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CANONISATION DANS L’ÉGLISE RUSSE


lensk et l’existence d’un véritable culte à l’adresse de ce personnage. Il est autorisé à en l’aire l’invention et l’examen, puis, Joasapli, à la suite d’une seconde enquête menée par l’archimandrite Jonas, ordonne de remettre ces restes en terre et de mettre un terme au culte qui leur était rendu. Goloubinski, op. cit., p. 86-87. Si le métropolitain intervenait en bien des cas dans les canonisations locales, les canonisations universelles lui revenaient de droit. C’est le métropolitain de Kiev, Jean, qui institue la fête des saints Boris et Glèbe ; c’est celui de Moscou, Théognoste, qui, en 1339, canonise son prédécesseur le métropolite Pierre ; c’est encore Jonas de Moscou qui étend à toute la Russie le culte de saint Alexis (1448). Le métropolitain n’est pas toujours le seul à intervenir dans ces canonisations qui lui sont attribuées. Les deux canonisations partielles faites par le métropolite Daniel, en 1521 et en 1531, sont soumises à l’examen préalable d’un synode épiscopal. Théognoste, avant de canoniser son prédécesseur Pierre, en réfère à Calécas, patriarche de Constanlinople. Alexis aurait fait de même pour la canonisation des trois martyrs lithuaniens, Antoine, Jean et Eustache, en 1364, et se serait adressé dans ce but au patriarche Philothée. Goloubinski, op. cit., p. 70.

Le grand-duc joue aussi un rôle important dans la plupart des canonisations faites par son métropolitain. L’union intime et la subordination étroite qui ont toujours caractérisé, en Russie, les rapports de la juridiction ecclésiastique avec l’autorité civile expliquent assez l’intervention de celle-ci dans ces questions d’ordre purement religieux. Nous la retrouverons, d’ailleurs, aussi constante et aussi absolue, dans la période actuelle. Relevons seulement, pour cette première période, le cas, déjà cité au début de cette étude, du prince Sviatopolk, qui, à la demande de l’higoumène de Petchersky, et sans passer par l’intermédiaire de son métropolitain, du moins le chroniqueur se tait sur ce point, s’adresse directement aux évêques de sa principauté et leur ordonne d’inscrire le nom de saint Théodore Petchersky au synodik, pour être mentionné désormais dans la liturgie. Le chroniqueur fait remarquer qu’avant de prendre cette décision le prince voulut connaître et étudier par lui-même la vie du célèbre fondateur de Petchersky (1108). Chronique dite de Nestor, traduite par Léger, p. 223.

Les canonisations de 154-7 et de 1519 sont l’œuvre collective du métropolitain et des évêques assemblés. Dans la période qui suit, la plupart des canonisations dont on a pu déterminer l’époque et l’auteur son l’œuvre du métropolite et, à partir de 1589, du patriarche, assisté le plus souvent d’un synode épiscopal. Les métropolites Macaire (1543-1563), Antoine (1577-1580), et les patriarches Job (1586-1605), Philarète (1619-1633), Nicon (1652-1658) ont procédé chacun à plusieurs canonisations. Avait-on pris, en 1547, ou en 1519, quelque décision réservant à l’autorité métropolitaine, ou synodale, les causes de canonisation ? On serait tenté de le croire, à voir le nombre très restreint des canonisations faites par les évêques locaux ; encore, est-il probable qu’ils n’agissaient qu’avec l’autorisation préalable du métropolitain ou du patriarche. Un concile de 1667 établit ou rappelle à ce propos la nécessité d’une enquête préalable et d’un examen de la cause par les évêques assemblés. Goloubinski, up. cit., p. 285. Athanase, évéque de Kholmogor, sollicité en 161)0 d’autoriser le culte local de Germain de Solovetz, fondateur du monastère du même nom. répond qu’il faut d’abord l’approbation du ts ; ir et du patriarche, ihiil., p. 128429 ; le même Athanase se voit refuser, en 1691, par le patriarche Adrien, l’autorisation sollicitée de procéder à l.i translation des restes des saints Jean et Longin, dont le culte local avail été établi en 1624 par le métropolite de Novgorod, avec la permission du patriarche

