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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 2.2.djvu/236

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CARMES (ORDRE IjES)


gieui poursuivaient les études d’humanités, « le philosophie rt de théologie. Le nombre des sn » i CJ v « m//i l’agrandit peu < peu et les étudiants les plus douée furent envoyi s aux universités pour prendre les gradi académiques. En ce point il n eut pas de différence entre les carmes et les autres religieux ; les difficultés itéespar les autorités universitaires étaient partout 1rs mêmes. Pi imilivement ceux qui revenaient de l’université avec le titre de maître ou de docteur jouissaient de grands privilèges ; ils avaient siège et voix aux chapitres généraux, et étaient dispensés de plusieurs obligations monastiques, etc. Ces exemptions amenèrent peu à peu des ahus funestes ; les religieux briguaient en foule les distinctions académiques. Aussi, quand un chapitre général put dire : Sunt hodie plures quasi graduât ! tjitam fralres simplices, ces privilèges furent restreints par l’autorité compétente. Outre les gradués ordinaires on rencontre dès le JCv » siècle des DOCTORB8 BULL ATI, c’est-à-dire des religieux, qui, sans avoir fait le cours réglementaire d’études, avaient obtenu le grade par privilège pontifical. Il convient de faire mention de la part qu’eut un carme, saint Pierre-Thomas, dans l’établissement de la faculté de théologie à l’université de Pologne (1364) ; Maturin Courloys, carme français, procura le même bienfait à l’université de Rourges. Nombreux furent les carmes promus aux dignités ecclésiastiques, principalement en qualité de coadjuteurs de divers évêques ; aucun d’eux cependant ne monta sur la chaire de saint Pierre, à moins qu’on ne compte comme un des leurs le pape Penoit XII, qui, avant d’être abbé de Fondfroide, aurait été carme. Voir col. 653.

L’ordre du Carmel s’est distingué surtout par ses efforts pour la répression du wicleffisme. Ce fut un carme, Jean Cunninghame, qui, le premier, attaqua l’hérésiarque ; lous les professeurs anglais, pendant un demi-siècle, marchèrent sur ses traces. Une des assemblées royales décisives, celle de Stamford (28 mai 1392), fut tenue au couvent des carmes. L’honneur d’avoir combattu l’hérésie avec les armes les plus efficaces revient sans aucun doute à Thomas Netter de Walden (1431). D’autre part, un provincial anglais, Jean Milverton, après avoir combattu par la plume l’évêque de Chichester, ReginaldPecock, soupçonné d’hérésie, tomba lui-même dans des erreurs sur la pauvreté évangélique, et fut condamné de ce chef à trois ans de prison au château Saint-Ange (1465-1468). Thomas de Connecte, Preton, fut brûlé à Rome en 1433 comme hérétique ; mais il y a lieu de croire que cette accusation était injuste ; on dit que le pape finit par le regretter. Connecte était au plus un prédicateur fanatique, égaré par un zèle indiscret.

Pendant les convulsions religieuses de l’Allemagne au xvi’- siècle nous trouvons, parmi les protagonistes catholiques, le provincial Everard Hillick († 12 janvier 1557) ; si Cologne garda la foi, le mérite lui en revient en bonne partie. Il assista aux premières sessions du concile de Trente comme théologien de l’archevêque de Cologne. Voir col. 882-890. Ue même, mais avec moins de sucées, Paul Relise, surnommé Vendekaabe (girouette), défendit avec intrépidité la religion catholique en Danemark ; la date et le genre de sa mort ne sont pas connus ; tout porte à croire qu’il fut assassiné vers la fin de 1586.

