pour fixer l’époque de leur composition, les auteurs, munis du seul raisonnement appuyé sur divers indices, ont abouti à des conclusions souvent contradictoires.
Personne du moins ne défend plus l’origine apostolique de ces canons, qui fut admise dans l’Église grecque après le concile Quini-sexte et par quelques juristes comme Torrés, chez nous. Dans l’Église latine, Denys le Petit, qui les lui fit connaître, ajoutait au titre : quibus quamplurimi consensum non præbuere facilem. Dans l’Église syrienne, Ebedjésus (-j-1318) les attribuait, non aux apôtres, mais à leurs successeurs. Il les intitulait : « Canons des apôtres donnés par saint Clément, disciple des apôtres, » et ajoutait aussitôt : « Lorsque les évoques étaient encore appelés apôtres, ils se réunirent et portèrent les divers canons qui suivent. » Mai, Script, vet. nova collcctio, t. x, p. 8. Telle fut à peu près l’opinion de Beveridge. Ce savant anglais s’elTorça de démontrer que les canons des apôtres étaient la première partie du Codex canonum de l’Église primitive, collection promulguée peut-être en divers lieux et dans divers conciles, avant de constituer un seul tout dès la fin du IIe siècle ou le commencement du iii e. Synodicon, sive Pandeclæ canonum SS. apostolorum et conciliornm ab Ecclesia græca rcceptorum, Oxford, 1672. Cf. Guilielmi Beveregii annotaliones, à la fin du t. il. Son procédé consiste à relever dans les conciles et les anciens écrivains les mentions de « canons apostoliques » ou de « canons des Pères » , relatives à des matières contenues dans les canons des apôtres ; et à conclure qu’il s’agit, sinon du recueil tel que nous le possédons aujourd’hui, du moins du Codex canonum de ï’Kglisc primitive qui, de proche en proche, a formé ces quatre-vingt-quatre canons.
Au concile d’Éphèse (431), les évêques de Chypre accusent le clergé d’Antioche de vouloir usurper le droit de faire des ordinations dans leur île : Vi cogère volnerunt et subjicere sibi sancfos episcopos insulse (nuira apostolicos canones et defuiitiones sanctissimse nicxiiæ synodi. Hardouin, t. i, col. 1017. On peut voir ici une allusion aux canons 33 et 34 des apôtres en même temps qu’au canon 6 de Nicée. De même, le concile de Constantinople (394) décida qu’un évêque ne il pas déposé par un ou deux évoques, mais par un synode xaBùç oi dmoaToXcxcù y.avôveç ouopicavro. Hardouin, t. i, col. 957. Le canon 73 des apôtres décide, en effet, que si un évêque accusé ne se présente pas, un synode fera le nécessaire.
Beveridge fait des citations analogues empruntées au canon 19 du Codex canonum de l’Église d’Afrique, Hardouin, t. I, col. 887 ; à la lettre synodale du concile de Cunslantinople (382), Hardouin, t. i, col. 824 ; à Théodoret, II. E., v, 23, P. G., t. lxxxii, col. 1248-4249, et aux canons 3 et 12 de la lettre de Basile àAmphiloque. P. (i., t. XXXII, col. 672, 681. Il arrive au concile d’Antioche (31l). 17 ou 19 des 25 canons de ce concile sont apparentés littéralement à autant de canons des apôtres. Beveridge reconnut cette parenté, mais avança que les canons d’Antioche paraplirasaicitl les carions antérieurs des
apôtres, et cela d’après leur propre té ignage. En effet,
le canon 9 d’Antioche, Hardouin, t. i, col. 596-597, contient 1rs mêmes mots que le canon 33 des apôtres, non pas des mots généraux, comme évéque, prêtre, diacre ou anathème, mais des mots caractéristiques. Il est donc certain que l’un dépend de L’autre. Or le canon d’Antioche déclare lui-même qu’il se conforme à un aucun canon des Pères.
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On ne peut dire que le canon d’Antioche dépend d’une source ancienne différente des canons des apôtres sans introduire fort inutilement une nouvelle inconnue dans cette question. — Beveridge trouve encore mention de la tradition apostolique et du canon apostolique (can. 13), dans Eusèbe, De vita Constanlini, iii, 61, 62, P. G., t. xx, col. 1135-1137, puis il relève des indices de l’existence d’anciens règlements et d’anciennes lois dans les canons 1, 2, 5, 15 de Nicée, dans Cypricn, Origène, Tcrtullien. Il admet que ces anciens règlements sont devenus nos canons des apôtres, ce qui n’est pas évident, mais il peut ainsi les faire remonter jusqu’au IIIe siècle et même jusqu’à la fin du II e.
Hefele, Histoire des conciles, trad. franc., Paris, 1869, t. i, p. 613-615, raisonne comme Beveridge et place aussi au iiie siècle l’origine des canons des apôtres. Son opinion est reproduite par Paul Viollet, Précis de l’hisloiie du droit français, Paris, 1886, p. 31-36.
L’opinion contraire rapporte la composition des canons en partie au IVe siècle, mais surtout au V e. Elle fut exposée par Drey (1832), puis, avec plus de modération, par J. W. Bickell (1813) et Funk (1891). Leur procédé consiste à relever dans les conciles de Nicée (325), d’Antioche (341), de Laodicée (372), de Constantinople (394), d’Éphèse (131), de Constantinople (448), de Chalcédoine (451) et dans les Constitutions apostoliques (commencement du ve siècle), des passages parallèles à certains canons des apôtres et à conclure toujours (Drey) ou presque toujours (Bickell, Funk) que ce sont les canons des apôtres qui ont plagié les autres textes. Drey place ainsi vers la fin du ve siècle — il ne peut le placer plus bas — le recueil des 50 canons traduit vers 500 par Denys le Petit, et plus tard encore, c’est-à-dire au commencement du VIe siècle, la composition du recueil des 84 canons qui serait l’œuvre d’un second auteur. M. Funk n’admet pas qu’il y ait eu deux collections, l’une de 50 et l’autre de 84 canons, mais une seule de 84 canons ; il prétend que l’auteur unique a utilisé les conciles de Nicée et d’Antioche ainsi que les Constitutions apostoliques, mais non les conciles de Constantinople (391 et 448), d’Éphèse et de Chalcédoine ; il place la composition du recueil au commencement du Ve siècle. Le mode de raisonnement employé pour éviter les textes allégués par Beveridge consiste, lorsque les canons des apôtres ne sont pas nommément désignés, à dire qu’il ne s’agit pas d’eux et que les mots « anciens canons des Pères » , « loi des anciens Pères » ne peuvent leur être appliqués, et, lorsque les canons des apôtres ou apostoliques sont nommément désignés, à chercher quelque différence entre le canon des apôtres visé et l’application qui en est faite, puis à dire, vu cette différence, qu’il n’est pas encore question de notre recueil.
En somme, la date de la composition du recueil actuel de 81 canons dépend surtout de l’interprétation donnéi au dernier canon qui place, après les livres de la sainte Écriture, « les ordonnances (SiecTaYaî) éditées en huit livres pour vous, évêques, par moi Clément, qui ne doivent pas être divulguées à tous à cause des choses mystiques qu’elles contiennent. » lies nuit livres peuvent être les Constitutions apostoliques, comme on l’admet universel’lement aujourd’hui (Beveridge y reconnaissait la forme primitive citée par saint Épiphane, mais on s’ait maintenant que la Didascalie, citée par si in i Épiphane n’était sans doute pas divisée en huit livres) I’(i(l, i tetique de Clément (canons coptes-arabes) comme semblent l’avoir compris tous les anciens, ou enfin quelque ou.