Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 2.2.djvu/14

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

1311

CALIXTE I er (SAINT)

sion dogmatique, iSoYitniæv, condamnant l’erreui précurseurs de Novatien et de Donat, qui voulait <|u’un ne, par le Beul fail de sa chute dans une laute grave, ue pouvail plus conférer validement les sacrement » . Mais ce n’est qu’une hypothèse, si elle était tond ipli querait mal comment, dans la controverse novatienne et | surtout dans la controverse donaliste, aucun évéque, pas même les évéques de Rome, n’a jamais (ait allusion à ce décret qui condamnait d’avance Novatien et Donat. 2. Toujours d’après les Philosophumena, Calliste est accusé d’avoir laissé admettre à l'épiscopat, à la préirise et au diaconat, des bigames et même dus trigames ; ensuite d’avoir toléré le mariage des clercs, en les maintenant dans leur ordre. Phil., IX, ii, 12, p. 144. Or, il est à remarquer qu’il n’est pas question ici d’innovation, mais d’abus survenus pendant le pontificat de Calliste, et dont on le rend responsable.

La bigamie, au commencement du nr siècle, était un empêchement canonique ; ce n’est que plus tard que se posa la question de savoir si le ou les mariages contractés avant la réception du baptême devaient entrer en ligne de compte pour constituer cette irrégularité. Cf. Const. apostol, 1. VI, c. xvii. P. G., t. i, col. 957 ; Mansi.t. i, col..">1 ; Hardouin, t. i, col. 13 ; S. Jérôme, Epist., lix, P. L., t. xxii. col. 654 ; Apol. cont. Rufin., i. 32, P. L., t. xxiii, col. 424. Si Caïïiste avait réellement toléré cet abus, il est à croire que Tertullien, si au courant des choses de Home, n’aurait pas manqué l’occasion de l’en blâmer dans le De monogamia ou le De pudicitia. Or, il n’en est rien. Tertullien se contente de constater l’usage de déposer les bigames, De exhort. cast., 1, P. L., t. ii, col. 923, et de reprocher aux catholiques d’Uthine d’avoir des bigames pour présidents. De monog., 12, P. L., t. ii, col. 917. Pas la moindre allusion a la connivence du pape. Le témoignage des Philosophumena reste isolé.

Relativement au mariage des clercs, les Philosophumena témoignent en faveur de la loi ecclésiastique romaine sur le célibat. Mais ils ne spécifient pas s’il s’agit ici, comme dans le cas précédent, des clercs supérieurs ; de plus l’expression piveiv Iv tû xX^pu peut vouloir dire, non que les clercs en question peuvent continuer leurs fonctions, mais qu’ils n'étaient ni dégradés, ni déposés, ni surtout qu’ils sont regardés comme désormais déchus de leur pouvoir d’ordre. Comme le remarque Ms' Duchesne, la tolérance de quelques cas particuliers, ou quelque déclaration officielle sur la régularité à observer dans la déposition d’un évéque prévaricateur et sur la validité de ses actes, c’est autant qu’il en faut pour expliquer le langage des Philosophumena. Les origines, 2e édit., Paris, 1886, p. 300.

30 Discipline matrimoniale. — Les Philosophumena reprochent à Calliste d’avoir permis à de nobles dames ['..niâmes de contracter mariage avec des hommes d’une condition inférieure à la leur. Les femmes de rang natorial ne pouvaient pas toujours trouver à épouser un clarissime. Elles n’avaient dès lors le choix, au regard de la loi civile, qu’entre la dérogation ou le concubinage secret. Calliste estime qu’elles pouvaient épouser un homme de condition inférieure, et tient leur mariai ;.' pour valide, contrairement a la jurisprudence

civile. Car, devant Dieu.il n' a ni libre ni esclave. C'était affirmer le droit de l'Église de légiférer en matière matrimoniale et le déclarer indépendant du droit de l’Etat. Mais les Philosophumena rendent le pape responsable des conséquences malheureuses, en particulier du fait d’avortements, qui furent la suite de quelques-uns de ces mariages. Phil., IX. ii, 12, p. 145. c’est une accusation injuste. L’avortement et l’infanticide continuèrent à être sévèrement condamnés par les lois.'.nu. ni. pies. | Discipline baptismale. — L’auteur des Philosophumena prétend enfin que c’est sous Calliste que s’introduisit l’abus de rebaptiser. Phil., IX. 11, 18, p. » *8.

