, traduit par M. le marquis d’Argens, avec de nouvelles notes de divers auteurs, in-8°, 1768 (xxviii, 10-64). Ce travail d’Argens avait paru en 1764. Voltaire le fait précéder d’un Avis au lecteur, loc. cit., p. 2, d’un Portrait de l’empereur Julien, paru déjà, à peu près intégralement, dans le Dictionnaire philosophique et qu’il attribue à l’auteur du Militaire philosophe (Naigeon), p. 2-8 ; d’un Examen du discours de l’empereur Julien contre les Galiléetw, p. 8-10 et qu’il fait suivre d’un Supplément au Discours de Julien par l’auteur du Militaire, philosophe, p. 64-68.

Ce Discours livre à Voltaire la critique du christianisme par un philosophe païen et un chef d’État, « égal en tout à Marc-Aurèle, le premier des hommes ». Suri ont. il lui fournit l’occasion de longues notes, un il dépasse les positions de Julien.

Julien estimait supérieur au récit mosaïque le récil « le la création du monde par le Dieu de Platon.

Voltaire — attribuant sa note à Damilaville — proteste que.Moïse n’a sans doute pas existé et que le Pentateuque n’est certainement pas de lui. Le lui attribuer est un de ces mensonges qui ont permis d’édifier « la plus exécrable tyrannie », celle du pape. P. 11, n. 1. Plus loin, p. 16, n. 1, il insiste sur l’ignorance où il voit les Juifs de l’immortalité de l’âme, « ce beau dogme qui est le plus sûr rempart de la vertu ». Il renchérit sur la critique que fait Julien-des récits du Pentateuque ; il les déclare « absurdes, blasphématoires ». P. 18, n. 2. En même temps, il oppose sa conception de la Providence générale à la théorie de Julien que « le Dieu suprême » gouverne le monde par l’intermédiaire de dieux créés. Il applaudit à Julien diminuant la valeur morale du Décalogue, p. 29, n. 1, ou posant « aux Galiléens » ces deux questions : Pourquoi vous ètes-vous séparés de nous, qui avions beaucoup plus reçu de Dieu, pour suivre les Juifs ? Et pourquoi, si les Juifs sont de Dieu, vous êtes-vous séparés d’eux ?

33° Dieu et les hommes par le docteur Obcrn. Œuvre théologique mais raisonnable, traduite par Jacques Aimon, in-8°, Berlin (Genève), 1769 (xxvin, 129248). — En société, l’homme a besoin d’un frein. C. i. Ce frein est l’idée de l’Être suprême, rémunérateur et vengeur, à laquelle la raison — et non la révélation — a conduit dès l’origine les hommes de bon sens. La religion appelée par cette notion est tout entière de l’ordre moral et se résume en ces mots : « Adore Dieu et sois juste. » C. i-m.

A cette notion, les peuples superposeront, à l’exception des lettrés chinois, une métaphysique absurde et des rites ridicules. C. iv-xiii. « Arabes vagabonds pendant plusieurs siècles », les Juifs n’eurent pour religion « qu’un amas confus et contradictoire des rites de leurs voisins », p. 106, jusqu’à la publication du Pentateuque par Esdras. D’où vient ce livre ? De Dieu, dit-on, par l’intermédiaire de Moïse. De Dieu ? « Mais il est étrange qu’un livre écrit par Dieu lui-même pour l’instruction du genre humain ait été si longtemps ignoré », p. 168 ; que l’immortalité de l’âme ne s’y trouve ni énoncée ni supposée, c. xx, et qu’il ait ordonné d’immoler des hommes. C. xxi. Pas une page de la Bible d’ailleurs « qui ne soit une faute contre la géographie ou contre la chronologie, ou contre toutes les lois de la nature, contre le sens commun, contre l’honneur, la pudeur, la probité ». P. 176. De Moïse ? Mais le texte seul apporte huit preuves que Moïse ne l’a pas écrit. P. 175. C’est d’ailleurs l’avis de Newton, de Leclerc, de Bolingbrocke. Moïse a-t-il même existé ? Nos Free-thinkers. d’Herbet de Cherbury à Woolston, en doutent et non sans raison. C. xxii. Peut-être n’est-il que le Bacchus dont les Arabes ont fait Misera. Et comment se fait-il que des choses, comme la création, qui intéressent toute l’humanité, « écrites par Dieu même », aienl été connues du seul Moïse « au bout de deux mille cinq cents ans » ? C. xxvii. Et comment dans la Bible inspirée n’y a-t-il pas « une page qui ne fùl un plagiat » des fables grecques ? P. 190.

Sous Hérode, les Juifs n’ayant plus a se défendre discutèrent. « On discuta sur le Messie, un libérateur qu’ils attendaient dans toutes leurs afflictions. P. L93. C’est un temps d’enthousiasme : les Juifs font des prosélytes. Alors paraît Jésus, sur lequel se taisent les vrais historiens et dont parlent seuls les évangiles qui l’exaltent et des livres hébreux qui l’insultent, tel le Toldas Irsrhul. t C’est le (ils reconnu d’un charpentier de Village, … né dans la lie du

peuple », p. 196, « un enthousiaste qui voulut se faire un nom dans la populace ». p. 197, et qui, comme Fox, nu d’un cordonnier de village, fonda une secte. Il mourut, dit on, crucifié comme blasphémateur.