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CANISIUS


eorruptelis tomi duo. Prior de venerando Christi Domini prsecursore Joanne Daplisla, posterior de sacrosancta Virgine Maria Deipara dissent, et utriusque personæ historiam omnem aduersus Cenlurialores Magdeburgicos aliosque catholicæ Ecclesiæ hostes diserte vindicat, in-fol., Ingolstadt, 1583 ; Paris et Lyon, 1581.

Les Centuriateurs de Magdebourg avaient attaqué l’Église romaine non seulement sur le terrain du dogme et de la discipline, mais encore sur celui de l’histoire, en dénaturant beaucoup de faits au profit des nouvelles doctrines. Canisius n’entreprit pas de les suivre sur le terrain historique, ce fut l’œuvre du cardinal Baronius ; il voulut seulement opposer aux erreurs les plus fondamentales des théologiens luthériens une justilication des croyances et des usages catholiques prise dans la sainte Écriture et dans l’histoire évangélique. Et de là vient ce qu’il y a de caractéristique dans son plan général, à savoir s’attacher aux personnages qui ont eu le plus de rapport avec Notre-Seigneur, et grouper autour d’eux une partie des vérités que les novateurs rejetaient. Ainsi dans saint Jean-Baptiste se personnifierait en quelque sorte la conception catholique de la pénitence et de la justification. A la Vierge Marie, considérée sous la lumière des saintes Écritures et de l’antique tradition, se rattacheraient les doctrines de l’Église romaine sur la virginité, le célibat, le culte des saints et la divinité même de Jésus-Christ. Avec saint Pierre, ce serait la notion même de l’Église catholique et la primauté de son chef qui apparaîtraient. Viendraient ensuite, dans une quatrième partie, l’apôtre des gentils et, dans une cinquième, les apôtres saint Jean et saint Jacques. Tel était du moins le plan primitif de Canisius, d’après un volume manuscrit qui se conserve à la bibliothèque du lycée de Dillingen.

Le Bienheureux n’acheva et ne publia que les deux premières parties. Dans l’ouvrage sur saint Jean-Baptiste, il suit invariablement une méthode que la préface du I er livre fait connaître. Toutes les fois qu’il commence un chapitre, il énonce un ou plusieurs textes évangéliques se rapportant au saint précurseur, par exemple Luc, I, 41, 80, où il s’agit de son enfance et de sa sanctification ; Matth., iii, 4, où il s’agit de sa vie au désert. Suit le commentaire des Centuriateurs cité textuellement. Puis vient la Censura, c’est-à-dire la discussion, où le Bienheureux s’attaque aux erreurs de ces théologiens luthériens, comme à toutes celles qui en découlent ou s’en rapprochent. La méthode n’est pas sans inconvénients pour la marche du récit, qui se trouve ralentie, et pour le développement des preuves parfois interrompu ; mais elle répond au but apologétique de l’auteur. Un très grand nombre de questions agitées entre catholiques et protestants interviennent de la sorte dans les quatorze chapitres dont le volume se compose : la sanctification des adultes et des enfants, la vie érémitique et monacale, le jeûne et l’abstinence, les rapports entre la loi ancienne et la nouvelle, le baptême de saint Jeun et celui de Jésus-Christ, la mission du saint précurseur et sa dignité, les bonnes œuvres, méritoires ou satisfactoires, la notion de la justice chrétienne et de la foi. L’ouvrage se termine par la réfutation des objections soulevées par les novateurs contre la sépulture, les reliques, les miracles et l’invocation de saint Jean-Baptiste. Toutes ces questions sont traitées avec une ampleur digne du sujet. Le Bienheureux y fait constamment preuve de qualités solides ei appropriées à sa tâche : intime familiarité’avec la sainte Écriture ; vaste érudition patristique et théologique ; grande connaissance de la littérature protestante. Aussi l’œuvre mérita le uGTrnge ! déjuges tels que Salmeron et Stanislas llosius. Le pape s ; iint Pie V fut satislait et le fit savoir à l’auteur.

