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CANONISATION DANS L’ÉGLISE ROMAINE

p is à un autre examen ce qui a été décidé par son prieur ; mais il reprend la caoae là où celui-ci l’a

lais Après le décrel de luto la cane eel <l *uf examini nouveau dans les consistoires, parce que le pape veut avoir l’avis non eulement dei cardinaux qui sont de la s. C. îles Rites, mais aussi de ceui qui n’en sont c’est-à-dire de tous les membres, sans exception, qui composent le sacré-collège. Il consulta aussi ton patriarches, archevêques et évéques qui résident à Rome, ou y sont de passage. De plus, le prélat sécrétait la S. C. du Concile, qui est aussi secrétaire de la S. C. pour la Résidence des évéques, convoque par une circulaire tous les évéques qui demeurent dans un rayon d’une centaine de milles autour de Rome. Ce congrès solennel de cardinaux, de patriarches, d’archevêques et d’évêques reproduit donc, en quelque manière, l’image des anciens conciles romains.

Avant la tenue de ce consistoire public, a lieu un consistoire secret auquel seuls les cardinaux assistent. Le pape demande au sacré-collège s’il convient de procéder à la canonisation, et chaque cardinal répond par la formule place l, ou non placet. Afin que les membres du sacré-collège, qui ne sont pas de la S. C. des Rites, puissent donner leur avis en toute connaissance, le secrétaire de cette Congrégation, ou, à son défaut, le promoteur de la foi, a eu soin de faire imprimer, pour être distribué à l’avance aux cardinaux, un somnaire des actes de la procédure précédente, contenant, avec un abrégé de la vie du bienheureux, un exposé de ses vertus et des miracles opérés par son intercession. Les cardinaux n’assistent donc au consistoire qu’après avoir étudié à fond l’affaire sur laquelle ils ont à se prononcer. En outre, ils écoutent le rapport que fait de la cause le cardinal préfet de la S. C. des Rites.

Le consistoire public, où se déroule la seconde phase de ce nouveau procès, est très solennel. L’assemblée des cardinaux, des patriarches, des archevêques et des évéques entourés des consulteurs et des officiers de la S. C. des Rites, du secrétaire et du promoteur de la foi, des protonotaires, des auditeurs de Rote, des clercs de la Chambre apostolique, des avocats consistoriaux, etc., a lieu dans la salle royale du Vatican, en présence des ambassadeurs des puissances catholiques, du gouverneur de Rome, des princes assistants au trône pontifical, de beaucoup d’autres personnages de distinction, et d’une grande foule de fidèles. Un avocat consistorial y prend la parole, et, dans un discours d’une élégante latinité, raconte longuement les vertus et les miracles du bienheureux dont la sainteté doit être solennellement déclarée. Il fait connaître en même temps les nombreuses suppliques adressées dans ce but au pape par les rois et les peuples. Ce long discours occupe à peu près toute la séance, aussi faut-il autant de consistoires publics qu’il y a de saints à canoniser. Cf. Oratio in vitam et mérita B. Bonaventurx per insignem juris utriusque doctorem Octavianum de Martinis, sacri palatii apostollci clarum advocalum confistorialem, dans les Opéra omnia tancli Bonaventurm, 7 in-fol., Lyon, 1668, t. vii, p. 798-802. Quand l’avocat consistorial a fini de parler, le prélat secrétaire du pape pour les brefs aux princes répond et exhorte, au nom du souverain pontife, tous les assistants à implorer les lumières et les secours de Dieu par des jeûnes et des prières ferventes. Il ajoute que Sa Sainteté, pour une affaire aussi grave et qui intéresse la chrétienté entière, veut recueillir l’avis des cardinaux et des évéques dans le prochain consistoire.

Ce troisième consistoire est semi-public. Il est composé seulement des cardinaux, des patriarches, des archevêques et des évéques présents à Rome, c’est-à-dire de ceux-là seulement qui ont le droit de voter. Afin que tous ces prélats, qui n’appartiennent pas au sacré-collège, soient bien instruits de l’affaire sur la quelle ils.-.liront à se prononcer, le secrétaire de la 1 ! leur transmet i l’avance un esemplaira

imprimé de l’abrégé de la procédure et de la vie du bienheureux, qui avait déjà été communiqué aui cardinaux avant le premier consistoire public. Ils étudient donc l’affaire de leur côté, et, quand le pape leur demande leur ais. ils répondent en indiquant I sur lesquelles ils appuient leur sentiment ; puis, ils remettent an secrétaire de la s. C. des Biles leur votum écrit de leur main, et signé par eux.