l u tout cas il ne saurait être ici question de l'Église romaine ; car, trente ans plus tard, elle pouvait déd solennellement que telle n’avait jamais Du reste ai saint Cyprien de Cartilage, ni saint FirmiI1.Il de Césarée ne l’ont jamais comptée au nombre

qui pratiquaient la réitération du baptême. Il s’agit de faits qui se passèrent ailleurs qu'à Rome, par exemple en Afrique, ou en Cap|. ailleurs. Plus

vraisemblablement encore U s’agit d’un abus introduit à Rome par les elchasaftes, dont Calliste est rendu 1 sonnellement responsable. Car, immédiatement a : la série de ces accusations, les Philosophumena parb ni de ces elehasaîtes et s’attachent à montrer que leur hérésie part d’un même relâchement de principes.pitiés mesures du pape défunt, et que, si Alcibiade d’Apamée a réussi à faire des vielim rml les brebis

déjà égarées par Calliste. Phil., IX. 111. 13, p. M

V. Conclusion.

Ln résumé, les Philosophur

constituent l’une des sources de renseignements plus précieuses pour l’histoire du dogme et de la discipline au commencement du iiie siècle. En ce qui regarde

Calliste, loin de nuire à sa mémoire par leurs insinuations malveillantes ou leurs calomnieuses accusât : ils servent plutôt à la grandir. Tout en la critiquant, l’auteur montre quelle fut l’activité de ce pape. Ainsi ce prétendu hérétique est un parfait orthodoxe : il proclame bien avant Nicée la consubstantialité tout en maintenant la distinction des personnes divines dans un sens moins outré que celui des dithéistes. Ce prétendu laxiste se recommande par des.de

prudence.de modération, très heureusement appropi aux circonstances. On sollicite ses décisions contre les b.r. tiques, et ces décisions, au dire des Philosophumena, se répandent partout en peu de temps ; c’est donc constater l’efficacité de.-on intervention. On lui impute les ibus qui se glissent dans l'Église ; c’est donc reconnaître implicitement le droit et le devoir qu’il a de veiller a la discipline de l'Église universelle. On lui reproche telle ou telle décision, non point parce qu’il ne peut pas la prendre, mais uniquement parce qu’on l’estime ou dangereuse ou contraire a la discipline en vigueur ; c’est donc qu’on ne lui dénie pas le pouvoir de légiférer. De telle sorte, comme nous l’avons déjà dit, que l’attaque diffamatoire des PhUosophtmiena constitue une défense et se tourne finalement eu véritable apologie du pape incriminé.

Pi, Uosophumena, édit. Cruice, Paris. 1860, 1. 1 : P. G., t. wi c. 87 ; Anastase le Bibliottu P. !.. t. cxxvii.

col. 1317-1318 ; Acta sanctorum, octobrist. vi, p. i"l-439 ; Regesta.iSt Hlnschius, Décret

. 1863, p. 131-136 ; TiUem nt, Uém i es, Par ; t. iii, p. 250-253 ; Dollinger, Hippolytus undKall 1853 ; De tlossi. BuUettino ch arch » i t. iv. p. 1-1 1. 17- ;  ;  ;  !. 65-72, "- ; >â. sous ce titre ; Etante a

ecniico delta storia Jel libro IX dei Filosofumeni : de t'Épinots, Revue dm questions historiq

253 ; Le llir. Études bibliques, Pari ;. ISO ; » , t. ii, p. 225 sq. ; Lefèvre, L’auteur.'es Philosophumena.r Upape Calliste, dans la Revue catholique « le Louvain, 1871, t. v, p. 3. t. vi. i'. : >-JS ;, 1e Sme it. l>, < , i Appendice, p. 46-50 ; Morris, The tives of s. Caltmtut Hippolytus, a conjectural chapter o/ Church history, dans le Uonth, 1878, t. xxii. y. -Jl i-'JJt ;. Dublin Rewiew, 1858, L xv. p. M7 sq. : Catlistus."..1 '"."

; édit. Paris. 1888, p. i
' sq. ; M' Duchesne, LU

catte, Paris, 1886, i. i. p. 5. 02, 141-142, xcii ; / chrétiennes, - Paris, l « 8(

Geachichte der oltchrist lichen Lilteratur, 1 !), , < ii, lulq n : -Edict Bischofs Kallist, 1898 ; Bardenhewer, Patrologie, » .', .

138 ; irad. trantj. t t, p. 216, 224, 232 ; 1.1. Die Geschicht » der altkirchl. Literatur, U u ; G. Esser, dons Der Katolik, 1902, t. il, p 193-220 ; l. < hevalic

Smith et Wa.-e, Dictionary of Christian biogra hy, 187 Kirclu l 1880.

G. l'.l. LILLE.