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CANONISATION DANS L’ÉGLISE RUSSE — CANTACUZÈNE


présidée par 4 évêques, Il archinmndriles et 19 protopopes. A l’ecténie (proclamation faite par le diacre des défunts pour lesquels on prie), sont mentionnés les noms des empereurs et des impératrices depuis Elisabeth Pétrovna jusqu’à Alexandre III, ceux de l’évêque de Vladimir qui conféra le diaconat à saint Séraphin, de l’évêque de Tambov qui le consacra hiéromoine et de ses successeurs, des parents du saint, de tous les higoumènes et supérieurs du monastère de Sarov sous la direction desquels a vécu saint Séraphin. La liste des défunts mentionnés avait été préalablement dressée, sur l’ordre du saint-synode, par le chancelier de l’évèché de Tambov. De semblables prières sont récitées pendant le même temps dans les autres églises et oratoires du monastère et des environs. A 6 heures du soir, commence dans les différentes églises l’office nocturne des morts, suivi d’une panikhide solennelle. Aux ecténies, on fait mention du hiéromoine Séraphin, ascète de Sarov. Le 17, à 8 heures du matin, un immense cortège se dirige, en procession, à la rencontre d’une seconde procession, partie de deux monastères voisins de femmes, et comprenant les représentants des confréries de nombreuses villes qui viennent déposer comme offrande sur le tombeau du saint de riches bannières tissées d’or et d’argent. Les deux cortèges fusionnent et rentrent processionnellement pour assister aux services funèbres suivis de panikhides, solennellement chantés dans quatre églises différentes. On y fait toujours mention, aux ecténies, du hiéromoine Séraphin, ascète de Sarov. Depuis midi jusqu’au soir, les pèlerins font réciter, dans les oratoires provisoires élevés hors de l’enceinte du monastère, d’innombrables panikhides pour le repos de l’âme du serviteur dé Dieu. Dans la soirée, au son des cloches et au chant des hymnes sacrées, réception solennelle par les évêques, le clergé, les moines et les religieuses, de l’empereur, qui, fidèle aux traditions, vient, accompagné de la famille impériale, prendre part avec son peuple aux solennités de l’Église dont il est le véritable chef. Son arrivée est célébrée par un chant solennel d’actions de grâces. Une partie de la nuit est occupée par des offices funèbres, semblables à ceux de la veille. Le lendemain, 18 juillet, messe matinale de communion : l’empereur et les impératrices s’approchent avec leur peuple de la table sainte. Plus tard, on célèbre solennellement le dernier service funèbre et l’on chante la dernière panikhide pour le repos de l’âme du P. Séraphin. Cette cérémonie s’achève par une procession au tombeau primitif, où, la veille, 7 archimandrites, sont venus déposer le cercueil de chêne, maintenant vide, qui contenait le corps du saint, et par la bénédiction de la châsse offerte par l’empereur qui doit le lendemain recevoir ses reliques. La première partie des rites préparatoires à la canonisation est terminée ; elle consiste, on le voit, en longues et multiples prières pour le repos de l’âme du serviteur de Dieu et de tous ceux, parents, supérieurs ecclésiastiques, impératrices et empereurs, dont le souvenir se trouve associé à celui de son existence terrestre. Cette manière de préparer la glorification du saint en priant pour le repos de son âme constitue une particularité bien caractéristique et qui méritait d’être relevée.

La cérémonie de canonisation proprement dite commence à l’entrée de la nuit et consiste en un office solennel en l’honneur du saint, au cours duquel a lieu le transfert de ses reliques, que l’on découvre ensuite pour la première fois, pour les exposer à la vénération des fidèles. Au moment de la litie, le cortège se dirige en procession vers l’église où sont restés renfermés les restes du saint. Le cercueil, recouvert d’un riche voile de velours, est déposé sur un brancard richement orné que l’empereur et les princes se font un honneur de porter, de concert avec le clergé. Le cortège s’avance à travers la masse des pèlerins, au premier rang disquels s’échelonne le groupe nombreux des infirmes et des