Dans l’autre volume, Dr Varia Virgine inromparabili, Canisius, tenant compte de conseils reçus, divisa

davantage son sujet et s’abstint de mettre en tête des chapitres les textes de la sainte Écriture qui devaient étayer sa doctrine et ceux des hérétiques qu’il avait à combattre. L’ouvrage renferme cinq livres et cent douze chapitres. Le Bienheureux traite d’abord du nom de Marie, de ses parents, de sa conception immaculée qu’il défend, c. v-vin, avecautant de solidité que de décision, de sa naissance, de son éducation et de l’admirable vie qu’elle mena jusqu’à l’Annonciation. Le IIe livre est consacré tout entier à la perpétuelle virginité de Marie ; saint Joseph n’y est pas oublié, c. XIII. L’auteur explique ensuite la salutation angélique, et établit largement la maternité divine de Marie. Au IVe livre, il discute les textes dont les novateurs abusaient pour rabaisser la Mère de Dieu ; à cette occasion, il développe heureusement l’antithèse traditionnelle de la première et de la seconde Eve, c. xvi : De Marias et Evse jxtsta collatione, sicut veteres illani tradiderunt. Le Ve livre a pour objet les dernières années de la Vierge, sa mort et son entrée triomphante au ciel ; il se termine par une histoire apologétique du culte qu’on a toujours rendu dans l’Église à l’auguste Mère de Dieu. Le Bienheureux défend les épithètes, incomprises des protestants, dont la piété chrétienne honore Marie, en particulier celle de médiatrice, c. XII. Mais il sait aussi craindre l’abus, et dislingue nettement la dévotion saine et catholique de l’aveugle superstition ou des pratiques idolâtriques ; pour s’en convaincre, il suffit de lire la dernière partie du c. xv.

Parmi les théologiens d’un ordre où l’on a beaucoup écrit en l’honneur de la Mère de Dieu, Canisius est le premier qui ait traité de la mariologie en un corps de doctrine aussi bien coordonné que largement construit, où se trouve réuni tout ce qui jusqu’alors avait été dit à la louange de la Vierge. Il y réfute, soit à part, soit en groupes, plus de cent adversaires de Marie ; il évoque en sa faveur plus de quatre-vingt-dix Pères et docteurs orthodoxes des huit premiers siècles ; pour les temps postérieurs il met à contribution les travaux d’environ cent dix écrivains. Aussi n’est-on pas étonné que, dans une lettre adressée de Rome au Bienheureux le’25 janvier 1578, le cardinal Hosius l’ait félicité de s’être mis par son Opus Marianum au nombre de ceux qui ont le plus honoré la très sainte Vierge, ut vix quisquam sit a quo niagis fuerit illustrala. Mais il serait excessif d’ajouter qu’il « est impossible de rien désirer de plus » : pour ne citer qu’un point, l’érudition de Canisius, remarquable pourtant pour son époque, n’échapperait pas, sous le rapport de la critique, aux rigueurs d’une science mieux informée et plus exercée. L’œuvre n’en reste pas moins un beau monument élevé à l’honneur de la Mère de Dieu, et c’est à bon droit qu’un théologien récent l’a nommée « une apologie classique de toute la doctrine catholique sur Marie » . Scheeben, Handbuch der katltolisclic Dogmalik, Fribourg-en-Brisgau, 1882, t. iii, p. 478. A quoi l’on peut ajouter que Canisius, docteur de la Vierge, fut aussi pendant toute sa vie l’apôtre infatigable de son culte. Voir dans le compte rendu allemand du Congrès mariai de Fribourg, 1903, p. 355 sq., une étude spéciale du P. Braunsbcrger : Derselige Petrus Canisius. Seine Arbeiten fur die Verteidigung des Cidtus der seligslen Jungfrau im xvi Jahrhv.nd.crt.

6° Noix in evangelicas lectiones, qnæ per totum annum dominids diebus in Ecclesia catholica recitantur, 2 in-4°, l’un Dedominicis, l’autre Defestis, Fribourg, 1591, 1593. - Nombreuses réimpressions, el plusieurs traductions allemandes, dont la dernière et principale est celle du D’llai.l : Pétri Canisii Homilien oder Bemerkungen ûber die evangelischen Lesungen, etc., 5 in-8°, Augsbourg, 1844 sq.

Sous ce litre modeste de Notes sur l’Évangile, Ca DÎsiUS a caché’le fruil principal île sa laborieuse vieil

lesse. Quand la maladie l’eut empêché de monter en chaire, il songea, sur les conseils de ses amis, à revoir