Un s’étonnera peut-être que le souverain pontife, après avoir requis l’avis des cardinaux dans le coi toire secret, recherche en outre celui des évéques. requête n’est pas superflue, car le vote des cardinaux, dans le premier consistoire, signifiait seulement que rien ne s’opposait à ce que la cause suivit son cour que l’on demandât, comme c’est d’usage immémorial, l’avis des évéques. Benoit XIV, op. cit., 1.1, c. xxxiv. n.9, t. II, p. 120. S’il y a plusieurs bienheureux à canoniser, il faut un consistoire semi-public pour chacun d’eux ; car il est impossible que, dans une seule de ces réunions, on puisse recueillir, pour plusieurs causes différentes, les suffrages de tous les votants, vu le nombre considérable de ceux-ci. Benoit XIV, op. cit., 1. 1, C. xxxiv-xxxvi, t. il, p. 116-126 ; t. xii, p. 20-275 ; t. xiii, p. 1 -52 ; Stremler, Traité des peines ecclésiastiques, de l’appel et des Congrégations romaines, part. 111, sect. i. c. I, in-8°, Paris, 1860, p. 482 sq. ; Bouix, De curia romana, part. II, c. I, in-8°, Paris, 1859, p. 143-152.

Solennité de la canonisation.

Kn terminant le troisième consistoire, et après avoir recueilli les suffrages des assistants, le souverain pontife d’ordinaire indique le jour où sera célébrée la canonisation. C’est à Rome qu’a lieu aujourd’hui cette cérémonie. Autrefois il n’en fut pas toujours de même, et l’on trouve des exemples assez nombreux de canonisations accomplies dans d’autres villes, soit parce que le pape y résidait temporairement, soit parce qu’il y était de passage. Ainsi Grégoire IX canonisa saint François d’Assise (1228) et sainte Elisabeth de Hongrie (1235) à Pérouse, saint Antoine de Padoue (1232) à Spolète, saint Dominique (1234) à Rieti. La canonisation de saint Edme de Cantorbéry fut faite par Innocent IV à Lyon, en 1218 ; celle de sainte Claire par Alexandre IV à Agnani, en 1255 ; celle de sainte lledwige par Clément IV à Viterbe, en 1267 ; celle de saint Louis, évêque de Toulouse, et de saint Thomas d’Aquin par Jean XXII, à Avignon, en 1317. Depuis le retour des papes à Rome, toutes les canonisations, à l’exception d’une ou deux, furent accomplies dans la basilique vaticane de Saint-Pierre. Cf. R. P. Mortier, Sa int-I’ierre de Borne. Histoire de la basilique vaticane, in-fol., Tours, 1900, p. 512-517.

Les cérémonies usitées au moyen âge pour les canonisations se trouvent dans VOrdo roinanus du cardinal Cajétan, publié avec quatorze autres de ces antiques rituels de l’Église romaine, par Mabillon, Musxum italien » ), c. cxv, ccvni, 2 in-4°, Paris, 1087-1689, t. il, p. 153, 156, 122 sq.. 537 sq. Voir aussi Ange Rocca, Thésaurus pontificiarum sacrarunique antiquitatum, -2 in-fol.. Rome. 1719 ; 2’édit.. 1745. t. i, p. 143 sq. ; Mabillon. Aeta sanctorum ord. S. Benedicti, 9 in-fol., Paris, 1688-1702 ; prsef. i ad sa>c. III, sj 6, t. III, p. ni sq.

Depuis quelques siècles, il est d’usage de canoniser plusieurs saints le même jour. La basilique vaticane est éclairée par des milliers de lustres et ornée des bannières des nouveaux saints. Des tableaux repr tent les principales scènes de leur vie et leurs miracles.’Le pape, entoure des cardinaux et d’un brillant cortège d’évêques et de piètres, préside la cérémonie. Apres l’obédience, les postulateurs de chaque cause de canonisation s’approchent, accompagnés d’un avocat consistorial qui prend la parole en leur nom. pour supplier humblement le pape d’inscrire au nombre des saints les bienheureux.