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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 2.2.djvu/128

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CANON DES LIVRES SAINTS

tendu : Ecelesia) habentur, I. 88, 09 : il dit de l’Apocalypse de saint Jean ou de celle de Pierre que quelques Romains ne veulent pas la lire < I église, 1. 72 ; il assure que II’Pasteur d’Hermas, qui est d’origine récente, ne peut pas être lu à I église ni avec les prophètes ni avec les apôtres, 1. 77 sq. Origène, Eusèbe, etc., emploient souvent l’expression 81)|M>vctvca0ai (ou 81)|uûto6at) âv è/./>T/j.V ; pour dire qu’un livre est admis à la lecture publique dans les églises. C’est le terme qui oppose les écrits i publics » aux livres i secrets, cachés » , c’est-èdire aux apocryphes. Voir t. i, col. 1498-1500. Durant les premiers siècles, les Épttres de saint Clément de Home, la Doctrine ds apôtres, l’Épitre de Barnabe, le Pasteur d’Hermas ont été lus publiquement dans un certain nombre d’Églises, qui les tenaient comme œuvres divines et inspirées. Des apocryphes même ont servi aux lectures puhliqucs dans telle Eglise particulière. Ces faits ne prouvent pas que la lecture officielle n’était pas un critérium reconnu de canonicité ; ils montrent seulement que, dans certains milieux ecclésiastiques, on en faisait une fausse application. Cf. A. Loisy, Histoire du canon du A*. T., p. 81-88. Plus tard, quand le triage des livres canoniques et des apocryphes fut opéré, la lecture publique des Livres saints fut reconnue comme une preuve de leur canonicité. Ainsi saint Augustin, De prasdestinatione sanctorum, 27, P. L., t. xliv, col. 980, défend pour cette raison la canonicité de la Sagesse. Par contre, Théodore de Mopsueste attaque la canonicité du Cantique, parce que ce livre n’est lu publiquement ni chez les juifs ni chez les chrétiens. Mansi, Concil., t. ix, col. 227. Ce critérium de canonicité était reconnu partout : à Édesse, ainsi qu’il résulte de la Doctrine d’Addaï, l’hilipps, 771e doctrine of Addaî, 1876, p. 46 ; en Asie, où le 59e canon du concile de Laodicée interdit la lecture des livres non canoniques, Mansi, t. ii, col. 574 ; cf. Const. apost., il, 57, P. G., t. i, col. 728729 ; en Afrique, où les trois conciles d’Ilippone (393) et de Carthage (397 et 419) ordonnaient de ne rien lire dans les églises, sous le nom d’Ecritures divines, sinon les Écritures canoniques. Mansi, t. iii, col. 921 ; t. iv, col. 430. Il a servi, même au moyen âge, pour aflirmor la canonicité des deutérocanoniques de l’Ancien Testament. Cf. Amalaire († 837), Liber de origine antiphonarii, li, V.L., X. cv, col. 1310 ; Zona ras, P. G., t. cxxx vu i, col. 121 ; Honorius d’Autun, Sacramentarhtm, 100, P. L., t. ct.xxii, col. 801.

2. La tradition ecclésiastique.

Au IIe siècle s’élevèrent des hérésies. Les unes, comme les gnostiques, multipliaient les écrits apocryphes ; les autres, comme celle de Marcion, diminuaient et altéraient le recueil des Ecritures. L’Église leur opposa sa tradition. Saint Sérapion, évoque d’Ântioche, rejette l’Évangile de Pierre, qu’il avait trouvé aux mains de quelques chrétiens, parce qu’il n’a pas été transmis par la tradition. Eusèbe, II. /.’., vi, 12. /’. G., t. xx, col. 545. Tertullien refuse de discuter avec les marcionites le sens des Livres saints, qui ne sont pas leur propriété ; la discussion ne pourrait aboutir. Pour les convaincre, il faut recourir au principe d’autorité qui réside dans l’Église apostolique. Deprœscript., 17-19. 30, /’. /.., t. n. col. 3031, 43. Or, dans les Églises apostoliques, on garde les lettres des apôtres, et l’Église romaine, pour alimenter sa foi, joint la loi et les prophètes aux écrits évangéliques et apostoliques. Ibid., 36, col. 19-50, Tertullien affirme connue un principe certain que l’Évangile, qu’il n dait comme le supplément de l’Ancien Testament, Adv. Herniogenem, 20, P. /… t. ii, col. 216, avait pour auteurs et garants les apôtres eux-mêmes, soit qu’ils aient public’les écrits qu’ils avaient eux-mêmes composés,

soit qu’ils aient approuvé et couvert de leur autorité

ceux de leurs disciples. Adv. Marcion., iv, 2, col 364. Il reconnaît l’Évangile de saint Luc, tel qu’il est

