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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 2.2.djvu/175

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CANONISATION DANS L’ÉGLISE RUSSE


beatificationis et canonizationis, 2 in-S » , Rome, 1879. — Fornari, Codex pro postulatoribus causarurn beatificationis et canonizationis, in-8° Rome, 1890.

Autres auteurs.

Martigny, Dictionnaire des antiquités chrétiennes, in-4°, Paris, 1887, p. 119, 249 sq. — Moroni, Dizionario di erudizione storico-ecclesiastica, 109 in-8°, 18401879, V Canon izzatione, t. vii, p. 280-320. — A. de Bourmont, Index processuum authenticorum beatificationis et canonizationis qui asservantur in Bibliotheca nationali Parisicnsi, in-8*, Paris, 1880. — R. P. Mortier, Saint-Pierre de Home. Histoire de la basilique vaticane, in-fol., Tours, 1900, part. II, 1. II, c. iii, p. 507-525. — M « ’Battandier, Annuaire pontifical catholique, 7 in-12, Paris, 1898-1904, t. i (1898), Décrets récente, p. 294-300 ; t. Il (1899), Décrets récents, p. 423-430 ; t. III (1900), Procédure, p. 498-516 ; t. iv (1901), Béatifications et canonisations au xixe siècle, p. 521-555 ; Causes pendantes, p. 506-521 ; t. v (1902), Causes en suspens, p. 512-522 ; t. vi (1903), Canonisations formelles et équipollentes, p. 378-427 ; État actuel des causes, p. 502-506 ; t. vu (1904), Canonisations et béatifications faites par Léon XIII, p. 97, 101 sq.

T. Ortolan.

II. CANONISATION DANS L’ÉGLISE RUSSE. —

î. Histoire. II. Bases de canonisation. III. A qui appartient le droit de canoniser. IV. Enquête préparatoire à la canonisation. V. Rites actuels de canonisation.

Fondée par des missionnaires venus de Constantinople, l’Église russe emprunta à l’Église grecque, avec son credo, ses sacrements et sa hiérarchie, son calendrier ou ménologe. Mais le germe de vie chrétienne déposé en elle ne pouvait manquer, en se développant, d’aboutir à une lloraison nouvelle de saints nationaux, dont les noms, introduits progressivement dans le ménologe primitif, devaient peu à peu en transformer le caractère et en modifier l’aspect. Ce phénomène d’évolution se manifeste de bonne heure, dès le xie siècle ; les premiers noms russes introduits dans le calendrier sont ceux des saints Boris et Glèbe, patrons de la terre russe.

I. Histoire.

Le principal et le plus récent historien de la canonisation des saints dans l’Église russe, Goloubinski, Istoria canonisatsii sviatykh ve rousskuï tterkvi, i » (’dit., Moscou, 1903, partage cette histoire en trois périodes différentes. La première va des débuts aux conciles tenus en 1517 et 1549 sous la présidence du métropolite Macaire ; la deuxième est comprise entre 1519 et 1721, date de l’institution du saint-synode russe ; la troisième, qui est la période actuelle, commence avec l’établissement même du saint-synode. L’auteur de cette division reconnaît d’ailleurs qu’elle ne repose pas sur des différences bien nettement caractérisées, soit au point de vue des principes, soit au point de vue des procédés et des rites de canonisation. Il suffit pour s’en convaincre de comparer les détails que nous ont laissés les vieux chroniqueurs russes sur la première canonisation faite par l’Église russe avec les récits des feuilles religieuses russes de 1903 sur la canonisation de saint Séraphin de Sarov, la dernière en date. On ne constate pas, sur cette période de dix siècles, de différences essentielles de procédés et de rites.

L’Église russe partage les personnages auxquels elle rend un culte en trois groupes bien distincts : le groupe des saints dont le culte est étendu par l’autorité ecclésiastique suprême à toute l’Église russe ; celui des saints dont le culte est approuvé pour une partie déterminée de l’Eglise, province, éparchie, ville, monastère, église locale ; celui des personnages morts en odeur de sainteté, dont la piété populaire, tolérée, quelquefois même encouragée par l’autorité ecclésiastique, honore les et célèbre la mémoire, en attendant qu’elle puisse leur rendre un culte proprement dit et leur décerner le titre de saints. Il y a dans ce partage, réserve faite de différences très réelles, quelque analogie avec la distinction que l’Eglise latine établit actuellement entre le groupe des vénérables, celui des bienheureux et celui des saints.