malades venus de tous les coins de la Russie pour implorer leur guérison. Il fait le tour de l’église de l’Assomption, en s’arrêtant, à diverses reprises, pour le chant des ecténies, dans lesquelles le diacre proclame et invoque le nom du nouveau saint. Puis il rentre dans l’église ; le cercueil est déposé sur une estrade qui en occupe le milieu, et l’office se poursuit. Vers le milieu des cathismes, l’officiant ouvre le cercueil, fermé jusque-là à clef, tandis que le chœur entonne le vélitchanié, chant de louanges à l’adresse du saint. La lecture de l’Evangile est suivie de la vénération des reliques, accompagnée de l’onction qui se donne ordinairement à ce moment de l’office. La cérémonie s’achève et l’église reste ouverte toute la nuit aux pèlerins, qui viennent y vénérer les reliques et y recevoir l’onction, conférée avec l’huile qui a été bénite au cours de la cérémonie. Dans l’église et dans les autres oratoires se succèdent sans discontinuité, jusqu’au matin, les molébènes (prières déterminées par le rituel pour les cas et les besoins de toute sorte), que les prêtres récitent, à la demande des pèlerins, en l’honneur du nouveau saint. Le lendemain, 19 juillet, après les messes matinales de communion célébrées dans les cinq églises du monastère, commence la grand’messe pontificale. Au moment de la petite entrée avec l’évangile, le cercueil contenant le corps du saint est transporté en procession, à travers l’église et autour de l’autel, jusqu’au reliquaire qui a été préparé pour le recevoir. A la messe succède un molébène solennel, pendant lequel le corps du saint est encore transporté en procession à travers les cours du monastère et autour des églises ; lorsqu’il a été déposé de nouveau dans sa châsse, l’officiant récite la prière composée en son honneur, et la cérémonie s’achève par les acclamations solennelles. Les fêtes de la canonisation de saint Séraphin furent closes définitivement, le 21 juillet, par la consécration de l’église dédiée à son nom. Pendant toute leur durée, les prédications, et, durant les deux derniers jours, les panégyriques du saint s’étaient multipliés avec les cérémonies et les offices liturgiques.

Il ressort avec évidence de tout ce qui précède que l’Eglise russe possède, relativement à cette question de la canonisation des saints, des principes, des usages et des rites bien déterminés, dont la comparaison avec les principes, les usages et les rites de l’Église latine sur ce point, laisse constater, au milieu de ressemblances multiples sur les questions principales, des divergences réelles, bien dignes d’être relevées et précisées.

Goloubinski, Istoria kanonisatsii svatykh ve roussko’i tserkvi (Histoire de la canonisation des saints dans l’Église russe), 1’édit., ’Moscou, 1003 ; Kliontchevski, Drevnêrotisskia iitiu sviatykh kak istoritclwskii istotchnik (Anciennes vies russes des saints comme sources historiques), Moscou, 1871 ; Darsoukov, Istotchniki rousskoï agiographii (Sources de l’hagiographie russe), Saint-Pétersbourg, 1882 ; Mouraviev, Jitia sviatykh rossiiskoi tserkvi (Vies des saints de l’Église russe), 12 tomes mensuels, Saint-Pétersbourg, 1855-1858 ; Philarète, Rousskié sviatyê tchtimyé vséiou tserkoviiou ili mestno (Suints russes honorés universellement ou partiellement), 3 tomes trimestriels, 3’édit., Saint-Pétersbourg, 1882 ; Dimitri, Mésiatséslov sviatykh vséiou rousskoiou tserkoviiou ili mestno tchtlmykh (Calendrier des

saints honorés universellement dans l’Église russe ou partiel lement), TambovVoronéj, 1878-1881 !  ; Martinov, Anuus ecclesia-Sticus grsecoslavicus, Bruxelles, 1863 ; Tserkovnia Viédomosti (Gazette ecclésiastique), Saint-Pétersbourg, 1903, n. du 1° février, du 14 et du 21 juin, du 20 juillet, Pour une bibliographie plus complète, voir Goloubinski, op. cit., p. 8-10.

.1. Bois.

CANTACUZÈNE Jean vi, empereur d’I (rient, historien et théologien grec, né » vers 1292, mort vers UÎ80. D’abord grand chambellan d’Andronic Il Paléologue, il fut élevé par son petit-fils et successeur Andronic III (1328-1341) à la charge de grand domestique ; en fait il fut son premier ministre et il prétend que s’il avait voulu, il aurait été associé par lui a l’empire. Apres la mort d’Andronic III, il exerça la régence avec l’impi r.i-