Philarète. lbid., p. 125, 430-431. Il résulte de ces exemples que, en fait et en droit, depuis les conciles de 1547 et de 1549, ou tout au moins, depuis celui de 1667, la décision dernière dans toutes les causes de canonisation était réservée à l’autorité suprême, représentée par le patriarche, assisté ou non d’un synode, et par le tsar. Car ce dernier intervient très activement dans toutes ces questions, et rien ne se fait sans sa haute approbation. Parmi les causes de canonisation de cette période, il y a intérêt et profit à signaler celle de la princesse Anne Kachinski, femme de Michel Jaroslavitch, prince de Tver. Son mari fut tué en 1318 à la Horde ; la princesse mourut en 1368 sous l’habit religieux. Enterré à Kachin, son corps y serait resté longtemps ignoré, lorsque, vers le commencement du xviie siècle, des prodiges nombreux attirèrent sur lui l’attention du clergé et du peuple. Le tsar, Alexis Mikhoïlavitch, informé de ce qui se passait, ordonna une enquête, qui fut confiée à Jonas, archevêque de Tver, aidé d’un archimandrite et d’un higoumène de Moscou. L’examen des reliques et l’enquête sur les miracles donnèrent un résultat satisfaisant, et, en 1650, le tsar allait lui-même prendre part à la cérémonie de la translation des reliques. Puis, il fit établir une fête en l’honneur de la nouvelle sainte, composer son office et rédiger sa vie. Vingt-sept ans après, en 1677, le patriarche Joachim reprenait l’examen de la cause et envoyait à Kachin une commission composée du métropolite de Riazan, de l’archevêque de Tver, d’un archimandrite et d’un protopope. A la suite du rapport défavorable déposé par cette commission, il réunissait les évêques présents à Moscou, décidait avec eux que, provisoirement, et en attendant la réunion d’un concile pour la solution définitive de la question, on suspendrait tout culte proprement dit en l’honneur de la prétendue sainte, et que l’église dédiée à son nom serait fermée jusqu’à nouvel ordre. Le concile en question se réunit le 1 er janvier 1678 et confirma ces décisions en rayant Anne Kachinski du calendrier et en ordonnant de mettre sous un autre vocable l’église qui lui était consacrée. Goloubinski, op. cit., p. 159-168. Le même patriarche cassa encore en 1682 une seconde canonisation, celle d’Euphrosine de Pskov, qui datait vraisemblablement du concile de 1519. Goloubinski, op. cit., p. 167-168, assigne comme cause probable de la revision de ces deux procès de canonisation, le désir do réduire à néant les arguments que les raskolniks prétendaient tirer en faveur de leurs théories do la vie de ces deux personnages, rédigée et falsifiée par eux.

Depuis l’institution du saint-synode, les causes de canonisation relèvent toutes de ce tribunal suprême, mais avec cette différence que les canonisations universelles sont proclamées par un acte officiel émané de lui et approuvé par l’empereur, tandis que les canonisations locales ne donnent lieu à aucune proclamation officielle de ce genre et supposent une simple approbation de sa part.

IV. Enquête préparatoire a la canonisation. — Pour les canonisations universelles, l’enquête préparatoire à la décision synodale comprend d’habitude les éléments suivants. C’est généralement l’autorité diocésaine qui introduit la cause auprès du saint-synode par un rapport sur les miracles opérés au tombeau ou grâce à l’intercession du défunt, et sur le culte populaire provoqué par ces prodiges. Notons cependant comme exceptions à cette règle l’introduction auprès du Baint-synode de la cause d’Innocent d’Irkoutsk, par l’empereur Paul I « lui-même, en 1800, à la suite du rapport rédigé par deux sénateurs, qui, de passage à Irkoustk, avaient eu l’occasion de constater l’état remarquable de conservation du corps de l’évêque défunt, mort en 1731, et en 1831, de cille de Métrophane de Vorona, par Nicolas I", à la suite d’un rapport