conserve dans l’Église, et non pas tel que l’a altéré

Marcion. Ibid., iv, t. col. : v ;  : > 396. n affirme que lai Églises apostoliques patronnent les autres Évanj qum proinde per Mat um u’(a> habemut. I

iv, 5, col. 366-867. L’Épitre aux Hébreux, qu’il cite comme ouvre de Barnabe, a de l’autorité à se « yeux, parce qu’elle est l’œuvre d un disciple et d’un collal/or. itenr des apôtri De | udù itia, -J", col. 1021. D’ailleurs elle est reçue par un plus grand nombre d Égli Pasteur, qu’il rejette parce qu il lé comme

apocryphe par la plupart des Églises. Ibid., 10 col. 1000, 1021. Clément d’Alexandrie, Strom., iii, 13, I’. G., t. viii, col. 1193, ne connaît que quatre Eangiles, « qui nous ont été transmis, » dit-il, et il plane en dehors de ces quatre récits traditionnels l’Evangile « les Égyptiens. Origène, In Malth., homil. i, /’. G., . un, col. 829, ne connait non plus que quatre Évangiles, transmis par la tradition et reçus dans l’Église uni. er L’hérésie en a davantage, mais l’Église n’a que les quatre qui sont approuvés. In Luc, homil. i. ibid., col. 18021803. La tradition ecclésiastique et apostolique est pour lui la règle de la vérité. Or cette tradition nous enseigne de vive voix que la loi, les prophètes et les Évai sont l’œuvre du Dieu juste et bon. le l’ère de Jésus-Christ et le Dieu des deux Testaments. De princ., i, n. 4, P. G., t. xi, col. 117, 118. Eusèbe se sert de la tradition ecclésiastique pour distinguer trois classes d’Ecritures canoniques. H. E., m. 25 ; v, 8. P. G., t. xx, col. 216, 269, 448. Voir col. 1589. Saint Cyrille de Jérusalem, Gat., iv, 33, 35, ’'*'>. P. G., t. xxxiii, col. 496, 197, revendique pour l’Eglise le soin de fixer le canon : « Apprends soigneusement de l’Église quels sont les livres de l’Ancien et du Nouveau Testament, et ne lis rien des apocryphes. » Les livres canoniques sont ceui qu’on lit à l’église, i Ceux qui nous les ont transmis apôtres et les saints évêques, étaient plus sages et plus pieux que toi. » Pourprouvercontre Théodore de Mopsueste que le Cantique des cantiques était un livre biblique, Théodoret en appelle au témoignage des Pères qui l’ont reconnu comme inspiré. Di Gant., præf., P. G., t. î.xxxi, col. 29. Rulin, In symbolum apost., n. 36, P. L., t. xxi. col. 373, donne la liste des livres que, « selon la tradition des ancêtres, on croit inspirés par le Saint-Esprit lui-même et qui ont été transmis aux églises. » Dans le 85’canon apostolique, les apôtres, qui ont la parole, appellent les écrits du Nouveau Testament nos livres » . Mansi, Concil., t. i, col. 77. Mais aucun docteur n’a relevé l’autorité de la tradition et de l’Église relativement aux Ecritures canoniques autant que saint Augustin. « En ce qui concerne les Écritures canoniques, dit-il, Dedoct. christ., n.8. n. 12, P. L., . xxxiv, col. tO41, il faut suivre l’autorité du plus grand noThbre des Eglises catholiques, parmi lesquelles doivent être assurément celles qui ont mérité d’avoir des chaires apostoliques et de recevoir des Épitres. On se conduira donc à l’égard des Ecritures canoniques de façon à préférer celles qui sont reçues de toutes les Églises apostoliques à celles qui ne sont pas reçues de quelques-ui parmi celles qui ne sont pas reçues de toutes, celles que reçoivent les plus nombreuses et les plus importantes à celles que retiennent les Eglises moins nombreuses et de moindre autorité. Si l’on en trouve qui soient gardées par les plus nombreuses et d’autres par les plus importantes, bien que cela ne [misse facilement se rencontrer, je crois qu’il faut leur attribuer une égale autorité, i Mais au-dessus des traditions divergentes des Églises particulières, le saint docteur place l’autorité vivante de l’Église, et s’il croit à l’Évangile,

c’est parce que l’autorité de l’Église Catholique l’y i’mine. Il obéit a l’Eglise catholique qui lui dit : ("rois a l’Évangile. D’ailleurs si on croit a l’Évangile, il faut croire aussiau livre des Actes des Apôtres, car l’autorité Catholique recommande pareillement les deux Écritures

de l’Ancien et du Nouveau Testament. Cont. eyist. mani-