V. LES RÉFORMES.

La règle du Carmel, telle qu’elle sortit des mains de saint Albert, vise à la vie contemplative. D’autre part, les changements introduits p ;, r Innocent IV admettent une activité semblable à celle des dominicains. Ces deux tendances se sont souvent disputé le terrain dans l’ordre. Ainsi, les successeurs immédiats de saint Simon stock, formés évidemment à la vie religieuse au mont Carmel, désapprouvaient déjà la trop grande activité ; ils résignèrent leur charge et se

retirèrent dans des couvents isolés, pour suivre leurs

préférences. Ces conceptions différentes d<- l’esprit < lie ! de l’ordre donnaient sujet aux religieux de

les uni les autres de relâchement Le siècle « uivant

vit naître di i abus plus graves et pb. D’une part, les exemptions trop larget en fait de vie commune, accordées aux membres des universil d’autre part, les calamités des temps, les guerres, la noire et le schisme d’Occident qui divisa l’ordre aussi bien que l’Église, toutes - reunies batti rent en brèche l’observance régulière. Les projets de réforme qui se firent jour presque en même tel Bultarium, t. 1, p. | : j0. ne réussirent pas à secouer la torpeur générale, et, en 1431, à la demande d’un chapitre, la règle, devenue trop austère pour la majorité des sujets, fut adoucie par Eugène IV. Cette mesure, qui semblait devoir décourager les fervents, ne servit qu’à rallumer leur ardeur. Immédiatement des supérieurs zélés, tels que le bienheureux Jean Soreth il 4511471), s’appliquèrent à introduire des réformes plus ou moins générales et à rétablir partout la vraie discipline. On a dit que le R. Soreth mourut empoisonné ; cette assertion ne repose que sur un soupçon mal fondé de son premier biographe ; ni les auteurs contemporains ni les actes officiels ne la justifient. Parallèlement à ces efforts, des réformes locales plus efficaces se produisirent un peu partout. La première prit naissance au couvent des Rois [SJLVARVU) près de Florence et s’étendit graduellement en Italie. Le couvent de Mantoue lui servait de centre et de maison-mère ; au xvi<- siècle elle comptait plus de 50 monastères. Depuis 1499, certains couvents français, entre autres ceux d’AIbi, de Paris (sous le priorat de Louis de Lira. de Rouen et de Meaux, formaient la réforme d’AIbi. Cette congrégation, d’abord, ne fut pas bien vue, parce qu’elle divisait l’ordre de nouveau. Elle fut cependant approuvée en 1513, prospéra pendant quelque temps, mais s’éteignit en 1584. Une troisième réforme, inaugurée en 1514, fut celle du mont des Oliviers, couvent situé à quelques lieues de Gènes ; on y suivait la règle corrigée par Innocent IV. Cette réforme ne s’étendit pas au delà de ce couvent. La quatrième fut celle de sainte Thérèse, dont il sera question ci-après. Knlin, la cinquième et la dernière, appelée réforme de Touraine, prit naissance en 1604 à Rennes ; perfectionnée par le P. Philippe Thibault avec le concours des carmes déchaussés (Dominique de Jésusi. elle finit même par supplanter l’ancienne souche de l’ordre dans la presque totali tprovinces. On ne peut qu’applaudir au zèle qui suscita toutes ces œuvres ; mais il faut avouer qu’elles se poursuivaient aux dépens de l’unité de l’ordre.

VI. LES CARMELITES. La REFORME DE SAINTE TllÊRÈSE.

— Sous le généralat du bienheureux Jean Soreth. une communauté de béguines, à Gueldre, demanda la faveur d’être affiliée à l’ordre des carmes. Nicolas V consentit. On leur donna sans aucun changement, avec le nom de carmélites, la règle et les constitutions des frères. Les nouvelles religieuses eurent presque aussitôt un modèle vivant de leur genre de ie propre, en la personne de la bienheureuse Françoise d’Amboise, duchesse de Bretagne, qui s’était faite carmélite en 1467. Des communautés pareilles furent fondées dans Ks Pays-Bas, en France, en Italie et en Espagne, et vers la fin du v. cle les couvents étaient déjà ass< : nombreux. I l I carmélites n’étaient pis tenues à la pauvreté 1 stricte ; la clôture était celle des religieux, par conséquent nullement sévère. Sainte Thérèse, née en 1515 à A ila. entra au couvent de l’Incarnation en 1535, Voir pour. date ; Thé life of S. Teresa, Londres. 1904. p. xi. Elle par île grandes souffrances tant intérieures qu’extérieures, et fut (’levée aux plus hauts degrés île la vie mystique. Avant appris que la règle du Carmel à l’origine visait à la vie contemplative, el désireuse de rompre entièrement ses rapports avec le monde, elle étabi.