1 » Le nombre des saints proprement dits, de ceux dont le culte est universel, est resté relativement restreint. Pendant les trois premiers siècles de l’histoire de l’Église russe, sous la période qui précéda celle où Moscou, en devenant la capitale du Grand-Kniase, devint par le fait même la métropole de la Russie du Nord et la rivale religieuse de Kiev, on ne connaît guère que trois saints dont le culte ait revêtu ce caractère d’universalité. Ce sont Boris, Glèbe et Théodore Pétcherski. Encore, pour ce dernier, sa fête n’était-elle célébrée qu’à Kiev. Maisl’higoumène du monastère de Pétcherski obtint, en 1108, du prince Sviatopolk qu’il demandât à tous les évêques de sa principauté l’inscription du nom de Théodore au canon de la messe. Goloubinski, op. cit., p. 51. A Moscou, avant le concile de 1517, il est intéressant de signaler la canonisation du métropolite Pierre par son successeur Théognoste, en 1339. Elle ne suit que de 13 années la mort du personnage, et, de plus, avant de l’entreprendre, Théognoste sollicite l’avis du patriarche de Constantinople, Caléeas. Miklosich et Muller, Acta patriarcatus Constanlinopolitani, t. I, p. 191. Le métropolite Jonas canonisa aussi, en 1448, l’un de ses prédécesseurs, Alexis, mort en 1378. Goloubinski, op. cit., p. 74. Il y eut encore dans cette période deux autres saints, Serge de Radonetz et Cyrille de Biélozer, dont le culte, d’abord local, se répandit peu à peu dans toute la Russie, sans que l’on puisse rapporter à une date précise ou attribuer à un acte officiel connu la transformation de ce culte local en culte universel. Enfin, Goloubinski, op. cit., p. 89-91, suppose que, peu de temps avant le concile de 1547, il parut un document officiel confirmant le culte, déjà universalisé par la dévotion populaire, de quinze nouveaux saints. Ils se trouvent en effet mentionnés comme tels dans une vie du métropolite Jonas écrite au temps de Macaire. Klioutchevski, Drevnéronsskia jitia sviatykh kak istoritcheskii istolchnik, Moscou, 1871, p. 225, 241, 462. Leur canonisation n’étant pas le fait des conciles de 1547 et 1549 doit leur être antérieure.

Les conciles de 1547 et 1549 constituent une date importante dans l’histoire de la canonisation des saints dans l’Église russe. La liste des saints honorés d’un culte universel s’y trouve grossie, par une canonisation en bloc, de trente noms nouveaux. Une bonne partie de ces nouveaux saints, une vingtaine sur trente, avaient déjà un culte restreint ou local, que le concile se borna à étendre à toute la Russie., Ces mêmes conciles approuvèrent le culte local de neuf nouveaux saints, ce qui porte à 39 le chiffre total des canonisations opérées dans l’espace de quatre années. Goloubinski, op. cit., p. 97-1(18. Les motifs d’une pareille manifestation méritent d’èlre signalés. Constantinople, tombée au pouvoir des Turcs, venait de perdre aux yeux des orthodoxes, avec son indépendance politique, une partie de son prestige religieux. Les regards se tournaient maintenant vers Moscou, en qui les Russes voyaient le nouveau centre politique et religieux de l’orthodoxie. C’est à cette époque et sous l’influence de ces idées qu’Ivan IV se lit sacrer tsar (1547). De son coté, l’Église russe, désireuse de justifier la mission qu’elle s’attribuait, travaillait à se réformer et préparait son grand concile de 1551, connu sous le nom de concile du Stoglaf. C’est pour avancer cette œuvre de réforme et pour ajouter à son luslre l’éclat de la sainteté qu’elle réalisa, en 1547 el 1549, sous la présidence de Macaire, ces canonisations en masse.

Entre 1547 et 1721, date de l’institution du saint-synode, sur une moyenne de 150 nouveaux saints, il n’y en i guère qu’une quinzaine dont le culte se soit étendu à toute la liussie.

La période synodale n’offre qu’un nombre assez restreint de canonisations nouvelles : six canonisations d’un caractère universel et une quinzaine de canonisa-